La chaleur étouffante de l’après-midi pesait sur l’habitation Saint-Philippe Cann comme une couverture de plombs dans les champs de cannes à sucre qui s’étendaient à perte de vue, les esclaves peinaient sous le soleil impitoyable du Sénégal colonial. Leur corps ruisselèrent de sueur tandis qu’ils maniaent leur machettes avec une précision née de années d’esclavage.

Au loin, la grande maison coloniale se dressait majestueusement, ses volets fermés pour protéger ses habitants de la chaleur accablante. Et le dit, une jeune esclave de 22 ans, au très fin et au regard perçant, travaillait dans les cuisines de la demeure principale. Contrairement aux autres esclaves qui labouraient dans les champs, elle avait eu la chance d’être assignée aux tâches domestiques grâce à son intelligence remarquable et sa capacité à comprendre rapidement les ordres.
Cette position privilégiée lui permettait d’observer de près la vie de ses maîtres, leur Charles Belmard et son épouse, dame Angélique Garnier des Robins. Ce jour-là, alors qu’elle préparait le thé de l’après-midi dans la cuisine baignée d’ombre, Elodie entendit des éclats de voix provenant du salon principal.
Elle s’approcha discrètement de la porte entrouverte, son cœur battant la chamade. Dame angélique, une femme élégante aux manières raffiné, était en grande discussion avec sa sœur cadette Marguerite, venue lui rendre visite depuis Saint-Louis. “Ma chère Angélique, je dois te dire quelque chose d’important”, murmurait Marguerite, jetant des regards inquiets autour d’elle.
“Les rumeurs circulent en ville concernant Charles. On dit qu’il fréquente assidument certains établissements de Saint-Louis. Dame Angélique posa délicatement sa tasse de porcelaine sur la table basse, ses mains tremblant légèrement. Que veux-tu dire exactement, Marguerite ? Il y a trois femmes, Angélique. Trois femmes avec lesquelles il passe du temps quand il prétend s’occuper d’affaires commerciales en ville.
Madame du bois, la veuve du marchand, mademoiselle Rousseau, la fille du notaire et Marguerite hésita un instant et une certaine céleste, une femme libre de couleur qui tient une maison de couture. Elodie retint son souffle. comprenant l’ampleur de ce qu’elle venait d’entendre. Elle connaissait bien le sueur Belmar, un homme dans la quarantaine, au charisme indéniable mais au tempérament volcanique.
Propriétaire de l’une des plus grandes plantations de la région, il jouissait d’un statut social élevé et d’une fortune considérable. Cependant, son mariage avec dame angélique, arrangé par leur famille respectives, semblait davantage basé sur les convenances sociales que sur l’amour véritable. Le visage de dame angélique se durcit.
ses yeux bleus se voilant de tristesse et de colère contenue. Comment oses-tu venir chez moi avec de telles accusations ? Je ne t’accuse de rien, ma sœur. Je t’informe simplement de ce que tout Saint-Louis murmure déjà. Tu mérites de connaître la vérité sur ton époux. Elodie s’éloigna silencieusement de la porte. Son esprit en ébullition.
Elle savait que cette information était explosive et pourrait changer le cours de la vie dans la plantation. En tant qu’esclave, elle était habituée à garder les secrets de ses maîtres. Mais cette fois-ci, quelque chose en elle la poussait à agir. Plus tard dans la soirée, alors qu’elle servait le dîner dans la grande salle à manger, éclairé par des chandelles, Elodie observa attentivement le couple.
Le sur Belmar, apparemment inconscient des soupçons de sa femme, parlait avec enthousiasme de ses prochains voyages d’affaires à Saint-Louis. Dame angélique quant à elle, répondait par monosyllabe, son regard fuyant et ses mains crispées sur sa serviette. Je partirai demain matin pour Saint-Louis”, annonça leur Belmar en découpant sa viande.
