Mort de Patrick Dupond de maladie à 62 ans : les révélations glaçantes de sa compagne

Le monde de la danse, et la France entière, pleurait sa disparition le 5 mars 2021. Patrick Dupond, le danseur étoile à la crinière de feu et au talent insolent, s’éteignait à 62 ans des suites d’une “maladie foudroyante”. Derrière l’icône nationale, l’homme public connu pour son génie et ses coups d’éclat, se cachait une sensibilité à fleur de peau, mais aussi des failles profondes. C’est sa compagne, son roc, celle qu’il surnommait tendrement “mon être spécial”, Leïla Da Rocha, qui lève aujourd’hui le voile sur une période sombre et méconnue de la star, révélant l’homme brisé qu’elle a sauvé des ténèbres bien avant que la maladie ne l’emporte.

Dans un témoignage poignant, Leïla Da Rocha, elle-même danseuse et chorégraphe, revient sur leur rencontre en 2003. Une rencontre qui n’avait rien d’un conte de fées. Loin des projecteurs et de la gloire passée, l’image qu’elle dépeint est celle d’un homme au bord du gouffre, un survivant hanté par ses démons. “Elle a découvert un homme abîmé, dans le chagrin, la tristesse et la solitude”, confie-t-elle. Des mots durs, presque inconcevables pour le public qui gardait en mémoire le danseur flamboyant, nommé étoile à seulement 21 ans, puis directeur de la danse du Ballet de l’Opéra de Paris.

Mais la chute avait été brutale. Après son licenciement très médiatisé de l’Opéra en 2000 pour “insubordination et indiscipline”, Patrick Dupond avait entamé une véritable descente aux enfers. Leïla Da Rocha confirme l’ampleur du désastre : “Il avait tout perdu”. La liste est aussi longue que tragique. Il avait perdu “ses fans, ses amis, son appartement qui était situé dans le 13e arrondissement de Paris”. Comme si le sort s’acharnait, “sa maison en Normandie avait brûlé”. Il n’y avait plus de scène, plus de port d’attache, plus de cercle social. Juste le vide.

Ce vide, Patrick Dupond tentait de le combler de la pire des manières. Les révélations de sa compagne sont glaçantes et témoignent de l’état de détresse absolue de l’artiste. “Il était dévasté par l’alcool et les drogues”, avoue-t-elle. La destruction n’était pas que morale ou matérielle ; elle était physique, inscrite dans sa chair. Le danseur à la musculature d’acier n’était plus que l’ombre de lui-même. “Il pesait 51 kg alors que son poids normal était de 70 kg”. Une différence de près de vingt kilos qui illustre l’autodestruction lente et silencieuse qui rongeait l’idole déchue.

C’est cet homme-là, ce fantôme, que Leïla Da Rocha a rencontré. Là où d’autres auraient fui, elle a vu au-delà de l’épave. Elle a vu l’artiste, l’âme sensible, et l’homme qu’il pouvait redevenir. “C’est avec l’aide et l’amour de Leïla que Patrick avait peu à peu remonté la pente”, explique-t-elle sobrement. Leur connexion fut immédiate, fusionnelle, ancrée dans ce qu’ils avaient de plus cher en commun : la passion de la danse. Cet art qui l’avait fait roi avant de le briser devenait, grâce à elle, son chemin vers la rédemption.

Leïla Da Rocha n’a pas été seulement une amante. Elle a été un pilier, un guide, un “soutien inconditionnel”. Elle lui a offert ce qui lui manquait le plus : une ancre, une famille. “Elle lui avait présenté sa famille”, un geste simple mais puissant, signifiant sa réintégration dans le monde des vivants, dans la chaleur d’un foyer. Elle l’a surtout accompagné dans le combat le plus difficile de sa vie : celui contre ses addictions. Leïla était à ses côtés “y compris lors de ses nombreuses cures de désintoxication”. Elle n’a pas flanché, n’a jamais baissé les bras face à l’homme “abîmé” qu’elle avait choisi d’aimer.

Grâce à cet amour indéfectible, Patrick Dupond est revenu à la vie. Le couple a partagé la scène, créant ensemble une école de danse à Bordeaux, prouvant que leur lien était plus qu’une simple romance ; c’était une alliance artistique et spirituelle. Il l’appelait “mon être spécial”, un surnom qui résume parfaitement le rôle quasi-messianique qu’elle a joué dans son existence. Elle l’a littéralement sauvé, lui offrant près de deux décennies de vie, de création et d’amour qu’il n’aurait peut-être jamais connues sans elle.

Aujourd’Hui, la douleur de la perte est immense, mais Leïla Da Rocha continue de porter haut la mémoire de son compagnon. Elle ne se contente pas de pleurer l’homme qu’elle a perdu ; elle célèbre l’homme qu’il était, dans toute sa complexité, ses triomphes comme ses failles. “Depuis la disparition de son tendre compagnon, elle n’a cessé de publier de belles déclarations”, partageant leur amour avec une dignité qui force l’admiration.

Elle va même plus loin en préparant un “nouvel hommage à l’Opéra Garnier pour célébrer sa carrière”. Un retour symbolique dans ce lieu qui fut à la fois le théâtre de sa plus grande gloire et de sa plus grande blessure. Par ce geste, Leïla Da Rocha ne fait pas que réhabiliter l’artiste ; elle raconte l’histoire complète. L’histoire d’un homme qui, avant de succomber à la maladie, avait déjà vaincu la mort une première fois, grâce à la force d’une femme qui a cru en lui quand il n’y avait plus rien à quoi se raccrocher.

En révélant la vérité crue sur la chute de Patrick Dupond en 2003, Leïla Da Rocha ne cherche pas le sensationnalisme. Elle offre le témoignage le plus pur de l’amour : celui qui ne juge pas, qui accompagne, qui répare et qui élève. Elle redéfinit l’héritage de Patrick Dupond, non plus seulement comme celui d’un danseur de génie, mais comme celui d’un homme d’une résilience incroyable, dont la plus belle chorégraphie fut peut-être cette seconde vie, dansée à deux, avec son “être spécial”.