Affaire Badré : sa femme le tue grâce à l’aide de leurs fils

L’image est celle d’une famille brisée, d’un foyer où le traditionnel couscous familial n’a plus la même saveur, où la place de l’aîné reste désespérément vide. Badraï Fakir, 44 ans, a été assassiné il y a deux ans, et le souvenir de ses derniers instants, passés à table avec sa mère Dricia la veille de sa mort, est un déchirement permanent. “Il a payé les badels, il est venu de suite, il a apporté les croissants, on a fait les côtés, on a commencé à parler, on a commencé à rigoler après le soir il est parti au revoir, ça y est, c’est les dernières images qu’elle m’a fait ouais,” confie Dricia, le cœur lourd. Une douleur d’autant plus insoutenable que le crime aurait été commis par sa propre compagne, Cathy, avec la complicité glaçante de leurs deux fils, Michaël, 25 ans, et Jordan, 19 ans.
Le 1er septembre 2015, au petit matin, un garde forestier fait une macabre découverte dans la garrigue, à la périphérie de Nîmes. Dans un tunnel, un cadavre allongé, partiellement calciné et défiguré par les flammes. Un homme de forte corpulence, en pyjama, tué de plusieurs coups de couteau au cou et au thorax. L’identification, grâce à des empreintes suite à une interpellation pour conduite sans permis, révèle l’identité de la victime : Badraï Fakir. Il n’a pas de casier judiciaire, et la question hante les enquêteurs : qui pouvait en vouloir à ce père de famille ?
Badraï Fakir, né en France, était l’aîné d’une famille marocaine de six enfants, originaire du quartier populaire de Pissevin, une cité difficile de Nîmes. Sans diplôme, il vivait de petits boulots et était considéré comme un grand frère, ayant su se tenir à l’écart des mauvaises fréquentations. Il partageait sa vie avec Cathy, rencontrée à 14 ans, avec qui il avait eu quatre enfants. Cathy était assistante maternelle, tandis que Badraï travaillait dans une boulangerie. En 2013, la famille avait emménagé dans une jolie maison avec piscine, à 10 km de Nîmes. Un train de vie confortable, en partie financé par des “petites combines” : Badraï rachetait des voitures accidentées aux enchères, les retapait et les revendait sans déclarer les revenus.
Cette activité a d’abord orienté l’enquête vers l’hypothèse d’un règlement de comptes. Mais pour Rali, un ami proche de Badraï, cette piste ne tenait pas. “Badraï n’avait pas d’ennemis. Il n’était pas un trafiquant, juste un débrouillard. Moi je l’appelais comme un très très bon businesseur. C’était un mec qui avait la tchatche comme personne, il pouvait vendre des glaces en Alaska, c’était quelqu’un qui avait le sens du commerce que personne. Après point de vue administratif et tout, il payait peut-être pas tout ce qui était impôts et tout, mais voilà.”
Un mois après la découverte du corps, sans aucune piste, les trois sœurs de Badraï – Hanane, Sarah et Mounia – décident de mener leur propre enquête. Elles vérifient les emplois du temps de leurs proches, y compris ceux de Cathy et de leurs neveux. Leurs investigations les mènent à une découverte capitale : les voisins d’en face possèdent des caméras de surveillance, installées après un cambriolage. Quatre caméras, dont l’une, mal orientée, filme l’entrée de la maison de Badraï. Par chance, les bandes n’ont pas été effacées. En visionnant les images, les sœurs assistent à une scène insoutenable : à la nuit tombée, une voiture s’avance dans la cour, des silhouettes s’affairent autour. Les images sont floues, mais les sœurs reconnaissent leurs neveux, Michaël et Jordan. “Ils chargent le corps dans la voiture et là ils repartent, on comprend que notre frère il est rentré dans le coffre et que…” Sur les dernières images, les deux hommes montent dans le véhicule et quittent le domicile.

