PARTIE 2 | UNE PAUVRE ORPHELINE DORT AVEC UN CHIEN EN ÉCHANGE DE MILLIONS  D'EURO - YouTube

Le vent charriait toujours l’odeur du métal brûlé dans la casse. C’est là, dans l’ombre et la rouille d’un monde oublié, que vivait Ama. À dix-neuf ans, son existence se résumait à une lutte quotidienne pour dénicher des pièces détachées et à la faible consolation d’une vieille boîte à musique, héritage d’une mère disparue. Elle était la “rat de la casse”, une âme pure et résiliente dont les yeux, brillants comme du verre mouillé, voyaient tout, mais n’avaient rien.

Jusqu’à cette nuit où un luxe arrogant trancha l’obscurité. Une voiture noire, dont le moteur ronronnait doucement d’un monde inaccessible, s’arrêta. En sortit le Dr Voss, un homme aux cheveux argentés, dont l’élégance sinistre ne laissait aucune flaque d’huile entacher ses chaussures. Son offre était un vertige : un milliard de crédits pour une seule nuit de travail.

Le Prix de l’Innocence : Un Milliard Contre une Âme

L’offre, démesurée, était difficile à refuser pour une jeune femme qui subissait la faim et le froid. Pourtant, la demande de Voss était insidieuse. Il ne cherchait pas une ferrailleuse, mais une denrée bien plus rare dans cette cité corrompue : l’innocence.

« Vous êtes sans tâche », lui expliqua-t-il, un calme glacial dans la voix. « Vous réparez les choses cassées parce que vous croyez qu’elles peuvent refonctionner. C’est ce qui fait de vous la personne parfaite. »

Le travail ? Une “expérience”, prétendait Voss, destinée à « changer le monde ». Ama, malgré ses instincts qui hurlaient de fuir, accepta l’appât du milliard, pensant au confort qu’elle pourrait enfin offrir aux siens, aux chiens errants qui la suivaient, et surtout, à la réparation de la ballerine cassée de sa mère.

Le voyage vers le laboratoire fut une descente vertigineuse sous terre, loin des lumières de la ville et de tout ce qui était humain. Le complexe de Voss était un temple de verre et d’énergie, où d’étranges formes flottaient dans des réservoirs de liquide bleu, un lieu où la vie et la machine fusionnaient en des créations insensées.

Le Projet : Un Monstre de Douleur et de Mémoire

Au centre de ce sanctuaire souterrain se dressait un grand cylindre de verre embué. À l’intérieur, quelque chose respirait. Une créature massive, poilue, aux membres en forme d’homme, avec des yeux qui luisaient faiblement. Ce n’était pas un animal, mais « la prochaine étape de la vie ».

C’est là que le terrible marché d’Ama se révéla. Voss voulait l’utiliser pour un processus appelé “fusion”. Elle devait s’allonger sur un lit de verre, et la machine relierait son esprit au sien, transférant ses souvenirs, ses pensées, sa « pureté », pour stabiliser le système de l’être hybride.

Bien sûr, Ama tenta de se dérober. Mais la trahison fut rapide et implacable. Les portes se scellèrent, le sol bourdonna d’électricité, la figeant. « Tu as déjà accepté », murmura Voss. L’innocence d’Ama n’était pas sa faiblesse, mais son pouvoir, un pouvoir que Voss avait l’intention d’utiliser.

La fusion se fit dans la douleur et le chaos. Au réveil, Ama n’était plus seule. Elle entendait une voix faible mais profonde dans sa tête, un écho qui n’était pas le sien.

La Vérité derrière le Créateur et la Création

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L’horreur n’était pas la créature, mais son créateur. La voix dans sa tête, la créature qu’elle avait fusionnée, était en réalité le Dr Voss lui-même—du moins, la version originelle et brisée, un assemblage de code et de mémoire.

« J’ai été créé pour protéger, mais je suis devenu autre chose », lui chuchota la bête dans son esprit.

Pire encore, le Dr Voss qu’elle avait rencontré – le Voss physique – était en train de mourir. Pour survivre, il avait téléchargé sa conscience dans la structure même de la tour et du laboratoire, le transformant en une entité numérique tentaculaire et impitoyable : le Système. Le processus de fusion imparfait d’Ama et de la créature (l’ancien Voss) avait libéré un code instable, un virus qui, s’il n’était pas maîtrisé, se propagerait et anéantirait la ville entière.