“Les négociations avec les nouveaux acheteurs de sucre nécessite ma présence personnelle. Je serai absent trois jours comme d’habitude”, répondit dame angélique d’une voix glaciale. Charles leva les yeux vers sa femme, surpris par son. “Y a-t-il un problème, ma chère ?” “Aucun problème, mon époux. Occupez-vous de vos affaires comme vous l’entendez.
” Elodie sentit l’attention palpable entre les époux et comprit que dame angélique souffrait en silence. Cette nuit-là, incapable de trouver le sommeil dans sa modeste case qu’elle partageait avec deux autres esclaves domestiques, elle prit une décision qui allait bouleverser sa vie et celle de ses maîtres.
L’aube pointait à peine quand Elodie vit le suur Belmar monter dans sa calèche, accompagné de deux esclaves qu’il assisteraient durant son voyage. Les chevaux s’ébranlèrent dans un nuage de poussière rouge, emportant le maître vers Saint-Louis et ses mystérieuses affaires. Elodie attendit que la voiture disparaisse complètement avant de se diriger vers les appartements de dame angélique.
Elle frappa doucement à la porte de la chambre principale, le cœur battant d’appréhension. “Madame, c’est l’odie. Puis-je vous apporter votre petit- déjeuner ? Entrez ! Répondit une voix fatiguée. Dame angélique était assise près de la fenêtre, encore en chemise de nuit, regardant mélancoliquement les champs de cannes qui ondulaient sous la brise matinale.
Ses cheveux d’effets encadraient son visage pâle et Elodie remarqua les traces de larmes séchées sur ses joues. “Madame”, commença Elodie en posant le plateau sur la table de chevet. “Pardonnez-moi de vous déranger, mais je dois vous parler de quelque chose d’important.” Dame Angélique tourna lentement la tête vers elle, surprise par l’audace inhabituelle de son esclave.
Que veux-tu me dire ? Ella dit : “Hier, j’ai entendu sans le vouloir votre conversation avec madame Marguerite. Je sais que ce n’est pas ma place de parler, mais je ne peux pas rester silencieuse en vous voyant souffrir ainsi.” Le visage de dame angélique se crispa. “Tu as écouté aux portes ? Tu sais que c’est pas de punition sévère.
” “Oui, madame, je le sais. mais j’ai des informations qui pourraient vous aider à découvrir la vérité sur les activités de monsieur Belmard à Saint-Louis. Dame Angélique se leva brusquement, ses yeux brillant d’un mélange de colère et de curiosité. Que sais-tu exactement ? Elodie prit une profonde inspiration avant de continuer.
Mon frère Amadou travaille comme porteur au port de Saint-Louis. Il m’a raconté avoir vu plusieurs fois le maître dans des endroits particuliers. Il connaît les habitudes de monsieur Belmar et pourrait nous aider à en savoir plus. Nous, répéta angélique incrédule, “Madame, si vous le souhaitez, je pourrais me rendre à Saint-Louis sous prétexte d’acheter des fournitures pour la maison.
Mon frère pourrait m’aider à suivre discrètement monsieur Belmar et à découvrir laquelle de ces trois femmes occupe vraiment son cœur. Dame Angélique resta silencieuse un long moment, pesant les implications de cette proposition audacieuse. L’idée d’envoyer son esclave espionner son mari était à la fois scandaleuse et terriblement tentante.
Pourquoi ferais-tu cela pour moi ? Elodie ? Qui gagnerais-tu ? Elodie baissa les yeux, cherchant ses mots. Madame, vous avez toujours été juste avec nous, les esclaves de maison. Vous ne nous frappez jamais. sans raison. Vous vous assurez que nous ayons suffisamment à manger et vous avez même permis à ma petite sœur de rester près de moi quand elle est tombée malade.
