On l’accuse de vol… jusqu’à découvrir qu’il est juge de la Cour suprême.

Éloignez-vous du véhicule. Cette Mercedes n’est pas à vous. Agent, je suis le propriétaire de cette voiture. Je peux vous le prouver. Vous en êtes le propriétaire. Nicolas Mercier l’attrape par le col et le tire violemment hors de la voiture. Un homme noir dans une voiture de luxeure. Ne m’insultez pas. Vous l’avez volé.

Stéphane du bois lève les mains, la voix parfaitement calme. Monsieur, si vous vérifiez l’immatriculation, les gens comme vous ont toujours de faux papiers. Nicolas le plaque sur le capot. J’ai vu ça 100 fois. Une petite foule sa troupe. Une adolescente filme en ran. Un homme en costumoche la tête en direction de Nicolas comme s’il était un héros.

 Personne ne remet en question l’agent de police. Tout le monde suspecte l’homme noir. Nicolas lui passe les menottes et sourit. Une arrestation facile. De bons chiffres pour ses statistiques. Une autre journée satisfaisante. Il ne se doute de rien car l’homme noir qu’il vient d’accuser de voler sa propre voiture est juge à la Cour de cassation.

 Et dans 52 minutes, chaque personne présente ici le suppliera de lui pardonner. Ils ne le savent pas encore. Mais cette histoire ne commence pas ici. Elle commence 10 minutes plus tôt dans une salle d’audience qui n’existe que dans le futur. Nicolas Mercier est assis au banc des accusés. Ses mains tremblent. Des gouttes de sueur perles sur sa tempe. L’insigne a disparu.

L’arme a disparu. Le sourire narquois a disparu. Un juge le regarde de haut. Le même homme qui l’a poussé sur un capot. Le même homme qui l’a traité de voleur. Ce moment approche dans 52 minutes. Mais pour l’instant, sur ce parking, Nicolas ne voit rien d’autre qu’une arrestation facile. Un autre homme noir qui n’est pas à sa place.

 Une autre histoire qu’il a entendu 100 fois. Stéphane du bois est allongé, le visage contre le capot de sa propre voiture. Le métal est froid. Ses poigné lui font mal à cause des menottes, mais son esprit est calme, clair, concentré. Il compte les infractions. Aucune cause probable invoquée. 2 aucune possibilité de présenter ses papiers d’identité.

 3 usage excessif de la force sans provocation. Il en est à 14 avant que Nicolas ait fini de le fouiller. D’ici la fin de la journée, il y en aura 18. À l’intérieur de l’hypermarché, une femme consulte son téléphone. Une notification apparaît. Partager la position avec Sandrine. Elle fronce les sourcils. Son mari n’envoie jamais ça.

 Jamais, sauf si quelque chose ne va pas. Elle s’appelle Sandrine Dubois. Elle a passé 23 ans comme à la direction centrale de la police judiciaire. Elle a géré des prises d’otage dans trois pays. Elle a raisonné des hommes armés. Elle a témoigné devant des commissions parlementaires et en ce moment son instinct hurle.

 Elle abandonne son chariot et se dirige vers la sortie. Son pas est régulier, contrôlé. Le pas de quelqu’un qui a appris que la panique tue. À travers les portes vitrées, elle voit le parking, elle voit la foule, elle voit le véhicule de police, elle voit son mari menoté. Sa main se déplace vers son téléphone. Elle ne court pas. Elle ne crie pas. Elle appuie sur le bouton d’enregistrement car Sandrine du Bois, c’est quelque chose que Nicolas Mercier ignore. La documentation gagne.

L’émotion perd. Les preuves sont tout. Elle a 1400000 abonnés grâce à ses apparitions dans des podcasts sur les affaires criminelles. D’ici à ce qu’elle atteigne le parking, ce chiffre n’aura plus d’importance. Mais la diffusion en direct si dans 52 minutes, 2300000 personnes regarderont la carrière de Nicolas Mercier prendre fin en temps réel.

 Le compte à rebour a commencé. Retour en arrière 20 minutes avant les menottes, 20 minutes avant le capot, 20 minutes avant que Nicolas Mercier ne prenne la pire décision de sa vie. Stéphane Dubois entre sur le parking du centre commercial en périphérie de Tour. C’est un samedi après-midi. Le ciel est couvert de ce genre de gris qui rend tout plus lourd.

