Thierry Ardisson : l’ultime confession de l’homme en noir, entre lumière et ombre

J'ai encore huit semaines" : Thierry Ardisson cynique lors de l'annonce du  médecin sur son cancer qui a tout fait basculer

Ce mercredi 16 juillet 2025, TF1 a bouleversé sa grille pour diffuser en deuxième partie de soirée un documentaire profondément intime : La face cachée de l’homme en noir. Un film réalisé par Audrey Crespo-Mara, épouse de Thierry Ardisson, disparu deux jours plus tôt, qui nous plonge dans les derniers mois de l’animateur iconique, tout en retraçant un parcours de vie aussi flamboyant que complexe.

Dès les premières images, le ton est donné : nous sommes à l’hôpital, face à un Ardisson affaibli, allongé, sous traitement. Une séquence bouleversante, miroir de celle qui viendra clore le documentaire. Entre ces deux moments suspendus, un long voyage à travers la vie d’un homme qui a marqué la télévision française d’une empreinte indélébile.

Un parcours hors normes, raconté sans fard

Audrey Crespo-Mara orchestre un récit à la fois pudique et sans concession. L’homme en noir s’y raconte avec une lucidité rare. De son enfance solitaire à Bordeaux à l’éducation stricte chez les curés, en passant par les excès de sa jeunesse – la drogue à Goa, la frénésie à Juan-les-Pins – tout est dit. Puis viennent les années publicitaires, et l’irruption fracassante sur le petit écran avec Double Jeu, Lunettes noires pour nuits blanches ou encore Salut les Terriens, autant d’émissions devenues cultes.

Laurent Baffie, son complice de toujours, est omniprésent dans le récit. Fidèle à lui-même, il mitraille les vannes pour faire sourire son ami affaibli, un geste d’amitié d’autant plus fort qu’il survient dans des instants de grande fragilité. On devine l’amour sincère qui unit les deux hommes, une complicité qui traverse les années.

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Une vie privée restée longtemps dans l’ombre

Au-delà des paillettes et des studios télé, le documentaire révèle aussi un Thierry Ardisson père et mari, plus discret. Avec Béatrice, sa seconde épouse, il avait construit un refuge en Normandie, loin des projecteurs, où leurs enfants – Manon, Ninon et Gaston – ont grandi au rythme des chevaux du haras familial.

Dans un moment de tendresse désarmante, les enfants évoquent un père absent mais adoré. “Heureusement qu’il n’était pas tout le temps là, il était tellement chiant”, plaisantent-ils à la caméra, non sans émotion. Ces instants de sincérité brute apportent un contrepoint essentiel au personnage public, souvent perçu comme distant ou cynique.

“Je ne vais pas mourir tout de suite, t’en fais pas”

Mais c’est sans doute la dernière partie du documentaire qui touche au cœur. Retour à l’hôpital. Ardisson y laisse tomber le masque. Il pleure, s’effondre par instants, et rend hommage aux soignants qu’il admire profondément : “Moi je vis dans un monde où c’est chacun pour sa gueule. Ici, non.” Ces mots claquent comme une prise de conscience, presque une confession.

Thierry Ardisson est mort - Rupture

La scène du 20 mars, moment charnière, reste gravée en mémoire. Face à la radiologue, il apprend que de nouveaux nodules sont apparus aux poumons. La radiothérapie a fonctionné, certes, mais le cancer progresse. Ardisson ne panique pas, il plaisante : “Donc le foie va bien et maintenant c’est les poumons. Il y a des rebondissements, c’est comme dans les films.” Puis, s’adressant à Audrey hors champ, il lâche dans un rire tremblant : “Je ne vais pas mourir tout de suite, t’en fais pas, j’ai encore huit semaines.”

Un rire qui dissimule la peur. Une pudeur d’homme qui, jusqu’au bout, aura préféré cacher sa détresse derrière l’humour et la dérision.

Un documentaire salué, malgré des critiques sur sa diffusion

Sur les réseaux sociaux, les réactions n’ont pas tardé. Si certains ont critiqué la rapidité avec laquelle le documentaire a été diffusé – seulement deux jours après sa mort – la grande majorité des téléspectateurs a salué l’œuvre comme un hommage poignant et sincère.

“Un documentaire à son image. Je suis resté scotché devant avec l’envie que cela ne s’arrête pas…”, “Poignant et captivant”, “Les larmes sont là… un doc puissant de cet homme en noir qui a donné beaucoup de couleurs dans nos vies”, peut-on lire sur X. L’émotion est palpable, l’impact profond.

TF1, première chaîne à lui avoir tendu la main, boucle ainsi la boucle. Audrey Crespo-Mara, avec une pudeur admirable, livre une œuvre à la fois personnelle et universelle. La face cachée de l’homme en noir n’est pas qu’un portrait, c’est un adieu. Celui d’un homme qui, derrière ses lunettes noires et ses punchlines, était surtout un être humain, vulnérable, drôle, pudique et bouleversant.

Clap de fin pour Thierry Ardisson. Et quelle dernière scène.

Télévision: Thierry Ardisson se battait contre son cancer depuis 2012 -  lematin.ch