Lea Massari, sacrée « plus française des actrices italiennes » dans les années 1970, est morte à 91 ans

Après une cinquantaine de rôles, elle s’était faite plus discrète à partir du milieu des années 1980

L'actrice Lea Massari dans le film « Le souffle au cœur », de Louis Malle (1971)

L’actrice italienne Lea Massari, connue notamment pour ses rôles dans le film culte L’avventura de Michelangelo Antonioni (1960) ou encore Le souffle au cœur, de Louis Malle (1971), est décédée lundi 23 juin 2025 à 91 ans, a annoncé le surlendemain un membre du gouvernement italien.

Le 23 juin 2025, le monde du cinéma européen perd une icône discrète mais inoubliable : Léa Massari, née Anna Maria Massatani, est décédée à 91 ans dans sa résidence romaine . Actrice italienne d’origine, elle fut l’un des visages emblématiques du cinéma d’auteur franco‑italien entre les années 1960 et 1980, célébrée en France comme l’une des plus « françaises » parmi les comédiennes transalpines. Sa carrière, ses engagements et son élégance intemporelle nous laissent un héritage précieux.

Un parcours hors du commun : architecture, mannequinat, puis cinéma

Née à Rome le 30 juin 1933 (ou 1934 selon les sources) dans une famille aisée, elle étudie l’architecture en Suisse avant de s’orienter vers le cinéma par un heureux hasard. Assistante du célèbre décorateur Piero Gherardi, elle est repérée par Mario Monicelli, qui lui offre son premier rôle dans Du sang dans le soleil (1956)

Sans formation d’actrice, Léa Massari se distingue par sa sensibilité dramatique dans des rôles marquants, notamment dans L’Avventura (1960) d’Antonioni, où elle incarne la mystérieuse Anna dont la disparition bouleverse tout le film – un rôle devenu emblématique

Une carrière transalpine et francophone

Après une percée en Italie, Massari s’essaie au cinéma français à partir de 1964. Elle joue notamment dans L’Insoumis d’Alain Cavalier, aux côtés d’Alain Delon . Son profil franco‑italien s’affirme durant les années 1970, où elle enchaîne performances fortes :

Claude Sautet dans Les Choses de la vie (1970), aux côtés de Michel Piccoli, Romy Schneider et elle-même dans le rôle de Catherine

Louis Malle, dans Le Souffle au cœur (1971), où Léa incarne Clara, une mère au cœur complexe, suscitant débats et reconnaissance

Une consécration via la reconnaissance critique

Mort de Lea Massari, la plus française des actrices italiennes

Léa Massari récolte plusieurs distinctions :

Ruban d’Argent en 1979 pour son rôle de Luisa dans Le Christ s’est arrêté à Eboli de Francesco Rosi

Étoile de Cristal en 1973 de la meilleure actrice étrangère, notamment grâce à ses rôles en France

Jury du Festival de Cannes en 1975 : une reconnaissance officielle de son importance dans le cinéma européen .

Une “antidiva” à la discrétion assumée

Malgré une filmographie riche, Massari n’a jamais cherché à jouer la star. Elle reste réservée, absente des projecteurs, préférant une vie simple loin des strass. Dans les années 1980, elle réduit ses apparitions publiques et cinématographiques . Son dernier film, Viaggio d’amore (1990), coécrit avec Tonino Guerra, marque son retrait définitif

Elle se retire ensuite en Sardaigne avec son mari de l’époque, puis en France avant de se consacrer à ses passions : la guitare, la musique brésilienne, et surtout la défense des animaux et de l’environnement

Une militante discrète mais active

Missive fidèle à ses convictions, Léa s’engage pour la cause animale contre la chasse et la vivisection. Elle soutient des refuges et des campagnes écologistes, choisissant une cause plus forte que la gloire

L’élégance en héritage, la mémoire en partage

Les rôles de Massari reflètent une force intérieure et une rigueur émotionnelle rares : la femme complexe, la mère brisée, la bourgeoise critique, la victime silencieuse. Ses performances dans L’Avventura, Les Choses de la vie ou Le Souffle au cœur résonnent encore aujourd’hui.

Elle laisse derrière elle une esthétique, un style d’interprétation où la retenue et la profondeur suppléaient la démonstration : un art de l’intériorité que les nouvelles générations de cinéastes admirent.

Article similaire à Lea Massari : la plus française des actrices italiennes  est décédée à 91 ansMort de Lea Massari, actrice fascinante que nous avons tant aimée

Une disparition digne, dans l’intimité

Le 23 juin dernier, Léa s’éteint paisiblement à Rome . Ses funérailles privées sont célébrées à Sutri, près de Rome . Simple, discrète, inaltérable – la mort de cette étoile discrète marque la fin d’une page de cinéma européen.

En conclusion : un modèle de retenue

Léa Massari nous a quittés à 91 ans, mais son legs artistique et humain continue de briller. Actrice atypique, tant par ses choix que par sa sensibilité, elle incarna une italianité élégante devenue française par empreinte cinématographique. Par sa carrière, son engagement, sa discrétion, elle a tracé un chemin libre, loin des feux médiatiques, mais éclatant de beauté et d’authenticité.

Dans un monde où la célébrité précède souvent le talent, elle reste une figure inspirante : un exemple de carrière construite par l’intégrité, la passion et le silence habité — la plus belle forme de présence.