Macron “lance un coup” à Washington : L’Europe refuse de sacrifier l’Ukraine sur l’autel des intérêts américains

Dans un geste diplomatique qui s’apparente à une mission de la dernière chance, le président français Emmanuel Macron s’apprête à “lancer un coup” à Washington. L’enjeu est colossal : tenter de convaincre le président américain Donald Trump que l’avenir de l’Europe et la crédibilité de l’Occident ne doivent pas être sacrifiés au profit d’une entente précipitée avec la Russie. Prévue pour le 24 février, cette visite s’annonce comme l’une des plus tendues et des plus cruciales de la présidence française, alors que l’Europe se retrouve “confuse, divisée et dans l’impasse” face à la nouvelle doctrine étrangère de l’administration Trump.

Le cœur de l’inquiétude européenne, que Macron portera à la Maison Blanche, est la guerre en Ukraine. Le président français l’a martelé lors d’une session de questions-réponses sur les réseaux sociaux : une quelconque “faiblesse” de Donald Trump face à Vladimir Poutine pourrait non seulement conduire à une reddition forcée de l’Ukraine, mais aussi anéantir la crédibilité américaine sur d’autres dossiers brûlants. “Comment pouvez-vous être crédible face à la Chine si vous êtes faible avec M. Poutine ?”, a lancé Macron, liant directement le sort de Kiev à la posture américaine face à Pékin et au programme nucléaire iranien.

Cette visite intervient dans un contexte de chaos transatlantique. Depuis l’entrée en fonction de Trump il y a un mois, la diplomatie mondiale est en ébullition. Macron a déjà convoqué deux sommets de crise, réunissant les dirigeants de l’UE, de l’OTAN et du Canada, pour tenter de forger une réponse unifiée. Mais l’imprévisibilité de Trump, si elle inquiète profondément les alliés, est aussi perçue par Paris comme un levier potentiel. Comme l’analyse l’Élysée, cette incertitude place également Poutine dans une “position difficile”, incapable de deviner les intentions réelles de Washington.

Macron n’arrive pas seulement avec des arguments stratégiques ; il se fait le porte-parole d’un continent. Son ministre des Affaires européennes, Benjamin Haddad, a confirmé que le président “transmettra la voix des Européens” et signifiera clairement que “l’avenir de l’Ukraine ne peut être décidé sans eux”. Au-delà de l’Ukraine, un autre sujet de friction majeur sera à l’ordre du jour : la menace imminente de droits de douane américains sur les exportations européennes. “Une guerre commerciale protectionniste ne profite à personne”, a déjà prévenu M. Haddad.

Pendant que Macron prépare son offensive diplomatique, une autre initiative secoue l’Alliance. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, prévoirait de proposer à Trump le déploiement de 30 000 soldats européens en tant que force de maintien de la paix pour superviser un éventuel cessez-le-feu en Ukraine. Cette idée, qui a provoqué l’ire immédiate de Moscou – le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, faisant part de sa “préoccupation” – est vue d’un bon œil par Washington, Paris et Londres. Cependant, les États-Unis ont déjà précisé qu’aucun soldat américain ne participerait, et l’Europe, fidèle à sa désunion, n’a pas encore trouvé de consensus sur la question.

Mais le véritable drame se joue dans la relation désormais toxique entre Washington et Kiev. Donald Trump ne mâche plus ses mots. Il a publiquement qualifié le président ukrainien Volodymyr Zelensky de “dictateur” pour avoir refusé d’organiser des élections en temps de guerre, lui conseillant d’”agir vite avant de ne plus avoir de pays”.

Cette hostilité personnelle fait suite à un incident diplomatique grave. Selon Trump, son secrétaire au Trésor, Scott Blon, aurait été “traité assez grossièrement” lors d’une visite à Kiev. Venu négocier l’accès aux vastes ressources de terres rares de l’Ukraine en échange de la poursuite de l’aide sécuritaire, il serait “rentré les mains vides” après que Zelensky se soit “endormi” et ait manqué le rendez-vous.

Ce ressentiment personnel alimente ce que les Européens craignaient le plus. L’administration Trump, lassée du conflit, pousse pour un accord rapide avec Moscou. Pire encore, des pourparlers secrets ont déjà lieu en Arabie Saoudite entre Américains et Russes pour mettre fin au conflit, mais sans la présence de l’Ukraine ni d’aucune délégation européenne. L’Europe n’est plus seulement un allié secondaire, elle n’est même plus invitée à la table des négociations.

Face à cette exclusion, la réaction européenne est un mélange de “choc et de déception”. Le continent est paralysé. Selon des diplomates européens, l’UE n’a même pas réussi à se mettre d’accord sur la simple nomination d’un envoyé spécial pour assister à ces pourparlers. La proposition, avancée par le président du Conseil européen Antonio Costa, aurait été “immédiatement rejetée” par la France et l’Allemagne, révélant des fractures béantes au sein de l’Union.

Pendant ce temps, l’Ukraine supplie l’Europe d’agir. Igor Zhovkva, conseiller diplomatique de Zelensky, a imploré Bruxelles de désigner au plus vite “une voix unique” pour la représenter. La situation est si tendue que le propre vice-président de Trump, J.D. Vance, a publiquement averti Zelensky d’arrêter de critiquer le président américain dans les médias, qualifiant ce comportement de “tacticien épouvantable”.

C’est dans cette atmosphère de crise totale, de trahison perçue et de divisions internes que Macron se rend à Washington. Sa mission n’est plus seulement de défendre l’Ukraine, mais de prouver que l’Europe existe encore en tant qu’acteur stratégique pertinent aux yeux d’une Amérique qui semble déjà avoir tourné la page. Le “coup” qu’il entend lancer sera-t-il entendu, ou se heurtera-t-il au mur d’une administration américaine décidée à redessiner le monde selon ses seuls intérêts ?