« FAILLITE FRAUDULEUSE » : LA MACRONIE ACCUSÉE DE MENSONGES D’ÉTAT ET DE RUINE, L’ASSEMBLÉE SE TRANSFORME EN TRIBUNAL.


Article: « FAILLITE FRAUDULEUSE » : LA MACRONIE ACCUSÉE DE MENSONGES D’ÉTAT ET DE RUINE, L’ASSEMBLÉE SE TRANSFORME EN TRIBUNAL.

L’hémicycle de l’Assemblée nationale, habituellement théâtre de joutes oratoires convenues, s’est transformé le 13 novembre 2025 en une véritable cour d’assises politique. Le député du Rassemblement National, Jean-Philippe Tanguy, s’est avancé à la tribune non pas pour une simple question au gouvernement, mais pour livrer un réquisitoire historique d’une violence inouïe. Face à un gouvernement déjà fragilisé par un déficit budgétaire explosif, le parlementaire a balayé les faux-semblants pour accuser directement la chaîne de commandement de l’exécutif – Emmanuel Macron, Bruno Le Maire, Élisabeth Borne, Gabriel Attal et Alexis Kohler – de « faillite frauduleuse » et de « mensonges d’État » organisés.

L’onde de choc fut immédiate. Loin des débats techniques sur les décimales budgétaires, Tanguy a placé la discussion sur le terrain de la faute, de la culpabilité, voire du crime politique, faisant écho aux angoisses d’une France qui se sent trahie par ses élites financières et politiques.

Un Acte d’Accusation Sans Précédent : Ruine et Complicité

Dès les premières minutes de son intervention, Jean-Philippe Tanguy a désigné les responsables avec une précision chirurgicale, transformant la tribune en un box d’accusation. Le ton est donné : le gouvernement aurait « ruiné la France en plein jour » avec la « complicité silencieuse » de tous ceux qui ont préféré « la comédie politique à la vérité comptable ».

L’accusation la plus cinglante fut dirigée vers l’actuel ministre de l’Économie. Bruno Le Maire, qui tentait de se forger une image de « lanceur d’alerte » après l’aveu de l’explosion du déficit, est dépeint par le député comme le « cœur battant de l’escroquerie d’État ». Selon Tanguy, la prétendue transparence gouvernementale n’est qu’une façade pour camoufler un mensonge généralisé et des comptes « controuqués » (falsifiés) que le RN dénonçait déjà dès 2023.

L’échec de la motion de censure proposée par le Rassemblement National et le refus d’une loi de finances rectificative sont alors présentés non pas comme un jeu parlementaire, mais comme un stratagème électoral. L’objectif, selon l’opposant, était de « mentir aux électeurs » et d’« acheter les voix jusqu’au bout » avant les élections européennes. Poussant l’analyse jusqu’à la dissolution de l’Assemblée Nationale, Tanguy y voit « évidemment » une tentative désespérée d’Emmanuel Macron – « l’homme passé des banques à la banqueroute » – pour enfouir sous le tapis un bilan jugé calamiteux.

Le député exige des comptes et, surtout, des poursuites, interrogeant directement le Premier ministre : « Qu’allez-vous faire contre les Kohler, Le Maire, Borne, Attal et tant d’autres ? » La question n’est plus budgétaire, elle est judiciaire, touchant à l’infraction à la Constitution et à la loi organique des finances.

La Réponse Procédurale de l’Exécutif : L’Autorité Contre la Faute

La ministre en charge de l’Action et des Comptes publics, Amélie Mochalin, a été chargée de la délicate mission de répondre à ce réquisitoire. Sa défense, froide et procédurale, a choisi le terrain de la légalité et de l’institution, contrastant violemment avec la charge émotionnelle de l’opposition.

La ministre a d’abord tenu à rassurer sur les chiffres, affirmant que l’objectif de déficit à 5,4 % serait « tenu » grâce à des mesures crédibles et réalistes. Elle a insisté sur la transparence du gouvernement – réunions de comités d’alerte, communication aux parlementaires – et s’est appuyée sur l’autorité du Haut Conseil aux finances publiques (HCFP). « Nous sommes sous le regard permanent du Haut Conseil aux finances publiques qui systématiquement n’a jamais dit qu’il était insincère », a-t-elle martelé.

Mais c’est sur le fond de l’accusation que la ministre a voulu frapper. Refusant le « lexique du procès » de l’opposition (« coupables, arnaques, mensonges »), elle a rappelé l’existence de la Cour de justice de la République (CJR). Sous-entendant que des accusations aussi graves, si elles étaient fondées, devaient être étayées par des éléments concrets devant l’instance compétente, elle a appelé le député à la « responsabilité » de ses mots. En substance, le gouvernement reconnaît la difficulté mais nie toute intentionnalité frauduleuse, s’arc-boutant sur la crédibilité des institutions et affirmant avoir respecté « le vote du parlement » et fait « ce qui était notre devoir ».