Le lendemain, les sœurs informent la police. Interrogée, Cathy avoue tout de suite. Elle raconte avoir drogué son compagnon avec des somnifères, puis l’avoir étranglé et égorgé dans le lit conjugal. Elle affirme ensuite avoir appelé ses deux fils aînés à l’aide. Ces derniers auraient chargé le corps dans la voiture de Michaël avant de le brûler et de s’en débarrasser dans le tunnel. Les trois suspects sont incarcérés. Michaël et Jordan seront remis en liberté sous contrôle judiciaire fin 2016 et début 2017.
Comment expliquer un tel déchaînement de violence au sein de cette famille en apparence soudée ? Selon l’avocate de Cathy, le couple battait de l’aile depuis plusieurs années. Cathy aurait découvert les infidélités de Badraï, qui serait également devenu alcoolique et violent. “Ses addictions l’auraient rendu violent, il aurait frappé sa compagne et il l’aurait… une situation dont il aurait pris conscience et qu’il n’aurait plus supporté le soir de son décès,” explique son avocate. Après avoir bu, il aurait demandé à Cathy de le tuer : “Elle indique qu’elle était complètement en pleurs, qu’elle n’arrivait plus à le à le à le raisonner. Lui donne les moyens, il lui dit ‘Je suis musulman, je ne peux pas me tuer, mais je te demande de me mettre des somnifères, attendre que je dors et mets un terme à mes jours parce que si tu ne le fais pas, c’est moi qui passerai à l’acte tôt ou tard.’”
Cette version est-elle plausible ? Pour les proches de Badraï, l’idée qu’il soit devenu violent est inconcevable. Dans la cité Pissevin, Badraï était un “grand frère”, respecté, loin de l’image d’un compagnon violent. À l’école maternelle où Cathy travaillait, ses collègues affirment, hors caméra, qu’elle n’était pas battue et n’a jamais porté plainte pour violences conjugales. Pourtant, son médecin traitant a indiqué avoir constaté à plusieurs reprises des ecchymoses sur son corps. Une ancienne maîtresse de Badraï, traumatisée par leur relation, a accepté de témoigner anonymement, décrivant un homme dangereux : “Au début, il a joué son jeu, j’étais naïve. Au moment où j’ai voulu partir, c’était trop tard. Un flingue sur la tête, vous voulez partir ? Il m’a presque crevé mon œil, c’est l’enfer que j’ai vécu”.
Face à ces accusations, les sœurs de Badraï sont incrédule. “On les connaissait, il s’aimait, on les voyait tout le temps ensemble, elle nous l’aurait dit, on était proche, elle nous disait tout, on est parti en vacances avec eux dans le même dans un mobil-home, des semaines, on a quasi vécu vécu avec eux et jamais jamais jamais on l’a vu violent avec eux quand même on l’aurait vu”. Pour elles, Cathy, Michaël et Jordan mentent pour dissimuler un crime de sang-froid. Cette conviction est renforcée par une expertise révélant des projections de sang dans la voiture de Michaël, suggérant que Badraï n’est pas mort dans la maison, mais aurait été achevé dans le véhicule par Michaël et Jordan. La mère se serait-elle accusée pour couvrir ses enfants ? Les deux fils, quant à eux, nient toute participation au meurtre, affirmant n’avoir fait que transporter le corps. “Lorsque mon client intervient, les faits ont été commis, la victime est décédée. Sa réflexion a été celle de dire finalement aujourd’hui j’ai perdu mon père, il faut absolument que je protège au moins ma mère pour elle, pour lui, mais aussi parce que il y a des enfants en bas âge,” explique l’un de leurs avocats.

L’affaire prend une tournure encore plus troublante. Le soir du meurtre, avant de se rendre dans la garrigue, Michaël aurait appelé son oncle maternel, un ouvrier du bâtiment, lui confiant que sa mère avait “fait une connerie”. Cet oncle aurait alors contacté sa meilleure amie : une policière. La même policière qui sera en charge de l’enquête sur le meurtre de Badraï. Les sœurs de Badraï dénoncent un conflit d’intérêts évident et ont déposé un énième courrier au procureur, demandant que la policière soit dessaisie de l’enquête. Elles ont également saisi l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN). “On nous a écrit en septembre ce jour-là les sœurs vont déposer un énième courrier au procureur, elle demande que la policière soit dessaisie de l’enquête en raison de ses liens affectifs avec la famille des mises en examen, le frère de la mise en examen qui a des contacts réguliers avec elle lors de cette enquête nous avons pu relever des faits très suspects. Depuis 12 ans nous n’avons eu de cesse d’alerter la juge sur les agissements d’une policière qui est en charge de cette enquête et qui est très proche de la famille des mises en cause et sur le fait qu’il y ait un conflit d’intérêt évident,” clament-elles.
L’avocate des sœurs, Nadia Bourouis, dénonce une enquête “malmenée” et un “traitement de faveur” accordé à l’accusée. “Vous avez une femme qui a qui qui reconnaît avoir assassiné son mari et quand elle va au tribunal, elle n’a pas de menotte, qu’est-ce que ça représente pour la partie civile ? Qu’est-ce que ça représente pour les victimes que de dire ‘Mais finalement c’est pas grave ce qu’elle a fait ?’ Alors bien évidemment qu’il y a d’autres circonstances, mais il faut se mettre à la place des victimes qui elles se disent ‘Mais c’est pas possible, elle a notre frère et notre fils et elle est libre et elle marche tranquillement dans la rue, on comprend pas’”. Le procureur de la République, quant à lui, n’a pas dessaisi la policière et n’a pas sollicité l’IGPN.
Cathy, Michaël et Jordan Fakir risquent la réclusion criminelle à perpétuité. L’affaire Badraï est un drame familial aux ramifications complexes, où la vérité est masquée par les allégations, les contre-allégations, et les soupçons de partialité. C’est l’histoire d’une famille qui implose, d’une justice questionnée, et d’un mystère qui, malgré les aveux, continue de planer.
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