Elle a sacrifié son frère…sans savoir qu’elle était la prochaine dans la liste.

Elle a sacrifié son frère pour un rituel sans savoir qu’elle était la prochaine sur la liste. Bienvenue dans French African Folkal. Il était 16h47. Le soleil tapait fort sur la route de l’Ofida, au nord de Zolinga. C’est à ce moment précis que le drame s’est produit. Jonas revenait d’un long voyage.

 Il avait roulé toute la nuit pour être là à temps. Sa femme l’attendait. Ses enfants aussi. Il avait promis de leur ramener des cadeaux, mais il ne savait pas que la mort l’attendait au tournant. Sur cette route, un camion venu à contesens a percuté sa voiture de plein fouet. Le choc a été si fort que les portières ont volé.

 Le pare-brise s’est brisé comme du papier et le silence est tombé. Des témoins se sont approchés tremblants. Certains ont crié, d’autres ont eu le réflexe de filmer. Mais en s’approchant, ils ont vu quelque chose d’inhabituel. Jonas était encore vivant. Son bras gauche pendait, presque arraché. Sa bouche saignait.

 Il ne bougeait pas beaucoup mais ses yeux étaient ouverts et il murmurait : “Mariam, faut prévenir Mariam.” Mais personne ne connaissait cette femme. C’est un homme du coin, Cossi, qui a appelé un taxi à trois roues. Il a couvert Jonas avec une bâche et l’a emmené à toute vitesse à l’hôpital de Fonboca.

 Et pendant que la voiture roulait, Jonas prononçait une phrase qu’ils allaient regretter de ne pas avoir écouté. Esther, l’infirmière principale de garde à Fonboca ce jour-là, n’oubliera jamais ce qu’elle a vu. Quand ils ont déposé Jonas à l’entrée, elle a cru qu’il était déjà mort. Son bras gauche ne tenait plus qu’à un bout de peau.

 Le sang avait imbibé tout son pantalon et pourtant ses lèvres bougeaient. Esther s’est penché vers lui, choqué. Il respirait difficilement mais il parlait. Je savais, je savais qu’il viendrait. Elle a essayé de lui demander qui ça monsieur, vous m’entendez ? Mais Jonas ne répondait plus à ces questions. Il avait le regard fixe.

 Il fixait le plafond comme s’il voyait quelque chose que personne d’autre ne voyait. Esther a couru chercher une chambre vide. Elle a désinfecté vite fait, posé le matelas, appelé un brancardier. Ils l’ont mis là en attendant le médecin chef. Il fallait l’opérer de toute urgence. L’infirmière Esther l’avait installé dans la chambre 4 tout au fond du couloir.

 Jonas était faible, très faible, mais il parlait encore. Il respirait avec difficulté, les yeux ouverts, fixés au plafond. Et juste avant qu’elle ne sorte pour aller chercher les papiers d’admission, il a chuchoté d’une voix cassée. C’est Mariam, c’est elle qui m’a donné. Esther s’est figé une seconde. Elle n’a pas compris. Elle a cru qu’il délirait.

 Puis elle a quitté la pièce. Le médecin chef venait d’être appelé. L’anesthésiste aussi. Tout allait très vite, mais elle croyait encore que Jonas allait s’en sortir. 5 minutes, c’est tout ce qu’il a fallu. Quand elle est revenue, elle a ouvert la porte et là, elle a poussé un cri.

 Le lit était rouge, le drap noyé de sang, le sol éclaboussé et Jonas allongé, les yeux grands ouverts, mais son corps avait été vidé. Le drap ne laissait même plus voir sa couleur d’origine. Le matelas trempé, le sol éclaboussé, le sang en était partout. Jonas ne bougeait plus. Il avait les yeux ouverts, figés sur un coin du plafond et son visage ne montrait aucune peur, seulement de la tristesse, comme s’il savait que ce qui venait d’arriver n’était pas un simple accident.

 Le bras arraché n’avait pas saigné autant, pas assez pour expliquer ce bain de sang. Mais pendant que l’hôpital s’agitait autour de ce mystère, personne dans sa famille n’était encore au courant qu’il était mort. Le lendemain matin, il était un peu plus de 7 heure. Dans la maison familiale Kamassi, tout le monde se réveillait doucement.

