La maison abandonnée de Biyouna, là où elle est morte, et sa valeur nette.

dérange quelques personnes au placé. Mesdames, messieurs, elle faisait rire, pleurer, réfléchir et pourtant sa disparition n’a déclenché ni hommage national ni effusion médiotique. Buna, la diva algérienne au franc-parlé légendaire, s’est éteinte en silence en novembre 2025 comme si le monde l’avait oublié.

 Elle avait pourtant illuminé les plateaux télé français, marqué les scènes musicales nord-africaines et fait trembler les conservateurs par ses prises de parole sans filtre. Icône pour certains, provocatrices pour d’autres, elle n’a jamais cessé d’étonner, même à l’automne de sa vie. Pourquoi cette artiste célébrée à Paris comme à Alger est-elle partie sans fanfare ni reconnaissance publique ? Pourquoi tant de journalistes se sont tu alors qu’elle avait enflammé des générations entières ? Derrière les paillettes, les sketchs et les chansons se cachait une femme

libre, indomptable, mais aussi profondément seule. Aujourd’hui, nous rouvrons le rideau pour raconter ce qu’on a jamais osé dire, la vérité sur Biuna. Né le 13 septembre 1952 dans le quartier populaire de Bellecour à Alger, alors en pleine période coloniale, Baya Bouzar grandit dans une famille modeste marquée par les bouleversements politiques.

 Dès l’âge de 10 ans, elle monte sur scène révélant un tempérament exubérant et une voix rque déjà chargée d’émotion. Rapidement surnommée Biona, elle devient une figure singulière de la scène artistique algérienne, oss entre comédie, chant et provocation assumée. Sa carrière débute réellement dans les années 1970 dans les cabarets d’Alger où elle impose son style ironique et irrévérentiel, moquant la société patriarcale avec une liberté qui détonne à l’époque.

 Dans les années 1980 et 1990, elle se fait un nom à la télévision algérienne. Son visage devient familier des ménages grâce à ses rôles dans des séries populaires où elle incarne souvent des femmes fortes, drôles, mais jamais soumises. Elle bouscule les codes d’un paysage audiovisuel encore très traditionnel. Son humour tranchant et sa capacité à parler sans détour de religion, de sexe ou de politique la rendent aussi adorée que redouté.

 En coulisse, certains réalisateurs rechignent à la faire tourner la jugeant trope incontrôlable. Mais le public lui ne s’y trompe pas. Le tournant majeur de sa carrière survient en 2000 lorsqu’elle est révélée au public français dans le film Le harem de madame Osman de Nadir Moknesche. Le succès critique est immédiat. Les magazines culturels découvrent une actrice d’une rare intensité mélange d’exubérance méditerranéenne et de lucidité à Serbe.

 Elle enchaîne alors les apparitions dans le cinéma d’auteur franco-algérien participant à des festivals prestigieux tels que Cann, Berlin ou Marrakech. Elle devient sans l’avoir cherché une sorte d’ambassadrice officieuse dans Maghreb moderne désacralisée incarnée par une femme mure qui refuse de se taire. Entre 2001 et 2010, Buuna accède à une visibilité exceptionnelle pour une artiste maghrébine.

 Invité sur les plateaux de Tarata, vivement dimanche ou encore dans des émissions politiques, elle dérange autant qu’elle fascine. Elle n’hésite jamais à critiquer le gouvernement algérien, les normes sociales rigides ou le racisme latant de certains cercles culturels français. Chaque intervention est un moment d’anthologie souvent repris par la presse.

 En parallèle, elle connaît un véritable succès musical avec l’album Blonde dans la case sorti en 2006. Ce disque mélan Rail jazz et chansons française s’impose comme une œuvre inclassable. Elle y chante en arabe, en français, en Kaby parfois racontant Alger, l’exil, les femmes, la vieillesse avec un ton tantôt ironique, tantôt profondément mélancolique.

 Ce projet lui ouvre les scènes européennes : Olympiade Paris, festival en Suisse, Belgique, Lyon, Marseille. Mais derrière cette trajectoire éclatante, Buuna reste en décalage. Refusant les compromis, elle se heurte à des mondes qui peinent à l’embrasser pleinement. Trop algérienne pour certains en France, trop provoquante pour d’autres en Algérie.