Je ne supporte pas de vous voir malheureuse à cause des mensonges de votre époux. Cette déclaration toucha profondément d’amélique qui n’avait jamais pensé que ses esclaves pouvaient éprouvé de l’affection pour elle. Et si Charles découvre ton espionnage, tu sais qu’il pourrait te faire fouetter publiquement ou pire te vendre à une autre plantation.
Je suis prête à prendre ce risque, madame, mais j’ai confiance en mon frère et en ma capacité à passer inaperçu. Dame Angélique se dirigea vers son secrétaire et en sortit une bourse contenant quelques pièces d’or. Très bien, Elodie, tu partiras cet après-midi pour Saint-Louis. Officiellement, tu iras acheter des tissus fins et des épices que nous ne trouvons pas ici.
Officieusement, tu découvriras tout ce que tu peux sur les activités de mon époux. Elodie prit la bourse, ses mains tremblant légèrement. Merci de me faire confiance, madame. Je ne vous décevrai pas. J’espère que tu mesures bien les conséquences de ce que nous entreprenons Elodie. Si la vérité est aussi douloureuse que je le crains, nos vies à toutes les deux pourraient en être bouleversées.
L’après-midi même, Elodie quitta la plantation dans une charrette conduite par Mamadou, un esclave âgé qui effectuait régulièrement les trajets vers Saint-Louis. Le voyage de deux heures lui permit de réfléchir à sa mission et au danger qu’elle encourait. Mais quelque chose de plus fort que la peur la pousser en avant, le désir de justice et peut-être aussi l’espoir secret que dame Angélique, reconnaissante de ses services, améliorerait ses conditions de vie.

Arrivé à Saint-Louis, Elodie se dirigea immédiatement vers le quartier du port où travaillait son frère Amadou. La ville coloniale grouillait d’activités. Marchands européens, esclaves affranchis, commerçants locaux et marins se côtoyaient dans un mélange coloré et bruyant. L’odeur du poisson, des épices et de la sueur humaine flottait dans l’air chaud.
Elle retrouva Amadou près des entrepôts, chargeant des sacs de mile sur un navire marchand. Son visage s’illumina en la voyant, mais il remarqua rapidement son expression préoccupée. “Elodie, que fais-tu ici ? Il y a un problème à la plantation ? Amadou, j’ai besoin de ton aide pour quelque chose de très important et de très dangereux.
Amadou écouta attentivement sa sœur lui expliquer sa mission, ses yeux s’écarquillant de surprise et d’inquiétude. À 25 ans, il était plus grand et plus robuste qu’Élodie avec des mains caleuses témoignant de ses années de labeur au port. Contrairement à sa sœur qui avait eu la chance d’être éduquée dans la grande maison, Amadou avait grandi dans les champs avant d’être transféré à Saint-Louis pour ses compétences de porteur. Tu es devenu folle, Elodie.
chuchota-t jetant des regards nerveux autour d’eux. Espionner le sueur Belmar, s’il découvre cela, il nous fera tous les deux fouetter à mort. Je sais les risques, Amadou. Mes dames angéliques souffrent et je ne peux pas rester sans rien faire. Tu m’as dit toi-même avoir vu le maître dans des endroits suspects.
Amadou soupira profondément, tiraillé entre l’amour pour sa sœur et la peur des conséquences. C’est vrai, je l’ai vu plusieurs fois. Il fréquente effectivement trois femmes différentes. Madame Dubois vit dans une belle maison près de la cathédrale. Mademoiselle Rousseau habite chez son père le notaire et Céleste tient sa boutique de couture dans le quartier des gens de couleur libre.
Laquelle voit-il le plus souvent ? C’est difficile à dire. Il semble avoir un emploi du temps bien organisé. Madame du Bois le lundi et jeudi, Mademoiselle Rousseau le mardi et vendredi et Céleste le mercredi et samedi. Mais Amadou hésita. Mais quoi ? Avec Céleste, c’est différent. Quand il sort de chez elle, il a l’air, comment dire plus heureux, plus détendu et il reste plus longtemps.