 La mère de Jonas préparait le petit-déjeuner. Sa sœur Mariam balayait la cour. Personne ne savait encore. Personne. Pas un appel de l’hôpital, pas un message, rien. Le téléphone de Jonas, lui ne sonnait même plus. Et puis un voisin est entré dans la cour. Le vieux Pascal, un ancien militaire, il tenait une petite radio portative à la main. Il tremblait.

 Il dit “Miam, tu es au courant de ce que j’ai entendu ?” Elle lève la tête, inquiète. “Non, quoi donc ?” Il monte le volume et la voix du journaliste sort net, sans émotion. Accident tragique sur la route de l’Ofida. Plusieurs morts. Parmi les victimes identifiées, un certain Jonas Safolabi, commerçant bien connu dans la région de Zolinga.

Le monde s’est arrêté. Mariam est tombée sur les genoux. Non, non, ce n’est pas vrai, pas Jonas. La radio continue de parler mais plus personne n’écoute. Les voisins à courent, les pleurs commencent. Une tante crie, une autre s’évanouit. C’est comme ça qu’ils ont appris sa mort par une voix sortie d’un poste radio chez un voisin.

 Mais ce que Mariam allait découvrir quelques heures plus tard, allait la laisser sans voix. L’après-midi même, Mariam s’est rendue à la morgue de Fondboca avec sa mère, deux de ses tantes et un cousin. Le trajet s’est fait en silence. Personne ne parlait, personne ne pleurait. C’était comme si le cerveau refusait encore de croire.

 Arrivé sur place, un agent les a reçus. Il a hoché la tête lentement. Vous venez pour le corps de Jonas. C’est ça. Mariam a répondu d’une voix presque éteinte. Oui. L’agent les a conduits dans une petite pièce froide au fond du bâtiment. Il a tiré le tiroir lentement et quand le drap s’est retiré, Mariam a reculé d’un pas. Elle a regardé longtemps mais elle ne reconnaissait pas son frère.

 Le visage était gonflé, la peau comme brûlée par quelque chose, les lèvres fendues, les paupières à moitié ouvertes, une expression figée, douloureuse. Elle a dit “Ce n’est pas lui.” Sa mère s’est approchée, elle a pris la main du corps. Puis elle a fondu en larme. “C’est lui, Mariam ! Garde bien, c’est lui. Mais Mariam secouait la tête.

 Elle refusait de croire que c’était ce frère-là, celui qu’elle avait vu encore en vie deux jours avant. Et juste avant qu’on referme le tiroir, elle a eu un frisson, un détail. Les yeux du cadavre semblaient bouger légèrement. Elle n’a rien dit. Elle n’a rien montré. Mais dans sa tête, quelque chose s’était réveillé. Et ce qu’il allait se passer le jour de la veillée funèbre allait secouer toute la famille.

Le jour de la veillée, toute la famille était là. La cour familiale de Namassi était remplie de chaises, de bâches, de marmites. Les pleurs, les chants, les prières, tout raisonnait dans le quartier. Jonas était très aimé. Sa mort avait choqué tout le monde. Même ceux qui ne le connaissaient pas étaient venus.

 Vers 20h, le cercueil a été installé dans le salon. Ouvert, on voyait son visage. On l’avait maquillé, habillé, bien coiffé. Mais il y avait quelque chose d’étrange. Pendant que les femmes pleuraient, des larmes coulaient aussi du visage du défunt. D’abord une goutte, puis une autre, puis un filet entier qui glissait le long de sa joue.

Une cousine a crié. Regardez, le corps pleure. Tout le monde s’est retourné. Certains ont crié, d’autres ont fui. Une des vieilles tantes s’est approchée. Elle a touché la joue de Jonas. Elle a senti que c’était mouillé, vraiment mouillé. Mais à chaque fois que les gens s’arrêtaient de pleurer, les larmes du cadavre s’arrêtaient aussi.