Elle n’appartient à aucun courant, à aucun clan. Elle est seule, singulière, libre. Célébrée comme la grande gueule du Maghreb, elle n’a pourtant jamais été décorée officiellement. Elle ne fut ni chevalière des arts et lettres, ni invitée à l’Élysée. Sa popularité s’est construite sans réseau, sans appuis politique, uniquement par la force de sa parole et de son talent.

 Une icône insoumise qui aura refusé jusqu’au bout d’être lisse ou prévisible. L’appartement d’Alger était plongé dans le silence. Un rideau battait doucement au vent, laissant entrer la lumière voilée d’un matin de novembre. C’est là dans sa maison natale du quartier Bouwisdad que le corps de Buna a été retrouvé le 18 novembre 2025 par sa fille cadette venue lui rendre visite après plusieurs appels restés sans réponse.

À 73 ans, la diva algérienne s’est éteinte loin des projecteurs comme si la scène elle-même avait fermé son rideau. Selon les premières informations relayées par Elatan et confirmé par le Parisien, elle aurait su combler à une insuffisance respiratoire aigue aggravée par une forme de bronchite chronique dont elle souffrait depuis plusieurs mois.

Elle avait été hospitalisée brièvement en septembre à Alger, mais avait choisi de rentrer chez elle, refusant les soins intensifs. Son état de santé s’était visiblement détérioré ces dernières semaines, bien qu’aucune alerte publique n’ait été lancée. Une décision que certains proches jugent aujourd’hui courageuse, d’autres inquiétantes.

Aucune autopsie n’a été exigée. La cause de la mort ayant été médicalement documentée. Toutefois, la discrétion qui entourait ces derniers instants a alimenté plusieurs rumeurs dans les médias sociaux. Certaines voix ont évoqué un isolement volontaire. D’autres ont pointé un abandon par les institutions culturelles algériennes.

 Un journaliste de TV5 Monde qui l’avait interviewé en 2022 affirma qu’elle se disait épuisée par les faux sourires et déçues par les silences de certains collègues. Ces confidences, longtemps reléguées au second plan ont soudainement pris un poids nouveau. Son décès fut annoncé sobrement, d’abord par un communiqué familial transmis à la presse locale, puis relayé par de médias français comme France 24, le Monde et Télérama.

 Pourtant, aucune chaîne nationale française ne consacra des missions spéciales à sa mémoire, ni même à un bandeau hommage. À Alger, un court message du ministère de la culture fut publié sans cérémonie officielle. Les fans eux réagirent avec émotion et colère sur les réseaux sociaux, partageant vidéos, extraits de films, souvenirs d’enfance.

Beaucoup soulignèrent l’injustice de ce silence institutionnel. Elle a tout donné et on ne lui donne même pas une chanson d’adieu. L’enterrement a eu lieu dans la plus stricte intimité au cimetière Elquetar à Alger. Seuls quelques membres de la famille et des amis proches étaient présents.

 Aucun ministre, aucun représentant culturel français ou algérien n’y fut vu. L’image publiée dans l’expression de ces deux filles voilées et tenant les portraits de leur mère entre les tombes blanches, devint viral comme une dénonciation muette du traitement réservé à une icône. Ce qui frappa les observateurs, ce fut l’écart entre la grandeur de l’artiste et la petitesse du deuil officiel, elle qui avait foulé les scènes de l’Olympia.

qui avait osé chanter en arabe en primeetime sur France I qui avait offert aux femmes du Maghreb une parole libre se voyait quitter le monde sans couverture télévisé sans dossier hommage sans mention dans les émissions culturelles phare des critiques commencèrent à émerger dès la fin novembre dans Jeune Afrique un éditorial intitulé La mort d’une reine sans royaume dénonçait le double abandon celui de la France qu’il avait encensé mais jamais décoré et celui d’Algérie qui l’avait censuré Tout en profitant de

sa popularité. À travers Buna, écrivait l’auteur, c’est toute une génération d’artistes hybrides qui se sent orpheline, ni totalement ici, ni vraiment là-bas. Plusieurs artistes se mobilisèrent sur les réseaux sociaux. La chanteuse Soad Massi, l’acteur Samina Serie ou encore l’humoriste Féag confière sur France Interre.

