L’Épisode Final : Libération de la Bête, Couronnement et la Vengeance Sanglante du Prince Déchu

L’air était épais, saturé du silence assourdissant qui suit une tempête. Les murs du manoir, hier encore secoués par la fureur des éléments et les craquements d’une malédiction millénaire, semblaient retenir leur souffle. La dernière épreuve avait eu lieu. Amélia, la jeune fille vendue pour une fortune, avait fait le choix le plus difficile de sa courte existence : s’unir à la bête pour la sauver.

Quand elle se réveilla, l’aube filtrait timidement à travers les lourds rideaux de la chambre. La pluie avait cessé. Et le miracle avait eu lieu. Jules n’était plus la bête. Il reposait à ses côtés, son visage apaisé, libéré du tourment qui assombrissait ses traits. Son corps dégageait une chaleur humaine, une vitalité qui n’était plus entravée par la magie sombre. La malédiction était brisée, définitivement.

La Révélation du Prince Libéré

L’atmosphère était lourde d’une émotion nouvelle, un mélange de soulagement et d’attente. Amélia se redressa, observant Jules. Il ouvrit les yeux, et pour la première fois, ses pupilles bleues perçantes n’étaient plus luisantes d’une lueur surnaturelle ; elles étaient remplies d’une gratitude profonde, d’une tendresse inouïe.

« Amélia, » murmura-t-il, sa voix maintenant riche et parfaitement humaine. « Tu l’as fait. Tu m’as sauvé. »

Il se redressa et, d’un geste majestueux, enlaça la jeune femme. C’est alors qu’il lui révéla l’entière vérité. Jules n’était pas seulement un homme riche : il était le Prince héritier d’un royaume caché, forcé à l’exil et transformé en bête par un sortilège jeté par un ancien rival, mais aussi exacerbé par la jalousie de son frère, Dante. Le mariage avec « un être au cœur pur » était l’unique condition pour que le sort soit levé.

Jules se leva et ouvrit un coffre lourd posé au pied du lit. Il était rempli d’or, de bijoux et de titres de propriété. « Tu as tenu ta promesse, » dit-il, le regard franc. « Et je tiendrai la mienne. Tu es libre. Cet argent est ta dot. Tu peux partir où tu veux, sans que personne ne te poursuive. C’est le prix de ta liberté, méritée par ton courage et ton sacrifice. »

Amélia regarda le trésor, l’objet même pour lequel ses parents l’avaient vendue. Mais le faste du métal précieux ne pesait rien face à la liberté qu’elle avait trouvée en elle-même. « Je n’ai pas fait cela pour l’or, » répondit-elle, sa voix ferme. « Je l’ai fait pour la personne que tu es, la personne que tu as protégé quand mon propre sang m’a rejetée. » Elle écarta le coffre. « Ma liberté, c’est toi. » Ce refus de l’argent fut la véritable preuve de son amour inconditionnel.

La Contre-Attaque de Dante : L’Ultime Trahison

Le triomphe fut de courte durée. Luc, le bras droit fidèle, fit irruption dans la chambre, le visage livide. « Maître ! » s’exclama-t-il. « Dante attaque ! Il a su que la malédiction était brisée et il est là, avec une armée de gardes corrompus, prêt à prendre le manoir et à vous tuer. »

Le pire restait à venir. En se dirigeant vers le salon principal, Amélia fut saisie d’horreur. Au centre de la pièce, ligotés et bâillonnés, gisaient ses parents. Dante, le sourire cruel aux lèvres, se tenait au-dessus d’eux.

« Ah, la petite esclave, » ricana Dante. « Félicitations, mon frère. Mais tu as fait une erreur fatale en la gardant. » Se tournant vers Amélia, il brandit une lame menaçante. « Voici ton ultime choix. La bête a été vaincue, mais le prix du trône est le sang. Je libère tes chers parents en échange de la vie de Jules. »

Le visage d’Amélia devint pierreux. Son père réussit à arracher le bâillon et la supplia, les larmes coulant sur ses joues, non pas de remords, mais de peur. « Amélia ! Sauve-nous ! Nous sommes ta famille ! »

Le cœur d’Amélia se serra, non de pitié, mais de rage contenue. Elle se souvenait d’avoir été traitée comme un parasite, d’avoir mangé les restes dans la cour. Elle se souvenait de la gifle, et du regard satisfait de ses parents lorsqu’ils comptaient les millions qui scellaient sa misère.

Elle regarda Dante droit dans les yeux. « Tu as fait une erreur, Dante, » répondit-elle, sa voix étonnamment calme, portant la force d’une reine. « Ils n’ont jamais été ma famille. Ils m’ont vendue. Ma loyauté n’appartient qu’à l’homme qui m’a protégée de leur cruauté. »

Elle fit un pas de côté et se plaça aux côtés de Jules, main dans la main. « Fais ce que tu dois faire, Jules. Protège ton royaume. Je suis avec toi. »

Le Triomphe de la Reine Improbable

La bataille éclata. Jules, libéré de sa malédiction et doté d’une force surhumaine héritée de sa lignée royale, se battit avec la férocité d’un homme qui avait trop longtemps été prisonnier. Luc, avec une habileté étonnante, tenait la ligne, protégeant Amélia et le trésor.

Amélia, elle, n’était pas passive. Utilisant l’intelligence et la discrétion qu’elle avait développées en vivant dans l’ombre, elle aida Luc à déjouer les tactiques des gardes. Elle n’avait pas besoin d’une épée ; son esprit, aiguisé par des années d’observation silencieuse, était son arme.

Le combat final entre Jules et Dante fut brutal. L’héritier légitime l’emporta. Dante fut vaincu, son ambition se brisant sur la nouvelle puissance de son frère.

L’histoire se conclut quelques jours plus tard, dans la salle du trône royale, majestueuse et ancienne. Jules est couronné, retrouvant son droit de naissance. Le nouveau roi Jules se tourne alors vers Amélia, la jeune fille qui était entrée dans sa vie comme une esclave et qui se tenait maintenant à ses côtés avec la dignité d’une véritable souveraine.

« Amélia, » dit-il devant les courtisans et son père le Roi, « par ton sacrifice et ton amour, tu as prouvé que la vraie noblesse ne réside pas dans le sang, mais dans le cœur. Tu es ma Reine. »

Les parents d’Amélia ? Ils furent renvoyés dans le monde avec l’équivalent du prix de leur trahison, mais sous la condition qu’ils ne puissent jamais approcher le royaume ou Amélia. Ils furent condamnés à vivre avec le fardeau de leur avidité, sans la fortune qu’ils désiraient vraiment, et privés de la fille qui, malgré tout, avait le pouvoir de les sauver.

Amélia, l’esclave devenue reine, et Jules, la bête devenue roi, commencèrent leur règne. Ils utilisèrent leur pouvoir pour changer les lois du royaume, s’assurant qu’aucun enfant ne soit plus jamais rejeté, vendu ou traité comme elle l’avait été. L’amour d’une jeune fille, né dans la peur et scellé par le sacrifice, avait non seulement brisé une malédiction, mais avait donné naissance à un nouveau royaume fondé sur la justice et l’humanité.