 Dès qu’on reprenait les pleurs, ça recommençait. Les larmes tombaient de ses yeux, descendaient jusqu’au coup. Un oncle a dit, “C’est sûrement la glace, le corps des gell.” Mais une autre femme a répliqué “Pourquoi alors ses habits sont secs ? Pourquoi seulement les yeux ? Pourquoi pile quand on pleure ?” Et dans un coin du salon, Mariam s’est levé.

 Elle a regardé le corps longtemps en silence. Puis elle a murmuré : “Quelqu’un a vendu mon frère.” Mais la vraie confirmation allait venir d’une voix qu’il croyait éteinte à jamais. Toute la nuit, les gens ont défilé autour du cercueil. Certains priaent, d’autres chantaient, mais tous avaient remarqué la même chose.

 Les yeux de Jonas pleuraient et pas une seule fois. Les larmes ne sont venues par hasard. Elle coulait quand les pleurs montaient dans la salle et elle s’arrêtait net dès que le silence retombait. À un moment, un pasteur a dit, “C’est l’esprit qui parle, il veut qu’on sache quelque chose.” Mais personne ne comprenait quoi.

 On a essayé de trouver une explication rationnelle. C’est l’humidité. Le corps dégelle. C’est normal avec la glace. Mais une des cousines Awa a levé la voix. Pourquoi alors c’est juste les yeux qui pleurent ? Pourquoi pas la bouche ? Pourquoi les larmes descendent sur les joues comme un enfant ? Personne n’a su répondre.

 Et c’est là que la mère de Jonas s’est levée. Elle a dit d’une voix tremblante : “Je ne dors plus depuis de jours. Mon fils me parle. Il me dit qu’il n’est pas mort de l’accident. Silence dans la pièce. Elle a regardé le cercueil, les yeux remplis de rage. Il dit qu’il a été livré. Tout le monde s’est figé mais c’est dans la cour à l’arrière de la maison qu’une voix masculine s’est faite entendre pour la première fois.

 Une voix qu’on croyait éteinte. Il était un peu plus de 3h du matin. La veillée continuait. Fatigué, une partie de la famille s’était assise dehors dans la cour. Certains dormaient, d’autres parlaient à voix basse. Les bougies commençaient à fondre. Et c’est là, dans le silence qu’on a entendu Mariam, une voix d’homme grave, lente, très claire. Personne n’a répondu.

 Puis quelques secondes après, Mariam, cette fois plus fort, plus proche, les femmes ont sursauté. Les hommes se sont levés. Une des tantes a dit : “C’est la voix de Jonas.” Et pour la troisième fois, la voix a raisonné. Mariam. Le son venait du fond de la cour, là où il y avait un vieux manguier. Tout le monde s’est retourné en même temps, mais il n’y avait personne.

 Rien, pas un souffle, pas un mouvement. Le manguier était là, noir, immobile, mais la voix, elle venait clairement de là-bas. Un des cousins a pris une torche. Il s’est avancé lentement. Il a fouillé derrière l’arbre. Rien. Mais en revenant, il a murmuré. Le sol est trempé comme si quelqu’un venait de s’y tenir debout. Personne n’a parlé, personne n’a osé bouger.

 Mais tous ont compris une chose : l’esprit de Jonas était toujours là. Et ce qu’il allait faire quelques jours plus tard, personne n’était prêt depuis cette nuit-là. Plus rien n’était pareil dans la maison familiale de Nkamassi. Tout le monde parlait de cette voix. Certains disaient que c’était un esprit. D’autres disaient que la douleur les faisait déliré.

 Mais Mariam, elle savait. Elle reconnaissait la voix de son frère et ce n’était pas un rêve. Le lendemain, elle est retournée seule derrière le manguier. Il y avait encore cette sensation étrange, comme si l’air était plus lourd, plus dense, plus froid. Au pied de l’arbre, la terre était creusée. Une empreinte de pas bien nette, comme si quelqu’un s’était tenu là. Pied nu.

