Giorgia Meloni a divisé la dette de moitié, pendant que Macron patine… mais les Italiens s’appauvrissent : “Elle est incapable de générer des gains”

Si Giorgia Meloni affiche une réduction spectaculaire du déficit public, l’économie italienne s’enfonce, elle, dans une crise silencieuse avec des salaires en berne, une natalité en chute libre et une jeunesse en exil.

© Shutterstock

Trois ans après son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni peut se targuer d’avoir stabilisé les comptes publics italiens. Sous sa direction, la coalition mêlant droite libérale et extrême droite a en effet poursuivi la politique de rigueur initiée après la crise de la dette de 2011. L’objectif étant principalement de revenir dans les clous du Pacte de stabilité européen. Le pari est en tout cas tenu, du moins sur le papier, car grâce à une série de coupes budgétaires dans les dépenses sociales et de santé, ainsi qu’à la vente de parts publiques dans Ita Airways ou Eni, le déficit italien a été divisé par deux depuis 2023. Ce qui lui a permis d’atteindre cette année la barre symbolique des 3 %.

Une réussite budgétaire sur fond de déclin social pour l’Italie de Giorgia Meloni

Cette discipline budgétaire offre un répit diplomatique. Elle permet en effet à Rome d’échapper aux sanctions européennes pour déficit excessif, contrairement à Paris. Une performance saluée par les marchés dans la mesure où l’Italie emprunte désormais à des taux comparables à ceux de la France, malgré une dette publique plus lourde (134 % du PIB contre 114 %). Derrière ces indicateurs flatteurs, l’économie réelle s’essouffle pourtant avec le vieillissement de la population. En 2024, plus de 156 000 jeunes de 33 ans en moyenne ont quitté le pays. Dans le même temps, la natalité s’effondre, le taux de fécondité est tombé à 1,18 enfant par femme et certaines régions connaissent un déclin démographique irréversible.

Une économie exsangue derrière les bons chiffres

Ce recul démographique accompagne un appauvrissement généralisé. Selon l’OCDE, les Italiens ont en effet perdu 7,5 % de leur salaire réel entre 2021 et 2024 — la plus forte chute du monde développé. Un salarié sur dix est ainsi aujourd’hui considéré comme pauvre. Si les revenus nominaux progressent, ils ne suivent pas la flambée des prix. Les analyses convergent donc avec le partage des richesses qui s’est détérioré. Un rapport de Mediobanca estime même que les entreprises auraient pu augmenter en moyenne les salaires de 4 000 euros sans mettre en péril leur rentabilité. L’Observatoire des comptes publics italiens confirme que la part des bénéfices dans la valeur ajoutée a grimpé, au détriment des salaires : “elle est incapable de générer des gains“.

Des inégalités qui explosent et une productivité en panne

À cela s’ajoute un mal structurel incluant la stagnation de la productivité. Depuis 1995, elle a en effet progressé deux fois moins vite qu’en France et trois fois moins que dans la moyenne européenne. Une baisse récente du chômage qui s’explique surtout par le recul de l’âge de la retraite et la création d’emplois précaires dans le tourisme, un secteur à faible valeur ajoutée. En dépit de sa rigueur budgétaire, Giorgia Meloni fait donc face à un dilemme : sauver les équilibres financiers d’un pays dont la vitalité économique et sociale se délite jour après jour.