Derrière les suicides de jeunes enfants, des drames “très peu courants” qui “nous paraissent insoutenables”
Après la mort d’une fillette de 9 ans en Moselle, il y a une semaine, les pédopsychiatres et psychologues interrogés par franceinfo veulent rassurer les parents face à ce phénomène rare, tout en leur donnant des clés pour déceler une situation de mal-être chez les enfants.
Une tragédie qui confronte la société à un impensé. Sara, une fillette de 9 ans, a été retrouvée morte à son domicile, en Moselle, samedi 11 octobre. L’enfant avait laissé “un court billet d’adieu et d’affection à l’attention de sa famille”, avait exposé le procureur, quarante-huit heures plus tard. L’élève de CM2 subissait des “moqueries” à l’école, en lien avec sa “corpulence”, selon les premiers éléments de l’enquête. Six jours après le décès, le parquet de Sarreguemines a confirmé l’hypothèse du suicide.
Ce drame questionne. En France, que sait-on des suicides de jeunes enfants ? “Il est très peu courant, voire exceptionnel, qu’un enfant prépubère [en dessous de 11 ans] mette fin à ses jours”, souligne Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent au CHU de Lille. “Mais chacun de ces suicides est un drame absolu, les conséquences pour les proches endeuillées sont extrêmement violentes.”
Au 3018, “un rajeunissement des utilisateurs”
Parce qu’ils sont rares, les suicides de ceux qui ne sont pas encore des adolescents sont “très largement sous-étudié”, note Charles-Edouard Notredame. Une autre raison explique ce manque de littérature scientifique, pointe le psychiatre : “Il nous paraît insoutenable qu’un enfant puisse avoir des idées suicidaires.” En 2016, 26 morts par suicide ont été enregistrés chez les moins de 15 ans, selon la Haute Autorité de santé (HAS)(Nouvelle fenêtre), une donnée qui ne permet pas de faire la distinction entre les enfants et les adolescents. La HAS estime aussi que le suicide est “la cinquième cause de mortalité chez les moins de 13 ans”.
Sans même parler des suicides ou des tentatives de suicide, les études sur le mal-être global des jeunes enfants sont également peu nombreuses en France. En juin 2023, Santé publique France (SPF)(Nouvelle fenêtre) a dévoilé ses premiers travaux d’envergure sur le sujet : les résultats ont montré que chez les enfants scolarisés du CP au CM2, “5,6% présentent un trouble émotionnel probable” avec parfois des symptômes anxieux voire dépressifs.
Alors que la crise sanitaire du Covid-19 est régulièrement pointée comme un facteur de détérioration de la santé mentale chez les Français, Santé publique France se garde de tirer de telles conclusions pour les enfants : “Ces premiers indicateurs (…) ne permettent pas de conclure sur la présence d’un impact du Covid-19 (…) en l’absence de données nationales sur cette tranche d’âge antérieures à la crise.”
Au 3018, un numéro téléphonique national d’écoute à destination des jeunes en situation de mal-être, majoritairement en lien avec les situations de harcèlement, son directeur Samuel Comblez constate toutefois “un rajeunissement des utilisateurs”. “Depuis trois ans environ, des enfants de 7 ou 8 ans nous appellent, seuls ou en présence de leurs parents”, rapporte celui qui est aussi psychologue. Surtout, il leur arrive d’évoquer “spontanément” des envies suicidaires.
Derrière le passage à l’acte, “une volonté de ne plus souffrir”
Contrairement aux idées reçues, les enfants ont conscience assez tôt de ce qu’est la mort, de son caractère irréversible et inéluctable. “Le mot devient ‘adulte’ entre 5 et 7 ans. Avant cela, il désigne un ‘jeu’ ou un ‘voyage’, on le perçoit par exemple lorsqu’un enfant parle de son grand-père désormais ‘sur un nuage’”, expose Boris Cyrulnik, neuropsychiatre à l’origine d’un rapport en 2011 sur le suicide des enfants, commandé par la secrétaire d’Etat à la Jeunesse de l’époque, Jeannette Bougrab.
Selon Boris Cyrulnik, “les médias participent aussi aux représentations de la mort” et du suicide chez les plus jeunes, dès lors que ces derniers y ont accès. Or “les écrans occupent une place de plus en plus importante dans la vie des enfants”, constatait une étude de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique en février 2024. Plus de la moitié des enfants âgés de 7 à 17 ans possèdent leur propre smartphone et près de sept sur dix utilisent internet quotidiennement. Quant à leurs parents, ils ont tendance à sous-estimer ce temps d’utilisation. Et quand bien même l’enfant n’a pas en tête une définition précise de la mort, une crise suicidaire n’est pas impossible, poursuit Charles-Edouard Notredame.
“Il est possible d’avoir des idées suicidaires ou de faire des tentatives de suicide avant même d’avoir des représentations consolidées de la mort.”