L’Effondrement Régalien : Un Ordre Économique et Social Menacé

Le réquisitoire de Jean-Philippe Tanguy ne s’est pas limité aux chiffres de Bercy. Il a rapidement élargi la crise budgétaire à un « désordre économique et social » généralisé, pointant du doigt ce qu’il nomme l’« effondrement régalien » de la France.

Le drame de Mayotte a servi de terrible exemple de cet abandon. Dénonçant les « mensonges d’État » sur la situation de l’île et le « mépris » ressenti par les Maorais, Tanguy a fustigé le gouvernement pour son incapacité à faire face à la tragédie humanitaire (eau, vivres, école, sécurité, submersion migratoire). Pour le Rassemblement National, un véritable plan de redressement doit avoir pour préalable absolu le « contrôle total de l’immigration », la suppression du droit du sol à Mayotte et la destruction définitive des bidonvilles – une position réitérant l’exigence de « priorité nationale ».

La sécurité et l’immigration sont ainsi désignées comme les corollaires directs de la faillite économique, menant à l’« ensauvagement de la société ». Pour l’opposant, l’impuissance du gouvernement se manifeste aussi dans des « humiliations » comme l’expulsion ratée d’un agent ou l’enfermement de Boëme Sensal. Il a également critiqué vertement la diplomatie française envers l’Algérie, alternant « banalisation » et « insulte à notre histoire », s’étonnant qu’un ancien ministre aille poser une gerbe devant la stèle du FLN. L’effet est sans appel : « Quel respect pourriez-vous espérer ? »

Les Tabous Incontournables et les Victoires Revendiquées

Au cœur du débat budgétaire, Tanguy a attaqué frontalement ce qu’il considère comme les « tabous » qui paralysent la France depuis cinquante ans : le déficit chronique, la « submersion migratoire » (illustrée par la défense de l’Aide Médicale d’État – AME, vue comme du « fanatisme immigrationnisme »), la contribution à l’Union européenne et le coût « délirant de la bureaucratie ». Concernant la fraude, un sujet qui « seul frémit », il y voit une « maigre victoire » des mesures proposées par le Rassemblement National.

L’intervention a également été l’occasion pour le RN de revendiquer une série de victoires politiques, affirmant que l’exécutif ne fait que suivre les préconisations de Marine Le Pen. Le député se « félicite » ainsi que les retraites soient bien indexées et que des moyens supplémentaires soient alloués aux soignants et à l’hôpital, des mesures attribuées à la détermination du Rassemblement National, le seul groupe à avoir « respecté seul sa parole envers les Français ».

Sur le plan des propositions, le RN a réaffirmé ses « lignes rouges » intangibles. Le parti refuse « toute hausse d’impôts globale » et exige de vraies économies structurelles. Surtout, pour répondre à la crise du pouvoir d’achat héritée des « gilets jaunes », l’opposant a proposé de s’aligner sur la baisse de la TVA de 20 % à 5,5 % sur les énergies (carburant, gaz, fioul), une mesure visant directement la « France du travail » à l’agonie. Il a déploré l’échec des promesses macronistes en matière d’industrie, d’agriculture et de salaires, notant un fossé « profond » entre l’économie réelle (défaillances d’entreprises) et la spéculation (dividendes records).

La Fracture Définitive : Macronisme contre Réalité

L’affrontement du 13 novembre n’est pas un simple désaccord sur les dépenses. Il révèle une fracture politique d’une profondeur rarement atteinte. D’un côté, un gouvernement qui s’accroche aux procédures, aux rapports d’experts et aux objectifs tenus pour masquer un affaiblissement politique croissant. De l’autre, une opposition qui transforme l’enceinte parlementaire en un tribunal du peuple, plaçant les membres de l’exécutif devant une responsabilité pénale et morale.

Dans cette tension, l’idée que « le récit officiel ne tient plus » s’impose. Si la Macronie se félicite d’avoir maintenu le cap sur un objectif de déficit, l’opinion, elle, retient l’image d’un pouvoir acculé, sommé de rendre des comptes pour une « ruine » qui aurait été menée sciemment. L’intervention de Jean-Philippe Tanguy marque ainsi une étape cruciale : le débat ne porte plus sur la bonne gestion, mais sur la légitimité même des gouvernants. En proclamant « Tenez bon, on arrive », le Rassemblement National a lancé bien plus qu’une promesse électorale ; il a annoncé l’heure des comptes.