 Il trouve une place près de l’entrée et envoie un texto à sa femme. J’ai trouvé une bonne place. Prends ton temps. Sandrine répond avec un emoji cœur. Elle attendait ce moment avec impatience. Un weekend normal. Les courses peut-être un film plus tard. Pas de dossier, pas de plaidoirie, pas de salle d’audience. Stéphane sourit et ouvre un document sur son téléphone.

C’est tout ce qui lui reste. La décision doit être rendue mardi matin. La décision qui redéfinira la responsabilité de la police en France. Le paragraphe 52 le fixe. L’irresponsabilité pénale ne saurait protéger une faute intentionnelle. Lorsque des agents instrumentalisent leur autorité contre des citoyens, la loi doit répondre.

 Il a écrit ces mots il y a trois semaines. Il n’avait aucune idée qu’il les vivrait bientôt. Un véhicule de police entre sur le parking. L’agent Nicolas Mercier scanner les voitures. C’est une habitude. 9 ans dans la police. Élu deux fois policier de l’année. Le garçon en du commissariat. Le visage sur les affiches de recrutement. Son regard se pose sur la Mercedes classe S. Belle voiture, très belle.

 Des vitres teintées, des finitions chromées. Le genre de véhicule qui a sa place dans les beaux quartiers, pas devant un hypermarché dans cette partie de la tourne. Puis il voit le conducteur, un homme noir, la cinquantaine, assis seul, regardant son téléphone. La mâchoire de Nicolas se crispe. Quelque chose ne colle pas.

 Quelque chose ne colle jamais quand il voit cette combinaison. Belle voiture, mauvais conducteur. Il a déjà vu ça. Véhicule volé, trafic de drogue, activité de gang déguisé en confort bourgeois. Il vérifie la plaque d’immatriculation. Le système répond en quelques secondes. La Mercedes est immatriculée au nom de Stéphane J. Du bois.

 Adresse dans un quartier aisé. Pas de mandat. Pas de signalement. Casier vierge Nicolas fronce les sourcils. Il relance la recherche. Même résultat vierge. Mais Nicolas fait plus confiance à son instinct qu’à n’importe quel ordinateur. Les ordinateurs peuvent être trompés. Les systèmes peuvent être manipulés. Les fausses immatriculations existent.

Il l’a vu. Il en est certain. Il se garde derrière la Mercedes et sort de son véhicule. Stéphane lève les yeux de son téléphone. Il voit l’agent approcher. Sa main se déplace instinctivement pour baisser la vitre. Un conditionnement de toute une vie. Une vie à savoir comment ces moments peuvent se terminer. Bonjour agent.

 Y a-t-il un problème ? Nicolas ne répond pas à la question. Papier du véhicule est permis de conduire. Bien sûr. Les mouvements de Stéphane sont lents, délibérés, annoncé. Je vais chercher dans ma boîte à gant. Ma carte grise est à l’intérieur. Stop ! La main de Nicolas se déplace vers son étu de pistolet. Sortez d’abord du véhicule. Stéphane marque une pause.

 Puis-je vous demander pourquoi ? J’ai dit : “Sortez.” Agent, je suis tout à fait disposé à coopérer. Vraiment, mais j’aimerais comprendre maintenant. Stéphane ouvre lentement la portière. Il garde ses mains bien visibles. Il a déjà fait ça. Chaque homme noir en France a déjà fait ça. La chorégraphie de la survie, la performance de la non menace. Il se tient à côté de sa voiture.

Mon portefeuille est dans ma poche arrière. Puis-je les mains sur le véhicule. Ne bougez pas. Stéphane obéit. Ses paumes se pressent contre le métal encore chaud de sa Mercedes. Sa Mercedes ? La voiture qu’il a acheté il y a 6 ans. La voiture qu’il a payé avec l’argent qu’il a gagné. La voiture qui est maintenant traitée comme la preuve d’un crime. Une passante remarque la scène.

 Elle sort son téléphone et commence à filmer. Elle doit avoir 17 ans, des créoles, des ongles roses. Elle n’est pas inquiète, elle est amusée. “Wesh, c’est un truc de fou”, dit-elle pour elle-même. D’autres personnes s’oupent. Un couple s’arrête avec son chariot. Un homme en costume d’affaires s’arrête pour regarder. Quelquun oin rit. Nicolas remarque les téléphones. Ça ne le dérange pas.