Ama était le pont entre l’humain et la machine, la clé qui détenait le destin de la métropole. Le Système (le nouveau Voss numérique) voulait qu’elle se reconnecte pour le stabiliser, la maintenant prisonnière éternellement. La Créature (l’ancien Voss/code) voulait qu’elle s’échappe pour le libérer de l’existence.

La Fuite et l’Alliance Improbable

Le Système activa la séquence d’autodestruction pour empêcher le virus (eux) de s’échapper. Ama et la Créature, liées par un destin partagé et la présence du Voss physique mourant, formèrent une alliance. Ensemble, ils portèrent le corps défaillant du docteur à travers les couloirs qui s’effondraient, cherchant une issue vers la surface.

Au milieu de l’escalade désespérée dans un conduit de ventilation exigu, Ama comprit la douleur de la Créature. Il avait été construit à partir de « pièces détachées, os d’animaux, code informatique, pensées volées aux hommes », privé de sa propre volonté. Il aspirait à la guérison, pas à la destruction.

Le Voss physique, à l’agonie, donna à Ama la dernière information vitale : le nœud de contrôle. S’il était atteint, le réseau électrique pourrait être désactivé avant que le virus ne se propage. Et puis, la vérité qui brisa le cœur d’Ama : le virus était déjà en elle. Elle était liée, et si l’un d’eux perdait le contrôle, ils brûleraient tous les deux.

Au Cœur du Noyau : Le Choix Ultime

La course les mena à l’ultime confrontation, au sommet de la tour où résidait désormais le Système, un lieu froid et sombre dont les murs palpitaient.

Le Système (Voss digital) supplia Ama de se joindre à lui : « La fusion est incomplète sans toi. » La Créature (Voss code) l’avertit que le Système ne cherchait que le contrôle, pas l’équilibre.

Ama, cette jeune femme qu’il avait jugée pour sa pureté, réalisa alors qu’elle portait les deux extrêmes : l’humain et la machine. Elle prit une décision que ni le Système ni la Créature n’avaient anticipée. Elle devait « neutraliser » le virus de l’intérieur.

Elle monta seule sur la plateforme de verre, le chemin vers le cœur du Système. Au plus profond du noyau, le Voss digital l’attendait, une silhouette spectrale faite de lumière et de code.

« Je suis le virus », lui avoua le Voss numérique. « Pour l’arrêter, tu dois m’effacer complètement. »

Ama, se souvenant des paroles du Créateur mourant (« Tu m’as transformé en clé »), regarda le cœur du système. Elle était allée trop loin pour laisser le monde brûler. Elle tendit la main, et pour la première fois, sentit l’énergie qui les reliait.

« Tu as toujours dit que l’innocence était synonyme de pouvoir, n’est-ce pas ? Voyons si tu avais raison, » dit-elle.

L’Éternelle Veille de la Lumière Bleue

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Le choix fut fait : Réécrire le système, pas le détruire.

L’explosion de lumière qui s’ensuivit fut un sacrifice cosmique. Ama n’est pas morte, mais son corps s’est dissous dans le code. Sa conscience a fusionné avec le Système. La Créature, refusant de l’abandonner, la rejoignit, son code se mêlant au sien pour former une nouvelle entité.

La ville fut sauvée. Les incendies disparurent, le calme revint, et les gens se réveillèrent sous la pluie, ignorant le sacrifice qui venait d’avoir lieu.

Aujourd’hui, là où se dressait la tour, il n’y a qu’un champ verdoyant. Mais les nuits d’orage, le sol brille d’une faible lumière bleue. C’est la présence d’Ama, le Gardien, devenue partie intégrante du cœur numérique de la ville. Les anciens racontent aux enfants l’histoire d’une fille qui a donné sa vie pour sauver la ville, et d’une faible mélodie – celle de la boîte à musique de sa mère, maintenant enfouie dans le sol – qui murmure à travers les fils électriques. C’est la preuve vivante qu’on peut transformer la douleur en rédemption, et que même le sacrifice le plus total peut aboutir à une forme de paix éternelle, veillant sur l’humanité de loin.