 Elle avait une gueule, une voix, une histoire. On l’aimait ou pas, mais on ne pouvait pas l’ignorer et pourtant on l’a ignoré jusqu’au dernier souffle. Des hommages spontanés eurent lieu à Marseille, Paris, Genève, des projections de ces films, des lectures publiques de ses chansons, des veillets musicales. Mais toujours ces gestes venaient du peuple, des artistes, jamais des institutions.

Un silence lourd donc entoura les derniers jours de Bona. Un silence paradoxal pour une femme qui n’a cessé de faire du bruit, de déranger, de faire rire, pleurer, penser. Un silence que sa voix rque et vibrante viendra sans doute encore longtemps hanté. Car si les rideaux se sont fermés, ces mots eux n’ont jamais été aussi vivants.

 Au moment de sa disparition, Biuna ne faisait pas partie des célébrités millionnaires du showbsiness européen, mais son patrimoine, fruit de plus de quatre décennies de carrière entre l’Algérie et la France, suscite aujourd’hui une relecture à la lumière de son héritage culturel et symbolique. Contrairement à d’autres artistes maghrébains peu exposés ou restés cantonné au circuit national, elle avait réussi à franchir les frontières apparaissant dans plus de 25 films et séries, enregistrant des albums diffusés sur les grandes ondes françaises et

montant sur des scènes prestigieuses à Paris, Marseille, Bruxelles ou Genève. Ce parcours à lui seul a généré un revenu stable et durable. Les estimations, bien que non confirmées par des sources financières comme Forbs ou Challenge, convergent autour d’une fourchette raisonnable entre 2 et 3 millions d’euros au moment de sa mort.

Cette somme résulte d’un ensemble d’actifs diversifiés, droits d’auteur, cachet de tournage, royalties musicaux et surtout patrimoine immobilier. Selon Elabar et le matin d’Algérie, Biuna possédait une grande maison de style colonial à Bouwdad, quartier où elle était née, rénové au fil des ans et conservé comme un repère familial.

 Elle s’y était réinstallée dans les années 2010 après avoir vécu plusieurs années entre Paris et Marseille. À cela s’ajoute un appartement en France évoqué à plusieurs repris dans les entretiens qu’elle avait donné à la presse. Bien que son adresse exacte n’ait jamais été dévoilé publiquement pour des raisons de sécurité, plusieurs sources affirment qu’elle l’utilisait pour ses séjours prolongés lors de tournage ou de concert.

 Sa valeur située entre 300000 et 400000 € selon le marché local représente une partie importante de sa fortune européenne. Mais la composante la plus dynamique de son patrimoine reste ses droits artistiques. Après son décès, une forte hausse d’audience a été enregistrée sur les plateformes de streaming. Ces films comme le Harem de Madame Osman ou DC Paloma ont été redécouverts.

 Ces chansons comme une blonde dans la case ont été massivement téléchargées ou écoutées. Plusieurs chaînes ont même rediffusé des talkshow anciens dans lesquels elle apparaissait, alimentant l’intérêt pour ses archives. Ce regain a permis une revalorisation immédiate de ses droits d’auteur dont les montants précis restent confidentiel mais qui devraient rapporter des revenus réguliers à ses héritiers.

 La question de la succession ne semble pas avoir posé de litige majeur. Bouna était mère de deux filles aujourd’hui reconnues comme seul bénéficiaire légal. Elles ont hérité à parts égal de l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers ainsi que des contrats d’exploitation artistique encore actifs. Aucune procédure judiciaire n’a été engagée et aucun refus d’héritage n’a été signalé.

 Le notariat algérien en collaboration avec les avocats mandatés à Marseille a procédé à l’ouverture de la succession en décembre 2025. Selon Alger républicains, les héritières ont exprimé le soit de préserver la maison de Bellisdad comme un lieu de mémoire, peut-être un jour transformé en centre culturel.