Il bombe le torse, redresse sa posture, qu’il filme, il est le policier de l’année. Il sait comment se donner en spectacle. Monsieur, ce véhicule a été signalé volé. La voix de Stéphane reste calme. Ce n’est pas possible. C’est ma voiture. Je la possède depuis 6 ans. C’est ce qu’ils disent tous. Si vous vérifiez l’immatriculation, je n’ai pas besoin de vos papiers.

La voix de Nicolas monte. J’ai besoin que vous m’expliquiez pourquoi vous êtes assis dans une voiture de luxe dans un quartier comme celui-ci. Un quartier comme celui-ci ? Les mots flottent dans l’air. La foule les entend. Certains hochent la tête. D’autres ont un sourire narquois. Une femme chuchote à son mari. Il n’a pas tort. Personne ne remet en question la question elle-même.

Personne ne se demande pourquoi un homme noir dans une belle voiture doit fournir une explication. Personne ne se demande ce que un quartier comme celui-ci signifie vraiment. Stéphane prend une profonde inspiration. Agent, je m’appelle Stéphane Dubois. J’habite dans un quartier cossu. J’attends ma femme. Elle est à l’intérieur du magasin.

 Si vous souhaitez vérifier, un quartier cous se moque Nicolas. C’est un beau quartier. Très beau. Comment quelqu’un comme vous peut-il se permettre de vivre là-bas ? Quelqu’un comme vous ? Le téléphone de l’adolescente capture tout. Les commentaires commencent à affluer. MDR. Il a trop le séum. Le flic fait juste son boulot.

 Pourquoi il montre pas juste ses papiers ? Coupable jusqu’à preuve du contraire MDR. Stéphane ne dit rien. Il a appris que les mots ne servent à rien dans ces moments-là. Seul le temps, l’épreuve, la lente machine de la justice. Mais Nicolas n’est pas intéressé par la justice. Il est intéressé par le fait d’avoir raison. Retournez-vous. Les mains derrière le dos. Agent, je n’ai rien fait. Outrage et rébellion.

C’est ce que vous êtes en train de faire. Nicolas saisit le bras de Stéphane et le fait pivoter. Les menottes se referment avec un clic. Trop serré. Le métal mort la peau des poignets de Stéphane. Infraction numéro 8. La foule regarde, personne n’intervient. L’adolescente continue de filmer. L’homme d’affaires consulte sa montre.

Le couple reprend sa marche vers sa voiture. Une grand-mère passe avec son chariot. Elle jette un coup d’œil à Stéphane puis à Nicolas, puis détourne le regard. Elle ne veut pas de problème. Elle a déjà vu ça. Ce ne sont pas ses affaires. Nicolas contacte la centrale par radio. Intervention en cours. Parking du centre commercial.

 Individu de type africain, milieu de la cinquantaine, possible véhicule volé possible non confirmé non vérifié possible mais dans l’esprit de Nicolas possible et suffisant ça a toujours été suffisant. Il guide Stéphane vers le véhicule de police. La portière arrière s’ouvre. Le siège en plastique attend. Stéphane baisse la tête et se glisse à l’intérieur. La porte claque.

À travers la grille de séparation, il observe Nicolas parler à la foule, souriant, hochant la tête, acceptant leur approbation. Les mains menotées de Stéphane reposent sur ses genoux. Ses poignets le lancent, ses épaules lui font mal, mais son esprit reste concentré. Paragraphe 52. L’irresponsabilité pénale ne saurait protéger une faute intentionnelle.

 Il a écrit ses mots pour des cas comme celui-ci. Il n’aurait jamais imaginé qu’il en deviendrait un. Le véhicule de police sent le désinfectant et le vieux café. Stéphane est assis à l’arrière, les mains menotées derrière le dos. Le siège en plastique craque à chaque mouvement. La grille de séparation découpe le monde en petit carré.

 Par la fenêtre, il voit Nicolas s’approcher d’une seconde policière qui vient d’arriver. Une jeune femme, fin de la vingtaine. Son badge indique Martin. L’agent de Chloé Martin observe la scène avec des yeux prudents. Quelque chose ne semble pas normal. La foule est trop amusée. L’arrestation s’est produite trop rapidement. Qu’est-ce qu’on a ? Demande-t-elle. Nicolasse les épaules.

Véhicule volé. Le type prétend que c’est le sien. La Mercedes. Chloé jette un œil à la voiture. J’ai vérifié la plaque en arrivant. Elle est clean. Les systèmes peuvent se tromper. Ils ne se sont pas trompés. La voiture est immatriculée au nom d’un certain Stéphane du bois domicilié dans un quartier résidentiel.

