Ce témoignage bouleversant que je vous partage aujourd’hui est le fruit d’une expérience personnelle qui m’a profondément marquée. En prenant la parole publiquement, j’espère non seulement libérer ma propre voix, mais aussi montrer les mécanismes du contrôle coercitif qui, trop souvent, sont incompris et invisibilisés. C’est un sujet douloureux, mais nécessaire à exposer pour que les autres puissent enfin prendre conscience de ce qu’implique ce type de relation toxique.

Je me permets de prendre quelques notes, non pas par manque de mémoire, mais parce que je suis impressionnée d’être ici, devant vous, en train de raconter ce qui a été une part cachée de ma vie. Il est difficile d’admettre qu’on a été victime de telles manipulations, surtout quand la société a tendance à minimiser ce genre de comportements. Pendant un an et quatre mois, j’ai vécu une relation où, petit à petit, des comportements de contrôle coercitif se sont installés. Au départ, tout semblait normal, voire passionnel, mais au fur et à mesure, j’ai ressenti un isolement de plus en plus profond. L’homme avec qui j’étais, un homme qui semblait si aimant et attentionné au début, a commencé à détruire ma confiance en moi. Il ne supportait que l’amitié d’une seule de mes amies, celle qui le trouvait « super », tandis que toutes les autres étaient dénigrées et insultées. Peu à peu, je me suis retrouvée seule, isolée, sans mes repères et mes soutiens.

Au-delà de cet isolement social, il y a eu aussi l’impact de la maladie que je porte depuis l’enfance, une maladie auto-immune qui me fatigue physiquement et m’épuise mentalement. Mais ce qui a été plus grave, c’est ce que cette relation m’a fait subir sur le plan émotionnel. Il me provoquait des colères que j’avais du mal à comprendre, retournait mes réactions contre moi et me traitait de « folle ». Il m’humiliait, me faisait me sentir inférieure, non seulement sur mon apparence, mais aussi sur mon milieu social et ma façon de m’exprimer. Il m’a fait croire que ses amis ne m’aimaient pas, qu’ils me trouvaient stupide. En réalité, il me tenait constamment sous contrôle. Il m’empêchait de bouger, me saisissait les bras d’une manière presque violente pour me contenir. C’est ainsi qu’un jour, lors d’une dispute, il m’a fracturé le nez d’un coup de tête, un accident qu’il a eu le culot de justifier. Il m’a dit que c’était « un accident », comme si un homme pouvait casser le nez d’une femme sans raison.

Cela m’a fait perdre peu à peu confiance en moi, mais aussi en ma perception de la réalité. J’ai commencé à minimiser des choses que je n’aurais jamais dû accepter. Des détails apparemment insignifiants qui, mis bout à bout, ont détruit la personne que j’étais. Et si, aujourd’hui, je peux enfin en parler, c’est parce que j’ai pris conscience que je ne suis pas seule dans cette situation. Je ne suis pas la première à subir ce genre de comportement, et malheureusement, je ne serai peut-être pas la dernière.

Sur une période de quinze ans, cinq anciennes compagnes de cet homme ont pris la parole, témoignant de comportements similaires. Ces femmes, qui le connaissaient bien, qui avaient partagé des vies, des familles et des enfants avec lui, ont toutes dénoncé le même type de pression, de menaces et de violence psychologique. C’est inédit. Et pourtant, malgré deux plaintes déposées contre lui, certaines femmes ont encore peur de parler. Cet homme est puissant, soutenu par des personnalités influentes et disposant de ressources financières considérables, ce qui rend encore plus difficile le fait de se faire entendre.

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Il est temps de prendre ces témoignages au sérieux. Le contrôle coercitif, qui commence souvent par des comportements subtils, peut mener à des situations extrêmement graves, y compris des féminicides. Lorsque cinq femmes témoignent de la même chose sur une durée de quinze ans, cela doit être un signal d’alarme. Aujourd’hui, je témoigne pour que cela cesse, pour que d’autres femmes n’aient pas à traverser la peur et le silence dans lesquels je me suis retrouvée enfermée pendant trop d’années. Car la réalité, c’est que tout ça n’a été pris au sérieux que lorsque j’ai enfin eu le courage de parler. Avant cela, mes plaintes étaient ignorées.

Dans la société actuelle, où des entreprises et des marques prônent des valeurs de droits humains et d’égalité, il est décevant de voir que même les sociétés qui emploient des hommes comme celui-là n’ont pas pris la parole. Cela fait plus de dix ans que l’événement a eu lieu, et malgré le traumatisme toujours présent, je trouve le courage de parler. Mais ce n’est pas la violence physique qui m’a le plus marquée, ce sont les cicatrices invisibles, les blessures psychologiques qui m’ont conduite à des périodes de dépression et, pour certaines, à des pensées suicidaires.

Aujourd’hui, l’affaire est entre les mains de la justice, et j’espère qu’elle prendra en compte l’ampleur de ce contrôle coercitif, même si la prescription est déjà passée. Mais il est primordial de comprendre que ces violences ne se limitent pas aux coups physiques ; elles s’installent dans le quotidien, altèrent la perception de soi, brisent des vies. En ce moment, alors que je m’exprime ici, je sais qu’il est possible de mettre fin à ce cycle. Mais cela ne pourra se faire qu’en prenant les témoignages de femmes comme moi au sérieux.

Enfin, j’aimerais conclure en soulignant que ce n’est pas facile de trouver la force de parler après tant d’années de silence, mais je le fais pour toutes celles qui n’ont pas encore osé. Si aujourd’hui, vous êtes dans une situation similaire, sachez que vous n’êtes pas seules, et qu’il est possible de briser ce silence. Il est temps que les femmes se soutiennent mutuellement, qu’elles se donnent la liberté de parler et de se protéger.