Bérangère Fagart ferme Sélune : la jeune cheffe de Top Chef 2023 tourne une page de sa vie

C’est une annonce qui a attristé de nombreux gourmands et habitués du XIᵉ arrondissement de Paris. Le 1ᵉʳ décembre 2025, sur son compte Instagram, Bérangère Fagart, figure révélée au grand public lors de l’édition 2023 de Top Chef, a fait savoir qu’elle fermait les portes de son restaurant Sélune. Une décision mûrement réfléchie, empreinte d’émotion, qui marque la fin d’une aventure professionnelle et personnelle débutée six ans plus tôt.

Pour ceux qui avaient pris l’habitude de succomber à son carpaccio de Saint-Jacques aux betteraves, à sa courge farcie au Mont d’Or, au quinoa, au cresson et aux amandes, ou encore à sa surprenante tarte coing-fenouil-cardamome, la nouvelle sonne comme un coup d’arrêt brutal. Désormais, ces créations ne pourront plus être dégustées dans ce petit établissement qui avait su séduire un public fidèle.

Une cheffe révélée par Top Chef, mais déjà bien installée dans le paysage culinaire

Si le grand public découvre Bérangère Fagart en 2023 grâce à Top Chef, son parcours dans la gastronomie ne commence pas là. Installée depuis 2019 à la tête de son restaurant Sélune, situé rue de Montreuil, elle avait su créer une adresse singulière, chaleureuse et engagée, à l’image de sa cuisine. Avant cela, elle avait eu une vie professionnelle étonnante : celle d’une artiste mime dans les rues de Barcelone, un passé atypique qui contribuait à façonner son univers créatif.

Dans Top Chef, son aventure aura été brève : elle fut la première éliminée de la saison remportée par Hugo Riboulet, au terme d’une finale mémorable contre Danny Khezzar. Mais cette élimination précoce n’a nullement entamé sa détermination. Bien au contraire, sa participation a renforcé la visibilité d’un restaurant déjà apprécié de sa clientèle locale.

Six années d’une aventure intense, parfois éprouvante

Sur Instagram, Bérangère Fagart revient longuement sur l’histoire mouvementée de Sélune, qui a traversé des périodes aussi belles que difficiles. Dans son message d’adieu, elle écrit :

« C’est la fin. Il est temps pour nous de vous dire au revoir. Sélune a fermé ses portes le 7 novembre 2025. C’est la fin d’une époque pour nous, d’un cycle, qui a commencé le 30 novembre 2019. »

L’ouverture, déjà, avait été marquée par un contexte compliqué : une grève massive de la RATP qui avait paralysé Paris. À peine quelques mois plus tard, la pandémie de Covid-19 venait imposer deux longues périodes de fermeture. Comme beaucoup de restaurateurs, elle avait dû faire preuve de résilience pour maintenir son activité.

Elle poursuit :

« L’ouverture fut célébrée par une grève RATP remarquable puis par l’enchaînement très rapide de deux périodes de fermeture dues au COVID. On est resté debout, résiliant, choisissant toujours la joie et la chance d’être vivant, en bonne santé et bien entourés. »

Cette capacité à tenir, à croire en son projet malgré les obstacles, avait été l’une des forces de Sélune. Le restaurant avait su se construire une identité et un public fidèle, porté par une cheffe investie corps et âme dans son travail.

Le prix de la passion : une vie personnelle sacrifiée

Mais derrière la passion et la créativité se cache également un revers qu’elle expose avec transparence. Elle confie que gérer un restaurant pendant six ans implique des sacrifices majeurs, notamment sur le plan personnel :

« Mais 6 ans à faire tourner un restaurant, c’est aussi choisir d’être au service des autres et mettre en partie de côté sa vie personnelle. »

Comme beaucoup dans la restauration indépendante, Bérangère Fagart souligne aussi la pression économique accrue de ces dernières années :

« Une pression financière de fou », écrit-elle, évoquant un stress quotidien qui exige une énergie constamment positive — une énergie qu’il devient difficile de maintenir quand le rythme ne laisse aucun répit.

Cet aveu touchant révèle un aspect souvent invisible du métier : celui d’un engagement total, parfois épuisant, qui érode progressivement l’équilibre personnel. À force de donner sans compter, la cheffe a ressenti le besoin de mettre un terme à cette vie intense, afin de retrouver un quotidien plus apaisé et plus simple.

Un choix pour se reconstruire : la liberté retrouvée

Son message se teinte alors d’une aspiration nouvelle, plus douce :

« Ressentant le besoin de se reposer pour reprendre des forces et retrouver une vie à peu près ‘normale’, j’ai pris la décision de fermer le restaurant. »

Loin de tout dramatiser, elle place cette fermeture sous le signe de la gratitude et de l’avenir. Pour elle, il s’agit d’une transition vers une autre forme de vie, peut-être une autre étape professionnelle qu’elle annonce de manière encore mystérieuse.

Elle conclut avec une note d’espoir et un appel engagé :

« Soutenons les petites entreprises, les indépendants, ceux qui travaillent fort pour un futur souhaitable, collectif et durable. (…) Maintenant à nous la liberté ! Vous allez nous manquer mais on vous tiendra informés de la suite, promis ! »

Cette déclaration, sincère et lumineuse, résonne comme une invitation à soutenir les artisans du goût, ces chefs qui font vivre la gastronomie au quotidien, souvent au prix d’efforts colossaux.

La fin de Sélune, mais certainement pas la fin de Bérangère Fagart

Avec la fermeture de Sélune — désormais affiché comme « définitivement fermé » sur Google — c’est une page qui se tourne. Mais ce n’est probablement pas la fin de l’histoire pour Bérangère Fagart. Son parcours atypique, sa créativité culinaire et sa résilience laissent penser qu’elle reviendra, d’une manière ou d’une autre, dans l’univers gastronomique ou artistique.

Si cette fermeture surprend et attriste ceux qui appréciaient son travail, elle révèle aussi une cheffe lucide, courageuse, capable de choisir la voie la plus difficile : celle de penser à soi. Alors que tant de restaurateurs peinent à lever le pied malgré l’épuisement, Bérangère Fagart ouvre peut-être une réflexion plus large sur les conditions de travail dans la restauration indépendante.

En attendant, son message laisse entrevoir de nouveaux horizons. Une liberté retrouvée, un repos nécessaire… et peut-être, bientôt, de nouveaux projets. Ses anciens clients l’attendront assurément, fidèles et curieux, prêts à la suivre dans sa prochaine aventure.