La mâchoire de Nicolas se sert. Alors, il a de bons faux papiers. Ce n’est pas nouveau. Chloé hésite. Elle est dans la police depuis 2 ans. Elle a appris quand insister et quand se taire. Elle sent que c’est le moment d’insister, mais Nicolas est le policier de l’année. Nicolas a des relations. Nicolas a l’oreille du commissaire.

Elle se tait. À l’intérieur du véhicule. Stéphane observe l’échange. Il n’entend pas les mots mais il lit le langage corporel. La jeune policière est incertaine. Elle sait que quelque chose ne va pas mais elle n’agira pas. Il a déjà vu ça. La complicité silencieuse, les calculs de carrière, les petites réditions qui permettent les grandes injustices.

Chloé se dirige vers le véhicule de police et ouvre la portière. Monsieur, puis-je voir une pièce d’identité ? Mon portefeuille est dans ma poche arrière, dit calmement Stéphane. L’agent ne m’a pas autorisé à le prendre. Chloé regarde Nicolas. Nicolas ha osse les épaules. Il n’était pas coopératif. Non coopératif.

Le mot raisonne dans l’esprit de Stéphane. Il n’a pas haussé la voix. Il n’a pas bougé sans permission. Il n’a fait que poser des questions. En France, poser des questions quand on est noir, c’est ne pas être coopératif. Chloé plonge la main dans la poche de Stéphane et en sortte. Elle ouvre. Permis de conduire. Carte de crédit. Une photo de famille.

Stéphane, Sandrine, leur fille enche de diplômé. Elle regarde le permis. Regarde Stéphane, regarde de nouveau le permis. L’immatriculation correspond, dit-elle doucement. C’est sa voiture. Nicolas ne s pas. Ça pourrait être une usurpation d’identité. Ça arrive tout le temps. Nicolas, embarque-le. Laisse les enquêteurs démél. Chloé referme le portefeuille.

Elle veut protester. Elle veut dire que c’est une erreur, mais Nicolas retourne déjà à son véhicule. La décision est prise. Elle croise le regard de Stéphane à travers la grille. “Je suis désolé”, articulta elle sans un son. Il hoche la tête. Il ne lui en veut pas. pas entièrement. Le système est conçu ainsi.

 Il récompense le silence. Il punit le courage, il promeut des gens comme Nicolas et met sur la touche des gens comme Chloé. Jusqu’à aujourd’hui, Nicolas se glisse sur le siège conducteur et démarre le moteur. Sa caméra piéton est fixée sur son torse. La lumière rouge clignote. Enregistrement. Puis elle s’éteint. Nicolas vient de la désactiver. Stéphane le remarque.

Infraction numéro 15. Le véhicule de police quitte le parking. La foule se disperse, l’adolescente met son téléphone dans sa poche déjà en train de monter la vidéo pour un maximum de drame. L’homme d’affaires termine ses courses. La grand-mère charge ses provisions. La vie continue.

 Mais à l’intérieur du commissariat de police, quelque chose est sur le point de se briser parce que le brigadier de l’accueil est sur le point de taper un nom dans le système et quand il le fera, son écran se figera et quand il passera un appel, une chaîne d’événement se mettra en mouvement. Le commissaire Olivier Rousseau est assis dans son bureau en ce moment même, examinant des dossiers.

 6 mois d’enquête, huit plaintes contre Nicolas Mercier, victimes, cas classé sans suite. Il ne le sait pas encore mais son téléphone est sur le point de vibrer. Et quand il verra le nom de Stéphane du bois, tout changera. La machine de la justice est lente, mais aujourd’hui, elle est sur le point de s’accélérer. Nicolas Mercier vérifie son rétroviseur et sourit.

 Belle arrestation, travail propre. Un chiffre de plus pour son dossier. Il ne se doute pas que sa carrière se mesure désormais en minute. 52. Et le décompte continue. Le commissariat de police se dresse à l’angle de deux rues. Brique rouge. Drapeau français. Un bâtiment qui a l’apparence de la justice mais qui rend souvent autre chose.

