La victoire du FC Barcelone ce week-end aurait dû être un motif de satisfaction pour les supporters. Trois points essentiels dans la course au titre, certes, mais les inquiétudes persistent à une semaine du Clasico contre le Real Madrid. Ce succès arraché en fin de match a davantage soulevé des doutes qu’il n’a rassuré. L’équipe de Hans-Dieter Flick, arrivée avec la réputation d’un entraîneur méticuleux et dominateur en Bundesliga, semble désormais en proie au doute, à la fatigue et à un manque de cohésion évident.

Le constat est clair : ce Barça manque de tout un peu. De confiance, d’énergie, de fraîcheur mentale et surtout de repères collectifs. On voit une équipe coupée en deux, hésitant entre presser haut ou attendre, entre garder le ballon ou subir. Ce manque d’identité visible traduit une perte de confiance générale. Flick, qui rêvait d’un jeu fluide, d’un pressing coordonné et d’une défense solide, se heurte à une réalité bien plus rude : la Liga est un championnat exigeant, imprévisible, où chaque erreur se paie au prix fort.

Et cette pression constante use les entraîneurs les plus solides. Guardiola lui-même n’était resté que quatre saisons avant de s’en aller, vidé mentalement. Valverde, de retour à Bilbao, a reconnu combien le poste à Barcelone l’avait épuisé. Quant à Ronald Koeman, il a avoué avoir perdu « cinq ans d’espérance de vie » tant la tension quotidienne était insupportable. Flick découvre aujourd’hui cette même usure. À chaque faux pas, les médias, les socios et les observateurs s’enflamment. À Barcelone, une semaine de répit est un luxe : une victoire te donne un souffle, mais une défaite replonge immédiatement le club dans la crise.

Cette pression permanente pèse aussi sur les joueurs. Pedri, symbole du talent formé à la Masia, affichait déjà à la 25e minute le visage d’un joueur épuisé, comme s’il sortait d’une prolongation. La fatigue physique semble inexplicable. Après une présaison complète, un staff qui connaît bien son effectif et une préparation soignée, voir des joueurs exténués si tôt dans les matchs interroge. La chaleur ne peut pas tout justifier : à domicile, dans des conditions idéales, certains joueurs semblent déjà à bout. Flick espère que le pic de forme arrivera bientôt, car dans cet état, le Barça ne pourra pas rivaliser avec le Real Madrid.

À cela s’ajoute une série de blessures préoccupantes : Joan García, Rafinha, Ferran Torres, Lewandowski, et même la jeune pépite Lamine Yamal. Chacun de ces absents prive l’équipe d’un élément essentiel. García, par exemple, apportait une sérénité rare à la défense, un calme précieux dans les moments tendus. Sans lui, la ligne arrière paraît nerveuse, fragile. Rafinha, lui, manquait cruellement à l’animation offensive. Quant à Lamine Yamal, s’il est revenu sur le terrain, il n’est clairement pas encore à 100 %.

Le cas Yamal est d’ailleurs révélateur. À seulement 17 ans, il porte déjà le poids des attentes d’un club mythique. Il est passé du statut de promesse à celui de star médiatique. Mais la gloire a son revers : il n’a plus le droit à l’erreur. Un ou deux matchs ratés, et les critiques fusent de toutes parts. Flick l’a bien compris : il doit protéger son jeune joueur, lui redonner confiance et continuité. Mais dans un club où chaque résultat devient une affaire d’État, la patience est rare.

Autre motif d’inquiétude : Jules Koundé. Le défenseur français, censé être un pilier de l’équipe, enchaîne les contre-performances et les retards à l’entraînement. Deux fois déjà depuis le début de la saison, il est arrivé en retard, frôlant la mise à l’écart. Ce manque de rigueur surprend et inquiète. Dans un effectif amoindri, Flick a besoin de ses cadres irréprochables. Mais la concentration et la motivation semblent fluctuer chez certains, conséquence peut-être d’une lassitude mentale accumulée.

L’arbitrage du dernier match a également fait débat. L’arbitre Gil Manzano a annulé un but, oublié un penalty et expulsé Flick. Pourtant, l’entraîneur allemand a refusé d’en faire un bouc émissaire. Il l’a dit clairement : le Barça n’a pas fait le match qu’il fallait pour gagner. L’équipe a été fébrile défensivement, maladroite offensivement, et c’est avant tout cela qu’il faut corriger. Cette lucidité est sans doute la meilleure nouvelle du week-end : Flick ne cherche pas d’excuses.

À une semaine du Clasico, l’optimisme est mesuré. Le Real Madrid, en pleine forme avec un Mbappé décisif et une équipe en confiance, part favori. Mais paradoxalement, c’est peut-être un avantage pour le Barça : ne rien avoir à perdre peut libérer les esprits. Les Blaugranas devront jouer avec courage, solidarité et audace. Une victoire improbable pourrait relancer la saison et souder le vestiaire.

En définitive, cette période trouble rappelle à quel point être entraîneur du FC Barcelone est un défi humain autant que sportif. Il faut une force mentale exceptionnelle pour résister à la pression médiatique, à la critique permanente et aux attentes irréalistes. Flick, malgré ses débuts hésitants, a encore la possibilité d’imposer sa marque : redonner confiance à ses joueurs, rétablir une identité de jeu claire et surtout, ranimer l’âme d’un club qui doute.

Le football, surtout au Barça, n’est pas qu’une affaire de tactique. C’est une question de mental, de caractère et de résilience. Et c’est là que se jouera, plus encore que sur le terrain, le véritable Clasico : celui de la fierté et de la reconstruction.