Thierry Ardisson : une disparition qui fait parler, un héritage qui divisePas de cœur, pas le respect des morts", Thomas Dutronc et Stéphane Guillon  très, très en colère après la mort de Thierry Ardisson - Public

Ce 14 juillet, la télévision française a perdu l’une de ses figures les plus marquantes. Thierry Ardisson, surnommé “l’Homme en noir”, est décédé à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer du foie. Une nouvelle qui a bouleversé le paysage médiatique, tant l’animateur avait laissé une empreinte indélébile dans le cœur des téléspectateurs… mais aussi dans l’histoire de la télévision.

Avec son style tranchant, sa voix grave et son look inimitable – lunettes noires et costume sombre –, Thierry Ardisson ne laissait personne indifférent. Certains l’adoraient, d’autres le critiquaient, mais tous reconnaissaient son talent d’intervieweur hors pair, capable de tirer des confidences inattendues de ses invités, parfois dans la controverse, souvent dans la provocation. À travers des émissions cultes comme Tout le monde en parle, Salut les Terriens ou encore Les Terriens du dimanche, il a su imposer un ton, un rythme, et une liberté de parole rare dans le PAF.

Alors que ses obsèques se tiennent ce mercredi 17 juillet à 16h30 à l’église Saint-Roch, à Paris, les hommages affluent de toutes parts. Sur les réseaux sociaux, dans les tribunes, à la télévision, les souvenirs ressurgissent. Même TF1 lui rend hommage en diffusant ce 16 juillet un documentaire inédit en deuxième partie de soirée, réalisé par sa compagne Audrey Crespo-Mara, retraçant son parcours hors norme, de ses débuts dans la presse jusqu’à son dernier livre, L’Homme en noir, paru chez Plon.

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Mais tous les hommages ne se ressemblent pas. Et comme souvent avec Thierry Ardisson, même après sa mort, il divise. En témoignent les réactions enflammées de certains artistes à la suite d’un billet publié dans Libération. Le quotidien, connu pour son ton engagé et ses prises de position souvent tranchées, a publié un article réservé à ses abonnés intitulé : “Thierry Ardisson, ou les lunettes noires du vieux monde misogynes”. Un titre que beaucoup ont jugé sévère, voire déplacé.

Parmi ceux qui ont exprimé leur indignation, l’humoriste Stéphane Guillon n’a pas mâché ses mots. Il a partagé une capture d’écran de l’article sur Instagram, accompagné d’un commentaire lapidaire : “Honte à Libération“. Un message immédiatement repris par Thomas Dutronc, le fils du célèbre couple Dutronc-Hardy, qui s’est montré encore plus virulent.

“Libération, ou la ringardise de gens qui n’ont pas la mémoire de ce qu’ils ont écrit à l’époque de ce vieux monde, pas de cœur, pas le respect des morts. Pas et plus grand-chose en définitive”, a-t-il écrit sur ses réseaux. Une réaction qui illustre la tension autour de la manière dont certains médias abordent la mémoire de figures aussi clivantes que Thierry Ardisson.

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Ce débat, au-delà du choc de l’annonce de sa disparition, révèle à quel point l’animateur occupait une place singulière dans le paysage médiatique. Homme de télévision, mais aussi écrivain, producteur, stratège de communication, Ardisson était un touche-à-tout brillant, passionné d’audiovisuel, qui revendiquait son goût pour l’irrévérence et le politiquement incorrect. Dans une époque où la parole publique est de plus en plus contrôlée, certains lui reprochaient son goût pour les formules choc et les débats houleux, d’autres saluaient sa liberté de ton.

Jusqu’à la fin, il est resté fidèle à lui-même. Il y a encore deux mois, il faisait la promotion de L’Homme en noir, dans Quelle époque ! sur France 2 ou encore dans la matinale de France Inter, affichant une énergie et une lucidité admirables. Rien ne laissait présager qu’il livrait là ses dernières interviews.

Sa mort brutale nous rappelle aussi la précarité des géants du petit écran. Ce sont souvent eux qui ont façonné les souvenirs d’une génération, mais aussi qui cristallisent les tensions d’une époque. Si Thierry Ardisson était l’un des derniers à oser bousculer les formats et les discours, il le payait parfois par la polémique.

Mais peut-on vraiment raconter Thierry Ardisson sans raconter aussi les contradictions de notre époque ? Celle qui prône l’inclusivité mais se méfie de la parole libre, celle qui revendique le débat mais redoute la provocation.

Alors que la France dit adieu à cet homme qui a tant fait parler, il est certain que son héritage, lui, continuera de faire débat. Comme toujours, Thierry Ardisson ne laissera personne indifférent. Et peut-être est-ce là, finalement, sa plus grande réussite.

"Pas de cœur, pas le respect des morts", Thomas Dutronc et Stéphane Guillon très, très en colère après la mort de Thierry Ardisson