ENTRETIEN. Thierry Ardisson, “dernier grand insolent” de la télé : “Un provocateur mais aussi un créateur…” Isabelle Morini-Bosc raconte.
Thierry Ardisson vient de disparaître. Beaucoup évoquent la fin d’une époque télévisuelle. Vous partagez ce constat ?
Oui, d’une certaine façon. On peut dire que c’était le dernier grand insolent de la télévision linéaire. Même s’il s’était fait plus discret ces dernières années, il incarnait cette télé historique, celle qui se vivait en direct, celle qui créait des discussions le lundi matin à la machine à café. Aujourd’hui, avec TikTok et toutes ces plateformes où apparaissent mille personnages plus ou moins farfelus, c’est plus compliqué de bâtir une carrière sur plusieurs décennies comme l’a fait Ardisson. Cette télé-là, avec ses vrais provocateurs, c’est sans doute terminé.
Pourquoi parle-t-on de lui comme d’un “provocateur” unique ?
C’est un peu exagéré de dire qu’il était le seul. Avant lui, il y a eu “Les Enfants du rock”, Antoine de Caunes, Christophe Dechavanne… et je pourrais citer Jean-Luc Delarue, qui était mon meilleur ami. Philippe Bouvard aussi ! On a oublié l’insolence incroyable de ses interviews. Bouvard restait feutré, coupe de champagne à la main, mais il piégeait ses invités avec une cruauté polie. Ardisson, lui, c’était frontal, le fameux “ouais, ouais, ouais” qui annonçait qu’on allait se faire dézinguer à un moment ou à un autre.
Était-ce plus facile d’être provocateur dans les années Ardisson qu’aujourd’hui ?
Il fallait du courage, mais oui, on pouvait transgresser sans aussitôt être jugé par un tribunal de réseaux sociaux. Aujourd’hui, tout est scruté, étiqueté, commenté en direct. Ardisson venait d’un milieu populaire. Il n’en pouvait plus qu’on lui promette un destin banal. Avec presque rien en poche, il s’est mis à observer la vie, à travailler sans relâche. Il a créé plus de trente concepts, de “Tout le monde en parle” à “Salut les Terriens”, en passant par “Paris Dernière”. Il y avait la forme – parfois provocatrice, parfois crispante – mais aussi un vrai fond.
Le divertissement est partout. Est-ce que cela ne change pas aussi la donne ?
Attention, tout n’est pas du divertissement. En France, on mélange beaucoup. On proclame très vite quelqu’un “vedette” alors qu’il n’a encore rien créé. Ardisson, lui, commençait par créer. C’est une différence énorme. Aujourd’hui, certains se contentent d’être visibles. Lui s’est forgé une légende, une silhouette, un ton. Il a inventé un personnage, “l’homme en noir”, qui l’a accompagné jusqu’à sa mort.
On pense aussi à ceux qui lui ont succédé, comme Laurent Ruquier ou Marc-Olivier Fogiel…
Ces deux-là admiraient Ardisson, c’est évident. Ils en ont certains gènes en commun. Dans “Les Grosses Têtes”, Ruquier ose aussi beaucoup de choses, parfois même au risque de choquer. Fogiel, dans “Le Divan”, posait des questions très dures. Mais Ardisson a été le premier à aller aussi loin, aussi frontalement. Il assumait d’aller au clash, avec une intensité rare.
Finalement, qu’est-ce qui restera de Thierry Ardisson ?
Son audace. Son insolence. Cette façon d’avoir compris qu’il fallait un style, un ton, une patte. On savait qu’en allant chez lui, on se mettait en danger, mais on ne voulait surtout pas paraître ringard en refusant. Ardisson a marqué la télévision française comme peu l’ont fait. Oui, c’était un provocateur. Mais c’était aussi un créateur. Et ça, ça restera.
Dans un paysage médiatique de plus en plus aseptisé, Thierry Ardisson apparaissait comme un électron libre, insaisissable et, surtout, irremplaçable. Il ne cherchait pas le consensus : il le fuyait. Sa télévision était faite de silences gênants, de rires nerveux, de formules assassines, mais aussi – et c’est là sa grandeur – de moments de vérité. Car sous la provocation, il y avait toujours une volonté de faire émerger l’authenticité. Il savait que la parole n’a de valeur que si elle est confrontée, secouée, parfois même malmenée.
Dans ses émissions, les invités n’étaient pas protégés par le confort des questions convenues. Ils savaient qu’ils entraient dans une arène où tout pouvait arriver. Ardisson posait les questions que tout le monde pensait mais que personne n’osait formuler à voix haute. Il ne s’excusait jamais de choquer. Pour lui, déranger n’était pas un effet de style, mais une nécessité.
Mais Ardisson n’était pas qu’un intervieweur redouté. Il était aussi, et peut-être avant tout, un homme de concept. Il avait une vision de la télé comme un terrain de jeu créatif, où les formats devaient sans cesse être réinventés. “Tout le monde en parle”, émission culte du samedi soir, réunissait autour d’une même table des acteurs, des politiques, des écrivains, des chanteurs… dans un chaos maîtrisé, qui donnait à voir la société française dans toute sa diversité – et ses contradictions. On pouvait y passer du grave au léger, du politique à l’intime, avec une fluidité rare.
Plus tard, dans “Salut les Terriens”, il a poussé encore plus loin la mise en scène de sa propre légende. L’homme en noir, costume sombre et regard perçant, était devenu une figure presque mythologique. Il s’adressait à ses invités comme un sphinx moderne, lançant des énigmes à décrypter plutôt que des banalités à commenter. Et c’est peut-être là sa plus grande réussite : avoir su créer un personnage sans jamais perdre sa sincérité.
La disparition de Thierry Ardisson marque la fin d’une époque où la télévision était encore un lieu de rendez-vous, d’affrontement, de surprise. Une époque où l’on prenait le risque de déplaire pour avoir quelque chose à dire. Aujourd’hui, alors que les algorithmes dictent ce qui doit être vu, aimé, partagé, Ardisson rappelle que la singularité est la seule vraie valeur dans un monde saturé de contenus.
Bien sûr, il a eu ses travers, ses excès, ses polémiques. Il ne cherchait pas à plaire à tout le monde. Et c’est peut-être ce qui faisait de lui un homme libre. Un artisan de la parole, un architecte de l’image, un créateur de liens inattendus. Son œuvre dépasse ses émissions : elle est inscrite dans l’imaginaire collectif, dans cette idée qu’une télévision audacieuse, intelligente et parfois irrévérencieuse est non seulement possible, mais nécessaire.
À l’heure où tout semble formaté, Thierry Ardisson laisse derrière lui un vide immense… et une leçon puissante : ne jamais avoir peur d’oser.
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