La maison abandonnée de Biyouna, où elle est décédée dans la solitude, et dont la valeur nette du patrimoine reste un secret.

Il y a des silences qui sont plus assourdissants que tous les éclats de voix. Celui qui a enveloppé la disparition de Biyouna en novembre 2025 restera à jamais gravé comme l’un d’eux. Elle faisait rire, pleurer, réfléchir, mais sa mort n’a déclenché ni hommage national, ni effusion médiatique digne de ce nom. La diva algérienne au franc-parler légendaire, l’icône indomptable des scènes française et nord-africaine, s’est éteinte à 73 ans dans l’intimité de sa maison natale à Alger, comme si le monde avait volontairement choisi de l’oublier.
Pourtant, cette femme n’a jamais laissé personne indifférent. Icône pour les uns, provocatrice pour les autres, Biyouna a passé quatre décennies à faire trembler les conservateurs par ses prises de parole sans filtre. Elle a incarné la modernité, l’insolence et surtout la liberté pour toute une génération de femmes maghrébines. Pourquoi alors une artiste de cette trempe, célébrée à Paris comme à Alger, est-elle partie sans fanfare ni reconnaissance publique ? Derrière le rideau baissé, son adieu forcé expose au grand jour la cruauté silencieuse d’un système qui préfère la conformité à la voix libre.
De Bellecour à l’Olympia : L’Irruption d’une Légende
Née Baya Bouzar le 13 septembre 1952 dans le quartier populaire de Bellecour à Alger, l’enfance de Biyouna est façonnée par les bouleversements de la période coloniale. Dès l’âge de dix ans, elle monte sur scène, révélant un tempérament exubérant et une voix rocailleuse déjà chargée d’émotion. Rapidement surnommée Biyouna, elle s’impose comme une figure singulière, oscillant entre comédie, chant et une provocation toujours assumée.
C’est dans les cabarets d’Alger, dans les années 1970, que sa carrière décolle véritablement. Elle y impose un style ironique et irrévérencieux, se moquant sans détour de la société patriarcale avec une liberté qui, à l’époque, était tout simplement explosive. Son visage devient ensuite familier du public algérien à travers des séries télévisées populaires où elle incarne des femmes fortes, drôles, et surtout, jamais soumises. Son humour tranchant, sa capacité à parler sans détour de religion, de sexe ou de politique, la rendent aussi adorée que redoutée. Elle bouscule les codes, quitte à se heurter aux réalisateurs qui la jugent parfois « trop incontrôlable ».
Le grand tournant international a lieu en 2000 avec le film Le harem de madame Osman de Nadir Moknesche. Le succès critique en France est immédiat. Les médias culturels découvrent une actrice d’une rare intensité, un mélange détonnant d’exubérance méditerranéenne et de lucidité acerbe. Elle enchaîne alors les rôles au cinéma, fréquente les festivals prestigieux comme Cannes ou Berlin, et devient l’ambassadrice non officielle d’un Maghreb moderne et désacralisé.
Entre 2001 et 2010, Biyouna accède à une visibilité exceptionnelle en France. Elle est l’invitée des plateaux de Taratata, de Vivement Dimanche et même d’émissions politiques, où elle dérange autant qu’elle fascine. Elle critique le gouvernement algérien, les normes sociales rigides, le racisme latent. Chaque intervention est un moment d’anthologie, car Biyouna ne s’excuse jamais d’être elle-même.
En parallèle, elle connaît un succès musical retentissant avec l’album Blonde dans la case (2006), un disque inclassable qui mêle Raï, jazz et chanson française. Elle y chante l’exil, les femmes, la vieillesse avec un ton tantôt ironique, tantôt profondément mélancolique. Ce projet lui ouvre les scènes européennes : l’Olympia de Paris, des festivals en Suisse, Belgique, Lyon, Marseille.
La Prophétie de l’Abandon
Malgré cette trajectoire fulgurante, Biyouna est restée en permanence en décalage. Elle refusait le compromis, se heurtait à des mondes qui peinaient à l’accepter pleinement : « Trop algérienne pour certains en France, trop provoquante pour d’autres en Algérie ». Elle était seule, singulière, libre, et n’appartenait à aucun clan. Célébrée comme la “grande gueule du Maghreb,” elle n’a pourtant jamais été décorée officiellement. Elle ne fut ni chevalière des Arts et des Lettres, ni invitée à l’Élysée. Sa popularité s’est construite sur la seule force de son talent et de sa parole, sans l’appui des réseaux politiques ou culturels établis. Elle était l’icône insoumise qui aura refusé d’être lisse jusqu’au bout.
Ce positionnement de “grande gueule” aura, semble-t-il, un prix. Retrouvée le 18 novembre 2025 par sa fille cadette dans sa maison de Bouwisdad, Biyouna s’est éteinte à la suite d’une insuffisance respiratoire aiguë, aggravée par une bronchite chronique. Elle avait choisi de rentrer chez elle, refusant les soins intensifs de l’hôpital. Une décision que l’on qualifie aujourd’hui de courageuse, ou d’inquiétante.
La discrétion qui a entouré ses derniers moments a rapidement alimenté les rumeurs d’isolement et d’abandon. Un journaliste de TV5 Monde a rapporté qu’elle se disait épuisée par les faux sourires et déçue par les silences de certains collègues. Ces confidences, longtemps reléguées au second plan, ont pris un poids terrible après l’annonce de son décès.
L’Indignité d’un Adieu Muet