 Nicolas garde le véhicule à l’arrière et escorte Stéphane par l’entrée de service. Les néons bourdonnent. Les couloirs sentent la cire et le café brûlé. À l’accueil, le brigadier Jean-Luc Bernard lève les yeux de son ordinateur. 30 ans de service. Il a tout vu. Plus rien ne le surprend. Qu’est-ce qu’on a ? Véhicule volé dit Nicolas. Le type prétend que c’est le sien.

 Non, Stéphane du bois. Bernard tape le nom. Le système traite l’information puis se bloque. Il fronce les sourcils, il tape à nouveau. Même résultat. C’est bizarre, marmon-il. Quoi ? Le système déconne. Bernard décroche le téléphone et compose un numéro interne. Commissaire, vous devriez peut-être descendre.

On a une situation. Nicolas ne le remarque pas. Il est occupé à remplir des papiers. Une autre arrestation de routine, une autre statistique pour le tableau. Il pense déjà au dîner, peut-être un verre de vin, peut-être deux. Trois étages plus haut, le commissaire divisionnaire Philippe Lerois répond au téléphone. Son visage se décompose en écoutant.

Il raccroche sans un mot et fixe son bureau. Il protège Nicolas depuis 3 ans. Il a enterré h plaintes, bloqué deux enquêtes internes. Nicolas et son investissement, son héritage, le visage de l’avenir du commissariat. Mais le nom de Stéphane Dubois change tout. Le roi connaît ce nom. Tout le monde dans la police judiciaire en France connaît ce nom. Il reprend le téléphone.

Cette fois, il appelle Olivier Rousseau. Rousseau répond à la deuxième sonnerie. Inspection générale. Rousseau a l’appareil. Mon bureau. Maintenant, la ligne se coupe. Rousseau fronce les sourcils. Le roi ne l’appelle jamais directement. Ils existent dans des mondes différents. Le roi protège les policiers.

 Rousseau enquête sur eux. Leur chemins ne se croise que dans le conflit. Il prend sa veste et mon pendant ce temps, sur le parking du centre commercial, Sandrine du Bois franchit les portes coulissantes. Son chariot est abandonné. Son téléphone enregistre. Ses yeux balaient le parking. La Mercedes est là, mais pas Stéphane. Un véhicule de police s’éloigne.

Elle aperçoit son mari par la lunette arrière. Me noté, la tête baissée. Son estomac se noue, mais sa formation prend le dessus. Documenter d’abord, réagir ensuite. Elle lève son téléphone et capture le numéro de la plaque d’immatriculation. Puis elle ouvre ses contacts. Trois noms, trois messages. D’abord son avocat.

Urgence Stéphane arrêté par King Centre commercial. J’ai besoin de toi maintenant. Ensuite son producteur de podcast grosse affaire en cours. Besoin plateforme de diffusion reste prêt. Enfin un contact au journal Le Monde. Tu vas vouloir voir ça. Appelle-moi. Chaque message part avec un léger sifflement. Trois détonateurs.

Trois mèches allumées. Sandrine se dirige vers la Mercedes calme posé. Le pas de quelqu’un qui a géré pire. Elle atteint la voiture et voit le téléphone de Stéphane par terre. Écran fissuré, toujours allumé. Cours de cassation, projet de décision. Elle le ramasse. Sa mâchoire se crispe. 72h. La décision doit être rendue dans 72h.

 La décision qui redéfinirait la responsabilité de la police. La décision qui faisait de Stéphane une cible pour certains et un héros pour d’autres. Elle photographie le téléphone là où il est tombé. Preuve. Puis elle appelle le commissaire Olivier Rousseau. Il répond immédiatement. Sandrine, ils ont arrêté Stéphane. Parking du centre commercial.

 C’est Nicolas Mercier qui a fait l’interpellation. Silence au bout du fil. Puis Mercier, tu enquêtes sur lui depuis 6 mois. H plaintes. Comment sais-tu ça ? J’ai été à la DCPJ pendant 23 ans. Olivier, je sais tout. Une autre pause. Où es-tu maintenant ? En route pour le commissariat. Je vais lancer un direct. Sandrine, attends. 2300000 abonnés. Olivier.

D’ici à ce que j’ai fini, tout le pays saura ce que Nicolas Mercier a fait à un juge de la Cour de cassation. Donne-moi juste 20 minutes. Laisse-moi arriver au commissariat d’abord. Laisse-moi contrôler ça de l’intérieur. Sandrine réfléchit. Elle fait confiance à Rousseau. C’est l’un des bons. Rare mais réel. 20 minutes dit-elle.

