Elle a craché sur la tombe de sa mère… sans savoir qu’elle reviendrait se venger

Tu n’étais qu’un fardeau dans ma vie. Maman, même morte, tu ne me manqueras pas, idiote. Dans le petit village de Kalanda, une femme pauvre nommée Aminata vivait seule avec sa fille Mariama. Son mari les avait abandonné très tôt et depuis elle portait tout le poids du monde sur ses épaules.

Chaque jour, on la voyait avec un bassin d’eau ou un fagot de bois sur la tête traversant les chemins poussiéreux du village. Elle lavait le linge des autres, vendait un peu de farine ou de manioc pour survivre. Ses mains caleuses racontaient une vie de souffrance, mais son cœur restait rempli d’amour pour sa fille, son unique raison de continuer.

À calanda, Mariama grandissait dans un monde où la pauvreté était une ombre pesante. Chaque matin, elle se réveillait avec un nœud dans le ventre, consciente que sa journée à l’école serait un combat. Son uniforme, rapié avec des fils de toutes les couleurs semblait crier sa misère aux yeux de tous. Ces chaussures usées jusqu’à la semelle laissaient entrer la poussière à chaque pas. Ses cahiers hérités d’autres élèves étaient haché et déchiré.

Pendant la récréation les autres enfants sortaient leur repas du riz parfumé au poulet, des beignets dorés ou des fruits juteux. Mariama, elle n’avait souvent qu’un bol de riz blanc mélangé à un filet d’huile rouge. Elle s’asseyait à l’écart sous un manguier pour cacher sa honte. Les rires des autres élèves raisonnaient comme des moqueries dans ses oreilles.

Regardez Mariama, toujours avec son riz sec, lançait certains pointant ses vêtements usés. Ces mots la blessaient profondément comme des cousins visibles. Elle rentrait chez elle, le cœur lourd, la colère bouillonnant dans sa poitrine.

Elle ne voyait pas l’amour dans les sacrifices de sa mère, Aminata, qui se privait pour lui offrir ce peu. Au lieu de cela, elle laissait sa douleur éclater contre celle qu’il aimait le plus. Le soir, dans leur petite maison en bancau, Mariama explosait parfois. “Pourquoi tu m’as mise au monde si tu ne peux rien m’offrir ?” cria-t-elle, les yeux pleins de larmes d’orage.

Aminata, assise sur une usée, baissait la tête. Ses mains abîmées par le travail tremblaient légèrement. Elle ne répondait pas car elle savait que les mots ne pouvaient apaiser la douleur de sa fille. Elle se contentait de fixer le sol, retenant ses propres larmes. Pour elle, chaque cri de Mariama était une blessure, mais elle gardait l’espoir que sa fille comprendrait un jour.

Les voisins, témoins de ces disputes, secouaient la tête. “Cette petite est indrate”, murmurait il en passant devant leur maison. Mais Aminata ne se plaignait jamais. Elle continuait à laver le linge des autres, à vendre ses petits tas de manioc au marché, à se battre pour offrir à Mariama une vie un peu meilleure. Chaque pièce gagnée était d’un trésor qu’elle gardait pour sa fille.

Même si celle-ci ne le voyait pas, Mariama, elle s’enfermait dans sa colère. Elle enviait les filles du village qui portaient des robes neuves qui riaaient sans honte. Elle rêvait d’une vie où elle ne serait pas la fille de la pauvre. Cette douleur, au lieu de la rapprocher de sa mère, creusait un fossé entre elles. Chaque regard méprisant qu’elle recevait à l’école, elle le reportait sur Aminata.

Elle ne voyait pas les nuits où sa mère veillait, priant pour son avenir. Elle ne voyait pas les repas qu’Aminata sautit pour qu’elle ait assez à manger. Pour Mariama, sa mère était la source de sa honte, pas son pilier. Et ainsi, jour après jour, la distance entre elle grandissait comme un mur que ni l’une ni l’autre ne savait comment abattre.

