« Il est mort chez moi » Nagui, dévasté par ce terrible drame, raconte les derniers instants tragiques de son ami.

Saint-Tropez, France – Le monde de la télévision française est habitué à voir Nagui, l’un de ses animateurs les plus populaires et les plus professionnels, arborer un sourire infaillible. Qu’il soit aux commandes de N’oubliez pas les paroles ou de Tout le monde veut prendre sa place, Nagui est la figure de l’aisance, de l’humour, et d’une joie de vivre communicative. Pourtant, l’image qui a émergé des événements du 20 octobre à Saint-Tropez est aux antipodes de cette façade médiatique habituelle. Ce jour-là, Nagui est apparu, face au public et aux caméras, non pas comme l’icône du petit écran, mais comme un homme littéralement brisé, le visage ravagé par une peine immense.

L’onde de choc fut immédiate, non seulement pour les badauds et les personnalités présentes, mais également pour tous ceux qui ont pu apercevoir les clichés de l’animateur. L’émotion brute, palpable, et la profondeur de sa tristesse témoignaient d’un drame d’une intensité rare. Si la raison de ce deuil a rapidement été identifiée – le décès de son ami très cher, Patrice de Colmont, survenu le 11 octobre – c’est une révélation faite par Nagui lui-même qui a transformé cette nouvelle en une tragédie personnelle et nationale : « Il est mort chez moi. »

La Confession qui Dévore

Cette simple phrase, glaçante de par sa brutalité et son intimité forcée, donne un sens nouveau et déchirant à la dévastation de l’animateur. Elle témoigne d’une amitié d’une profondeur exceptionnelle, mais aussi d’une épreuve personnelle vécue loin des projecteurs. Le décès de Patrice de Colmont, figure emblématique et incontournable de Saint-Tropez, ne s’est pas déroulé dans l’anonymat d’un hôpital ou dans le confort de sa propre demeure, mais dans le sanctuaire même de l’ami qu’il laissait derrière lui. Nagui, en offrant cet ultime refuge à son ami, a non seulement partagé ses derniers moments, mais a aussi pris sur ses épaules le poids d’un événement qui marque une vie. L’apparition publique du 20 octobre n’était donc pas le simple affichage d’une tristesse ; c’était la manifestation d’un homme qui venait de naviguer dans les eaux les plus sombres de la perte, ayant été le témoin, et l’hôte, du dernier souffle de son ami.

Ce contexte inédit explique l’intensité de la peine affichée par l’animateur. Le chagrin est une chose, l’accompagnement jusqu’à la mort dans son propre foyer en est une autre. C’est une marque d’amour et de dévouement absolu, mais c’est aussi un souvenir qui restera à jamais gravé dans l’âme de Nagui, justifiant chaque trait tiré, chaque larme contenue.

Patrice de Colmont : L’Âme Libre du Club 55

Pour comprendre l’ampleur du vide laissé par Patrice de Colmont et l’impact sur Nagui, il est essentiel de saisir qui était cet homme au-delà de son titre. Patrice n’était pas un simple restaurateur ; il était le gardien du temple, l’héritier et l’incarnation de l’esprit du Club 55, l’institution tropézienne mondialement connue.

L’histoire du Club 55 est une légende à elle seule. Tout a commencé en 1955, lorsque Bernard de Colmont, le père de Patrice, s’installe sur la plage de Pampelonne avec sa famille. L’endroit était alors sauvage, loin de l’agitation à venir. La même année, le réalisateur Roger Vadim, à la recherche d’une cantine pour son équipe de tournage de Et Dieu… créa la femme, frappe à la porte. Bernard accepte de les nourrir. Le film, qui a révélé Brigitte Bardot, a propulsé Saint-Tropez et le Club 55 sur la carte du chic international.