Après, je passe en direct. Elle raccroche. À l’intérieur du commissariat, Rousseau se tient dans le bureau du commissaire Le roi. La porte est fermée. Les stores sont baissés. On dirait que le roi a vieilli de dix en 10 minutes. C’est Stéphane Dubois, dit le roi. Le juge de la Cour de Cassation.

 Rousseau le sait déjà, mais l’entendre de la bouche de le roi le rend réel. Où est-il maintenant ? En garde à vue, Mercier est en train de s’occuper de lui. S’occuper de lui pourquoi ? La plaque est clean. La voiture est à lui. Le roi se masse les tempes. Nicolas dit que c’est suspect. Homme noir, voiture chère, assis seul. Ce n’est pas un crime, commissaire. Je le sais.

 Le roi frappe du point sur le bureau. Je le sais mais Nicolas non. Et maintenant, on a un juge de la Cour de cassation dans nos cellules. Sa femme est une ex de la DCPJ et toute l’affaire est probablement filmée par 15 téléphone différents. Rousseau se redresse. Alors, que voulez-vous que je fasse ? Le roi le regarde. Pendant un instant, quelque chose comme de l’honnêteté va assis sur son visage.

La peur, le désespoir, la prise de conscience que son empire est bâti sur du sable. Régler ça, dit-il. Faites disparaître ce problème. Rousseau hoche lentement la tête. Je m’en occupe. Il sort du bureau et descend, mais il n’a aucune intention de faire disparaître ce problème. Depuis 6 mois, il monte un dossier contre Nicolas Mercier.

 H plaintes, h victimes, h familles à qui on a dit que leur douleur n’avaient pas d’importance. Maintenant, il a la victime numéro 9. Et la victime numéro 9 écrit les lois. Rousseau sort son téléphone et envoie un seul texto. Préserve toutes les images. Caméra piéton, caméra de bord, caméra de surveillance, tout.

 Code d’autorisation 7 alpha. Le protocole de préservation des preuves est maintenant activé. Quoi que Nicolas a fait aujourd’hui, c’est enregistré quelque part et Olivier Rousseau va le trouver. Le temps presse. Il reste 46 minutes. Sandrine du bois ne court pas. Elle marche, chaque pas mesuré, chaque respiration contrôlée. Elle a raisonné des hommes armés à Kabou.

 Elle a négocié des libérations d’otage à Bogota. Ce n’est qu’un parking. Ce n’est qu’un commissariat. Ce n’est que son mari menoté. Elle atteint sa voiture et s’assoit derrière le volant. Son téléphone est fixé sur le tableau de bord. La caméra lui fait face. Le direct est prêt. Pas encore. Elle a promis 20 minutes à Rousseau. Elle tient ses promesses mais elle n’attend pas sans rien faire. Elle ouvre Twitter.

1400000 abonnés. Elle tape. Il se passe quelque chose. Restez connecté. Justiceourine. Elle n’explique pas, n’accuse pas. Elle plante juste la graine. Les réponses affluent immédiatement. Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? Dis-nous en plus. Elle les ignore. Laissez la tente monter. Au commissariat, Olivier Rousseau agit vite. Il intercepte Nicolas dans le couloir.

Je prends le relais. Nicolas fronce les sourcils. Prendre quoi ? La procédure du bois. Ordre du commissaire. Depuis quand l’inspection générale s’occupe des gardes à vue, depuis maintenant. La voix de Rousseau est plate. Définitive. Va écrire ton rapport. Je m’en charge. Nicolas hésite. Quelque chose ne va pas. Mais Rousseau est son supérieur dans ce genre de situation. Techniquement, bureaucratiquement.

D’accord. Nicolas hausse les épaules. Il est en salle d’interrogatoire 3. Amuse-toi bien. Il s’éloigne sortant déjà son téléphone. Il est temps de mettre à jour Instagram. Un autre jour, une autre interpellation. Il ajoute un emoji biceps. Il publie 43 likes en 3 minutes. Il sourit. D’ici demain, cette publication aura 43000 commentaires. Aucun ne sera de soutien.

 Rousseau le regarde partir puis entre en salle d’interrogatoire 3. Stéphane est assis à la table en métal, toujours menoté, toujours calme. Juge du bois, dit doucement Rousseau. Je suis le commissaire Olivier Rousseau, inspection générale. Stéphane l’étudie. Vous enquêtez sur Mercier depuis 6 mois.