Les années filèrent à Calanda et Mariama devint une jeune femme d’une beauté éclatante. Ses grands yeux sombres et son sourire quand il apparaissait attirait les regards. Les garçons du village la courtisaient, lui offrant des compliments et des promesses. Mais à l’intérieur, son cœur restait fermé, endurci par des années de monté de frustration.

La pauvreté de sa mère, Aminata, était pour elle une chaîne qu’elle voulait briser à tout prix. Chaque regard sur leur maison en banco avec son toit de tôle rouillé ravivait sa colère. Elle ne voyait plus en Aminata une mère aimante, mais le symbole de tout ce qu’elle détestait, la misère, les moqueries, l’humiliation. Quand Aminata rentrait épuisé, avec ses vêtements trempés de sueur après avoir lavé le linge des riches, Mariama détournait les yeux. Les plats simples qu’Aminata préparaient, souvent du ta ou du riz avec une sauce maigre, était

rejeté avec mépris. Encore ça, tu veux que je mange comme une mendiante ? Lençait-elle, repoussant l’assiette. Aminata, blessé, ramassait les restes en silence, son cœur brisait mais sa bouche close. Même quand elle tombait malade, tous jusqu’à en perdre le souffle, Mariama n’avait aucune compassion. “Tu fais semblant pour que je m’occupe de toi”, dissel, refusant d’aider.

Les voisins qui voyaient tout cela murmuraient entre eux. Quelle fille sans cœur ! Sa mère se tue pour elle et elle la traite comme une ennemie. Mais Aminata ne se plaignait jamais. Chaque soir, elle s’agenouillait sur sa natte et priait pour que sa fille change, pour que l’amour qu’elle lui portait finisse par toucher son cœur.

Elle se souvenait des jours où Mariama, petite riait dans ses bras et elle s’accrochait à cet espoir. Mais Mariama, elle ne voyait que son propre malheur. Elle passait ses journées à rêver d’une vie loin de Calanda, loin de la pauvreté, loin de sa mère. Elle voulait des robes neuves, des bijoux, une maison avec des murs en ciment. Les sacrifices d’Aminata lui semblaient insignifiant, presque ridicule.

Quand les villageois tentaient de lui parler, de lui dire que sa mère donnait tout pour elle, elle ossait les épaules. Elle aurait dû travailler plus dur alors répondait-elle, froide. Les années de moquerie à l’école avaient forgé en elle une armure d’arrogance. Elle pensait que rejeter sa mère la rendrait plus forte, plus digne, mais en réalité chaque moture qu’elle prononçait creusait un vide dans son âme. Les voisins, témoins de ce comportement, s’éloignait d’elle peu à peu.

Il respectaient Aminata pour sa patience, mais Mariama leur inspirait de la pitié mêlée de méfiance. Une fille qui traite sa mère ainsi n’apportera que des malheurs, disait certains. Pourtant, Aminata continuait à aimer sa fille sans condition. Elle cousait ses vêtements, même si Mariama les rejetait.

Elle gardait chaque pièce pour payer ses frais d’école, même si Mariama s’en moquait. Dans son cœur, elle croyait que l’amour finirait par triompher. Mais Mariama, aveuglée par sa colère, ne voyait rien de tout cela. Elle marchait dans le village, la tête haute, comme si elle pouvait effacer sa honte en méprisant celle qu’il avait mise au monde. La santé d’Aminatha déclinait à vue d’œil dans le village de Kalanda.

Sa tou d’abord légère devint un râ constant qui l’épuisait. Ses jambes tremblaient lorsqu’elle portait son bassin d’eau ou son fagot de bois. Parfois sur le chemin du marché, elle s’arrêtait, le souffle court, une main sur la poitrine. Les villageois, inquiets, la regardaient avec compassion. Une voisine, Memouna, lui conseilla d’aller à l’hôpital.

La Minata, tu dois te soigner. Cette tout n’est pas normal, dit-elle un jour en l’aidant à s’asseoir. Mais Aminata secoua la tête, un sourire triste sur les lèvres. Avec quel argent, Memouna ? Tout ce que je gagnais pour Mariama. Elle espérait que sa fille, en grandissant, comprendrait ses sacrifices et l’aiderait à son tour.

