Ba mươi năm sau khi bà qua đời, Dalida trong rạp chiếu phim và dưới dạng ảnh ba chiều - La République des Pyrénées.fr

La voix, toujours reconnaissable, a brisé l’espace médiatique comme un cristal qui se fend. À 96 ans, figure tutélaire du spectacle et de la conscience française, Line Renaud a prononcé des mots qui résonnent avec une mélancolie profonde, un constat terminal qui transcende le simple fait divers. Dans une rare confession, l’artiste, l’amie, la militante, a fait ses adieux les plus déchirants, les formulant non pas à une seule personne, mais à toute une époque et à une multitude d’âmes chères envolées : « Je voudrais dire au revoir à tous mes amis et j’espère les rejoindre dans l’au-delà. »

Ces quelques mots, brefs et chargés d’une solennité absolue, ne constituent pas seulement une déclaration personnelle sur le deuil. Ils sont le testament poignant d’une femme qui a traversé un siècle de drames et de lumières, une conclusion émue à la plus grande histoire d’amitié de la France contemporaine. Line Renaud, c’est le pont entre l’âge d’or du music-hall et les luttes sociales d’aujourd’hui, et son adieu à ses amis est le miroir de notre propre rapport à la mort, à la mémoire et à la dignité.

Le Poids d’un Siècle d’Amours et de Drames

L’évocation des « terribles drames » et des « terribles personnalités qui l’ont touché » renvoie inéluctablement à un chapitre sombre et emblématique de l’histoire de la France : la décennie 80, mentionnée dans la prise de parole. Les années du Top 50, de l’insouciance apparente, furent aussi celles de l’irruption brutale et dévastatrice du SIDA, une maladie qui a emporté une génération entière, souvent au sein du monde artistique et militant qui lui était si cher. Line Renaud, la marraine et le roc de la lutte contre le virus, est de celles qui ont tenu la main des mourants, qui ont fait face à l’horreur quand la peur et l’ignorance régnaient.

La simple mention de la « dernière » personnalité disparue est d’autant plus frappante qu’elle est anonyme, ou du moins, l’identité est occultée par la force symbolique de son absence. Cette « dernière » mort ne fait qu’ajouter un nom à une liste interminable, une liste qui inclut des piliers de sa vie personnelle et professionnelle : son époux, Loulou Gasté, mais aussi des amis comme Thierry Le Luron, Patrick Dupond, ou encore le souvenir de sa grande amie américaine, Elizabeth Taylor, avec qui elle a partagé le front de la lutte contre le VIH. Chaque disparition est un coup de hache dans l’arbre de sa vie. Chaque « au revoir » est une déchirure qui ne se referme plus.

Ce qui rend la déclaration de Line Renaud si poignante, c’est qu’elle ne pleure plus seulement les individus ; elle pleure la fin d’une époque qu’elle a façonnée et aimée passionnément. Elle est désormais la gardienne, seule, des mémoires de Jacques Chirac, de Johnny Hallyday, de Claude François et de tant d’autres. Son « je voudrais dire au revoir à tous mes amis » est la confession d’une solitude nouvelle et écrasante. C’est la voix d’une survivante, non pas triomphante, mais profondément fatiguée du fardeau de la mémoire.

De la Souffrance des Autres à la Quête de sa Propre Dignité

La phrase « j’espère les rejoindre dans l’au-delà » est indissociable de l’autre grand combat de sa vie : le droit à une fin de vie libre et choisie, souvent appelé euthanasie ou aide active à mourir. Pour Line Renaud, cet espoir de « rejoindre » n’est pas un appel désespéré à la mort, mais un vœu de non-souffrance, une aspiration à la dignité ultime. C’est la conséquence logique et douloureuse de son expérience aux côtés des malades du SIDA, de ceux qu’elle a vus s’éteindre dans l’agonie et la détresse.

