Elle_vend de la bouillie de l’eau_du Cimetière..

Titine n’avait que 10 ans lorsqu’elle se retrouva à orpheline. La mort subite de ses parents dans un accident tragique l’avait laissé seule au monde. Heureusement, sa tante, une vendeuse de beigner respectée du marché, l’a pris sous son aile. La vie avec sa tante n’était pas facile, mais c’était une vie.

 Sa tante, une femme modeste et travailleuse, ne gagnait pas beaucoup d’argent avec ses beignets, mais elle avait un cœur généreux et fit tout son possible pour que Titi ne manque de rien. Malheureusement, elle n’avait pas les moyens de l’envoyer à l’école. Alors Titi resta à ses côtés, apprenant les rouages du commerce de rue.

 Pendant des années, Titi fut la parfaite apprentie. Toujours zellé, elle aidait sa tante à préparer les beigners à l’aube, les faisait frire avec soin et accueillait chaleureusement les clients. Elle appris à compter la petite monnaie, à sourire même quand elle était fatiguée et voir au-delà des apparences, car chaque client avait sa propre histoire.

 Sa tante, cette femme de fer, économisait en secret un peu d’argent, convaincu qu’un jour Titi aurait besoin de démarrer quelque chose par elle-même. À l’âge de 25 ans, Titi avait grandi en une jeune femme forte et respectée. Un matin, sa tante lui tendit une petite bourse de tissu usé par le temps, contenant tout l’argent qu’elle avait patiemment économisé au fil des ans.

C’est pour toi, ma fille, il est temps que tu te lances. Titi, profondément touchée, décida d’ouvrir son propre commerce. Elle ne voulait pas concurrencer sa tente dans la vente de beignet. Alors, elle opta pour quelque chose de différent, la bouillie. Dans ce village africain, la bouillie était un repas apprécié au petit matin, mais il n’y avait pas beaucoup de vendeurs.

 Elle se disait que c’était l’occasion parfaite. Au début, elle s’investit totalement dans son nouveau commerce. Elle se levait avant le soleil, choisissait avec soin les ingrédients et préparait la bouillie avec amour. Chaque matin, elle s’installait à côté de sa tante au marché. Mais à sa grande déception, les affaires n’étaient pas au rendez-vous.

 Les gens passaient devant elle sans s’arrêter. Même les clients fidèles de sa tante qui la voyait grandir ne prenaient de sa bouillie que par compassion. Ils étaient habitués au baignet et n’étaient pas vraiment intéressés. Titi était découragée. Elle avait espéré que tout irait bien, mais même après des mois d’effort sous un soleil brûlant ou une pluie torrentielle, rien ne changeait.

 Sa tante l’encourageait, lui disant qu’elle-ême avait connu des débuts difficiles, mais malgré tout, le cœur de Titi se serrait. Un soir, alors qu’elle pleurait seule dans sa petite chambre, un sentiment de désespoir la submergea. Elle avait tout essayé. Que allait-elle faire ? C’est alors qu’un souvenir lui revint.

 Sa tante racontait parfois des histoires mystérieuses, des légendes sur des pratiques étranges que certaines personnes utilisaient pour attirer la clientèle et une en particulier han son esprit. celle de l’eau du cimetière. Au début, l’idée lui parut absurde, mais plus elle y réfléchissait, plus elle était tentée.

Et si c’était vrai ? Et si cette eau avait un pouvoir particulier ? Après tout, elle avait tout essayé de manière honnête et cela n’avait pas fonctionné. Peut-être qu’une aide surnaturelle était la seule solution. Titi, bien que réticente, sentit une force étrange la pousser à tenter l’expérience. Une nuit, alors que la lune baignait le village d’une lumière blafarde, elle se rendit au cimetière, une cruche à la main.

 Ces pas étaient lourdes crainte, mais la détermination qui l’habitait était plus forte que la peur. Elle s’agenouilla près d’un vieux puis abandonné à l’arrière du cimetière et y plongea sa cruche. L’eau qui en ressortit était claire, presque pure, mais elle savait d’où elle venait. Titi retourna chez elle, le cœur lourd mais résolu à essayer.