Mais Mariama restait distante, enfermée dans son monde. Quand Aminata lui parlait de sa fatigue, elle levait les yeux au ciel. Tu es toujours malade maman. Arrête de te plaindre, lançait-elle avant de sortir avec ses amis. Elle dépensait le peu d’argent qu’elle gagnait en vendant des arachides pour acheter des vêtements colorés ou des bracelets brillants.

L’idée de payer des médicaments pour sa mère ne lui traversait même pas l’esprit. Les semaines passèrent et l’état d’Aminata empira. Elle s’évanouissait parfois tombant sur le sol poussiéreux du marché. Les commerçants l’aidaient à se relever, mais elle refusait de s’arrêter.

“Ma fille a besoin de moi”, murmurait elle comme une prière. Un soir, elle rentéra à la maison, plus faible que jamais. Elle s’allongea sur sa natte, incapable de se lever pour cuisiner. Mariama, rentrer tard, la trouva ainsi. “Tu ne vas pas encore jouer la malade ?” dit-elle avec mépris avant de partir dormir. Aminata ne répondit pas. Elle fixa le plafond, ses yeux fatigués, cherchant une réponse dans l’obscurité.

Elle pensait à sa fille, à l’amour qu’elle lui portait malgré tout. Quelques jours plus tard, Aminata ne se leva plus. Allongé sur sa natte, elle respirait à peine. Une voisine alertée a couru mais il était trop tard. Aminata rendit son dernier souffle seul sans un mot de sa fille. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans Calanda.

Les villageois, attristés se réunirent autour de la maison. La tout donné pour sa fille et voilà comment elle part, disait-il, les larmes aux yeux. Certains préparèrent le corps selon la tradition, drappant Aminata dans un pagne blanc. D’autres creusèrent une tombe simple au cimetière, mais Mariama, elle ne montra aucun chagrin.

Quand on lui annonça la mort de sa mère, elle ossa les épaules. Elle était malade depuis longtemps. “Ce n’est pas ma faute”, dit-elle froide. Les voisins furent choqués par son attitude. “Cette fille n’a pas de cœur”, murmurait il. Pourtant, personne ne lui dit rien par respect pour Aminata. La douleur du village était profonde car tous connaissaient les sacrifices d’Aminata.

Elle avait lavé leur linge, porté leur fagot, vendu son manioc avec un sourire, tout ça pour sa fille. Mais Mariama, aveuglée par son orgueil, ne voyait pas ce que sa mère avait fait pour elle. La mort d’Aminata, loin de la réveiller, semblait la libérer.

Elle pensait pouvoir avancer sans ce fardeau, mais le village, lui n’oublierait jamais. Le jour de l’enterrement d’Aminata à Calanda, le ciel était gris comme s’il partageait la peine du village. Les voisins vêtus de pagnes sobre portèrent le corps enveloppé dans un tissu blanc jusqu’au cimetière. Il chantaient des prières douces, leur voix mêlée de tritesse et de respect pour cette femme qui avait en donné.

Aminata, malgré sa pauvreté, était aimé pour son courage et son amour pour sa fille. Les anciens du village guidaient la procession, suivis par une foule silencieuse. Mariama, elle arriva en retard. Elle portait une robe brillante aux couleurs éclatantes qui contrastait avec l’humeur sombre des autres. Son visage afficha une indifférence froide, presque arrogante.

Les villageois la regardaient choqué, mais aucun n’osa parler. Quand la tombe fut creusée et le corps d’Aminat descendu dans la terre, chacun s’arrêta pour prier. Certains jetaient une poignée de sable, murmurant des bénédictions. Mariama, elle restait en retrait, les bras croisés, un soupir agacé sur les lèvres.

Puis elle s’approcha de la tombe fraîchement refermée. Les regards se tournèrent vers elle, espérant un signe de chagrin, une larme, un mot. Mais Mariama, le visage dur, cracha sur la terre. Tu n’étais qu’un fardeau dans ma vie. Même morte, tu ne me manqueras pas. lança-telle sa voix tranchante comme un couteau. Un murmure d’horreur parcourut la foule.