 Mariam a touché le tron, elle a fermé les yeux et elle a entendu encore tout bas, tout doucement. Je ne devais pas partir comme ça. Elle a sursauté. Elle a regardé autour d’elle. personne. Elle a couru dans la maison. Elle a dit à sa tante Salomé, il m’a parlé. Jonas m’a parlé. Salomé a blémi, elle n’a pas ri. Elle n’a pas douté.

 Elle a juste dit “Il est bloqué entre deux mondes. Et s’il est encore là, c’est qu’il réclame justice.” Et deux jours plus tard, il s’est montré, mais cette fois pas à Mariam. Deux jours après la veillée, la maison était retombée dans un silence pesant, mais personne ne dormait tranquille. Le fils aîné de Jonas, Junior, 16 ans, ne parlait plus depuis l’enterrement.

 Il restait enfermé dans sa chambre. Il ne mangeait presque rien. Il disait juste qu’il avait mal à la tête, mal au cœur, mal à l’intérieur. Cette nuit-là, aux alentours de deux âches, Junior s’est mis à crier. Un cron, aigu, terrifiant. Toute la maison s’est levée. Mariam a couru. Salomé aussi.

 La grand-mère est tombée en se levant quand ils ont ouvert la porte de la chambre. Junior était recroquvillé dans un coin. Ses yeux fixaient un point précis près de la fenêtre. Il tremblait. Il ne pouvait pas parler et puis avec difficulté, il a levé le bras et il a pointé du doigt. Il était là, a-t-il réussi à dire. Papa était là. Salomé a dit “Tu veux dire en rêve ?” Junior a hurlé. “Non, je l’ai vu.

 Il est entré par la porte. Il m’a regardé sans parler. Il pleurait. Puis il est devenu petit, petit comme un enfant. Et il est sorti par la fenêtre. Tout le monde s’est figé. Mariam s’est approché de la fenêtre. Les rideaux flottaient alors que dehors, il n’y avait aucun vent. Et juste en bas sur le rebord, il y avait une trace de pas nu.

 Cette nuit-là, personne n’a dormi. Et le lendemain matin, les tentes ont pris une décision. Le lendemain, dès le lever du soleil, les trois tantes se sont réunies dans la cour. Mariam, Salomé, Éléné, Fatou. Leur visage était grave. Elle ne se parlait même pas. Mais elle savait. Elle savait que Jonas n’était pas partie en paix et qu’il ne partirait pas tant que la vérité ne serait pas dévoilée.

 Alors Fatou a dit “On doit aller voir le vieux, celui du quartier d’énou.” Tout le monde connaissait papa Adjao, un vieil homme venu du Togo installé depuis plus de 30 ans dans la région. Il ne parlait pas beaucoup mais quand il parlait, les choses changeaient. Elles sont parties à pied. Elles ont marché en silence.

 Elles ont traversé deux quartiers, éviter les bavardages, ignorer les regards. Arrivé chez lui, il les attendait déjà assis dehors. Comme s’il savait, il a levé les yeux lentement. Il est venu me voir cette nuit. Il n’est pas content. Personne n’a rien dit. Papa Adjo s’est levé. Vous voulez l’aider ? aller chercher le vêtement qu’il portait le jour de sa mort.

 S’il y a encore son sang dessus, c’est encore mieux. Mariam a ouvert grand les yeux, mais le pagne c’est à Eugénie qu’il a pris après l’accident. Salomé a tremblé. Elles se sont regardées et Fatou a dit : “On va chez elle maintenant.” Mais ce qu’elles allaient découvrir dans la chambre de génie allait faire basculer toute l’histoire.

 Elles ont marché vite. Mariam, Fatou, Salomé. Direction la maison de génie, la tente la plus secrète de la famille. Celle qui ne parlait jamais beaucoup mais qui voulait toujours tout contrôler. Quand elles sont arrivées, Eugénie était là assise devant sa porte. Elle ne souriait pas. Elle les regardait comme si elle les attendait.

 Mariam a parlé en première. Le pagne, celui qu’il portait le jour de l’accident. Tu l’as encore ? Eugénie n’a pas répondu. Elle s’est levée lentement. Elle a ouvert la porte de sa chambre et là, elle est allée fouiller dans une malle métallique au fond. Quelques secondes plus tard, elle est revenue avec un vieux tissu roulé emballé dans un sachet noir.