Charles-Edouard Notredame, pédopsychiatre
à franceinfo
Les raisons du suicide restent complexes et multifactorielles, y compris chez les jeunes enfants, rappellent les spécialistes interrogés par franceinfo. “Quel que soit l’âge, c’est se soustraire à une situation insupportable”, résume Charles-Edouard Notredame. “La volonté des enfants qui passent à l’acte, ce n’est pas tellement de mourir, mais c’est de ne plus souffrir”, appuie Hélène Romano, docteure en psychopathologie et spécialiste du traumatisme chez l’enfant, sur franceinfo.
Il existe néanmoins des facteurs à risque. Les violences sexuelles, physiques ou psychologiques, dans la sphère familiale comme en dehors, sont des éléments déterminants à tout âge. Chez les jeunes, peut s’ajouter à cela un environnement scolaire délétère, avec le harcèlement et le cyberharcèlement.
Des “traumatismes dès l’école” parfois minimisés
A l’école primaire en particulier, ce harcèlement “peut durer très longtemps, car les enfants ont du mal à le qualifier”, note Samuel Comblez.
“Ils disent ressentir un sentiment désagréable, mais peinent à se rendre compte du caractère malveillant et du poids dans la durée. (…) Ce qui les épuise davantage et peut finir par devenir insupportable.”
Samuel Comblez, directeur du 3018 et psychologue
à franceinfo
Là encore, les clichés ont la peau dure : le harcèlement n’est pas plus fréquent dans le second degré que dans le premier. Ce phénomène concerne autant l’école élémentaire que le collège. Alors qu’il est souvent associé à de la chamaillerie, son manque de considération peut laisser des traces indélébiles chez l’enfant harcelé.
“Les demandes d’aides qu’on a le plus, c’est dans le premier degré”, confirme Nora Tirane, fondatrice de l’association Marion La Main Tendue. Sa fille a elle-même mis fin à ses jours, à l’âge de 13 ans, après avoir été persécutée par ses camarades. Selon Nora Tirane, qui milite pour la présence de conseillers principaux d’éducation (CPE) et de surveillants dès le primaire, les effets du harcèlement à cette période peuvent se matérialiser bien plus tard : “Des adolescents et des jeunes adultes font des tentatives de suicides parce qu’ils ont accumulé des traumatismes dès l’école.”
Dans le premier comme dans le second degré, les enseignants restent “insuffisamment” préparés aux crises suicidaires, estime Hélène Romano sur franceinfo. “Il faudrait qu’on ait un médecin par établissement, alors qu’actuellement, ils sont un pour des dizaines d’établissements”, a-t-elle également déploré, appuyant le constat d’un milieu scolaire qui peine à soigner la souffrance psychique des jeunes.
De l’importance d’en parler de manière “franche et directe”
Bien plus tôt encore dans la construction de l’enfant, Boris Cyrulnik souligne l’importance de lui garantir, “au cours des 1 000 premiers jours” de sa vie, “une paix intime et une stabilité affective”. Il salue ainsi le congé de naissance inscrit dans le projet de budget 2026, qui permettra aux deux parents de prendre chacun jusqu’à deux mois supplémentaires, en plus de leur congé maternité et paternité. Selon Samuel Comblez, cette sécurisation émotionnelle de l’enfant doit perdurer dans le temps.
“Ce qui différencie malgré tout les envies suicidaires d’un enfant par rapport à celles d’un adolescent, c’est que son monde n’est pas le même. Ils ont davantage besoin de se savoir aimés et de se sentir en sécurité.”
Samuel Comblez, directeur du 3018 et psychologue
à franceinfo
Pour prévenir les tentatives de suicide, les pédopsychiatres et psychologues de l’enfance insistent tous sur la nécessité du dialogue et de l’écoute avec son enfant. “Tout propos suicidaire doit inquiéter. Il ne faut pas banaliser ce qu’un enfant dit parce qu’il est enfant”, insiste Charles-Edouard Notredame.
Des signaux d’alerte, qui ne passeraient pas par le langage, peuvent aussi être symptomatiques d’une crise suicidaire. “Il y a d’une part le changement brutal de comportement”, comme “un enfant qui dormait bien et qui, d’un coup, fait des insomnies”, et “d’autre part, le fait de jouer à des ‘jeux dangereux’”, illustre Samuel Comblez, donnant l’exemple d’un très jeune utilisateur du 30 18 qui disait “s’amuser” à se pencher sur un balcon.
Lorsque l’inquiétude devient vive, Samuel Comblez recommande d’aborder le sujet du suicide de façon “assez franche et directe”. “Si on ne le sent pas, il est bien sûr possible de passer par des questions comme ‘Est-ce que tu as envie que les choses ne soient plus comme avant ?’ ou ‘Est-ce que tu veux que la vie s’arrête ?’” suggère ce psychologue. “Aborder la question frontalement ne donne pas d’idées suicidaires ou ne fait pas passer à l’acte”, rassure Charles-Edouard Notredame.
“Une simple phrase peut empêcher le passage à l’acte.”
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre
à franceinfo
Surtout, “vous n’êtes pas seuls”, rappelle Charles-Edouard Notredame. En cas d’envie suicidaire suspectée ou avérée chez son enfant (ou son adolescent), un psychologue, un psychiatre ou un médecin généraliste peuvent prendre le relais et potentiellement orienter vers une hospitalisation.
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