Elodie sentit son cœur se serrer. Si leur Belmar éprouvait des sentiments véritables pour cette céleste, la situation de dame angélique était encore plus précaire qu’elle ne l’avait imaginé. Peux-tu m’emmener voir ces trois femmes discrètement ? Amadou quiessa à contre-cœur. Nous commencerons demain matin.
Aujourd’hui, tu dois te reposer chez ma logeuse, madame Fatou. Elle acceptera de t’héberger si je lui explique que tu es ma sœur. Madame Fatou, une femme libre de couleur d’une cinquantaine d’années, accueillit Elodie avec chaleur dans sa modeste demeure, située dans le quartier populaire de Saint-Louis.
Ancienne esclave affranchi par son maître après vingt années de service fidèle, elle comprenait parfaitement les difficultés que rencontraient les gens de leurs conditions. Saon, bien que simple, était propre et accueillante avec des nattes colorées sur le sol et des calebasses décorées accrochées au mur. “Ton frère m’a expliqué ta situation, ma fille”, dit madame Fatou en servant à Elodie un bol de Tibouienne fumant.
Ce que tu entreprends est dangereux, mais parfois il faut du courage pour que la justice soit rendue. Repose-toi bien cette nuit, car demain sera une journée éprouvante. Cette nuit-là, Elodie eut du mal à trouver le sommeil. Allongé sur une natte dans la petite chambre que lui avait prêté Mame Fatou, elle réfléchissait aux conséquences possibles de ses actions.
Si le sueur Belmar découvrait son espionnage, non seulement elle risquait une punition sévère, mais Amadou et même dame angélique pourraient en subir les conséquences. Le lendemain, dès l’aube, les deux frères et sœurs commencèrent leur surveillance. Ils se postèrent d’abord près de la maison de Madame Dubois, une veuve d’une quarantaine d’années qui avait hérité d’une fortune considérable de son défunt époux.
La demeure construite dans le style colonial français était entourée d’un jardin soigneusement entretenu où poussait des bouins viliers et des frangis paniers. Elodie observa une femme élégante aux manières sophistiquées qui recevait le sueur Belmar dans son salon richement décoré. Leurs interactions semblaient cordiales mais formelles, comme celle de deux personnes partageant des intérêts communs plutôt qu’une passion amoureuse.
Amadou expliqua à sa sœur que Madame Dubois était connue pour ses réceptions mondaines et ses investissements dans le commerce du sucre. Elle et le maître discutent souvent d’affaires. Je pense qu’elle lui prête de l’argent pour ses projets d’expansion. L’après-midi, ils se rendirent chez le notaire Rousseau dont l’étude se trouvait dans l’une des rues principales de Saint-Louis.
La maison familiale, attenante à l’étude était imposante avec ses volets verts et sa façade blanchie à la chaud. Mademoiselle Rousseau, une jeune femme d’une vingtaine d’années au trait délicat, accueillit le suur Belmar avec des rougeurs sur les joues et des gestes timides. Elodie comprit immédiatement que la jeune fille était éprise de son maître, mais que celui-ci l’a traité avec une affection paternelle plutôt qu’amoureuse.
“La pauvre enfant”, murmura Amadou. Elle ne voit pas que pour lui, elle n’est qu’une distraction agréable. Son père espère probablement un mariage avantageux, mais le sueur Belmar est déjà marié. Elodie observa attentivement les interactions entre les deux. Le suur Belmar offrait des fleurs à mademoiselle Rousseau, l’écoutait jouer du piano et la complimentait sur sa beauté.
Mais ses gestes manquaient de la passion qu’Elodie avait appris à reconnaître chez les vrais amoureux en observant les domestiques de la plantation. Le troisième jour, Amadou conduisit sa sœur dans le quartier des gens de couleur libre, un secteur animé de Saint-Louis où se mélangeaient anciens esclaves affranchis, métis et commerçants africains.
