La Star Academy continue, saison après saison, de passionner les téléspectateurs français. Vingt-trois ans après son lancement, le programme de TF1 demeure l’un des télé-crochets les plus suivis, les plus discutés, mais aussi — et on l’oublie souvent — l’un des plus éprouvants pour ceux qui y participent, élèves comme professeurs. Alors que la 13ᵉ saison vient tout juste d’être inaugurée, l’ancien professeur de théâtre Oscar Sisto a accepté de revenir sur son expérience au sein du château de Dammarie-les-Lys dans une interview accordée à Sam Zirah. Un témoignage poignant, où l’homme de scène évoque pour la première fois l’extrême violence de certaines réactions du public à son égard.

Dans cette conversation sans détour, Oscar Sisto révèle qu’il a été, à plusieurs reprises, la cible de menaces de mort. Oui, de menaces de mort — pour une émission de télévision. Pour des nominations. Pour des décisions artistiques qui, comme il le rappelle, n’étaient en rien des attaques personnelles mais simplement les règles du jeu. « Ça nous est arrivé. On a été menacés de mort suite à quelques éliminations… Donc on avait des flics en bas de chez nous », confie-t-il, encore marqué par l’ampleur de ces débordements. Derrière les paillettes, la musique et l’euphorie des primes, la réalité était parfois bien plus sombre pour les membres du corps enseignant.

Le professeur de théâtre dénonce une démesure totale, une disproportion entre ce qu’est réellement la Star Academy — un concours de chant télévisé — et la virulence avec laquelle certains téléspectateurs la vivent. Il cite d’ailleurs une phrase bien connue de Cyril Hanouna : « La télé, ce n’est que de la télé ». Sisto reprend cette réflexion à son compte pour souligner l’absurdité de certaines réactions. « Là, ce n’est qu’un concours de chant de plus ! » rappelle-t-il. Et il fait une comparaison frappante : comme pour n’importe quel examen — un concours d’entrée au conservatoire, un concours de médecine — il y a des éliminations. On ne peut pas tout réussir, on ne peut pas prendre tout le monde. La différence, selon lui ? « Personne ne te filme. » À la Star Academy, chaque décision est scrutée, commentée, jugée par des millions de personnes, dont certaines n’hésitent pas à franchir les limites de l’acceptable.

Ce témoignage n’est malheureusement pas isolé. D’autres professeurs ont, eux aussi, subi cette pression extrême, parfois au point d’en être bouleversés. Raphaëlle Ricci, figure emblématique de l’expression scénique dans les premières saisons, avait déjà brisé le silence en 2020 lors d’un live Instagram. Connue pour son exigence et son franc-parler, la coach confiait alors avoir reçu, elle aussi, des menaces de mort, mais pas seulement. « J’avais des crottes de chien dans ma boîte aux lettres, des gens venaient devant chez moi », racontait-elle, soulignant combien la célébrité télévisuelle peut parfois virer au cauchemar. Pour elle, l’ampleur médiatique prise par l’émission avait rendu certaines situations « super compliquées à gérer ». Une phrase qui trouve un écho troublant dans les propos d’Oscar Sisto.

Pourquoi de telles réactions ? La Star Academy génère depuis toujours des passions dévorantes. Les téléspectateurs s’attachent aux élèves, se reconnaissent dans leurs doutes, leurs progrès, leurs fragilités. Voir un candidat favori quitter prématurément l’aventure peut déclencher colère, frustration ou incompréhension. Mais depuis plusieurs années, les réseaux sociaux ont décuplé cette intensité émotionnelle, permettant instantanément à des anonymes de dépasser la simple critique pour tomber dans l’insulte et parfois la menace. Ce phénomène, bien connu depuis l’explosion des télé-crochets, révèle les dérives de la surmédiatisation et la difficulté croissante de préserver les personnalités publiques de la toxicité en ligne.

Dans ce contexte, les paroles d’Oscar Sisto résonnent comme un rappel salutaire : la Star Academy reste un spectacle. Une émission de divertissement. Les professeurs qui y participent ne sont ni des bourreaux, ni des adversaires, mais des pédagogues qui cherchent à faire progresser leurs élèves dans un cadre contraignant. Leur rôle est d’évaluer, de trancher parfois, mais toujours dans l’intérêt de la formation. De leur côté, les candidats eux-mêmes sont conscients que les nominations font partie intégrante du processus — un apprentissage difficile mais essentiel pour une carrière artistique.

L’interview de Sisto intervient au moment où la 13ᵉ saison démarre avec un engouement renouvelé. Le public est au rendez-vous, les élèves sont motivés, les professeurs investis. Mais cette mise en lumière des coulisses rappelle combien il est important d’aborder ce divertissement avec recul et bienveillance. Les talents de demain méritent un environnement encourageant, et les enseignants méritent d’exercer leur mission sans craindre pour leur sécurité.

En révélant ces menaces, Oscar Sisto apporte une pierre essentielle à la réflexion sur la responsabilité du public et des médias dans la construction — ou la destruction — d’une carrière artistique. Plus encore, il invite chacun à retrouver une juste mesure : soutenir ses favoris, vibrer pour un prime, avoir des préférences… oui. Menacer, harceler, intimider… jamais.

La Star Academy continue d’écrire son histoire, faite de succès, d’émotions et de musique. Mais les témoignages de ses professeurs rappellent que derrière la magie du spectacle se cachent des femmes et des hommes qui méritent respect et humanité. Une leçon qui, elle aussi, vaut largement d’être apprise.