 Quand elle l’a ouvert, une forte odeur de sang séché est sortie. Fatou a reculé. Salomé a mis la main sur sa bouche. Le pagne était là et oui, le sang était toujours dessus. Elles l’ont pris, elles ont remercié. Eugénie n’a rien dit. Elles sont retournées chez papa à Jo. Il les a fait entrer dans une petite pièce à l’arrière de sa maison.

 Il a fermé les volets, allumé une bougie, pris une calebasse. Puis il a dit “Ce qu’on va faire ici, ce n’est pas un jeu. Ce qu’il a vécu n’était pas naturel. Quelqu’un l’a donné et aujourd’hui on va renvoyer.” Il a pris le pagne. Il l’a trempé dans une eau étrange. Il a commencé à parler dans une langue qu’aucune d’elles ne connaissait. Mariam a fermé les yeux.

Elle sentait sa peau frissonner et d’un coup la flamme de la bougie s’est éteinte toute seule. Puis une voix s’est fait entendre grave, loin, fatiguée, elle m’a livré. Et de semaines plus tard, celle qui avait gardé le pagne est morte. La nouvelle est tombée comme une brique en pleine tête. Deux semaines après le rituel, tata Eugénie est morte.

brutalement, sans maladie, sans accident. Un matin, elle ne s’est simplement pas réveillée et le plus troublant, c’est que ses yeux étaient ouverts, fixés vers le plafond, exactement comme ceux de Jonas à la morgue. Mariam a su tout de suite. Elle n’a même pas pleuré. Elle s’est juste assise longtemps et elle a dit “Le retour à l’envoyeur a été fait.

Mais papa Adjao, lui est revenu voir la famille et ce jour-là, il a dit la vérité devant tout le monde. Il s’est assis au milieu du salon, a pris une gorgée d’eau, puis il a dit calmement : “Ce n’est pas elle qui l’a tué avec ses mains, c’est elle qui l’a donné.” Silence ! Elle était dans une réunion de femmes, sororité ancienne.

 Elles lui ont fait croire que c’était pour la richesse, la protection, sauf qu’au moment du remboursement, il a marqué une pause. Il fallait offrir une vie. Salomé a dit, elle savait ce qu’elle faisait. Et papa Adjao a répondu, non. Elle pensait que c’était symbolique, que c’était une prière, qu’un nom choisi au hasard allait juste ouvrir une porte.

 Puis il a ajouté : “Mais ce nom c’était celui de Jonas.” Et ce qu’ils allaient apprendre sur ses réunions de femmes allait choquer toute la famille. Après la mort de génie, les langues ont commencé à se délier. Des femmes du quartier, des voisines, même des amis proches. Toutes racontaient les mêmes choses, mais en chuchotant, elle allait dans des réunions spéciales.

Elle portait des foulards rouges attachés d’une certaine manière. Elle ne priait pas. Elle répétait des phrases qu’on ne comprenait pas et à la fin, elle mangeait. Mais ce qu’elle mangeait, personne ne savait. Une voisine qui avait été invitée une fois a dit “C’était un repas étrange.

 La viande n’avait pas de goût, le riz était noir. Et quand j’ai demandé ce que c’était, elles ont rigolé.” Maria m’a demandé et Eugénie, elle mangeait. La femme a hoché la tête. Elle ne posait jamais de questions. Elle disait juste que ces choses-là ouvraient les portes du succès. Papa Adjo appit la parole. Ce qu’elle mangeait c’était symbolique mais l’effet lui était réel.

Chaque boucher l’engageait dans une dette. Et dans ce genre de dette, on ne choisit pas toujours qui va payer. Mais quand le jour du remboursement est arrivé, Eugénie a dû donner un nom. Et ce nom-là était celui de son propre frère. Papa Adjo avait les yeux fermés. Il respirait lentement comme s’il écoutait quelque chose que personne d’autre n’entendait.