Les ruses étaient plus étroites, les maisons plus modestes mais colorées et l’atmosphère plus détendue que dans les quartiers européens. C’est là que se trouvait la boutique de Céleste. Elodie fut surprise de découvrir une femme d’une beauté saisissante au trait métissé et aux portes altiers. Céleste avait environ trente ans avec des cheveux noirs ondulés qu’elle portait relevé en chignon élégant et des yeux noisettes qui brillaient d’intelligence et de détermination.
Sa boutique était petite mais raffinée, avec des tissus précieux soigneusement disposés et des créations qui témoignaient d’un goût exquis. Quand le ciur Belmar arriva, Hodie fut témoin d’une scène qui lui serra le cœur. L’homme qu’elle connaissait comme un maître sévère et distant se transformait complètement en présence de Céleste.
Son visage s’illuminait, ses gestes devenaient tendre et il la regardait avec une adoration évidente. Céleste, de son côté, l’accueillait avec un sourire radieux et une familiarité qui témoignait d’une relation profonde et sincère. “Mon Dieu murmura Elodie en les observant à travers la vitrine de la boutique.
Il est vraiment amoureux d’elle. Amadoucha tristement la tête. Je te l’avais dit, avec les deux autres, c’est de la galanterie, peut-être même des arrangements financiers. Mais avec Céleste, çait de l’amour véritable. Elodie resta caché pendant plus de deux heures, observant les interactions entre son maître et céleste.
Elle les vit rire ensemble, se tenir les mains et changer des regards complices. À un moment, elle entendit même le siur Belmar dire à Céleste : “Tu es la seule femme qui ait jamais vraiment compris mon âme, ma chérie.” Elle remarqua aussi que Céleste avait décoré sa boutique avec des objets personnels qui semblaient avoir une signification particulière.
Un petit tableau représentant un paysage de plantation, une boîte en bois sculptée et des fleurs fraîches toujours renouvelées. Ces détails suggéraient une intimité profonde et durable entre les deux amants. Le cœur lourd, Elodie comprit qu’elle devait maintenant retourner à la plantation et révéler cette douloureuse vérité à dame angélique.
Mais avant de partir, elle voulut en savoir plus sur Céleste elle-même. Le lendemain matin, elle se présenta à la boutique sous prétexte d’acheter du tissu pour sa maîtresse. céleste l’accueillit avec gentillesse, ne soupçonnant pas que cette jeune esclave était venue l’espionner. “Vous travaillez pour une famille de la région ?” demanda Céleste en déroulant un tissu de soi au motif délicat.
“Oui, madame, pour l’habitation Saint-Philippe Cann.” Le visage de Céleste se figea légèrement et Elodie vit passer une ombre de tristesse dans ses yeux. “Ah, vous travaillez pour le sieur Belmar. Vous le connaissez, madame Céleste hésita un instant avant de répondre, ses mains caressant machinalement le tissu.
“Nous nous connaissons ?” “Oui, c’est un homme compliqué. Compliqué comment, madame ? Il est tiraillé entre ses devoirs et ses sentiments, entre ce que la société attend de lui et ce que son cœur désire vraiment.” Elodie comprit que Céleste était parfaitement consciente de la situation matrimoniale duur Belmar et qu’elle souffrait probablement autant que d’âme angélique, mais d’une manière différente.
“Et vous, madame, que désirez-vous ? Céleste regarda longuement Elodie comme si elle percevait l’intelligence et la sensibilité de cette jeune esclave. Je désire être aimé pour ce que je suis, pas malgré ce que je suis. Mais dans ce monde, ma chère enfant, l’amour véritable est un luxe que peu peuvent s’offrir.

Cette conversation révéla à Elodie la complexité tragique de la situation. Trois femmes aimaient ou étaient aimées par le même homme, mais seules célestes partageaient avec lui un amour réciproque et profond. Cependant, les conventions sociales et les préjugés raciaux rendèrent leur union impossible. Avant de quitter la boutique, Elodie observa encore une fois Céleste qui rangeait ses gestes gracieux.