Line Renaud : « J'ai passé ma vie à dire “Pourquoi pas ?” »

Son engagement en faveur de la loi sur la fin de vie n’est pas une prise de position théorique ; il est viscéral, né dans les couloirs d’hôpitaux et les veillées funèbres. Elle l’a rappelé avec force à plusieurs reprises, notamment lors de ses lettres aux députés : comment peut-on laisser souffrir des êtres humains sans espoir de guérison ? L’idée de retrouver ses amis dans l’au-delà devient alors l’antithèse de l’idée de mourir dans la douleur. Si la mort est inéluctable et proche, elle doit être apaisée, choisie, et non subie.

Cette aspiration à la dignité n’est pas un signe de faiblesse à 96 ans, mais au contraire, la marque d’une force de caractère inébranlable. Line Renaud, la femme du Nord, la résistante de cœur, n’a jamais cessé de se battre pour ses convictions. Elle a consacré une partie de sa vie à aider les autres à vivre, et désormais, elle milite pour leur droit (et le sien) à mourir dans la sérénité. Elle transforme ainsi sa propre angoisse face à la fin en un ultime geste d’amour et de justice pour tous.

La Solitude du Phare : Le Dernier Témoin

Être le dernier témoin, le phare qui reste allumé sur la côte après que tous les autres bateaux ont accosté, est une responsabilité et une solitude immenses. Line Renaud incarne cette position unique dans le paysage français. Elle est le lien vivant avec un pan entier de notre histoire culturelle, politique et sociale. Sa mémoire est une archive nationale.

Mais cette position a un coût personnel terrible. Les disparitions se succèdent, et l’écart se creuse entre la Line Renaud éternelle que le public admire et la femme qui se sent de plus en plus seule face au temps. L’annonce de la mort d’une « terrible personnalité » qui l’a « touché » est le signal qu’un autre pilier de son univers s’est écroulé, laissant un vide abyssal. Le ton n’est plus celui de la lutte militante, mais celui de l’acceptation mélancolique et sereine.

La profondeur de son attachement à l’amitié éclaire toute sa carrière. Ses amitiés n’étaient pas superficielles, elles étaient des alliances de cœur. Elles constituaient le moteur de ses engagements, la source de sa joie, mais aussi de sa douleur la plus vive. Dire « au revoir à tous mes amis » est l’aveu d’une finitude collective. C’est reconnaître que son cercle de confidents, de rires et de complicités se résume désormais à une collection de souvenirs lumineux.

L’Amour, la Mémoire et l’Espoir de l’Éternité

Line Renaud, par sa déclaration, nous offre une leçon magistrale d’humanité. Elle nous rappelle que le vieillissement est une accumulation de deuils, que l’amour ne s’éteint pas avec la vie, et que la mémoire est le dernier et le plus précieux des sanctuaires. Son espoir de l’au-delà est un espoir de retrouvailles, un désir que l’affection qui l’a portée toute sa vie ne soit pas brisée par la mort.

À travers ses mots, elle nous invite à ne pas craindre la fin, mais à l’envisager comme la suite logique et apaisée d’une vie bien remplie. Elle, qui a tout donné pour le spectacle et pour les autres, revendique le droit à une sortie de scène digne et douce, auprès de ceux qu’elle a tant aimés. L’écho de sa voix, pleine de tristesse mais aussi d’une détermination farouche, restera comme l’un des témoignages les plus émouvants sur la vieillesse, le deuil, et la puissance indestructible de l’amitié.

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Cette annonce, sous sa simplicité apparente, est donc un acte public de courage et de tendresse. Line Renaud a dit au revoir à ses amis. Par cet acte, elle honore sa propre vie, qui n’aura été qu’une longue et magnifique ode à la solidarité et à l’amour. Et pour ceux qui restent, la « Dame de Cœur » aura une nouvelle fois marqué les esprits, laissant derrière elle non pas une absence, mais une empreinte indélébile, un appel à chérir chaque instant et à ne jamais laisser l’indifférence triompher de la compassion. Ses mots sont un héritage, une dernière, sublime performance de l’émotion. Elle a mis en lumière la tristesse de la survie, mais aussi l’éclat de l’espoir des retrouvailles, là où les drames des années 80 ne sont plus qu’un lointain souvenir et où tous les amis se tiennent la main.