Mort de Loïk Le Floch-Prigent : l’ancien PDG d’Elf décède à 81 ans après une longue bataille contre le cancer, ses dernières images font pleurer des milliers de personnes.

Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf, de GDF et de la SNCF, est mort mercredi 16 juillet 2025 à Paris à l’âge de 81 ans des suites d’un cancer. Figure marquante de l’industrie française, il avait aussi été impliqué dans l’affaire Elf et condamné pour abus de biens sociaux.

Après des années à la tête des plus grandes entreprises françaises et quelques autres en détention, Loïk Le Floch-Prigent, ex-PDG d’Elf, est décédé mercredi à Paris, d’un cancer à l’âge de 81 ans.

“Jusqu’au bout, le grand capitaine d’industrie qu’il était se sera battu aussi bien pour ses entreprises que pour la défense de l’industrie française”, a écrit Marlène Le Floch-Prigent, sa femme, dans une déclaration transmise à l’AFP.

Il a dirigé des grandes sociétés françaises comme Rhône-Poulenc (1982-1986), Elf Aquitaine (1989-1993) racheté par Total en 1999, GDF (1993-1995) et la SNCF (1995-1996).

“Loïk avait une passion pour la France qu’il a servie avec détermination aussi bien dans le monde du privé qu’en grand serviteur de l’Etat”, ajoute Mme Le Floch-Prigent dans son message.

C’est le Parti socialiste, où il entre en 1971, qui le propulsera dans le monde de l’industrie. Pierre Dreyfus, ministre de l’Industrie du gouvernement Mauroy, le choisit comme directeur de cabinet. Un an plus tard, ce Breton barbu aux yeux bleus est promu PDG du groupe public Rhône-Poulenc.

Il est aussi connu pour avoir passé environ deux ans en prison pour des malversations financières.

La juge Eva Joly avait mis au jour un réseau de trafic d’influences, de corruption et de détournements de fonds impliquant les dirigeants du groupe, dont Loïk Le Floch-Prigent, et des ministres comme Roland Dumas et Charles Pasqua de 1989 à 1993.

Loïk Le Floch-Prigent a été condamné en 2003 à cinq ans de prison pour abus de biens sociaux dans le volet principal de ce dossier Elf, impliquant près de 305 millions d’euros de détournements.

Il avait été libéré avec trois ans d’avance en avril 2004, invoquant des raisons de santé, mais avait dû, en septembre 2010, retrouver quelques mois cette prison qu’il ne supportait pas. “Comme il a été président d’Elf, il a payé les pots cassés”, estime sa veuve auprès de l’AFP.

En 2012, il est arrêté en Côte d’Ivoire puis extradé au Togo, où il est placé cinq mois en détention provisoire dans une affaire d’escroquerie. Rentré en France l’année suivante, il clame son innocence.

“Conseiller”

“Cet homme, qui avait été le seul à avoir dirigé trois entreprises nationales majeures Elf, GDF et la SNCF” avait “par-dessus tout l’amour et le souci de notre souveraineté et de notre industrie qui l’auront guidé toute sa vie durant”, a estimé mercredi l’avocat Patrick Klugman, qui a connu l’ancien grand patron alors détenu au Togo “dans le cadre d’un règlement de compte sordide où il n’avait rien à voir”.

Ces dernières années, il exerçait des activités de “conseiller” dans l’industrie, son “cheval de bataille”, et “jusqu’au bout, il travaillait encore”, explique sa femme à l’AFP.

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L’ancien patron socialiste a “conseillé beaucoup de monde” en politique, “la droite, la gauche, tous les partis sont venus le chercher”, indique son épouse.

“J’avais pris le réflexe de l’appeler régulièrement pour lui demander conseil sur l’énergie, sur l’industrie”, a commenté sur X mercredi l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo, qui le qualifie d’“ami”.

Réagissant sur X à la “triste nouvelle” de sa disparition, Erik Tegnér, directeur du média d’extrême droite Frontières, indique qu’il en était notamment “membre du comité stratégique”.

“C’était un très grand chef d’entreprise, un passionné d’industrie, un personnage. Il a tout risqué et il a payé”, a écrit dans un communiqué Sophie de Menthon, la présidente du mouvement patronal Ethic qu’avait rejoint Loïk Le Floch-Prigent.

Loïk Le Floch-Prigent laisse derrière lui l’image d’un homme complexe, à la fois brillant et controversé. Ceux qui l’ont côtoyé décrivent un esprit vif, doté d’une culture industrielle rare et d’un franc-parler redouté dans les cercles du pouvoir. Malgré ses démêlés judiciaires, il n’a jamais cessé de défendre l’idée d’une France forte, indépendante sur le plan énergétique et industriel. Dans ses dernières interventions médiatiques, il alertait encore sur les dérives de la désindustrialisation et plaidait pour une reconquête du savoir-faire national.

Ses proches racontent qu’il continuait, même affaibli par la maladie, à écrire, à conseiller et à dialoguer avec de jeunes entrepreneurs qu’il considérait comme “les bâtisseurs de demain”. “Loïk n’était pas seulement un capitaine d’industrie, c’était aussi un pédagogue, un passeur de conviction”, confie un ancien collaborateur ému. Ses obsèques, prévues dans la plus stricte intimité, devraient rassembler de nombreuses figures politiques et économiques venues lui rendre un dernier hommage.

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Jusqu’à la fin, il aura incarné cette génération d’hommes d’État-entrepreneurs pour qui la grandeur industrielle de la France était une mission quasi sacrée. Sa disparition marque la fin d’une époque — celle où l’industrie française parlait encore d’une seule voix, portée par des hommes de fer et de conviction.