Les femmes âgées se couvrirent la bouche. Les hommes baissèrent les yeux. “Quelle honte !” chuchota une voisine. “Cette fille est maudite”, dit un autre secouant la tête. Les villageois s’éloignèrent, laissant Mariama seul près de la tombe. Elle tourna les talons, la tête haute, comme si ce geste l’avait libéré. Elle pensait que cracher sur la mémoire de sa mère effacerait des années de monté de colère.

Mais les regards des villageois la suivirent lourd de jugement. En rentrant chez elle, Mariama ne ressentait aucun remord. Elle s’imaginait libre, prête à vivre une vie loin de la misère qu’Aminata représentait pour elle. Elle rangea les affaires de sa mère dans un coin comme on jette de vieux souvenirs inutiles. Elle mit une musique forte pour chasser le silence. Dans sa seule dans la maison. croyant que tout était fini.

Mais au fond du village, les murmures continuaient. “Une fille qui insulte sa mère, même dans la mort, portera un lourd fardeau,” disaient les anciens. Les esprits n’oublient pas, ajoutait les femmes et changeant des regards inquiets. Mariama, elle ignorait ses paroles. Elle se voyait déjà ailleurs, loin de calenda, loin des regards accusateurs.

Elle rêvait de villes brillantes, de vêtements neufs, d’une vie sans le poids du passé. Mais quelque chose au fond d’elle commençait à peser. Une sensation étrange comme une ombre qui s’installait. Elle chassa cette pensée, se disant qu’elle était enfin libre. Pourtant, les villageois, en la voyant marcher dans les rues, s’écartait légèrement. Il ne parlait plus avec elle comme avant.

Même ses amis, autrefois proches, prenaient leur distance. Mariama haussait les épaules, pensant qu’elle n’avait besoin de personne. Mais dans le silence de la nuit, seule dans la maison vide, elle commençait à entendre le vent murmurer comme un écho de la voix douce de sa mère.

Après l’enterrement d’Aminata, Mariama tenta de reprendre sa vie à Calanda. Elle sortait avec ses amis, riait fort au marché, achetait des tissus colorés pour se faire belle. Mais chaque nuit, des rêves étranges venaient troubler son sommeil. Dans ses cauchemars, elle voyait sa mère Aminata sortir de sa tombe. Elle portait le même pagne usé qu’elle avait toujours, celui qu’elle nouait pour travailler.

Ses pas étaient lents, presque flottant sur le chemin poussiéreux du village. Ses yeux, pleins de larmes fixaient Mariama avec une tritesse infinie. “Ma fille, pourquoi m’as-tu méprisé ?” murmura elle, sa voix douce mais lourde de douleur. “J’ai donné ma vie pour toi et tu m’as craché dessus.” Mariama se réveillait en sursaut, le cœur battant, le corps trempé de sueur.

Elle allumait sa lampe à pétrole pour chasser l’obscurité, se disant que ce n’était qu’un rêve. Mais l’image de sa mère restait gravée dans son esprit comme une ombre qui refusait de partir. La nuit suivante, le cauchemar revenait plus clair. Aminata était plus proche, ses mains tendues vers elle, ses doigts caleux et fleurant presque son visage. “Pourquoi Mariama ?” “Pourquoi ?” répétait-elle.

Mariama criait dans son sommeil, se réveillant tremblante. Elle essayait de se convaincre que ce n’était rien, que son imagination lui jouait des tours. Mais les rêves d’Evenaient plus fréquents, plus intenses. Parfois, elle voyait Aminata assise sur la natte dans leur maison, la regardant en silence.

D’autres fois, elle marchait derrière elle sur les chemins du village, invisible mais présente. Mariama commença à redouter la nuit. Elle laissait la lampe allumer, mais même la lumière ne chassait pas la peur. Elle se surprenait à vérifier les coins sombres de la maison, à sursauter au moindre bruit. Les villageois, eux, remarquaient son changement. Elle n’a plus le même éclat, disait-il. Ses amis, autrefois si proches, s’éloignait peu à peu.

