Profanation de la tombe de Robert Badinter : La haine attaque la mémoire du Juste à l’aube de son entrée au Panthéon

Robert Badinter, combattant pour l'abolition universelle de la peine de  mort, va entrer au Panthéon


Profanation de la tombe de Robert Badinter : La haine attaque la mémoire du Juste à l’aube de son entrée au Panthéon

Ce jeudi 9 octobre 2025 devait être un jour de communion nationale, un moment solennel où la République française s’inclinait devant la mémoire de l’un de ses plus grands serviteurs : Robert Badinter. Le père de l’abolition de la peine de mort était sur le point d’entrer symboliquement au Panthéon, le temple des grandes figures de la Nation. Mais ce qui devait être une ode à la justice et aux droits de l’homme a été brutalement entaché par un acte d’une violence symbolique inouïe et d’une lâcheté abjecte : la profanation de sa tombe au cimetière de Bagneux, quelques heures seulement avant l’hommage.

L’Ignominie à Bagneux : Des Tags qui Ciblent les Valeurs

C’est dans le carré juif du cimetière de Bagneux, où repose Robert Badinter, que l’ignominie a été découverte au matin du 9 octobre. La sépulture portait des inscriptions haineuses, des tags qui n’étaient pas le fruit d’un simple vandalisme, mais d’une agression ciblée et idéologique.

Selon les autorités municipales, ces inscriptions visaient expressément les combats les plus emblématiques de l’ancien Garde des Sceaux : l’abolition de la peine de mort, la défense des droits des homosexuels (la dépénalisation de l’homosexualité en 1982 est l’une de ses autres victoires majeures) et, plus largement, les libertés fondamentales et la dignité humaine. L’attaque n’était donc pas seulement dirigée contre un lieu de mémoire, mais contre les fondements mêmes des valeurs républicaines et humanistes incarnées par Robert Badinter.

La nouvelle, relayée avec effroi, a instantanément suscité une vague d’indignation nationale. Le geste est d’autant plus choquant qu’il s’est produit dans un timing d’une cruauté calculée, visant à souiller l’hommage suprême que la France s’apprêtait à rendre. Les inscriptions, odieuses et indignes, ont rappelé avec brutalité que les extrémismes et la haine restent des menaces actives, cherchant à s’attaquer aux symboles du progrès social.

Le Panthéon, Sanctuaire de la Résilience Républicaine

Le contexte poignant de cet acte de profanation a paradoxalement amplifié la résonance de la cérémonie du Panthéon. Le 9 octobre 2025 marquait l’entrée symbolique de Robert Badinter dans ce temple républicain. Il s’agit d’une date doublement symbolique, puisque c’est le jour anniversaire de la promulgation de la loi du 9 octobre 1981, qui a mis fin à la peine capitale en France, le combat de sa vie.

Bien que la cérémonie fût symbolique, le corps de Robert Badinter ne rejoindra pas la crypte. Sa veuve, l’historienne et philosophe Élisabeth Badinter, a souhaité respecter un vœu intime : celui de rester unis, son corps demeurant auprès d’elle au cimetière de Bagneux. Ce choix personnel, empreint de tendresse et de fidélité conjugale, a été respecté par la République, soulignant que même l’hommage le plus national s’incline devant l’intimité du couple. L’émotion de ce choix n’a fait que renforcer l’attachement des Français à cet homme.

Face à la profanation, le Président de la République, Emmanuel Macron, et de nombreuses personnalités politiques de tous bords ont rapidement dénoncé cet acte ignoble. Le message était clair : la haine ne l’emportera pas sur la mémoire et la conscience de la Nation. La réponse républicaine à l’ignominie des tags fut l’unité et la dignité de la cérémonie.

L’Héritage Indélébile des Combats

Robert Badinter, c’est le choc : sa tombe dégradée quelques heures avant l’entrée au Panthéon

L’œuvre de Robert Badinter dépasse largement le cadre de l’abolition de la peine de mort, même si ce combat reste le plus marquant de son héritage. Avocat puis Garde des Sceaux, il a incarné une vision de la justice centrée sur la dignité humaine et l’État de droit. Sa lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité, qui a mis fin à une discrimination archaïque, ainsi que son engagement pour le droit au recours individuel devant la Commission européenne des droits de l’homme, attestent de son rôle de “Juste” moderne.

Les inscriptions haineuses, en ciblant explicitement ses victoires pour les libertés, n’ont fait que souligner l’importance et l’actualité de son œuvre. Elles rappellent que les acquis démocratiques et les droits humains ne sont jamais définitivement gravés dans le marbre, et que le combat contre l’intolérance est une vigilance de tous les instants.

En cette journée paradoxale, mêlant l’ombre de la haine à la lumière de l’hommage national, Robert Badinter est entré au Panthéon non seulement pour ce qu’il a fait, mais aussi pour ce qu’il représente : la boussole morale d’une République qui se veut plus forte que la barbarie. La profanation de sa tombe, loin d’entacher sa mémoire, a paradoxalement mis en lumière l’urgence de continuer à défendre avec ferveur les valeurs qu’il a si brillamment incarnées. L’entrée symbolique de l’homme au Panthéon a été une réponse éclatante à ceux qui, dans l’ombre et la lâcheté, ont tenté de dégrader son lieu de repos.