🌹 Line Renaud : « On choisit sa vie, on doit pouvoir choisir sa mort »

À 96 ans, Line Renaud continue de parler avec une liberté rare. Invitée sur un plateau télévisé il y a quelques jours, l’icône de la chanson et du cinéma français a une nouvelle fois bouleversé les téléspectateurs en abordant un sujet délicat : la fin de vie choisie. Avec son franc-parler légendaire, elle a déclaré calmement : « On choisit sa vie, on doit pouvoir choisir sa mort. »

Ce n’est pas la première fois que Line Renaud se positionne sur cette question. Depuis plusieurs années, elle milite ouvertement pour une légalisation de l’aide active à mourir en France, un sujet qui divise profondément la société. Mais cette fois, son témoignage avait une résonance plus intime, presque testamentaire.

Assise face au journaliste, Line Renaud n’a pas cherché à choquer. Sa voix était douce, posée, empreinte d’une sagesse que seules les années peuvent offrir. « Je ne demande pas aux gens de faire ça, je dis juste qu’il faut pouvoir choisir. Moi, j’ai choisi. Si ma mort est souffrance, je ne la supporterai pas », a-t-elle expliqué, sans détour. Ces mots, lourds de sens, résonnent comme une déclaration de dignité, celle d’une femme qui refuse la déchéance, la dépendance et la douleur.

Elle a d’ailleurs confié s’être renseignée sur la démarche à suivre, dans les pays où cette pratique est légale. Avec son humour bien à elle, Line a décrit le processus en des termes simples et imagés : « Ce n’est pas difficile, dit-elle. On prend deux pilules : une qui endort, et l’autre qui… pouf ! Paf ! » Une manière pudique, presque poétique, d’évoquer un sujet tragique.

Mais derrière le ton léger, on sent la gravité d’une réflexion mûrie depuis longtemps. Line Renaud ne parle pas de mort avec peur, mais avec lucidité et tendresse. Elle sait que le temps qui lui reste est précieux, et elle veut pouvoir en garder la maîtrise jusqu’au bout. « Il faut simplement ne pas mettre dans l’embarras ceux qui vivent à côté de moi. Je ne veux pas qu’ils soient accusés de quoi que ce soit. Je laisserai un mot, en expliquant bien ma démarche. C’est moi qui ai fait ça, en pleine conscience », a-t-elle précisé, avec une force tranquille qui a bouleversé le public.

Cette volonté de ne pas faire porter la responsabilité à ses proches en dit long sur la générosité et la lucidité de l’artiste. Line Renaud a toujours mené sa vie avec courage — sur scène comme dans la maladie, dans l’amour comme dans le deuil. Cette fois encore, elle aborde la mort avec la même élégance, celle de la vérité assumée.

Elle évoque aussi sa mère, dont la fin de vie fut un supplice. « Ma mère n’en pouvait plus de souffrir. Elle me disait : fais quelque chose. Mais je ne pouvais rien faire. Si la loi avait existé à l’époque… » Sa voix s’est brisée un instant, avant de reprendre, plus ferme encore. C’est sans doute là, dans ce souvenir douloureux, que naît son combat. Voir sa mère souffrir sans pouvoir l’aider a été pour elle une blessure indélébile. Depuis, Line milite pour que plus personne n’ait à vivre une telle impuissance.

Dans ses prises de parole publiques, elle appelle régulièrement les dirigeants à légiférer. Elle a soutenu les associations qui défendent le droit de mourir dans la dignité et n’a jamais caché son admiration pour la Belgique ou la Suisse, où les lois sont plus ouvertes sur ce sujet. « La souffrance inutile, c’est ce qu’il y a de plus cruel », répète-t-elle souvent.

Pour Line Renaud, le débat ne se résume pas à une question politique, mais à une question de liberté fondamentale. Elle estime qu’il s’agit du dernier choix qu’un être humain devrait pouvoir faire pour lui-même. Et si sa position dérange certains, elle l’assume pleinement. « J’ai toujours dit que c’est la souffrance que je ne pourrais pas supporter. Il ne faudra pas me laisser souffrir. »

Ses propos ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Certains saluent son courage, d’autres se montrent plus réservés, évoquant la valeur sacrée de la vie. Mais tous reconnaissent la sincérité de sa démarche. À son âge, Line Renaud n’a plus rien à prouver, seulement à transmettre un message : celui du respect du choix individuel, même face à la mort.

Depuis des décennies, Line a incarné la joie de vivre, l’amour, la solidarité. Aujourd’hui, elle incarne aussi la liberté de mourir dignement. Et si elle parle si sereinement de la mort, c’est peut-être parce qu’elle a tant aimé la vie. Chaque mot qu’elle prononce respire cette gratitude : envers le public, envers ses proches, envers le temps qui lui reste.

Elle conclut l’entretien par une phrase d’une simplicité bouleversante : « Je veux partir comme j’ai vécu : en décidant. » Un silence suit. Dans ce silence, il y a toute une vie d’amour, de courage et de liberté. Line Renaud, une fois encore, donne une leçon d’humanité.