La plus grande tristesse dans la vie de Slimane, s’il devait en choisir une, serait sans doute sa lutte constante pour se sentir accepté et appartenir à un monde qui, trop souvent, le rejetait. Né en octobre 1989 à Montfermeil, dans une banlieue défavorisée de Seine-Saint-Denis, Slimane a grandi dans une famille modeste d’origine algérienne.

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Aîné d’une fratrie de quatre enfants, il a très tôt été confronté au poids des responsabilités et au regard parfois dur de la société. Fils d’un père cumulant les emplois et d’une mère au foyer, Slimane a connu les fins de mois difficiles, les préjugés liés à ses origines, et cette solitude sourde qui s’installe lorsqu’on ne se sent jamais vraiment à sa place.

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Dès l’enfance, il a ressenti un profond besoin de prouver sa valeur. Les nuits passées à regarder le plafond, les larmes silencieuses, les doutes omniprésents : tout cela faisait partie de son quotidien. Dans une société où l’origine sociale et ethnique conditionne trop souvent les chances de réussite, Slimane se sentait comme un éternel étranger, même chez lui.

La musique est rapidement devenue son refuge. À 12 ans, il chantait déjà, composait, rêvait de scènes et de reconnaissance. Mais la route a été longue et semée d’embûches. De Popstars en 2007 à X Factor en 2011, en passant par Nouvelle Star, Slimane a enchaîné les échecs. Chaque refus était une blessure profonde, une remise en question douloureuse.

Il continuait pourtant à y croire. Devant son miroir, il chantait pour lui-même, s’encourageait, imaginait le jour où le monde entendrait enfin sa voix. Ce jour est arrivé en 2016, lorsqu’il monte sur la scène de The Voice et interprète « À fleur de toi » de Vitaa. Les quatre coachs se retournent. Ce moment, il l’attendait depuis toujours. Choisissant l’équipe de Florent Pagny, Slimane séduit le public avec ses performances puissantes et sensibles, jusqu’à remporter la finale avec 33 % des voix.

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Mais le succès ne guérit pas toutes les blessures. Même après la victoire, les doutes demeuraient. Il a souvent craqué, pleuré seul dans sa voiture après une performance qu’il jugeait ratée, submergé par la pression d’être à la hauteur. Il a travaillé dur pour maintenir sa carrière, tout en portant encore en lui cette tristesse profonde, ce besoin de reconnaissance, ce sentiment de ne jamais être entièrement accepté.

Sa vie professionnelle, bien que brillante aujourd’hui, reste marquée par un passé de luttes invisibles : les petits boulots pour survivre, les nuits sans sommeil à écrire sur une vieille guitare, et cette peur tenace de ne pas réussir. La tristesse de Slimane n’est pas simplement celle d’un artiste sensible : c’est celle d’un enfant des quartiers populaires qui a dû braver les murs invisibles de l’exclusion pour faire entendre sa voix.