Mort soudaine de ce chanteur français à 70 ans.

Il y a des voix qui ne meurent jamais. Celle d’Éric Marchand, immense figure de la musique bretonne, résonnera longtemps encore dans les cœurs de ceux qui l’ont écouté, admiré, aimé. Ce vendredi 31 octobre, la France s’est réveillée avec une nouvelle aussi inattendue que déchirante : Éric Marchand est décédé à l’âge de 70 ans, en Roumanie, pays qu’il affectionnait particulièrement et où il se rendait souvent pour s’inspirer et créer.

Un choc pour la Bretagne… et pour la France entière

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Sur les réseaux sociaux, les hommages affluent, les fans pleurent un poète, un musicien, un conteur de l’âme bretonne. « Une légende s’en va », peut-on lire sous les publications des festivals et artistes qu’il a inspirés. Car Éric Marchand, c’était bien plus qu’un chanteur : c’était un pont entre les cultures, un artisan de la fusion entre les traditions bretonnes et les musiques du monde.

Les organisateurs du Festival des Vieilles Charrues, où il s’était produit à plusieurs reprises, lui ont rendu un vibrant hommage. « Éric a porté la Bretagne au-delà des frontières. Il a ouvert des portes, construit des passerelles. Sa disparition laisse un vide immense », a déclaré le porte-parole du festival.

Une voix née du vent et de la mer

Né en 1954 en Bretagne, Éric Marchand grandit dans un environnement où la musique est un langage universel. Très tôt, il s’imprègne des chants traditionnels de sa région : les gwerzioù, ces complaintes bretonnes qui racontent la vie, la mort, l’amour, la mer. Son timbre profond et envoûtant fait de lui l’un des rares artistes capables de transmettre toute l’émotion brute d’une culture ancestrale.

Mais Éric Marchand n’était pas homme à se contenter de répéter le passé. Visionnaire, curieux, il s’intéresse très vite aux musiques balkaniques. C’est en Roumanie, ce pays lointain mais étrangement familier pour lui, qu’il découvre de nouvelles sonorités, des rythmes hypnotiques qui viendront enrichir son art.

L’appel de la Roumanie

La Roumanie, justement, était devenue sa deuxième patrie. Il y voyageait souvent, fasciné par les chants tziganes, par les traditions vivantes et la force des musiciens locaux. C’est là-bas, loin de la Bretagne, qu’il a rendu son dernier souffle. Selon ses proches, il travaillait encore sur de nouveaux projets musicaux, mêlant les sonorités bretonnes aux rythmes d’Europe de l’Est.

Sa disparition laisse derrière elle une œuvre immense, un héritage culturel qui dépasse les frontières. « Il n’avait pas peur de mélanger les genres, de casser les codes », confie un ami proche. « Pour lui, la musique était un langage universel, une manière de relier les hommes au-delà des différences. »

Une carrière au service de la liberté artistique

Dans les années 1980, Éric Marchand fonde plusieurs formations musicales devenues cultes, dont le trio Marchand-Le Buhé-Morvan, reconnu pour son authenticité et son exigence artistique. Plus tard, il crée le Taraf de Caransebeș, un ensemble mêlant musiciens bretons et roumains, symbole parfait de cette rencontre entre deux mondes.

Son style unique, mélange de chants traditionnels, d’improvisations et de dialogues musicaux, a inspiré toute une génération d’artistes bretons modernes. De nombreux chanteurs, de Nolwenn Leroy à Alan Stivell, ont salué son audace et sa liberté.

Un artiste loin des projecteurs

Malgré sa notoriété dans les milieux spécialisés, Éric Marchand restait un homme discret. Il fuyait les plateaux télé, les grandes interviews, préférant la sincérité d’un concert intimiste dans un petit village à la superficialité des feux de la rampe.

Son apparente réserve cachait une passion ardente : celle de la transmission. Il animait régulièrement des ateliers, des rencontres musicales, partageant son savoir avec les jeunes générations. « Il ne voulait pas briller seul », explique un ancien élève. « Il voulait que la Bretagne continue de chanter, même après lui. »

Le dernier voyage

Les circonstances exactes de sa mort restent encore floues. On sait seulement qu’il se trouvait en Roumanie pour une série de rencontres musicales et qu’il aurait été victime d’un malaise. L’annonce a provoqué une onde de choc dans le monde de la musique traditionnelle.

À Plélan-le-Grand, sa commune d’origine, les drapeaux bretons ont été mis en berne. Les habitants évoquent un homme « simple, généreux, d’une grande humanité ». Une cérémonie hommage devrait être organisée dans les prochains jours.

Les hommages affluent

Les Vieilles Charrues, le Festival Interceltique de Lorient, mais aussi des artistes roumains, grecs, espagnols et écossais ont exprimé leur tristesse. « Éric Marchand a montré que la tradition n’est pas une prison, mais un tremplin », a déclaré le compositeur Denez Prigent.

Sur les réseaux, les messages pleuvent :

« Merci pour la beauté, pour les émotions, pour cette voix qui ne s’éteindra jamais. »
« Un géant nous quitte, mais son souffle reste dans le vent breton. »

Un héritage éternel

La mort d’Éric Marchand rappelle combien certains artistes transcendent le temps et l’espace. Son œuvre continuera d’habiter les festivals, les écoles de musique, les veillées bretonnes. Elle inspirera ceux qui croient encore que la culture est un lien vivant entre les peuples.

Dans un monde qui s’uniformise, il était un passeur, un poète du réel, un artisan de la diversité. Sa voix, grave et limpide, résonnera longtemps encore, portée par la mémoire collective de ceux qui refusent d’oublier.

Et peut-être, quelque part, dans un coin de Roumanie balayé par le vent, on entend encore le souffle d’Éric Marchand, chantant l’amour, la liberté, et la mer.