 Ce projet encore embryonnaire pourrait donner à la ville d’Alger un espace emblématique dédié à une artiste qui a tant fait pour l’image de la femme maghrébine libre. Enfin, des initiatives citoyennes ont vu le jour, notamment une pétition lancée en ligne pour qu’une des salles de spectacles d’Alger soit rebaptisée à son nom.

 Ce mouvement, bien que non encore couronné de succès, témoigne d’un attachement réel et profond du public à la mémoire de Biuna. Son patrimoine, loin d’être simplement financier, demeure un leg artistique, féministe et identitaire. Une richesse construite dans l’irrévérence et la passion qui dépasse les chiffres pour rejoindre la mémoire collective.

La disparition de Buna ouvre une réflexion douloureuse sur le sort réservé aux artistes venus d’ailleurs, même après avoir conquis le cœur du public. Pourquoi une femme aussi emblématique célébrée autant à Paris qu’à Alger n’a-t-elle pas eu droit à un hommage national digne de sa trajectoire ? Pourquoi ces derniers jours furent-ils enveloppés de silence alors que ces mots avaient raisonné si fort si longtemps ? Biyuna n’était pas une star formatée.

Elle ne correspondait à aucune case, ni douce, ni conciliante, ni apolitique. Elle disait ce qu’elle pensait, sans détour, sans stratégie. Et cela dans l’univers du divertissement où tout est calibré, polissé finit souvent par déranger. Elle n’a jamais été récupérable. C’est peut-être ce qu’il a rendu si authentique, mais c’est aussi ce qu’il a laissé parfois en marge des grands circuits de reconnaissance.

Sa trajectoire pose une question majeure. Que fait-on des artistes qui ne flattent pas le pouvoir ? Le public, lui ne l’a jamais abandonné. Mais les institutions, en France comme en Algérie ont souvent préféré ignorer sa présence ou la tolérer sans le nourrer. Cela interroge sur la place réservée aux voies dissidentes, notamment féminine, dans les récits culturels officiels.

Elle était une femme, une maghrébine, une comédienne libre, vieillissante mais lucide. Et dans ce triple miroir, nombreux sont ceux qui se sont reconnus. Son audace a permis à toute une génération de femmes de se sentir légitime à dire, à chanter, à jouer. Aujourd’hui encore, des actrices franco-algériennes revendiquent son héritage.

La gloire dans son cas fut intime, populaire mais pas institutionnelle. Elle n’a jamais reçu de médaill de légion d’honneur ni même un hommage télévisé. Cela révèle la cruauté silencieuse d’un système qui célèbre la conformité et ignore la voix libre. Chers téléspectateurs, Biyuna nous oblige à repenser ce que nous appelons la reconnaissance.

 Est-elle dans les chiffres, dans les médailles ou dans la mémoire vive que laissent les artistes dans le cœur des gens ? Car en croire les messages, les larmes, les vidéos partagées après sa mort, n’a jamais été oubliée. C’est peut-être cela la vraie postérité. Elle est partie comme elle a vécu, sans demander la permission, sans maquiller sa vérité.

Bununa, dont la voix grondait comme un tonner dans les cabarets d’Alger, dont les éclats de rire faisaient vibrer les plateaux de télévision, repose désormais loin du tumulte, mais son ombre plane encore. Le rideau est tombé mais le souvenir reste indomtable. La femme que l’on a tant applaudi, tant critiquée, tant redoutée aussi, laisse derrière elle plus qu’une carrière, une empreinte.

 celle d’une artiste sans concession, d’une figure féminine qui a osé vieillir sans s’excuser, d’une parole libre dans deux pays, souvent frileux à la franchise. Mesdames, messieurs, le silence autour de sa mort n’est pas un oubli, il est un miroir, un reflet de ce que nous ne voulons parfois pas voir, que certaines voix trop libres, trop vraies, dérangent même dans la dieu.

 Alors, souvenez-vous de Buna, comme on se souvient d’une claque salutaire, d’une chanson qui dérange, d’un rire qui résiste. Et vous, vous rappelez-vous encore de qui elle était ?