 Le lendemain, elle utilisa l’eau du cimetière pour préparer sa bouillie. À sa grande surprise, quelque chose d’étrange se produisit. Pour la première fois depuis qu’elle avait commencé à vendre, les clients se pressaient autour de son stand. Les villageois semblaient attirés par l’odeur alléchante de sa bouillie. Les ventes explosèrent.

 Tit n’en croyait pas ses yeux. Jour après jour, sa petite affaire prospérait. Même sa tante, qui était d’abord perplexe devant ce soudain succès, se réjouit pour elle. Mais tout n’était pas aussi parfait qu’il y paraissait. Au bout de quelques semaines, certains clients commencèrent à faire des rêves étranges. Ils voyaient des tombes, des fantômes et se réveillaient en sueur.

 Bientôt, des villageois commencèrent à tomber malades. Ils se plaignaient de maux de ventre, de fièvre et d’étranges visions. Des rumeurs commencèrent à circuler. Certains disaient que la malchance avait frappé le village, que les esprits du cimetière. Titi, malgré son succès soudain, ne pouvait ignorer les rumeurs qui se propageaient dans le village.

Elle-même commençait à faire des cauchemars terrifiants. Chaque nuit, elle voyait des ombres sortir des tombes, des murmures inaudibles en plissant l’air. Elle se réveillait en sueur, le cœur battant à tout rompre et chaque matin devenait de plus en plus difficile à affronter. Sa tante inquiète des événements qui secouaient le village vaint un soir la voir.

 Ma fille, tu es bénie par les ancêtres, mais quelque chose ne va pas. Ces cauchemars, ces maladies, tout cela a commencé peu de temps après ton succès fulgurant. Il faut que tu me dises, as-tu fait quelque chose ? Titi, terrifié à l’idée de révéler la vérité, hésita, mais face au regard insistant de sa tante, elle finit par tout avouer.

 La visite au cimetière, l’eau utilisée pour préparer la bouillie et la crainte qu’il rangeait désormais. Sa tante, choquée, se tue un long moment. Puis, d’une voix grave, elle dit : “Les esprits des morts ne sont pas des alliés. Tu as violé un territoire sacré et maintenant il te réclame. Il faut les apaiser avant qu’il ne soit trop tard.

” Le poids de ses actes s’abattit sur Titi. Elle réalisa que son succès avait un prix bien plus élevé qu’elle ne l’avait imaginé. Désespéré, elle demanda à sa tante ce qu’elle devait faire pour se racheter. Sa tante l’emmena à voir une vieille guérisseuse connue pour sa sagesse et ses connaissances des mondes invisibles.

 La vieille femme, après avoir écouté attentivement l’histoire de Titi, la tête avec gravité. Ce que tu as fait est grave, très grave. L’eau du cimetière est le domaine des esprits. En y puisant, tu as invoqué leur colère, mais tout n’est pas perdu. Il existe un rituel de rédemption. Cependant, il n’est pas sans danger.

 Es-tu prête à l’affronter ? Titi, bien que terrifié, la tête. Elle savait qu’elle n’avait plus le choix. Le rituel devait avoir lieu à minuit, au même puit doux, elle avait puisé l’eau. Elle devait y retourner avec une offrande et supplier les esprits de la pardonner. La guérisseuse lui donna des instructions précises.

 Elle devait apporter du lait, du miel et une poupée en tissu symbolisant son lien avec le monde des vivants. Cette nuit-là, Titi retourna au cimetière accompagné de sa tante et de la guérisseuse. Le silence pesait lourd et l’air semblait chargé de présage sombres. Devant le puit, elle plaça les offrandes et s’agenouilla. Esprit des morts ! Murmura-t-elle, je vous implore de me pardonner.

 J’ai fait une erreur aveuglée par le désespoir. Acceptez ces offrandes et laissez-moi vivre en paix. Le silence qui suivit fut assourdissant. Puis soudain, un vent glacial balaya le cimetière comme si les esprits répondaient à son appel. Titi se sentit étourd comme si une présence invisible pesait sur ses épaules. Mais au fond d’elle, elle commença à se sentir soulagée. Elle avait été pardonnée.