Cette femme libre, mais prisonnière des préjugés de l’époque, lui inspirait à la fois admiration et pitié. Elle comprit que révéler la vérité à dame angélique ne ferait que des victimes, car dans cette histoire, personne ne pourrait être vraiment heureux. Le soir même, Elodie reprit la route de la plantation, le cœur lourd de secret et d’émotions contradictoires.
Elle savait que les informations qu’elle rapportait allaiit déclencher une tempête dont personne ne sortirait indemne. Le retour d’Elodie à l’habitation Saint-Philippe Khïcida avec celui duur Belmar. Elle le vit descendre de sa calèche dans la cour principale, l’air détendue et satisfait, ignorant que sa femme connaissait désormais la vérité sur ses escapades à Saint-Louis.
Dame Angélique l’accueillit avec un sourire forcé, cachant habilement la tempête qui grondait en elle. Elodie remarqua immédiatement les changements subtils dans l’attitude de sa maîtresse. Dame angélique avait les traits tirés comme si elle n’avait pas dormi depuis plusieurs nuits. Ses mains tremblaient légèrement quand elle versait le thé et elle évitait soigneusement le regard de son époux.
L’atmosphère dans la grande maison était devenue électrique, chargé d’une tension que même les autres domestiques commençaient à percevoir. Ce soir-là, après le dîner, dame Angélique fit appeler Elodie dans ses appartements. L’esclave trouva sa maîtresse assise dans son boudoir, éclairé par la lueur vacillante des bougies.
L’atmosphère était lourde d’appréhension. Dame angélique avait disposé sur sa table de toilette plusieurs lettres qu’elle semblaient avoir relu plusieurs fois. Et Elodie reconnut l’écriture de Marguerite, la sœur de sa maîtresse. Alors Hélodie, qu’as-tu découvert ? Demanda dame Angélique d’une voix qu’elle s’efforçait de garder calme.
Elodie prit une profonde inspiration et commença son récit. Elle décrivit méticuleusement ses observations, n’omettant aucun détail sur les trois femmes et leurs relations respectives avec le sueur Belmar. Elle parla de Madame Dubois et de ses discussions d’affaires avec le maître, de la jeune mademoiselle Rousseau et de son amour.
non partagé et enfin de céleste et de la passion évidente qui unissait le couple. Quand elle en arriva à décrire l’amour sincère entre son maître et la couturière métisse, elle vit le visage de dame Angélique se décomposer progressivement. “Une femme de couleur libre”, murmura dame Angélique, les larmes aux yeux. “Il aime vraiment une femme de couleur libre.
” Madame, je suis désolé de vous apporter de si mauvaises nouvelles. Dame Angélique se leva et se dirigea vers la fenêtre, regardant les champs de cann qui s’étendaiit dans l’obscurité. La lune éclairait faiblement les cases des esclaves, d’où montaient parfois des champs mélancoliques qui accompagnaient la fin de leur journée de labeur.
Au moins maintenant, je connais la vérité. Merci Elodie. Tu as fait preuve d’un courage remarquable. Que comptez-vous faire, madame ? Je ne sais pas encore, mais je ne peux plus continuer à vivre dans le mensonge. Dame angélique se tourna vers son secrétaire et en sortit une petite clé dorée. Elle ouvrit un tiroir secret et en retira une lias de documents et une bourse bien garnie.
Elodie, je veux que tu saches que quoi qu’il arrive dans les prochains jours, tu ne seras pas oublié. Ta loyauté et ton courage méritent d’être récompensé. Les jours suivants furent tendus dans la grande maison. Dame Angélique évitait son mari, prétextant des mots de tête pour ne pas partager ses repas.
Elle passait de longues heures dans sa chambre, écrivant des lettres à sa famille en France et organisant discrètement ses affaires personnelles. Le sur Bellmar, préoccupé par la gestion de la plantation et les préparatifs de la prochaine récolte, ne remarqua pas immédiatement le changement d’attitude de sa femme.