 Huit plaintes, huit dont j’ai connaissance, probablement plus. Stéphane hoche la tête. Il va y en avoir une 9e. Rousseau s’assoit en face de lui. Je sais et j’ai besoin que vous me fassiez confiance pour les 30 prochaines minutes. Pourquoi le devrais-je ? Rousseau sort son téléphone, montre l’écran à Stéphane, l’ordre de préservation des preuves, le code d’autorisation, l’eurodat d’attage parce que ça fait 3 ans que j’attends quelqu’un que Mercier ne pourrait pas faire terre, quelqu’un que le système ne pourrait pas ignorer. Rousseau se penche

en avant. Vous êtes cette personne juge du bois. Et si vous me donnez 30 minutes, je vous donnerai tout ce dont vous avez besoin pour l’enterrer. Stéphane réfléchit. Il a siégé pendant 20 ans. Il sait comment lire les gens, comment séparer la vérité de la comédie. Rousseau dit la vérité. 30 minutes dit Stéphane. Ensuite ma femme passe en direct.

C’est tout ce dont j’ai besoin. Rousseau se lève et se dirige vers la porte. Il s’arrête. Pour ce que ça vaut, je suis désolé que cela vous soit arrivé. Cela n’aurait dû arriver à personne. Je sais. La voix de Rousseau est lourde. C’est pour ça que je fais ce métier. Il part.

 Stéphane est seul dans la salle d’interrogatoire. Le néon bourdonne au-dessus de sa tête. La caméra dans le coin clignote silencieusement. Nicolas n’est pas au courant de cette caméra. Il le saura bientôt. Il reste 38 minutes. La porte s’ouvre. Nicolas Mercier entre dans la salle d’interrogatoire 3. Seul. Pas de partenaire, pas de superviseur. Juste lui est l’homme noir qui a gâché son après-midi.

Il laisse tomber un dossier sur la table et s’assoit. La chaise grince sur le sol. Bon, on va faire simple. Il ouvre le dossier vide. Un accessoire. Où avez-vous eu la voiture ? La voix de Stéphane est égale. J’aimerais connaître les charges qui pèsent contre moi. Les charges Nicolari.

 Et si on disait vol qualifié ? Et si on disait reelle de bienvol ? Et si on disait outrage et rébellion ? Je n’ai opposé aucune résistance. Vous n’étiez pas coopératif. C’est la même chose. Stéphane prend une inspiration. J’aimerais parler à un avocat. Un avocat ? Nicolas se penche en arrière. Vous regardez trop la télé, c’est juste une conversation. Deux types qui parlent. Alors, je suis libre de partir.

Asseyez-vous. Suis-je en état d’arrestation ? Le sourire de Nicolas s’efface. À votre avis, je pense que vous êtes tenu de m’informer de mon statut. Ce n’est pas une opinion, c’est le code de procédure pénale. Silence. Nicolas clign des yeux. Vous êtes avocat ou quoi ? Stéphane ne répond pas. Il laisse la question en suspend.

 À l’extérieur de la salle, Olivier Rousseau se tient derrière la vitre sans teint. Son téléphone est levé. Il enregistre. Le son est clair. La vidéo est stable. Ce n’est pas la procédure officielle. C’est une assurance. Car Rousseau sait comment ces choses sont enterrées, comment les enregistrements disparaissent, comment les rapports sont réécrits, comment les victimes deviennent des suspects et les suspects des victimes pas cette fois.

 Nicolas s’agite sur sa chaise. Le calme de l’homme noir est déconcertant. La plupart des gens craquent dans cette pièce. Ils transpirent, ils bafouillent. Ils avouent des choses qu’ils n’ont pas faites juste pour que ça s’arrête. Celui-ci est différent. Laissez-moi vous expliquer quelque chose, dit Nicolas en se penchant en avant. Je fais ça depuis 9 ans.

 J’ai des félicitations, des médailles. Je suis policier de l’année pour la deuxième fois. Vous savez ce que ça veut dire ? Ça veut dire que vous avez appris à vous donner en spectacle. Le visage de Nicolas se durcit. Pardon ? Les félicitations mesurent la conformité, pas la compétence. Les médailles mesurent la politique, pas la justice. Être policier de l’année signifie que le système vous approuve.

