Michel Drucker : quand la notoriété vire à l’angoisse – le jour où une fan l’a agressé

À 83 ans, Michel Drucker n’a plus rien à prouver. Depuis plus de six décennies, il incarne une figure incontournable du paysage audiovisuel français. Animateur, journaliste, intervieweur, confident des plus grandes stars, il a traversé les générations sans jamais perdre ce mélange de bienveillance et de professionnalisme qui fait sa marque. Pourtant, derrière cette carrière exemplaire se cachent aussi des moments plus sombres, où la notoriété s’est révélée dangereuse.
Lors de son passage dans le podcast Legend animé par Guillaume Pley, diffusé le 29 octobre, Michel Drucker est revenu sur l’un des épisodes les plus marquants – et dérangeants – de sa vie : l’agression dont il a été victime par une fan atteinte d’érotomanie.

Une carrière monumentale au service de la télévision

C’est en 1964 que Michel Drucker fait ses premiers pas à la télévision française, alors sur l’ORTF, en tant que commentateur sportif. Il n’a alors que 22 ans, et déjà une passion immense pour les médias et la communication. Très vite, son sérieux, sa diction impeccable et son calme à l’antenne séduisent le public et les dirigeants. Au fil des décennies, il devient un pilier de la télévision hexagonale, animateur de programmes cultes tels que Champs-Élysées, Studio Gabriel ou encore Vivement dimanche, son émission emblématique lancée en 1998 sur France 2, désormais diffusée sur France 3.

Avec son fameux canapé rouge, devenu presque aussi célèbre que lui, Michel Drucker a reçu les plus grandes figures du monde artistique, politique et sportif. De Johnny Hallyday à Céline Dion, de Nicolas Sarkozy à Jean Dujardin, il a vu défiler devant lui des générations entières de personnalités. Une longévité exceptionnelle dans un milieu où la fidélité du public se mérite chaque jour.

À 83 ans, malgré une carrière bien remplie et plusieurs soucis de santé qui l’ont récemment conduit à ralentir le rythme, Michel Drucker continue d’animer Vivement dimanche. La retraite, il n’y pense pas. Comme il le confie souvent, il se voit « mourir sur scène », comme Brel ou Aznavour. La télévision est sa vie, et son moteur.

Une célébrité parfois difficile à porter

Mais la notoriété a ses revers. Lorsqu’on est aussi médiatisé que Michel Drucker, l’intimité devient un luxe rare. Dans son entretien avec Guillaume Pley, l’animateur a évoqué cette face cachée de la célébrité : l’intrusion dans la vie privée, les lettres, les visites inopinées, et parfois… les débordements.

À la question du journaliste de 40 ans – « Est-ce que tu as eu des fans qui t’ont un peu gâché des moments, qui venaient sonner chez toi ? » – Michel Drucker n’a pas hésité une seconde avant de répondre. Oui. Et pas qu’un peu.

« J’en ai eu une, s’est-il souvenu. C’est quelqu’un qui avait une maladie que je ne connaissais pas. Elle était érotomane. »

L’érotomanie, ou « syndrome de Clérambault », est un trouble psychiatrique rare dans lequel une personne est convaincue, à tort, qu’une autre – souvent célèbre – est amoureuse d’elle. Dans certains cas, cette obsession peut conduire à des comportements envahissants, voire dangereux.

Une rencontre aussi absurde qu’inquiétante

L’histoire aurait pu prêter à sourire si elle n’avait pas tourné à la frayeur. Tout a commencé par une correspondance : la femme en question envoyait régulièrement des lettres à Michel Drucker. L’animateur, habitué à recevoir du courrier de fans, n’y prêtait pas grande attention… jusqu’au jour où il a lu la fin d’un message inquiétant :

« Michel, ça y est, on va être réunis. J’arrive. »

Et elle est effectivement arrivée.
Michel Drucker raconte alors une scène totalement surréaliste :

« Elle a sonné chez moi. Elle était nue, en position de lotus, avec une guitare. »

Un comportement qui aurait pu s’arrêter là, comme une étrange apparition. Mais la fan a persisté.
Pendant plusieurs jours, elle s’est installée dans le garage de l’animateur, attendant le bon moment pour s’y introduire. Jusqu’à ce qu’un jour, elle le surprenne et passe à l’acte.

« Un jour, elle m’a coincé dans le garage, elle m’a sauté dessus. Elle m’a serré très, très fort les parties génitales. »

Sous le choc, Michel Drucker s’est défendu comme il a pu, repoussant son agresseuse d’un geste brusque, au point de lui casser ses lunettes.

Le désarroi face à la maladie mentale

Désemparé, l’animateur ne savait pas vers qui se tourner. Il raconte avoir appelé son frère, médecin, pour demander conseil :

« J’ai demandé à mon frère : “Qu’est-ce que je fais de ça ?” Il m’a dit : ‘Appelle SOS Psychiatre’. »

Le médecin dépêché sur place a ensuite recontacté Michel Drucker, lui expliquant que la femme en question avait fait une « crise d’érotomanie », mais qu’elle ne présentait pas de danger psychiatrique immédiat.

« Le médecin m’a dit : ‘Mais elle est tout à fait normale. Elle a juste fait une crise’. Finalement, ça s’est calmé, mais c’était un peu angoissant. »

Une angoisse que Michel Drucker n’a visiblement jamais oubliée. L’histoire témoigne des dérives possibles de la célébrité, mais aussi du désarroi des personnalités publiques face à ce type de situations où l’admiration se transforme en obsession.

Le prix de la lumière

L’anecdote, aussi incroyable qu’effrayante, illustre bien le paradoxe de la vie de star : être aimé du public, mais parfois jusqu’à l’excès. Michel Drucker, connu pour sa discrétion et sa pudeur, n’a jamais cherché le scandale. Pourtant, cette histoire rappelle que la célébrité, si séduisante soit-elle, peut aussi isoler et fragiliser.

Aujourd’hui, l’animateur continue de cultiver sa passion pour la télévision avec la même rigueur. Il reste ce visage rassurant du dimanche après-midi, ce « monsieur loyal » du petit écran que les Français ont adopté depuis plus d’un demi-siècle. Mais derrière le sourire et la voix posée se cache un homme conscient des risques inhérents à la notoriété.

Une leçon de vie et d’humilité

En partageant cet épisode intime dans le podcast Legend, Michel Drucker n’a pas seulement livré une anecdote insolite. Il a aussi offert une réflexion sur la célébrité, la fragilité humaine et la frontière parfois ténue entre admiration et folie.

Toujours d’une élégance rare, il a raconté cette histoire sans colère ni rancune, mais avec le recul de celui qui a tout vu, tout vécu, et pour qui l’empathie reste essentielle. Car si sa carrière est jalonnée de rencontres prestigieuses et de succès, elle est aussi marquée par des moments d’humanité – parfois drôles, parfois douloureux – qui le rendent plus proche du public qu’il ne l’a jamais été.

Soixante ans après ses débuts, Michel Drucker demeure une légende vivante de la télévision. Et même si certaines expériences ont pu l’ébranler, rien ne semble pouvoir l’éloigner de ce média qu’il aime tant.

« La télévision, c’est ma maison », aime-t-il répéter.
Et malgré les ombres, il y brille encore.