M. Pokora : la fraude qui a changé sa vie – Retour sur une révélation étonnante dans Un dimanche à la campagne

Ce dimanche 16 novembre 2025, les téléspectateurs d’Un dimanche à la campagne ont eu droit à un moment de télévision rare : au détour d’une conversation avec Frédéric Lopez, M. Pokora a levé le voile sur un secret jalousement gardé depuis plus de vingt ans. Une fraude, toute simple mais décisive, sans laquelle sa carrière ne serait peut-être jamais née. Un acte commis à 17 ans, dans une chambre d’adolescent, avec une aiguille, un peu de gouache… et une bonne dose d’audace.

L’artiste strasbourgeois, aujourd’hui figure incontournable de la scène française, s’est confié sans détour, entouré de deux autres invités : l’humoriste et créatrice de contenu Marine Leonardi, et l’athlète non-voyant Hakim Areski. Ensemble, ils participaient à ce moment suspendu propre à l’émission, où les confidences naissent au rythme doux d’une journée à la campagne. C’est dans ce contexte apaisé que M. Pokora a fini par raconter l’histoire méconnue – et rocambolesque – de sa participation à Popstars en 2003.

Un jeune homme à l’aube de son destin

À l’époque, Matthieu Tota n’est encore qu’un adolescent comme tant d’autres, un passionné de musique qui rêve d’une carrière sans trop savoir comment y parvenir. Ce n’est qu’en août 2003, grâce à Popstars, que les téléspectateurs découvrent son visage et son énergie brute. Il deviendra M. Pokora quelques années plus tard.

Cette saison de Popstars, diffusée sur M6, est alors un véritable phénomène et promet à ses gagnants une entrée spectaculaire dans l’industrie musicale. Matthieu le sait. Lorsque l’un des membres de son groupe d’alors lui parle du casting qui passe à Strasbourg, le jeune homme comprend immédiatement ce que cela peut représenter. Une chance unique. Peut-être la seule.

Mais il y a un problème. Et pas des moindres : il n’est pas majeur.

Le serveur vocal du casting est formel : il faut être âgé d’au moins 18 ans et apporter une pièce d’identité le jour de l’audition. « J’étais à quelques mois de les avoir… », raconte-t-il avec un mélange de nostalgie et d’amusement. Nous sommes début juillet 2003. Matthieu aura 18 ans le 26 septembre. Une éternité pour un rêve qui passe maintenant.

La fraude d’un adolescent déterminé

Dans Un dimanche à la campagne, M. Pokora décrit la scène avec une précision presque cinématographique. Il est dans sa chambre, face à sa carte d’identité. Il sait ce qu’il risque, mais sait surtout ce qu’il risque de perdre : l’opportunité d’une vie.

Son regard se pose sur sa date de naissance : « 26/09 ». Le chiffre « 9 » devient soudain un obstacle mais aussi, d’une certaine façon, une proposition. S’il efface une barre, il deviendra un « 5 ». Mai à la place de septembre. Une date qui, magiquement, lui donnerait 18 ans au moment du casting.

Il réfléchit. Hésite. Puis se lance.

« Je prends une aiguille et de la gouache », explique-t-il à un Frédéric Lopez médusé, tout comme ses deux autres invités. Il gratte soigneusement la barre du neuf pour transformer le chiffre. Une manipulation artisanale, improbable… et pourtant suffisante. Le jeune Matthieu se retrouve soudain né le 26/05/85.

Avec cette nouvelle identité, il peut enfin franchir les portes du casting de Popstars.

Au casting : entre stress, hasard et flair du jury

Mais la fraude n’est qu’une partie de l’histoire. Encore faut-il convaincre le jury. Et ce n’est pas gagné.

M. Pokora se souvient parfaitement de sa prestation : il choisit Une dernière danse de Kyo, un titre emblématique du début des années 2000. Mais son audition ne se déroule pas comme il l’espérait. « Je suis angoissé, je ne suis pas à l’aise », avoue-t-il.

Deux des trois jurés ne sont pas convaincus. Pour eux, ce jeune homme timoré ne mérite pas d’aller plus loin.

Heureusement, un troisième juré voit ce que les autres ne perçoivent pas. Roberto. Un professionnel au flair aiguisé, qui discerne dans ce garçon le potentiel brut qui fera plus tard de lui l’un des artistes les plus populaires de sa génération.

Roberto s’oppose fermement : « C’est un des plus jeunes de l’aventure. Ça se voit qu’il a un truc. Regardez ses yeux écarquillés, il a peur, mais il y a un timbre, il y a quelque chose. » Sans cette intervention décisive, l’histoire aurait été toute autre.

La naissance de Link Up… et l’envol de M. Pokora

Grâce à ce sauvetage providentiel, Matthieu poursuit l’aventure et rejoint la formation qui remportera l’émission : le trio Link Up, composé de lui, Otis et Lionel Tim. Le groupe connaît une ascension fulgurante, portée par le succès du titre Notre étoile, qui marquera durablement les fans de l’émission.

Mais comme beaucoup de créations issues de télé-réalité, l’aventure est brève. Le trio se sépare rapidement, laissant Matthieu à un carrefour de sa vie. Il choisit alors de se lancer en solo, sous le nom de M. Pokora.

Le jeune artiste sort son premier album en 2004. Des titres comme Showbiz, Elle me contrôle ou Pas sans toi deviennent rapidement cultes, propulsant sa carrière au-delà des attentes.

Une carrière exemplaire bâtie sur un acte illégal assumé

Aujourd’hui, à 40 ans, M. Pokora peut se targuer d’une carrière solide et multirécompensée : 13 albums, des tournées gigantesques, de nombreux NRJ Music Awards, une victoire remarquée dans Danse avec les stars, et une reconnaissance durable dans l’industrie musicale française.

Mais ce qu’il révèle dans Un dimanche à la campagne donne une dimension nouvelle à son parcours : sans cette falsification de carte d’identité, rien de tout cela n’aurait peut-être existé. Une infraction mineure, mais aux conséquences majeures.

Le raconter maintenant, dans un cadre intime et sincère, donne à cette confession une saveur particulière. Celle d’un homme qui regarde son passé avec honnêteté et lucidité, conscient que ses choix – même les plus discutables – ont forgé son destin.

Et Frédéric Lopez, ainsi que les téléspectateurs, ne peuvent qu’être fascinés par ce récit à la fois improbable, audacieux et profondément humain.