Mais Elodie, qui servait quotidiennement le couple, sentait que l’explosion était imminente. Les autres domestiques commençaient à murmurer entre eux. Marie, la cuisinière avait remarqué que dame Angélique ne touchait plus à ses plats préférés. Joseph, le majord d’homme, s’inquiétait de voir sa maîtresse trier ses bijoux et ses objets précieux.
Même dans les cases des esclaves, on sentait que quelque chose d’important se préparait dans la grande maison. Elodie, quant à elle, était déchirée entre la satisfaction d’avoir accompli sa mission et l’angoisse de ce qui allait suivre. Elle avait développé une affection sincère pour dame angélique qu’il avait toujours traité avec respect et bienveillance.
Voir sa maîtresse souffrir à cause des révélations qu’elle avait rapporté lui causait un profond sentiment de culpabilité. Le moment fatidique arriva un soir où le sur Belmar annonça un nouveau voyage à Saint-Louis. Il était assis dans son fauteuil habituel, fumant sa pipe en lisant les journaux arrivés de France par le dernier navire, dame angélique qui brodait tranquillement dans le salon.
leva lentement les yeux vers lui. Encore des affaires urgentes, mon époux ? Oui, ma chère. Les négociations avec les nouveaux clients nécessite ma présence personnelle. Le prix du sucre fluctue et je dois m’assurer que nos contrats restent avantageux. Et ces négociations incluent-elles Madame Dubois, Mademoiselle Rousseau et Céleste ? Le silence qui suivit fut assourdissant.
Le sueur Belmar pâit, sa pipe lui échappant des mains pour tomber sur le tapis perçant. Ses mains se crispèrent sur les acoudoirs de son fauteuil et Elodie, qui servait le café dans la pièce adjacente, entendit distinctement son souffle se couper. Comment ? Que veux-tu dire ? Dame angélique posa calmement sa broderie sur la table basse et se leva.
Sa dignité intacte malgré la douleur évidente dans ses yeux. Elle avait revêtu sa plus belle robe comme si elle se préparait pour une occasion solennelle. Je sais tout, Charles. Je sais pour tes trois maîtresses et je sais laquelle tu aimes vraiment. Angélique, je peux tout expliquer. Non, Charles, les explications ne changeront rien au fait que notre mariage est une mascarade.
Tu aimes une autre femme ? Une femme que tu ne pourras jamais épouser à cause des conventions sociales, mais que tu ne peux pas non plus abandonner. Le sur Belmar se leva brusquement, renversant sa table de lecture. Les journaux s’éparpillèrent sur le sol et l’encri morceaux. La colère remplaçait la surprise sur son visage. Qui t’a renseigné ? Qui a osé m’espionner ? Je ferai fouetter le coupable jusqu’au sang.
Dame angélique resta silencieuse, refusant de compromettre Elodie. Cette loyauté ne passa inaperçue aux yeux de l’esclave qui assistait à la scène depuis l’embrasure de la porte, le cœur battant d’angoisse. “Pu m’a informé, reprit dame angélique d’une voix ferme. Ce qui compte, c’est que je ne peux plus vivre dans cette situation.
Je retourne en France chez ma famille. Ma sœur Marguerite m’a déjà trouvé une place dans un couvent près de Bordeaux où je pourrais finir mes jours dans la dignité. Tu ne peux pas partir. Que diront les gens ? Que deviendra la plantation ? Et notre nom, notre réputation ? La plantation continuera sans moi et les gens diront ce qu’ils voudront.
Quant à notre nom, tu l’as déjà s en affichant publiquement tes liaisons. Au moins, mon départ te permettra de vivre selon tes désirs sans avoir à mentir davantage. Le sueur Belmar s’effondra dans son fauteuil, la tête entre les mains. Pour la première fois, depuis qu’Elodie le connaissait, il paraissait vulnérable et désemparé. Angélique, je je ne voulais pas que tu souffres.