 Puis il a dit “Ce genre de pacte ne reste jamais vide. Quand vient le moment de payer, il faut donner un nom.” Et Eugénie, lors de la dernière réunion, celle juste avant l’accident, avait reçu la visite d’une des anciennes du cercle, une femme qu’on appelait maman Loua. Elle lui aurait dit “Prépare-toi, ce mois, c’est ton tour.

 Tu vas devoir avancer un nom. Quelqu’un de ton sang pas trop vieux, pas trop jeune, quelqu’un qui a une belle étoile. Et Eugénie, sans trop réfléchir, a prononcé Jonas, sans haine, sans intention de tuer, juste pour que ce ne soi pas ses enfants. Elle pensait que ce n’était qu’un rituel symbolique, un nom comme un autre.

 Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’à partir du moment où elle avait parlé, le compte à rebour avait commencé. Jonas allait avoir son accident, son bras allait être arraché et même à l’hôpital, rien ni personne ne pourrait le sauver. Et ce que la famille a vu le jour de l’enterrement de génie a prouvé que tout ce qui s’était passé n’était pas naturel.

 Le jour de l’enterrement de génie, tout était bizarre dès le matin. Le cercueil était là, mais rien ne tenait. On a mis sa tête droite, elle penchait, on a remis des coussins, elle retournait et toujours du même côté vers la porte, celle de sa chambre. Mariam a observé la scène. Elle n’a rien dit, mais dans son cœur, elle savait.

 Elle regarde là où tout a commencé. Une des femmes qui habillait le corps a murmuré. On dirait qu’elle refuse de partir. Mais le plus étrange, c’était ses yeux. On avait mis du coton, du sparadrape, même un bandeau blanc. Mais ses paupières ne tenaient pas. Les yeux de génie restaient ouverts et comme figé, il regardait la poignée de sa porte.

Tout le monde était mal à l’aise. Certains ont quitté la pièce. D’autres ont commencé à prier et même au cimetière. Quand on a descendu le cercueil, le cou n’était toujours pas droit. Ce soir-là, personne n’est resté dormir dans la maison familiale. Tout le monde était parti. Mariam, elle a dormi chez une cousine.

 Mais au fond d’elle, elle sentait que quelque chose était terminé. Le lendemain très tôt, elle est revenue. Seule, elle est entrée dans la chambre de génie. La pièce était intacte, mais il y avait une odeur étrange, pas celle de la mort, une odeur de chaleur, comme si quelqu’un venait juste de quitter les lieux. Sur le lit, il y avait un petit carnet noir fermé sans nom.

 Elle l’a ouvert et là elle a vu des noms, des dates, des cercles, des dessins qu’elle ne comprenait pas. Mais à la dernière page, un mot écrit à la main maladroitement, ce n’était pas moi ou lui, c’était lui ou mes enfants. Et en bas, pardonne-moi. Mariam a refermé le carnet. Elle a respiré fort, puis elle a regardé la chambre longuement et elle a dit tout bas, tu es parti.

 Mais lui, il n’avait rien demandé. Et c’est ce jour-là qu’elle a pris une décision. Quelques semaines après l’enterrement, Mariam est allée voir un pasteur, un homme discret, sans caméra, sans bruit. Elle voulait comprendre, elle voulait se libérer. Il a écouté toute l’histoire sans l’interrompre. Puis il a dit une seule chose : “Quand le sang est versé injustement, seul Dieu peut trancher.” Il a prié pour elle.

 Il a prié pour Jonas et il a prié pour les enfants de génie. Car Mariam, elle avait décidé de les élever. tous, elle a pris la relève et depuis ce jour, plus aucune manifestation, plus de voix, plus de pleur, plus d’ombre, comme si Jonas avait enfin trouvé la paix. Et à la fin, le mal a été retourné contre celui qui l’a ouvert.

 Parfois, les gens qu’on aime nous blesse sans même le vouloir. Mais le pire, c’est quand le mal qu’ils font ne peut plus être réparé. La confiance, c’est fragile et dans certaines familles, elle ne revient jamais. Penses-tu qu’on peut pardonner quelqu’un qui a détruit une vie sans le vouloir ? Réponds en commentaire. Abonne-toi, partage et n’oublie jamais les blessures invisibles sont les plus profondes.