Thierry Ardisson : confidences intimes d’un homme sans filtre

Mort de Thierry Ardisson : mariages, libertinage, homosexualité… l’homme en noir avait tout déballé

Thierry Ardisson, l’« Homme en noir » de la télévision française, s’est éteint à l’âge de 76 ans, emporté par un cancer du pancréas. Figure incontournable du petit écran, il a marqué des générations de téléspectateurs par son franc-parler, son sens de la provocation et ses interviews à la fois incisives et brillamment orchestrées. Mais au-delà du personnage médiatique, Thierry Ardisson était aussi un homme de confessions, qui n’hésitait pas à se livrer, parfois avec une désarmante sincérité, sur sa vie personnelle, ses expériences, ses excès.

Dans son autobiographie Confessions d’un baby-boomer, parue en 2005, il avait déjà ouvert les portes de son intimité. Il évoquait alors une jeunesse marquée par les expérimentations sexuelles, la drogue et une certaine forme de rébellion contre les conventions.

Une jeunesse libre et débridée

Issu d’une époque où les tabous sautaient les uns après les autres, Thierry Ardisson a grandi dans les remous d’une société en pleine mutation. Dès l’âge de 16 ans, bac en poche, il se lance dans une vie d’aventures sans filet. À Juan-les-Pins, alors qu’il vient d’être trompé par sa petite amie, un homme le drague. C’est une rencontre fondatrice : « Grâce à ce mec, je deviens disc-jockey sans rien y connaître », racontait-il plus tard.

Ce job de DJ devient rapidement le théâtre de ses premières grandes expériences. Entre deux disques, il enchaîne les aventures dans la pinède : « Je mettais le disque et j’allais baiser des filles dans la pinède. Je me dépêchais, je courais comme un con, j’éjaculais rapidement, un vrai quickie… Et au retour, je mettais un bon vieux tube soul. »

Une liberté sexuelle totale, assumée et revendiquée. Il disait garder de cette époque, « très libérée entre la pilule et le sida », des souvenirs teintés d’insouciance, dans un climat d’exploration constante.Mort de Thierry Ardisson : mariages, libertinage, homosexualité… l’homme en noir avait tout déballé

Une sexualité sans tabou

Thierry Ardisson n’a jamais caché avoir été curieux de tout, y compris de sa propre sexualité. Dans Playboy, en 2017, il acceptait de se dévoiler une nouvelle fois. Il confiait avoir un jour tenté une expérience homosexuelle : « Par curiosité », précisait-il.

Il racontait aussi avoir assisté à des scènes de partouzes, bien qu’il n’y ait pas activement participé : « Je voyais des mecs se faire sauter par des types qui avaient des bites énormes. Il y en avait un qui était allongé, un autre arrivait avec un sexe de vingt-cinq centimètres, on se disait : “Ça ne passera jamais”, mais ça passait. Et sous les applaudissements des convives ! » Une image crue, mais révélatrice de cette époque où tout semblait permis, et où le regard de la société sur la sexualité évoluait radicalement.

Avec un certain recul, Ardisson confiait que vivre cela si jeune – « Quand tu as 16 ans et que tu vois ça, t’es assez blindé pour la suite » – l’avait sans doute forgé à affronter toutes les folies du monde adulte.

Trois mariages et un amour foudroyant

La vie sentimentale de Thierry Ardisson a également été marquée par plusieurs unions. Son premier mariage, en 1970, avec Christiane Bergognon, reste peu médiatisé. En 1988, il épouse Béatrice Loustalan, avec qui il aura trois enfants.

Mais c’est avec la journaliste Audrey Crespo-Mara qu’il vit l’amour de sa vie. Leur histoire débute en 2009, après qu’il l’a aperçue à la télévision – un véritable coup de foudre. Ils officialisent leur relation en 2014 par un mariage. Pour mieux comprendre l’homme derrière le personnage public, Audrey Crespo-Mara décide même de le filmer en continu pendant plusieurs mois, espérant ainsi capturer l’essence du vrai Ardisson, celui que les caméras ne montrent pas toujours.Mort de Thierry Ardisson : mariages, libertinage, homosexualité… l’homme en noir avait tout déballé

Les excès de la drogue et le goût du risque

Comme beaucoup de figures médiatiques de sa génération, Thierry Ardisson n’a pas échappé à l’appel de la drogue. Dans les années 70, à Bali, il vit ce qu’il appelle la « easy life » : « Je sniffais de la super poudre toute la journée sans m’en rendre compte », admettait-il.

Il décrit cette période avec une lucidité glaçante : « Le problème avec l’héroïne, c’est qu’au début, tu en prends pour être bien, et après, tu en prends pour ne plus être mal. » Ce rapport ambivalent à la drogue marque une époque où la consommation de substances illicites faisait presque partie du mode de vie bohème et artistique.

Une figure libre jusqu’au bout

Thierry Ardisson restera dans les mémoires comme l’un des animateurs les plus singuliers de la télévision française. Sa capacité à aller là où d’autres n’osaient pas, à poser des questions dérangeantes ou à se livrer sans pudeur, l’a rendu inoubliable.

Au fil des décennies, il a incarné cette liberté de ton et d’esprit que peu ont su préserver aussi longtemps. Son parcours, marqué par l’excès, la passion et la curiosité, est à l’image de ses interviews : audacieux, provocant, mais toujours profondément humain.

Il n’a jamais eu peur de choquer, de bousculer ou de raconter les vérités que d’autres taisaient. Et c’est sans doute cela qui fait de Thierry Ardisson une icône à part – un homme qui, jusqu’au bout, aura su rester lui-même.