Le contraste entre l’immense stature de l’artiste et la petitesse de l’hommage fut la plus grande source de colère et d’indignation. L’annonce de son décès fut sobre, relayée par un communiqué familial. Pourtant, aucune chaîne nationale française n’a consacré d’émission spéciale à sa mémoire. À Alger, le ministère de la Culture a publié un court message, sans cérémonie officielle.
Les fans, eux, ont réagi avec une émotion et une colère palpables sur les réseaux sociaux. « Elle a tout donné et on ne lui donne même pas une chanson d’adieu », s’insurgeaient de nombreux internautes.
L’enterrement, qui eut lieu dans la plus stricte intimité au cimetière El-Kettar à Alger, a cristallisé l’injustice. Aucun ministre, aucun représentant culturel français ou algérien n’était présent. L’image de ses deux filles, voilées, serrant les portraits de leur mère entre les tombes blanches, est devenue virale : une dénonciation muette du traitement réservé à une icône.
Elle qui avait foulé les scènes de l’Olympia, qui avait osé chanter en arabe en prime-time, et qui avait offert aux femmes du Maghreb une parole libre, se voyait quitter le monde sans couverture télévisée, sans dossier hommage, sans mention dans les émissions culturelles phares.
Dès la fin novembre, la critique a émergé. Un éditorial de Jeune Afrique, intitulé « La mort d’une reine sans royaume », dénonçait le double abandon : celui de la France, qui l’avait encensée mais jamais décorée, et celui de l’Algérie, qui l’avait censurée tout en profitant de sa popularité. Biyouna, écrivait l’auteur, représentait toute une génération d’artistes hybrides qui se sentent « ni totalement ici, ni vraiment là-bas ». Des artistes comme Souad Massi, Samy Nacéri, ou Fellag ont beau lui rendre hommage sur France Inter, leurs gestes viennent du peuple et des artistes, jamais des institutions.
Un Patrimoine Qui Défie les Chiffres
Au moment de sa disparition, Biyouna ne faisait certes pas partie des célébrités millionnaires du show-business européen. Cependant, son patrimoine, fruit de plus de quatre décennies de carrière, est aujourd’hui réévalué à la lumière de son héritage culturel et symbolique. Ses estimations convergent vers une fourchette de 2 à 3 millions d’euros au moment de sa mort. Cette somme résulte de ses droits d’auteur, ses cachets de tournage, ses royalties musicales, mais surtout de son patrimoine immobilier.
Selon la presse algérienne, Biyouna possédait une grande maison de style colonial dans le quartier de Bouwisdad, qu’elle avait conservée comme un repère familial. Elle s’y était réinstallée dans les années 2010. À cela s’ajoute un appartement en France, utilisé pour ses séjours prolongés, dont la valeur est estimée entre 300 000 et 400 000 euros.
Mais la composante la plus dynamique de son héritage reste ses droits artistiques. Après son décès, une forte hausse d’audience a été enregistrée sur les plateformes de streaming. Ses films comme Le Harem de Madame Osman et ses chansons comme Blonde dans la case ont été redécouverts et massivement écoutés. Ce regain a permis une revalorisation immédiate de ses droits d’auteur, assurant un revenu régulier à ses héritiers.
La succession, gérée par ses deux filles reconnues comme les seules bénéficiaires, ne fait l’objet d’aucun litige majeur. Elles ont hérité à parts égales de l’ensemble des biens. Surtout, elles ont exprimé le souhait de préserver la maison de Bouwisdad comme un lieu de mémoire, avec le projet embryonnaire de la transformer en centre culturel. Un projet qui, s’il se concrétise, donnerait enfin à la ville d’Alger un espace dédié à une artiste qui a tant fait pour l’image de la femme maghrébine libre.
L’Héritage d’une Voix Dissidente
La disparition de Biyouna pose une question majeure : que fait-on des artistes qui ne flattent pas le pouvoir ? Elle n’était pas une star formatée. Elle n’était ni conciliante, ni apolitique. Elle disait ce qu’elle pensait sans stratégie. Dans l’univers calibré du divertissement, cela finit souvent par déranger. Biyouna n’a jamais été « récupérable », ce qui a fait son authenticité, mais l’a aussi laissée en marge des grands circuits de reconnaissance.
Le public, lui, ne l’a jamais abandonnée. Mais les institutions, en France comme en Algérie, ont souvent préféré ignorer sa présence ou la tolérer sans l’honorer. Cela interroge sur la place réservée aux voix dissidentes, notamment féminines, dans les récits culturels officiels. Biyouna était un triple miroir — femme, maghrébine, comédienne libre et vieillissante — dans lequel nombreux se sont reconnus. Son audace a permis à toute une génération de femmes de se sentir légitime à dire, à chanter, à jouer.

Elle n’a jamais reçu de médaille, de Légion d’honneur, ni même un hommage télévisé. Son oubli est le symptôme d’une cruauté silencieuse d’un système qui célèbre la conformité et ignore la vérité brute.
Biyouna nous oblige à repenser la notion de reconnaissance. Est-elle dans les chiffres et les médailles, ou dans la mémoire vive que l’artiste laisse dans le cœur des gens ? Car à en croire les larmes et les messages partagés après sa mort, Biyouna n’a jamais été oubliée.
Elle est partie comme elle a vécu, sans demander la permission, sans maquiller sa vérité. Le silence autour de sa mort n’est pas un oubli : il est un miroir, le reflet de ce que nous ne voulons parfois pas voir, que certaines voix, trop libres, trop vraies, dérangent, même dans l’adieu. Le souvenir de Biyouna, dont la voix grondait comme le tonnerre, est celui d’une claque salutaire, d’un rire qui résiste. Le rideau est tombé, mais son empreinte reste indomptable.
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