Quand Booba s’en prend à Vitaa : le Dôme de Marseille au cœur d’un nouveau clash

La scène musicale française, pourtant riche en talents et en succès, n’échappe jamais longtemps aux turbulences des réseaux sociaux. Et quand il s’agit de piques et de provocations, un nom revient toujours en tête d’affiche : Booba. Le rappeur, habitué aux clashs aussi médiatisés que dévastateurs, a une fois de plus dégainé sa verve acérée. Sa cible cette fois ? Vitaa, chanteuse populaire et figure incontournable de la pop urbaine française, à quelques jours de son concert prévu au Dôme de Marseille le 26 octobre 2025.

Ce qui devait être une simple étape d’une tournée bien rodée s’est soudain transformé en sujet brûlant sur les réseaux. En cause : une remarque d’un internaute et la réponse sans détour du Duc de Boulogne, toujours prompt à faire vibrer la toile.

La mèche allumée : un commentaire anodin devenu viral

Tout a commencé par un simple message, perdu dans la masse de publications et de réactions quotidiennes. Sous une annonce du concert de Vitaa, un internaute a posté un commentaire au ton acerbe :

« Le Dôme va sonner creux dimanche pour le concert de Vitaa. Comme quoi tu peux avoir le buzz de TF1, mais pour remplir des salles, il faut faire de la bonne musique… »

Un tacle qui, à première vue, aurait pu se noyer dans le flot habituel des critiques anonymes. Mais dans l’écosystème numérique où chaque mot peut devenir une étincelle, celui-ci a trouvé écho. Rapidement, les réactions se sont multipliées : entre ceux qui défendent Vitaa, artistes et fans confondus, et ceux qui partagent, non sans sarcasme, le message initial.

Ce commentaire, empreint d’ironie, s’en prend directement à la légitimité artistique de la chanteuse. Pourtant, Vitaa n’est pas une novice : vingt ans de carrière, des albums certifiés platine, des millions d’auditeurs et une popularité consolidée par sa collaboration à succès avec Slimane. Elle a enchaîné les tubes, de A Fleur de Toi à Avant Toi, imposant une image d’artiste sincère et proche de son public. Mais sur Internet, la mémoire est courte, et le cynisme permanent.

L’intervention de Booba : un coup de tonnerre prévisible

Et puis, comme souvent dans ce genre de polémiques, Booba est arrivé. Sur ses réseaux, où il cumule plusieurs millions d’abonnés, le rappeur a partagé à son tour le commentaire, accompagné d’une réponse au vitriol.
Sans surprise, la formule est brutale :

« Vivement la fin de vos mascarades. En même temps #vitaa, à quel moment tu te dis ‘j’vais faire une tournée et les gens vont venir me voir’ ? T’es qui, tu chantes quoi ? C’est terrible d’être aussi naïf et incompétent. Et de tricher autant… »

En quelques phrases, Booba condense tout ce qui fait sa réputation : sarcasme, mépris assumé et sens du buzz. Il ne se contente pas de critiquer, il démolit. Ses mots frappent fort, ciblant la crédibilité même de Vitaa, qu’il accuse à demi-mot d’inauthenticité et de manque de talent.

L’attaque est d’autant plus marquante qu’elle semble sortir de nulle part : aucune querelle ouverte ne liait jusqu’ici les deux artistes. Pourtant, Booba n’en est pas à son premier coup d’éclat contre des figures de la pop mainstream : Gims, Aya Nakamura, Maître Gims, Mickaël Youn — tous ont déjà goûté à ses saillies. Son obsession ? Dénoncer ce qu’il appelle les « faux artistes », ceux qu’il accuse de bénéficier d’une visibilité disproportionnée grâce aux médias et à des stratégies marketing, plutôt que par la qualité musicale.

Le roi du clash et la stratégie du bruit

Depuis des années, Booba cultive un personnage : celui du rebelle lucide, du justicier du rap français qui n’hésite pas à « dire tout haut ce que les autres pensent tout bas ». Ses attaques, souvent violentes, servent autant à régler des comptes qu’à nourrir un écosystème médiatique où chaque provocation se transforme en engagement, en trending topic, en article.

Et dans ce jeu, Booba est un maître.
Chaque publication devient un événement. Chaque clash, une stratégie. Il sait que son influence dépasse le cadre du rap : il est devenu une sorte de commentateur de la scène musicale, mélange d’arbitre autoproclamé et de trublion permanent.

Pour lui, attaquer Vitaa n’est pas qu’une pique gratuite : c’est aussi une façon de réaffirmer son rôle dans le débat culturel. Un coup calculé, qui alimente sa marque personnelle tout en réactivant le débat éternel entre authenticité et popularité, talent et médiatisation.

Vitaa, entre dignité et silence

De son côté, Vitaa n’a pour l’instant pas répondu publiquement à ces attaques. L’artiste, habituellement discrète face aux polémiques, semble préférer se concentrer sur l’essentiel : son public, sa tournée et sa musique. Ses fans, en revanche, ont pris le relais.
Sur X (ex-Twitter) et Instagram, nombreux sont ceux qui ont défendu la chanteuse, rappelant ses années de carrière, ses collaborations prestigieuses et sa capacité à remplir les salles malgré les critiques.

Car il faut le souligner : le Dôme de Marseille, avec ses 8 500 places, reste une salle prestigieuse et difficile à remplir, même pour des artistes de premier plan. Si certaines dates de la tournée n’affichent pas complet, d’autres se jouent à guichets fermés. Et cela suffit à relativiser les moqueries.

Les réseaux, nouveau champ de bataille de la musique

Cette querelle entre Booba et Vitaa illustre, une fois encore, la mutation du rapport entre artistes et public. Là où autrefois les polémiques se réglaient dans les coulisses, elles se jouent désormais en direct, sous le regard de millions d’internautes.
Les artistes ne se contentent plus de créer ; ils doivent exister numériquement, défendre leur image, justifier leur succès ou leur authenticité.

Pour Booba, ces plateformes sont des armes. Pour Vitaa, elles deviennent parfois des champs minés. L’un en fait un spectacle, l’autre un risque d’exposition. Entre les deux, un public qui se passionne autant pour les chansons que pour les scandales.

Une affaire révélatrice

Au fond, cette histoire dépasse la simple querelle d’artistes. Elle questionne la valeur de la réussite musicale à l’ère du numérique. Faut-il juger un chanteur à sa capacité à remplir une salle ? À ses streams ? À son exposition médiatique ? Ou à son talent brut ?

Booba, fidèle à sa logique de provocation, dénonce un système qu’il considère corrompu par le marketing et les apparences. Vitaa, elle, incarne cette génération d’artistes populaires qui, à force de travail et de collaborations, ont su se faire une place durable dans le paysage musical français.

Deux visions du succès, deux mondes qui se croisent — et s’opposent.

En guise de conclusion

L’épisode du “Dôme de Marseille” restera sans doute comme une énième escarmouche dans la longue saga des clashs made in Booba. Mais au-delà du buzz, il met en lumière une réalité : la musique, aujourd’hui, ne se joue plus seulement sur scène. Elle se joue sur les réseaux, dans l’arène de l’opinion publique, où chaque mot peut devenir une arme.

Vitaa, elle, montera bien sur scène le 26 octobre. Devant un public réel, loin des écrans et des tweets. Et peut-être que, le temps d’un concert, la musique reprendra enfin le dessus sur le bruit.