Macron répond à la chanteuse Zaho de Sagazan qui l’invitait à cesser d’utiliser ses chansons tant qu’il «laisse faire un massacre» à Gaza

Sur son compte Instagram, la chanteuse de La Symphonie des Éclairs a exhorté le président ne pas «utiliser les mots des artistes» s’il «n’agit pas pour les vies qu’ils défendent».

Si ses chansons mélancoliques aux rythmes électro font d’elle l’un des phénomènes musicaux du moment, Zaho de Sagazan s’engage désormais très ouvertement sur le volet politique. Dans un texte publié sur son compte Instagram, l’artiste dénonce la gravité de la situation à Gaza et interpelle Emmanuel Macron sur ce dossier brûlant. Elle l’invite également à cesser de reprendre ses chansons dans sa communication politique.

Dans cette tribune, la native de Saint-Nazaire, élue artiste féminine aux Victoires de la Musique 2025, décrit un peuple palestinien «bombardé, affamé, déplacé, humilié par le gouvernement israélien, dirigé aujourd’hui par une coalition d’extrême droite». Face à cette situation, selon elle, «ce monde regarde ailleurs. Ou pire : il justifie, relativise, temporise». Après avoir évoqué «les crimes atroces commis par le Hamas» lors du 7-octobre, Zaho de Sagazan estime que «ces violences ne peuvent servir d’alibi à un massacre sans fin».

Cette mise en accusation du gouvernement israélien est suivie par une adresse directe au président français, qui a utilisé plusieurs fois son titre La Symphonie des éclairs dans des communications sur ses réseaux sociaux. «Pendant que vous célébrez “la lumière”, la sensibilité, la compassion, sous les nuages, à quelques kilomètres de chez nous, des enfants vivent l’enfer», écrit-elle. Elle poursuit «avec gravité» et en caractères gras : «N’utilisez pas les mots des artistes si vous n’agissez pas pour les vies qu’ils défendent.»

«Je refuse que la douleur soit recouverte par le silence», lui a répondu le chef de l’État, affirmant que «la France ne fournit aucune aide militaire, ni directe ni indirecte», aux opérations menées par l’armée israélienne à Gaza. «Je partage votre exigence: la situation s’aggrave, ce que nous faisons collectivement ne suffit pas», a-t-il encore écrit, l’assurant qu’il n’allait «pas détourner le regard». «Suite à mes échanges avec nos partenaires, je suis optimiste sur le fait que nous pourrons reprendre très vite nos actions humanitaires pour répondre aux besoins les plus urgents des civils», a-t-il aussi estimé. «Nous demandons que les violations du droit international soient sanctionnées. Sans ambiguïté», a par ailleurs indiqué Emmanuel Macron.

Angèle, Adèle Exarchopoulos et Camille Étienne en soutien de l’artiste

Zaho de Sagazan a également dressé une liste de mesures politiques qui devraient, selon elle, être entreprises au Moyen-Orient. Elles sont formulées à l’impératif, à l’adresse d’Emmanuel Macron toujours : «Exigez un cessez-le-feu total», «mettez fin à la coopération militaire» ou encore «faites que l’aide humanitaire puisse enfin passer». La publication se termine dans un style anaphorique : «Il s’agit de dire stop à l’écrasement d’un peuple», «Il s’agit d’exiger des actes. Pas des mots» et enfin «Il s’agit de retrouver notre cœur. Notre lucidité. Et notre humanité».

Ce texte publié samedi soir avait reçu près de 90.000 «like» sur Instagram ce dimanche midi, dont plusieurs déposés par des personnalités de renom comme la chanteuse Angèle ou l’actrice Adèle Exarchopoulos. L’activiste écologiste Camille Étienne a même exprimé son accord dans un commentaire agrémenté d’un cœur, tout comme le duo musical Terrenoire qui a collaboré avec les chanteuses Pomme ou Louane.

Ce n’est pas la première fois que Zaho de Sagazan fait part de ses opinions politiques publiquement. Sur son compte Instagram, elle avait fustigé en juillet 2024, dans un contexte post-dissolution, «une diabolisation de la gauche et une dédiabolisation de l’extrême droite dans les médias absolument immondes». Elle avait dit adresser «un gros gros fuck à Cyril Hanouna» et avait signé dans la foulée une lettre ouverte à Vincent Bolloré, publiée dans le Parisien . Après un concert organisé place de la République à cette même période, elle s’était exprimée auprès d’un journaliste de l’Humanité  : «Il y a de vrais racistes mais aussi beaucoup de gentils qui votent pour le RN sans se rendre compte qu’ils votent pour le diable et ça me brise le cœur».