Thierry Ardisson, le dernier clap en noir : un adieu orchestré avec panacheObsèques de Thierry Ardisson : cette image de ses 3 femmes unies devrait  marquer les esprits - Public

« Chers amis, chers ennemis » : cette phrase culte résonne aujourd’hui avec une intensité particulière alors que Thierry Ardisson, l’homme en noir de la télévision française, a tiré sa révérence. Disparu le 14 juillet 2025, jour symbolique choisi par lui-même, Ardisson a une fois de plus scénarisé chaque détail de son départ, fidèle à son goût du spectacle et à son sens inimitable de la mise en scène.

Le dernier acte de cette figure incontournable de l’audiovisuel français se joue à Paris, ce jeudi 17 juillet, à l’église Saint-Roch. Et comme pour chacun de ses projets, rien n’a été laissé au hasard. De la diffusion posthume d’un documentaire intimiste à une cérémonie ultra-sélective, Ardisson a voulu que son dernier salut soit à son image : noir, élégant, et profondément théâtral.

Une messe à huis clos, entre ombre et fidélité

À 16h30, les portes de Saint-Roch s’ouvrent pour accueillir un cercle restreint d’invités triés sur le volet. Seuls ceux qui ont reçu le faire-part officiel ont le droit d’assister à la messe. Un détail révélateur de l’homme qui a toujours cultivé la distinction. Et comme un clin d’œil à sa signature visuelle, les convives sont priés de venir habillés en noir, de la tête aux pieds, et peuvent, s’ils le souhaitent, porter les célèbres lunettes noires devenues son emblème.

Mais au-delà de l’esthétique, c’est une image forte qui risque de marquer cette cérémonie : celle des trois femmes de sa vie réunies pour un dernier hommage. À ses côtés depuis 2014, Audrey Crespo-Mara, sa dernière épouse, accueillera aux obsèques les deux femmes qui ont également partagé sa vie : Christiane Bergognon, qu’il avait épousée en 1970, et Béatrice Loustalan, mère de ses trois enfants, avec qui il s’était uni en 1988.Obsèques de Thierry Ardisson : cette image de ses 3 femmes unies devrait  marquer les esprits - Public

Une volonté exprimée de son vivant

Ce n’est pas un hasard si ces trois femmes se retrouvent aujourd’hui côte à côte dans l’église parisienne. C’était un souhait profondément exprimé par Ardisson lui-même, comme il l’avait révélé en 2023 dans une interview accordée à Franck Nicolas sur YouTube :
« J’aimerais qu’il y ait mes trois épouses à mes funérailles. Elles ne sont pas forcément fâchées les unes avec les autres d’ailleurs, elles ne se voient pas trop évidemment, mais ça me ferait plaisir qu’elles soient là toutes les trois […] parce qu’elles m’ont aimé toutes les trois… enfin j’espère ! »

Au-delà de la provocation ou de la nostalgie, c’est un geste empreint d’humanité. Ardisson, toujours lucide et exigeant, cherchait une forme d’unité posthume, un front commun forgé non par les années partagées, mais par l’amour que chacune lui avait porté. « Si toutes les trois pouvaient être l’une à côté de l’autre, je trouve que c’est la preuve qu’elles m’aiment, car elles acceptent de se rencontrer pour moi », disait-il.

Et ce jeudi 17 juillet, cette image se matérialise. Trois femmes, trois chapitres d’une même vie, réunies autour de celui qu’elles ont aimé, chacune à sa manière.

Encens, présence de ses trois femmes… les instructions (très) précises de Thierry  Ardisson pour ses obsèques

Un dernier documentaire, ultime confidence

Toujours maître du récit, Thierry Ardisson avait anticipé sa disparition avec un documentaire qu’il a tourné avec Audrey Crespo-Mara, son épouse et partenaire de confiance. Diffusé le 16 juillet au soir sur TF1, ce film retrace son parcours, ses obsessions, ses passions, et offre un regard touchant sur l’homme derrière le personnage.

Avec cette œuvre posthume, il laisse à son public non seulement un héritage télévisuel, mais aussi une ultime confession. On y découvre un Ardisson plus tendre, parfois vulnérable, mais toujours guidé par une volonté de contrôler son image, même au seuil de la mort.

Une sortie de scène comme un manifeste

Thierry Ardisson n’a jamais laissé place au hasard dans sa carrière. De “Paris Dernière” à “Tout le monde en parle”, en passant par “Salut les Terriens !”, il a imposé un ton, une esthétique, une manière bien à lui de bousculer les codes. Son humour noir, ses interviews dérangeantes, son élégance austère ont façonné un style reconnaissable entre mille. Et pour son départ, il a voulu rester fidèle à ce qu’il était : un metteur en scène de l’intime, un artisan de l’image, un provocateur sentimental.

En choisissant la date, le lieu, la tenue des invités et même la réunion de ses trois épouses, Ardisson a transformé ses funérailles en une œuvre d’art vivante. Un dernier hommage orchestré avec soin, à la frontière entre le spectacle et le sacré.

Thierry Ardisson est décédé à l'âge de 76 ans

Un au revoir en noir

Ce jeudi, dans l’enceinte feutrée de l’église Saint-Roch, la France du petit écran dit adieu à l’un de ses maîtres les plus singuliers. Et dans cette mise en scène finale, ce ne sont pas les projecteurs qui brillent, mais les regards croisés des femmes de sa vie, les souvenirs murmurés entre les bancs, les silences respectueux d’un homme qui, jusqu’au bout, aura su transformer sa vie en œuvre.

Thierry Ardisson est parti, mais comme tout bon raconteur, il a eu le dernier mot.