Patrice, qui a repris le flambeau familial, a toujours veillé à ce que le Club 55 ne devienne pas une simple machine à fric, mais reste un lieu de simplicité élégante, de respect de la nature et de convivialité. Sa devise, souvent citée, était : « Ici, le client n’est pas roi… il est un ami. » Sous sa direction, le Club 55 a continué d’accueillir anonymes, milliardaires, stars hollywoodiennes et têtes couronnées, tous traités avec la même décontraction et la même authenticité. Patrice de Colmont était l’incarnation de cette philosophie : un homme à la poignée de main ferme, au regard clair, qui préférait la terre et la mer aux paillettes. Il était le dernier garant d’une certaine idée de Saint-Tropez, celle d’avant l’ultra-luxe ostentatoire, un Saint-Tropez fait de sable, de pins parasols et d’une liberté bohème.

L’Amitié entre l’Animateur et l’Iconoclaste

Le lien entre Nagui et Patrice de Colmont n’était pas celui d’une simple célébrité avec l’hôte d’une plage privée. Leur amitié, profonde et discrète, s’inscrivait dans cette quête d’authenticité que Nagui a toujours cherchée loin des plateaux de télévision. L’animateur, souvent en vacances dans le Sud, trouvait en Patrice non seulement un ami, mais un confident et peut-être une figure d’ancrage. Leur relation était basée sur le respect mutuel : Nagui admirait l’intégrité et l’esprit libre de Patrice, tandis que Patrice appréciait sans doute la sincérité et l’humanité de l’animateur.

Que Patrice ait choisi, ou qu’il ait été obligé par les circonstances, de passer ses derniers jours chez Nagui en dit long sur la confiance absolue qui les unissait. Dans les moments les plus vulnérables, on choisit ceux en qui on a une foi totale. Ce geste, celui d’ouvrir sa maison pour un dernier voyage, transcende les liens de l’amitié pour atteindre ceux de la fraternité. L’expression « Il est mort chez moi » n’est pas une plainte ou une accusation ; c’est un testament de loyauté, un aveu de la douleur d’avoir accompagné l’ami jusqu’au bout, dans l’intimité la plus sacrée.

Un Vide Immense pour Saint-Tropez et la Famille

Le décès de Patrice de Colmont le 11 octobre a laissé un vide sidéral. L’émotion est palpable bien au-delà des célébrités qui fréquentent le Club 55. C’est une partie de l’histoire et de l’âme de Saint-Tropez qui s’est éteinte. Les hommages ont afflué, soulignant tous son caractère unique, son sens de l’accueil et sa fidélité à des valeurs simples.

Pour la famille de Colmont, l’épreuve est évidemment la plus lourde. Patrice était le pilier qui assurait la continuité de cette institution unique. La question de l’héritage, non pas seulement matériel mais spirituel, du Club 55 se pose inévitablement. Qui pourra maintenir cette alchimie parfaite entre luxe discret, simplicité et tradition ? Le Club 55 est plus qu’une affaire ; c’est un état d’esprit, et cet esprit résidait en grande partie en Patrice.

L’émotion de Nagui, ce 20 octobre, est un miroir de cette perte collective et personnelle. En montrant sa peine avec une telle intensité, l’animateur rappelle au public que derrière les lumières et le succès, il y a des liens humains fragiles et essentiels. Il a rendu un hommage déchirant, non par des mots travaillés, mais par l’expression nue de son chagrin. Cette image, celle de Nagui effondré, restera comme le symbole de cet adieu, d’un dernier acte de fraternité qui s’est déroulé dans le secret de sa propre maison.

En définitive, le drame vécu par Nagui est un rappel poignant que l’amitié véritable ne connaît pas de barrière sociale ou professionnelle. Elle se manifeste dans les moments de joie, bien sûr, mais elle se sublime dans l’épreuve ultime. En accueillant Patrice de Colmont pour ses derniers instants, Nagui a scellé leur amitié d’une manière indélébile, mais a aussi accepté de porter une peine double : celle de la perte d’un ami cher, et celle, plus rare et douloureuse, d’avoir été la dernière escale de sa vie. Le temps apaisera peut-être la douleur, mais le souvenir des derniers jours partagés restera une cicatrice à la fois douloureuse et sacrée. L’animateur devra désormais réapprendre à sourire à la télévision, mais son cœur portera à jamais le poids de cette confidence déchirante : « Il est mort chez moi. » Ce fardeau, il le porte avec la dignité et la sincérité que l’on doit aux plus grandes amitiés.