Terres rares : le plan de l’Union européenne pour rompre sa dépendance vis-à-vis de la Chine

Europe. Face à la montée des tensions commerciales avec Pékin, la Commission européenne prépare une initiative majeure destinée à sortir l’Union européenne de sa dépendance aux matières premières critiques venues de Chine.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au parlement européen à Strasbourg, le 8 octobre 2025

vec le renforcement des tensions commerciales avec Pékin, la Commission européenne entend s’attaquer à l’un des talons d’Achille de l’industrie européenne : sa dépendance aux matières premières critiques venues de Chine. Samedi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé la préparation d’un plan baptisé “RESourceEU”, destiné à garantir l’accès de l’Union à ces ressources stratégiques.

Lors du Berlin Global Dialogue, la cheffe de l’exécutif européen a prévenu que l’Union devait “répondre à la mesure des risques” engendrés par la décision de Pékin de restreindre les exportations de terres rares, essentielles à des secteurs clés comme l’automobile, le numérique ou la défense. “Si l’on considère que plus de 90 % de notre consommation d’aimants en terres rares provient d’importations chinoises, on comprend les risques que cela représente pour l’Europe et ses secteurs industriels les plus stratégiques”, a déclaré von der Leyen lors de la conférence.

Un plan sur le modèle de REPowerEU

L'UE souhaite rompre sa dépendance vis-à-vis de la Chine pour l'approvisionnement  en métaux rares

“Nous travaillons à un nouveau plan, sur le modèle de l’initiative qui nous a aidés à surmonter ensemble la crise énergétique après que Poutine nous a privés des énergies fossiles russes, a déclaré la présidente de la Commission, comparant cette initiative à la réponse énergétique post-Ukraine. Nous avons appris une leçon douloureuse dans le domaine de l’énergie, nous n’allons pas faire la même erreur sur les matières critiques.”

Inspiré du programme REPowerEU, mis en place après l’invasion de l’Ukraine pour se passer des énergies fossiles russes, RESourceEU doit permettre à l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement et de renforcer son autonomie industrielle. “L’objectif est de garantir l’accès de notre industrie européenne à d’autres sources de matières premières critiques à court, moyen et long terme”, a précisé la présidente de la Commission.

La Commission veut agir sur trois leviers : le recyclage, l’investissement dans la production européenne et la conclusion de partenariats internationaux. “Certaines entreprises peuvent recycler jusqu’à 95 % des matières premières critiques contenues dans les batteries”, a rappelé Ursula von der Leyen. Bruxelles souhaite parallèlement accélérer les négociations avec des pays partenaires tels que l’Ukraine, l’Australie, le Canada, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Chili ou le Groenland.

Stéphane Séjourné en première ligne

Selon Les Echos, l’initiative sera portée par Stéphane Séjourné, le vice-président de la Commission en charge de la politique industrielle, qui travaille sur le dossier depuis un an. Le texte prévoit de stimuler l’extraction, la transformation et le recyclage de ces matières sur le territoire européen, au-delà de la seule diversification géographique des approvisionnements.

S’inspirant d’un modèle japonais, Stéphane Séjourné a annoncé sur le réseau X “la création d’un centre d’achat commun et de stockage de matières premières”. Le mécanisme permettrait aux entreprises européennes de mutualiser leurs besoins, à l’image du système mis en place au Japon. “Ce que nous avons fait pour la santé avec le vaccin contre le Covid, nous pouvons le faire pour notre sécurité économique et nationale avec les matières premières”, a-t-il ajouté.

L’Union s’est d’ores et déjà fixé quatre objectifs pour 2030 : extraire 10 % des ressources dont elle a besoin sur son territoire, en transformer 40 %, recycler 25 % des volumes consommés et limiter la dépendance à un seul fournisseur à 65 % maximum. Bruxelles soutient déjà le développement d’un tissu industriel dans le domaine des aimants permanents avec l’ambition est de porter cette production à 6 500 tonnes d’ici 2030, pour une demande estimée à 35 000 tonnes.