“Tu as l’air fatigué, Mariama.” “Qu’est-ce qui ne va pas ?” demanda- elle, mais elle ne disait rien, honteuse d’avouer ses cauchemars. Elle continuait à marcher la tête haute comme si rien ne la touchait. Mais au fond, elle sentait une présence comme si l’esprit d’Aminata veillait sur elle ou peut-être la jugeait. Les anciens du village, assis sous l’arbre à palabre, parlaient à voix basse.

“Quand on rejette ceux qui nous aiment, leurs âmes ne trouvent pas le repos, disait-il.” Mariama, en entendant ses murmures, haussait les épaules. Elle refusait de croire à ses histoires d’esprit. Pourtant, chaque nuit, la vision de sa mère revenait plus insistante. Une fois, dans un rêve, Aminata lui tendit un miroir.

En regardant son reflet, Mariam vit ses propres yeux remplis de larmes comme ceux de sa mère. Elle se réveilla en criant, incapable de comprendre ce que cela signifiait. Elle commença à éviter le cimetière, à contourner les chemins où elle avait vu sa mère marcher. Mais l’ombre d’Aminata semblait partout, dans le vent qui soufflait, dans le craquement des branches, dans le silence de la maison.

Mariama, autrefois si arrogante, sentait sa force s’effriter. Elle voulait oublier, avancer, mais les rêves ne laissaient pas en paix. Chaque nuit, la voix de sa mère raisonnait : “Tu m’as rejeté, mais je t’aimais.” Et chaque matin, Mariama se réveillait avec un poids plus lourd sur le cœur.

Les jours passèrent à Calanda et la vie de Mariama devint un tourbillon d’angoisse. Les cauchemars ne s’arrêtaient pas mais d’autres phénomènes vinrent s’ajouter. La lampe à pétrole de sa chambre qu’elle laissait allumer pour chasser ses peurs, s’éteignait sans raison. Elle la rallumait tremblante, mais parfois la flamme vacillait à nouveau comme soufflée par un vent invisible.

La nuit, des cous raisonnaient contre ses fenêtres. Elle se levait, le cœur battant, pour vérifier, mais ne voyait rien d’autre que l’obscurité. Une fois, alors qu’elle dormait, elle sentit une main froide effleurer son épaule. Elle se retourna brquement, criant, mais la pièce était vide. C’est dans ma tête”, se répétait-elle, essayant de se rassurer.

Mais les événements se multipliaient, rendant chaque nuit plus effrayante. Les voisins qui avaient remarqué son comportement étrange commençaient à parler. “Les épris de ceux qu’on humilie ne dorment jamais”, disaient les anciens assis sous l’arbre à palabre. Aminata a tout donné pour sa fille et elle l’a méprisé. Maintenant, son âme réclame justice.

Mariama, en entendant ses murmures, faisait semblant de ne pas les écoutèrent. Mais au fond, elle commençait à douter. Ses amis, autrefois si joyeuses avec elle, prenaient leur distance. “Tu n’es plus la même, Mariama.” “On dirait que tu portes un poids”, disait-elle avant de s’éloigner. Même les garçons qui la courtisaient autrefois ne venaient plus.

Mariama se retrouvait seule, isolé dans le village qu’elle avait toujours voulu fuir. Elle essayait de garder son assurance, de marcher la tête haute, mais chaque regard des villageois semblait la juger. Une nuit, alors qu’elle dansait seule dans sa maison pour oublier ses peurs, elle entendit une voix douce dans son oreille. “Tu as rejeté ta propre mère.

” Elle s’arrêta net, regardant autour d’elle, mais il n’y avait personne. Son cœur s’emballa. Elle ferma les yeux, espérant chasser cette voix, mais elle revenait encore et encore dans chaque moment de silence. Au marché, les commerçants la regardaient avec pitié. Elle a craché sur la tombe de sa mère. Les esprits ne pardonnent pas facilement, chuchota il Mariama, qui surprenait ses conversations, sentait la honte l’envahir, mais elle refusait de l’admettre.

