Marie-Sophie Lacarrau : quand l’accent du Sud-Ouest devient un sujet national

À l’approche des fêtes de fin d’année, un parfum de traditions réinvestit les antennes de TF1. Comme un rituel désormais bien établi, la chaîne a lancé, le 20 novembre 2025, l’opération “Le 13 h fête Noël”, une série de reportages et d’initiatives permettant de célébrer le savoir-faire régional et de mettre en lumière les artisans qui font vivre les terroirs français. Aux commandes de cette grande fête des régions : Marie-Sophie Lacarrau, fidèle au poste depuis son arrivée au 13 h en 2020.

À l’occasion du lancement de cette édition 2025, la journaliste a accordé un entretien à Télé-Loisirs, dans lequel elle s’est confiée sur un sujet qui, bien malgré elle, refait surface à intervalles réguliers : son accent du Sud-Ouest. Un accent qui, pour beaucoup, est un charme supplémentaire, mais qui, pour certains internautes, serait “trop marqué”, “trop chantant”, voire “inadapté” à un journal télévisé national.

Un débat qui, au fil des années, s’est transformé en controverse récurrente – assez étonnante, selon celle qui incarne justement un journal pensé pour mettre en avant les régions.

JT de TF1 : l'accent de Marie-Sophie Lacarrau agace certains fidèles, la  star de l'


La rançon de la visibilité : quand l’accent devient cible

Depuis qu’elle a succédé à Jean-Pierre Pernaut, figure incontournable de l’information de proximité, Marie-Sophie Lacarrau s’est imposée avec naturel auprès d’un public déjà très attaché à ce rendez-vous quotidien. Pourtant, quelques voix discordantes se sont rapidement fait entendre sur les réseaux sociaux.

Certains téléspectateurs, bien que largement minoritaires, ne se sont pas privés de commenter son accent, parfois avec virulence. Des remarques qui ont surpris la présentatrice, née à Toulouse et profondément enracinée dans la culture occitane.

Dans les colonnes de Télé-Loisirs, elle admet que les premières critiques n’ont pas été simples à vivre. Elle confie d’un ton sincère :

“J’essaye de ne pas trop lire les remarques. Il faut savoir faire le tri entre celles qui sont constructives et la méchanceté gratuite sous couvert d’anonymat. Certains commentaires acerbes sur mon accent m’ont parfois blessée.”

Cette franchise, assez rare dans un milieu où l’on préfère souvent rester discret sur les critiques, montre combien ce sujet touche quelque chose de plus profond qu’une simple question de diction.

Pour Marie-Sophie Lacarrau, ces remises en cause dépassaient même sa personne :

“J’avais l’impression que ça touchait toutes celles et ceux qui parlent comme moi.”

En d’autres termes, critiquer son accent reviendrait à dénigrer une identité régionale qu’elle porte avec fierté.


Une hôtesse du 13 h au cœur des régions… et parfois de leurs clichés

Le paradoxe n’a évidemment pas échappé à la journaliste : elle présente un JT historiquement tourné vers les territoires, les campagnes, les producteurs, les artisans, la vie locale, et pourtant, son propre accent – qui est lui-même un marqueur fort de cette diversité – devient objet de railleries.

Avec le temps, Marie-Sophie Lacarrau dit avoir appris à relativiser :

“J’ai appris à laisser glisser. Maintenant, ça me fait sourire. On parle d’un JT tourné vers les régions, alors ça me semble un peu fort de critiquer un accent régional.”

Même si les attaques peuvent parfois être chargées de préjugés ou de mépris social, la journaliste préfère aujourd’hui les recevoir avec distance et humour. Sa manière d’aborder la question témoigne d’une maturité et d’un ancrage personnel solide : elle ne reniera pas ses racines pour quelques commentaires anonymes.

L'accent de Marie-Sophie Lacarrau en agace plus d'un !


Un débat vieux de plusieurs années

Ce n’est pas la première fois que Marie-Sophie Lacarrau prend la parole sur ce sujet devenu, malgré elle, un serpent de mer médiatique. En mars 2025, elle était invitée sur RTL dans l’émission d’Éric Dussart. Ce jour-là, la discussion avait porté sur un détail linguistique qui amuse certains internautes : sa prononciation du mot “week-end”.

Avec franchise – et une pointe d’agacement amusé –, elle avait expliqué :

“Venez dans le Sud et vous entendrez plusieurs personnes le prononcer comme ça.”

Elle poursuivait, un brin piquée mais toujours polie :

“Vous riez, mais pour moi, c’est tout à fait normal. Chez moi, on prononce comme ça. Je pense que je n’offense personne, je ne cherche à heurter personne.”

En plusieurs phrases, elle avait rappelé une évidence : la France est riche de dictions, de sons et d’accents différents, et tous méritent leur place dans l’espace médiatique.


Le poids symbolique des accents à la télévision

Derrière cette polémique se cache en réalité un débat plus large : quelle place les accents régionaux occupent-ils dans les médias français ? La télévision hexagonale s’est longtemps caractérisée par un standard de prononciation présenté comme “neutre”, souvent associé à Paris ou à ses environs.

Cet idéal de diction, devenu norme, a longtemps relégué les accents régionaux dans des rôles caricaturaux ou secondaires : humoristes, témoins dans des reportages, chroniqueurs “pittoresques”. Voir une présentatrice de l’un des journaux les plus regardés du pays parler avec un accent authentique bouscule ces codes.

En un sens, Marie-Sophie Lacarrau incarne une évolution sociolinguistique : celle où la télévision nationale, miroir du pays, reflète aussi sa diversité vocale.


Une figure populaire qui défend ses racines

À travers chacune de ses interventions, la journaliste se montre fidèle à son identité. Elle incarne une France qui n’a pas renoncé à ses régions, à leurs cultures, à leurs particularités, à leurs parlers.

Et dans le cadre de “Le 13 h fête Noël”, où les traditions régionales sont mises à l’honneur, son accent apparaît presque comme une forme de cohérence éditoriale.

Ce que certains critiquent comme un défaut est, aux yeux de beaucoup, une richesse supplémentaire, une note de chaleur et d’authenticité dans un paysage audiovisuel souvent formaté.


Une polémique révélatrice, mais finalement dépassée

Aujourd’hui, même si les critiques persistent de façon marginale, Marie-Sophie Lacarrau semble les aborder avec une philosophie apaisée. Elle continue de présenter son journal avec la même énergie, la même passion pour les régions, et sans jamais renier son identité linguistique.

Son parcours montre qu’il est possible, dans les médias nationaux, d’incarner l’information sans se conformer à un modèle ancien et uniforme.

Et si son accent fait parler, alors soit. Pour elle, tant que les sujets du 13 h mettent en valeur la France des terroirs, il paraît logique – presque naturel – que sa voix porte l’écho du Sud-Ouest.