Zaz, entre résilience et renaissance : la chanteuse se confie sur ses anciennes addictions et son retour musical

Après une longue pause de trois années, Zaz, de son vrai nom Isabelle Geffroy, revient sur le devant de la scène avec un projet aussi personnel que symbolique. Le 19 septembre prochain, elle dévoilera Sains et saufs, son sixième album studio. Ce titre, à la fois puissant et évocateur, résume parfaitement le chemin parcouru par l’artiste de 45 ans, qui a récemment levé le voile sur une période sombre de sa vie marquée par des addictions à la cigarette et à l’alcool. Un combat intérieur qu’elle a aujourd’hui surmonté, avec sincérité, courage et un désir profond de vérité.

Une renaissance artistique et personnelle

Zaz ne s’était pas vraiment éclipsée, mais elle avait choisi de prendre du recul. Ce retour n’est pas qu’un simple come-back musical : il est aussi l’expression d’une véritable transformation intérieure. Désormais coach dans The Voice, elle s’affiche plus apaisée, plus ancrée, comme elle l’a confié à plusieurs reprises au cours de ce mois de juillet, notamment dans Le Club de l’été sur Europe 1 ou encore dans une interview à l’AFP relayée par Télé 7 jours.

Son nouveau disque, Sains et saufs, devait initialement porter un tout autre nom : Au pays des merveilles. Un choix poétique, inspiré d’un des titres de l’album qui évoque le thème de la dépendance. Mais rapidement, Zaz a compris que ce n’était pas le bon message. “Ce n’était pas bon parce que j’ai réussi à affronter pas mal de peurs, j’ai été courageuse et c’est ça qui reste”, a-t-elle expliqué. Elle a préféré un titre qui reflète davantage le chemin de guérison, de lucidité et de sérénité qu’elle a emprunté. Le disque est donc devenu Sains et saufs, une manière pour elle de dire : “J’ai survécu, je suis intacte, je suis moi.”

La fin d’un cycle d’autodestruction

Zaz n’a jamais eu peur de montrer ses émotions ni de se livrer avec authenticité. Mais parler de ses anciennes addictions, c’est une autre affaire. Ce n’est que récemment qu’elle a osé aborder le sujet publiquement, estimant que “cela devait être digéré”. En effet, dans une époque où l’image prime et où les réseaux sociaux amplifient chaque mot, chaque geste, Zaz a préféré attendre le bon moment pour partager cette part intime de son histoire.

“Je picolais pas mal et je fumais”, a-t-elle déclaré sans détour à l’AFP. “Je n’étais jamais satisfaite et en plus, j’avais peur de me tromper, de faire les mauvais choix.” Derrière cette consommation excessive, une quête insatiable de contrôle, d’oubli ou peut-être simplement de répit. Elle décrit une période où les dépendances étaient devenues des béquilles, des outils de survie plus que des plaisirs. “Ça faisait partie de moi, c’était difficile”, a-t-elle confié à Europe 1. À un moment, elle atteignait jusqu’à trois paquets de cigarettes par jour. Quant à l’alcool, elle admet avoir eu une “capacité à encaisser beaucoup”, mais que cela la menait souvent “dans le mur”.

Un déclic salvateur : le jeûne et la maladie

Le tournant décisif est survenu lorsqu’elle a contracté le Covid. C’est à ce moment qu’elle a choisi de faire un jeûne de trois jours. Une expérience physique et mentale qui a marqué un avant et un après. “J’ai arrêté de boire, de fumer, ça a eu un grand impact”, a-t-elle expliqué. Ce sevrage soudain a été l’occasion de prendre de la distance avec ses anciennes habitudes et de reconnecter avec elle-même. “En arrêtant tout ça, je me suis respectée, je me suis reconnue, je me suis valorisée”, ajoute-t-elle avec une certaine fierté.

Ce changement n’a pas été immédiat ni facile. Zaz parle d’un chemin, semé de paradoxes, mais aussi d’une transformation qui l’a menée de la théorie à la pratique. “Avant, j’étais désincarnée”, dit-elle. Aujourd’hui, elle se sent pleinement présente à sa vie, ancrée, lucide et bienveillante envers elle-même.

Une voix pour l’espoir

Ce retour à la musique prend alors tout son sens. Sains et saufs n’est pas un simple album de plus dans sa discographie : c’est un manifeste intime, un récit de résilience et une lettre ouverte à celles et ceux qui, comme elle, traversent des tempêtes intérieures. Zaz n’a jamais chanté pour faire joli. Elle chante pour toucher, pour bousculer, pour réunir. Ce nouveau chapitre artistique est nourri de toutes ses cicatrices, mais aussi d’un espoir renouvelé.

Son rôle de coach dans The Voice symbolise aussi cette volonté de transmettre, d’encourager les autres à se dépasser, à croire en eux. Elle incarne aujourd’hui une artiste entière, humaine, qui ne craint plus d’assumer ses failles parce qu’elles font partie de sa force.

Une démarche courageuse et inspirante

Parler de dépendance n’est jamais anodin, surtout pour une personnalité publique. Cela demande du courage, de l’humilité et une véritable volonté de briser les tabous. En se livrant ainsi, Zaz offre un témoignage puissant et sincère. Elle montre qu’il est possible de changer, de guérir, de se reconstruire — et qu’on peut le faire à tout âge.

À 45 ans, elle affirme une maturité artistique et personnelle qui résonne avec force dans un monde souvent en quête de superficialité. Sains et saufs, plus qu’un album, est une déclaration d’intention : celle de vivre pleinement, de respirer sans artifice, et d’aimer la vie dans ce qu’elle a de plus vrai.

Zaz revient, mais ce n’est plus tout à fait la même. C’est une femme apaisée, lucide, forte de ses expériences, qui chante désormais avec le cœur ouvert et l’âme nue. Son message est clair : on peut tomber, on peut se perdre, mais il n’est jamais trop tard pour se retrouver.