Thierry Ardisson : des adieux à l’image de sa vie, entre audace et tendresseObsèques de Thierry Ardisson : cette révélation faite par Manon, la fille  aînée de l'animateur, durant la cérémonie (ZAPTV) - Voici

Ce jeudi 17 juillet restera gravé dans les mémoires comme le jour où le monde de la télévision française a dit adieu à l’un de ses plus grands provocateurs : Thierry Ardisson. À l’église Saint-Roch à Paris, temple des obsèques des personnalités artistiques, une cérémonie hors du commun a été organisée pour rendre hommage à celui qu’on surnommait depuis toujours « l’homme en noir ». Fidèle à son image, ce dernier rendez-vous avec le public et ses proches s’est déroulé comme une véritable émission de télévision, une dernière mise en scène pour celui qui a su transformer l’interview télévisée en art du spectacle.

Un dernier show orchestré avec soin

L’église Saint-Roch, souvent choisie pour les obsèques de figures emblématiques de la culture française, s’est teintée de noir pour accueillir les proches, amis, collaborateurs et admirateurs de Thierry Ardisson. L’accès y était strictement réservé aux invités, tous invités à respecter un dress code en hommage au style inimitable de l’animateur : costume noir, avec ou sans lunettes noires, comme un clin d’œil à ses décennies passées sur les plateaux, vêtu de son uniforme iconique.

La cérémonie n’avait rien d’une messe traditionnelle. Elle était « séquencée », selon les mots de ses proches, à la manière d’un programme télévisé. Chaque intervention, chaque morceau musical, chaque mot prononcé semblait orchestré à la perfection, comme l’aurait fait Ardisson lui-même. Fidèle à son ton irrévérencieux, sa femme Audrey Crespo-Mara a ouvert la cérémonie par une phrase qui aurait pu figurer dans l’un de ses lancements célèbres : « Tu m’as dit ‘pitié à l’église avec les curés ne faites pas chiant’, alors promis, on ne fera pas chiant ».Obsèques de Thierry Ardisson : pourquoi Jean-Louis Aubert, l'un de ses  amis, était absent à la cérémonie ? - Voici

Une mort à son image, libre et pleine d’humour

Thierry Ardisson est décédé le lundi 14 juillet, jour de la Fête nationale française, des suites d’un cancer du foie. Il avait 76 ans. Ce choix de date n’a évidemment pas échappé à l’ironie mordante de ses proches, à commencer par sa compagne Audrey Crespo-Mara, qui n’a pu s’empêcher de souligner : « Quant au choix, mon amour, de partir le 14 juillet, toi le monarchiste, chapeau bas ! Tu es né un 6 janvier, le jour de la Fête des rois, et tu as dit ‘fuck’ le jour de la Révolution. Avec les enfants, ça nous a bien fait marrer ».

Ce trait d’esprit résume bien le personnage qu’était Ardisson : un homme cultivé, souvent déroutant, toujours maître de sa narration. En mai dernier encore, il était sur les plateaux pour la promotion de son livre L’Homme en noir. Lors d’une interview accordée à Léa Salamé sur France Inter, il avait évoqué avec une simplicité presque désarmante son rapport à la mort : « Il ne faut pas avoir peur de la mort. De toute façon, tout le monde meurt. Même Napoléon, qui était quand même un mec puissant, il est mort ».

Une carrière qui a bousculé le PAF

En plus de 40 ans de télévision, Thierry Ardisson a imposé une nouvelle grammaire du talk-show en France. De Lunettes noires pour nuits blanches à Tout le monde en parle, en passant par Paris Dernière ou Salut les Terriens !, il a su transformer l’interview en performance, le débat en happening, et le silence en arme redoutable. Son humour noir, son goût pour la provocation, ses montages incisifs et ses silences volontairement pesants ont influencé toute une génération de journalistes et d’animateurs.

Mais derrière l’homme d’image se cachait aussi un homme de mots. Producteur, écrivain, créateur de formats, il savait aussi se faire discret dans sa vie privée. Son combat contre la maladie s’est déroulé loin des caméras, dans l’intimité de sa famille.Obsèques de Thierry Ardisson : ses filles Ninon et Manon, son frère  Patrick… Unis dans la douleur pour lui dire adieu - Closer

Le bel hommage de Manon, sa fille aînée

L’un des moments les plus émouvants de la cérémonie a été sans doute le discours de Manon Ardisson, née en 1989. Fille aînée de l’animateur, elle a partagé avec émotion les derniers instants passés avec son père, révélant qu’ils avaient ensemble sélectionné la musique de la cérémonie. « Cette pop qu’il a tant aimée, celle des Beatles qu’il vénérait », a-t-elle expliqué, soulignant le lien indéfectible entre le père et la mélomane qu’il était. Une bande-son à son image, entre élégance britannique et passion assumée pour la culture pop.

Le chef du service culture de BFMTV, Steven Bellery, a confirmé que cette cérémonie n’était pas un simple adieu, mais un ultime message artistique, un dernier clin d’œil à un public qu’Ardisson n’a jamais cessé de surprendre.

Un homme en noir, mais un cœur en couleur

Thierry Ardisson laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire de la télévision française. Son héritage n’est pas seulement fait d’émissions cultes, mais aussi d’une certaine idée de la liberté, du courage de poser des questions qui dérangent, et de célébrer la culture sous toutes ses formes.

Son épouse, ses enfants et ses amis lui ont offert une sortie de scène à la hauteur de son œuvre : théâtrale, sincère, mordante, mais profondément humaine. Et au fond de l’église, flottait sûrement cette phrase qu’il aurait pu lancer lui-même, un sourire en coin : « La télé, c’est mieux quand c’est vivant ».

Et grâce à lui, elle l’a été.

Obsèques de Thierry Ardisson : Ses filles Manon et Ninon, son frère  Patrick… la famille de Thierry Ardisson unie dans la douleur.