Elle continuait à acheter des tissus colorés, à se maquiller, à sourire comme si tout allait bien. Mais la nuit, seule dans sa maison, elle ne trouvait plus le sommeil. Chaque craquement, chaque souffle de vent semblait porter la présence d’Aminat. Elle commença à éviter les miroirs car elle craignait d’y voir autre chose que son propre reflet. Une fois, en passant près du puit du village, elle crut entendre un murmur venant de l’eau.

“Pourquoi ma fille Terrifié, elle s’enfuit. Les villageois, voyant son comportement secouaient la tête. Elle pai le prix de son mépris, disait-il. Mariama, elle luttait pour garder sa fierté. Elle se disait qu’elle était plus forte que ses histoires d’esprit, que ce n’était que des superstitions. Mais chaque nuit, les phénomènes s’intensifent.

Les ombres semblaient danser sur les murs. Les bruits devenaient plus forts. Elle sentait une présence constante comme si sa mère veillait sur elle ou peut-être la poursuivait. Mariama, autrefois si sûr d’elle, commençait à perdre la paix.

Son arrogance s’effritait, laissant place à une peur qu’elle ne pouvait plus ignorer. La vie de Mariama à Kalanda devint un enfer silencieux. Chaque jour, elle essayait de se convaincre que tout était normal, mais les signes étranges ne cessaient de la tourmenter. Un soir, alors qu’elle rentrait du marché, un vent violent se leva soudain. La poussière tourbillonnait autour d’elle, lui piquant les yeux.

À travers ce nuage ocre, elle crut voir une silhouette au milieu du chemin. C’était sa mère, Ainata, debout, immobile, portant son vieux pagne déchiré. Ses yeux, pleins de larmes la fixaient sans un mot. Mariam sentit son sens glacé. Elle cria lâchant son panier et s’enfuit en courant. C’est pas raisonnit sur le sol sec, mais elle avait l’impression que la silhouette la suivait.

Quand elle arriva chez elle, hors d’Aleine, elle claqua la porte et s’appuya contre le mur tremblante. Ce n’était rien, juste le vent, se répétait elle, mais son cœur refusait de se calmer. La nuit, les cauchemars reprent de plus belle. Elle rêvait de tombes ouvertes, de mains qui sortaient de la terre, d’ombr qui l’appelaient dans l’obscurité.

Dans un rêve, elle vit à Aminata assise au bord de sa tombe, tissant un pagne avec des filles noires. “Tu m’as rejeté, Mariama ?” disait-elle, sa voix douce mais lourde de reproche. Mariama se réveillait en hurlant, suppliant “Laisse-moi tranquille.” Mais les visions ne s’arrêtaient pas. Chaque nuit, elle devenait plus vive, plus oppressante. Elle voyait sa mère marcher dans la maison, ouvrir les portes, touchèrent ses affaires.

Parfois, elle entendait des pas autour de sa natte pendant qu’elle essayait de dormir. Elle allumait la lampe, mais l’obscurité semblait avaler la lumière. Les villageois, eux, avaient cessé de lui parler directement. Il l’observait de loin, murmurant entre eux. Elle est poursuivie par l’esprit de sa mère”, disait les femmes en lavant leur linge au puit. Elle a craché sur sa tombe et maintenant elle pai.

Mariama surprenait ses paroles mais elle refusait d’y croire. Elle se forçait à sortir, à rire, à agir comme si tout allait bien. Mais au fond, elle sentait une présence constante comme un poids sur ses épaules. Une nuit, elle rêva qu’elle courait dans une forêt sombre, poursuivie par des ombres.

Chaque arbre semblait porter le visage d’Aminata et chaque branche murmurait son nom. Elle se réveilla en criant les larmes aux yeux. Elle ne pouvait plus ni la peur qui l’arrangeait. Elle essaya de parler à une amie mais celle-ci s’éloigna effrayée. “Tu portes un mauvais sort, Mariama. Règle ça avec ta mère”, lui dit-elle avant de partir.