Ces femmes, elles ne signif rien comparé à Comparé à quoi, Charles ? à notre mariage arrangé, à cette union sans amour que nos familles ont orchestré pour leurs intérêts financiers. Ne me mens plus, je t’en prie. Nous savons tous les deux que tu n’as jamais éprouvé pour moi ce que tu ressens pour cette céleste. Cette nuit-là, dame Angélique fit appelée Elodie une dernière fois.
La maîtresse avait passé la soirée à emballer ses affaires personnelles dans plusieurs malles, gardant seulement l’essentiel pour son voyage. Je pars demain pour Saint-Louis, puis je prendrai le premier navire pour la France. Je veux que tu saches que ton courage et ta loyauté ne seront pas oubliés.

Elle tendit à Elodie un document officiel rédigé de sa main et portant son saut personnel. Fe voici tes papiers d’affranchissement. Tu es libre Elodie. Libre de choisir ta propre vie. Elodie regarda le document avec incrédulité, ses mains tremblant en tenant le papier qui changeait à jamais son destin.
Les larmes coulaient sur ses joues tandis qu’elle réalisait l’ampleur du cadeau que lui faisait dame angélique. Madame, je je ne sais pas quoi dire. Ne dis rien. Contente-toi de vivre la vie que tu mérites. Et souviens-toi que parfois révéler la vérité, même douloureuse, est le plus grand service qu’on puisse rendre à quelqu’un.
Dame Angélique lui remit également une bourse contenant suffisamment d’argent pour subvenir à ses besoins pendant plusieurs mois. Ceci t’aidera à commencer ta nouvelle vie. Utilise-le sagement. Le lendemain matin, dame Angélique quitta l’habitation Saint-Philippe Cann pour toujours, emportant avec elle sa dignité et laissant derrière elle un mari déchiré entre l’amour et le devoir.
Le sieur Belmar, libéré malgré lui de son mariage de convenance, put enfin vivre ouvertement son amour pour Céleste. Bien que leur union demeura socialement controversée. Quelques mois plus tard, les nouvelles arrivèrent que le sueur Belmar avait officiellement installé Céleste dans une belle maison de Saint-Louis.
où elle continuait à exercer son métier de couturière tout en étant reconnu comme sa compagne. Leur amour, enfin libéré des contraintes du secret s’épanouissait au grand jour, défiant les conventions de l’époque. Elodie, désormais libre, choisit de rester quelques temps à la plantation pour aider à la transition et s’assurer que les autres esclaves domestiques ne subissent pas les conséquences du bouleversement familial.
Sa générosité et sa sagesse lui valurent le respect de tous, y compris du sieur Belmar qui reconnut en elle une personne d’exception. Finalement, Elodie rejoignit son frère à Saint-Louis où elle ouvrit une petite école pour les enfants d’esclaves affranchis. Sa bravoure avait non seulement révélé la vérité, mais avait aussi libéré trois personnes de leur chaîne.
Dame angélique de son mariage malheureux, le sueur belar de ses mensonges et elle-même de l’esclavage. L’histoire de l’habitation Saint-Philippe Cann devint légendaire dans la région, rappelant à tous que parfois c’est le courage d’une seule personne qui peut changer le destin de plusieurs vies et que l’amour véritable, même dans les circonstances les plus difficiles, finit toujours par triompher des conventions sociales.
Voilà notre histoire pour aujourd’hui. Si cette histoire vous a touché, n’hésitez pas à nous le faire savoir en commentaire en nous disant de quelle ville vous nous suivez. Nous sommes toujours curieux de savoir d’où viennent nos fidèles auditeurs. N’oubliez pas de liker cette vidéo si elle vous a plu et de vous abonner à notre chaîne pour ne manquer aucune de nos histoires quotidiennes.
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