C’était la seule réponse à ce sentiment de satisfaction et de soulagement. Titi était prête à tout abandonner après avoir entendu la voix des esprits. Elle savait qu’elle avait mal agi en puisant dans l’eau sacrée du cimetière. Ses remords étaient profonds et elle accepta avec douleur de renoncer à son commerce.

Le lendemain, elle ferma son stand de bouilli, prête à laisser derrière elle son rêve. Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Les villageois, qui avaient commencé à apprécier sa bouillie étaient déçus de l’avoir quitté le marché. Ils avaient entendu parler des cauchemars et des malades, mais beaucoup pensaient que c’était dû à une coïncidence ou à une mauvaise saison.

 Ils vinrent voir Titi un à un pour la convaincre de reprendre son commerce. Nous savons que quelque chose t’inquiète, mais ta bouillie est la meilleure que nous ayons goûté. Il ne faut pas que tu abandonnes, Titi. Nous avons besoin de toi, disait un vieil homme du village, un client fidèle. Si tu ne vends plus, je ne saurais où trouver une bouillie aussi délicieuse, ajouta une mère de famille.

 Les paroles des villageois touchaient Titi en plein cœur. Elle hésitait car elle avait peur des conséquences. Mais une nuit, après une longue prière, les esprits du cimetière lui apparurent à nouveau dans un rêve. Cette fois, leur voix était moins menaçante, plus apaisée. Tu as compris ta faute et tu t’es repenti. Nous ne voulons pas que tu abandonnes ton rêve.

 Ce que nous demandons, c’est que tu honores la terre et les ancêtres. Utilise ton succès pour faire le bien et nous te bénirons. Titi se réveilla avec une nouvelle détermination. Les esprits ne cherchaient pas à la punir, mais à la guider vers un chemin plus juste. Elle décida alors de retourner au cimetière avec des offrandes supplémentairire, du lait, du miel et des fruits frais en remerciement pour leur pardon.

 Le lendemain, Titi reprit son commerce. Cette fois, elle n’utilisa plus l’eau du cimetière pour préparer sa bouillie. Elle s’assura de choisir les meilleurs ingrédients, comme toujours, mais avec un cœur apaisé. À sa grande surprise, les clients continuèrent d’affluer. Ses cauchemars disparurent et les maladies qui avaient frappé les villageois se dissipèrent également.

 Le bouche à oreille fit son œuvre et bientôt, non seulement les habitants du village, mais aussi ceux des environs venaient goûter à la bouillie de Titi. Elle était devenue une légende locale, non pas à cause des esprits, mais grâce à son travail acharné et à sa passion. Même les anciens sceptiques qui ne prenaient de sa bouillie que par pitié devenaient désormais déshabitués.

 Avec le temps, Titi économisa suffisamment d’argent pour réaliser un grand rêve. Ouvrir son propre restaurant. Ce n’était plus seulement un petit stand au marché, mais un grand bâtiment en plein centre du village où elle servait non seulement de la bouillie, mais aussi d’autres plats locaux. Elle nomma ce restaurant les délices de Titi et fit en sorte que sa tante, qu’il avait toujours soutenue y ait sa place de choix.

 Titi et sa tante prospérèrent au fil des années. Leur restaurant devint le lieu de rassemblement des villageois où les gens venaient non seulement pour manger, mais aussi pour partager des moments de convivialité. Titi embaucha plusieurs jeunes du village, leur offrant des emplois stables et leur enseignant tout ce qu’elle avait appris.

 Elle ne manquait jamais de rendre hommage aux esprits du cimetière, leur apportant chaque mois des offrandes pour les remercier de leur bénédiction et de leur pardon. Et ainsi sa prospérité grandit non pas par des moyens occultes mais par le respect, la patience et l’amour du travail bien fait. Avec le temps, Titi devaint une femme influente et respectée.

 Sa vie marquée au début par la souffrance et les erreurs, s’était transformée en une histoire de rédemption et de succès. Et jamais elle n’oublia la leçon apprise au cimetière. La richesse, pour être durable, doit toujours être bâtie sur des fondations honnêtes et bienveillantes.