Mariama, désespérée, commença à consulter un vieux guérisseur du village. Il brûla des herbes, murmura des prières, mais secoua la tête. Les esprits des mers offensés sont puissants. “Tu dois demander pardon, mais il est peut-être trop tard.” Mariama quitta hut, furieuse, refusant d’admettre sa faute, mais la peur grandissait.

Chaque ombre, chaque bruit, chaque souffle de vent semblait porter la voix d’Aminata. Elle ne trouvait plus de repos, ni le jour, ni la nuit. Son arrogance, autrefois sa force, s’effondrait face à cette présence invisible. Elle courait, mais ne pouvait échapper à l’ombre de sa mère, qui semblait la suivre partout, réclamant justice pour un amour rejeté. Mariama, désormais seul à Calanda, erit comme une ombre dans le village.

Les villageois, autrefois chaleureux, l’évitaient. Ses amis ne l’invitaient plus au fait. Ses prétendances étaient volatilisées. Elle marchait dans les rues poussiéreuses, le regard baissé, saintant les regards lourds de pitié ou de méfiance. Chaque pas lui rappelait les mots cruels qu’elle avait lancé à sa mère à Minata.

Chaque insulte, chaque reproche raisonnait dans sa tête comme un marteau frappant du fer. “Pourquoi tu m’as mis au monde si tu ne pouvais rien m’offrir ?” Ces paroles qu’elle avait crié sans réfléchir revenaient la hanté. Elle revoyait le visage d’Aminata, ses yeux tristes, ses mains caleuses qui travaillaient sans relâche pour elle.

Mais il était trop tard pour revenir en arrière. Les villageois, en la croisant, chuchotaient entre eux. C’est la vengeance d’une mère, disait certains. Elle p le prix de son mépris, ajoutait d’autres. Mariama voulait crier qu’il se trompait, qu’elle n’était pas maudite, mais au fond, elle commençait à y croire. Les cauchemars ne s’arrêtaient pas.

Chaque nuit, elle voyait sa mère, parfois pleurant, parfois silencieuse, mais toujours là comme un rappel de sa faute. Les phénomènes étranges continuaient, les portes grinçaient seules, les ombres dans les murs, la voix d’Aminata murmurait dans le vent. Mariama ne trouvait plus la paix. Elle essaya de se racheter, d’aller à l’église ou de parler aux anciens, mais rien n’aisait son esprit.

Elle se rendait parfois au marché, espérant retrouver une vie normale, mais même là, les regards la jugaient. Une vieille femme, en vendant ses mangues, lui dit un jour : “Tu as craché sur la tombe de ta mère.” Les esprits ne pardonnent pas facilement. Mariama s’éloigna, les larmes aux yeux, incapable de répondre.

Elle repensait à tout ce qu’Aminata avait fait pour elle. Les nuits sans sommeil, les repas qu’elle sautaient pour qu’elle mange, les vêtements qu’elle cousait malgré les moqueries. Elle comprenait maintenant que cet amour était un trésor, mais elle l’avait rejeté.

Elle voulut réparer ses erreurs, rendre hommage à sa mère, mais la tombe semblait fermée à son pardon. Les villageois, témoins de son changement, n’avaient plus de compassion. Elle aurait dû respecter sa mère de son vivant, disait-il. Mariama, seule dans sa maison, passait ses nuits à fixer le plafond, espérant un signe, une chance de se racheter. Mais le silence était sa seule réponse.

Elle se souvenait du jour où elle avait craché sur la tombe, de la colère qui l’avait poussé à le faire. Ce geste, qu’elle croyait libérateur l’avait enchaîné à une culpabilité qu’elle ne pouvait fuir. Elle essaya de prier, de parler à l’esprit de sa mère, mais ses mots semblaient se perdre dans le vide. Le village, autrefois son refuge, était devenu une prison. Les rires des enfants, les champs des femmes, tout lui rappelait ce qu’elle avait perdu.

Elle compit trop tard que son arrogance l’avait détruite. Elle voulut changer, devenir meilleure, mais la douleur de ses actes pesait lourd. Chaque nuit, elle s’endormait avec l’espoir que le lendemain serait différent, mais l’ombre d’Aminata restait comme un écho de l’amour qu’elle avait méprisé. Mariama, brisé, errait dans un monde où le pardon semblait hors de porter.

Une nuit de pleine lune, Mariama prit une décision. Elle ne pouvait plus supporter le poids de sa culpabilité. Ses cauchemars, les murmures du village, les ombres qui la poursuivaient, tout la poussait à affronter son passé. Elle enfila un pagne simple, celui qu’elle portait péite, et marcha seule vers le cimetière de Calanda.

La lune éclairait le chemin projetant des ombres longues sur la terre rouge. Le vent frais et léger semblait porter une voix douce, celle de sa mère. Mariam sentit son cœur se serrer, mais elle continua. Arrivé devant la tombe d’Aminata, elle s’agenouilla, les mains tremblantes. La pierre, simple et usée, semblait la regarder.

Pour la première fois depuis des années, Mariama pleura. Les larmes coulaient sur ses joues, chaudes et lourdes, comme si elle portait tout le poids de ses regrets. “Maman, pardon !” murmura-t-elle, la voix brisée. “Je comprends maintenant. J’ai méprisé ton amour. J’ai craché sur ton sacrifice. Tu as tout donné pour moi et je t’ai rejeté.

” Elle posa ses mains sur la terre, espérant un signe, une réponse. Mais le vent balaya ses paroles froid et indifférent, comme si le temps du pardon était passé. Mariam assanglota, son corps secoué par la douleur. Elle revoyait chaque moment où elle avait blessé sa mère, ses cris, ses reproches, son mépris.

Elle se souvenait des mains d’Aminata, abîmé par le thé ravaille, cousant ses vêtements, portant l’eau, vendant le manioc pour qu’elle ne manque de rien. Cet amour qu’elle avait traité comme un fardeau était la seule chose qui l’avait soutenue. Mais elle l’avait compris trop tard. Elle resta là, agenouillée jusqu’à ce que la lune disparaisse derrière les nuages.

Elle parla à sa mère, lui confiant tout ce qu’elle n’avait jamais dit. Tu étais mon trésor, maman. Je voulais une autre vie, mais je n’ai pas vu que tu me donnais tout ce que tu avais. Elle espérait que ces mots atteindraient l’esprit d’Aminata, qu’ils apaiseraient son âme. Mais le silence du cimetière était profond, presque cruel. Mariama se releva, le cœur lourd.

En rentrant, elle sentit que quelque chose avait changé en elle. Les cauchemars peut-être s’atténuaient, mais la paix qu’elle cherchait ne venait pas. Les villageois, en la voyant le lendemain, remarquèrent ses yeux rougis, son palent. Certains eurent pitié, d’autres murmurèrent : “Ellle pleure maintenant, mais c’est trop tard.” Mariama comprit douleur toute sa vie.

Elle essaya de se racheter, aidant les voisines, donnant aux enfants pauvres, mais chaque geste semblait vide face à la tombe qu’elle avait souillé. Les nuits suivantes, les visions d’Aminat s’espassèrent, mais elles ne disparurent jamais complètement. Parfois dans un rêve, elle voyait sa mère sourire comme un souvenir d’amour. Mais d’autres fois, elle voyait ses yeux triste lui rappelant son erreur.

Mariam a vécut ainsi entre regret et espoir, cherchant un pardon qu’elle ne receverrait peut-être jamais. Elle appris à ses dépends que l’amour d’une mère est un trésor rare et que le mépris laisse des blessures éternelles. Le village lui continua sa vie.

Mais l’histoire de Mariama resta dans les mémoires comme une leçon gravée dans le cœur de Calanda. Ne rejette jamais ceux qui t’ont tout donné. Ne méprise jamais ceux qui t’ont donné la vie. Même dans la pauvreté, l’amour d’une mère est un trésor que rien ne peut remplacer. L’humiliation et le rejet se retournent toujours contre celui qui les commet. M.