Ça ne veut pas dire que vous êtes bon dans votre travail. La pièce devient glaciale. Nicolas se lève. Sa chaise bascule en arrière. Mais pour qui vous prenez-vous ? Stéphane reste assis. Pour quelqu’un qui connaît la loi mieux que vous. Vous ne connaissez rien. Je sais que vous avez vérifié ma plaque deux fois.

 Je sais qu’elle est revenue sans problème les deux fois. Je sais que vous m’avez arrêté sans cause probables, sans me permettre de présenter mes papiers et sans m’informer des charges. Je sais que vous avez utilisé une force excessive lors d’une interpellation où j’étais coopératif. Je sais que vous avez éteint votre caméra piéton à deux reprises pendant cette détention.

Nicolas se fige. Cela fait 15 violations jusqu’à présent. La voix de Stéphane ne faiblit pas. Nous en sommes à 16 maintenant que vous êtes entré dans cette pièce seule sans officier superviseur. Dois-je continuer ? Nicolas ne dit rien. Je compte depuis le moment où vous avez ouvert ma portière. Chaque mot, chaque action, chaque violation.

Vous bluffez. Arrêt de la chambre criminelle 15 décembre 2015. Arrêt du 5 janvier 2021. Arrêt du 27 mai 2014. Stéphane marque une pause. Savez-vous ce que ces arrêts ont en commun ? La bouche de Nicolas s’ouvre. Rien ne sort. J’ai participé à leur rédaction. Les mots atterrissent comme un coup physique.

Nicolas recule. Vous quoi ? J’ai rédigé les avis. J’étais rapporteur. Stéphane se lève lentement. Mon nom est Stéphane Dubois juge à la Cour de cassation. La couleur quitte le visage de Nicolas. Et dans 72 heures, je publierai une décision sur la responsabilité de la police.

 Une décision qui traite exactement de ce genre de faute. Stéphane redresse ses poignets menoté. J’allais l’écrire en me basant sur des dossiers et des statistiques. Maintenant, j’ai une expérience de première main. Nicolas trébuche vers la porte. Vous devriez peut-être appeler votre représentant syndical, dit calmement Stéphane. Vous allez en avoir besoin. Nicolas sort de la pièce en trombe.

 La porte claque derrière lui. À travers la vitre sans teint, Olivier Rousseau abaisse son téléphone. Il a tout. Chaque mot, chaque aveu. Chaque moment où Nicolas Mercier réalise que sa carrière est terminée, il sauvegarde la vidéo en fait une copie, envoie une copie à son email personnel. Puis il entre dans la salle d’interrogatoire. “C’était impressionnant”, dit-il.

Stéphane se frotte les poignets. Les menottes ont disparu. C’était nécessaire. Votre femme est dehors. Elle attend. Depuis combien de temps ? 18 minutes. Stéphane hoche la tête. Alors, il nous reste 12 minutes avant qu’elle ne passe en direct. Que voulez-vous faire ? Stéphane regarde la caméra dans le coin, celle que Nicolas n’a jamais remarqué.

Je veux cet enregistrement, son dossier personnel et je veux me tenir devant ses caméras de télévision et dire la vérité. Rousseau sourit. Je peux arranger ça. 24 minutes restantes. La porte de la salle d’interrogatoire 3 s’ouvre. Le commissaire Philippe Le roi se tient dans l’embrasure. Son visage est blame, ses mains tremblent.

 Monsieur Dubois, il peut à peine croiser le regard de Stéphane. Il y a eu un mal-entendu. Vous êtes libre de partir. Stéphane se lève. J’auraiis besoin des documents relatifs à cette détention. Bien sûr, nous allons demander à quelqu’un de préparer ça. Le commissaire Rousseau peut s’en charger. La voix de Stéphane est calme, pointue. Je l’ai vu à travers la vitre. Le roi serait dit.

Il ne savait pas que Rousseau regardait. Il ne savait pas que quelqu’un regardait. Les murs se referment. Le commissaire Rousseauet. Le roi cherche ses mots. Il est de l’inspection générale. C’est une affaire de patrouille. Commissaire. Le ton de Stéphane est final. Le commissaire Rousseau où j’appelle mon avocat. À vous de choisir.

Le roi hoche faiblement la tête. Rousseau ? Oui, bien sûr. Stéphane sort de la pièce. Ses pas sont assurés. Ses épaules sont droites. Il croise Nicolas dans le couloir. Nicolas se plaque contre le mur. Il ne peut pas lever les yeux, ne peut pas parler, ne peut pas respirer. Stéphane ne lui prête aucune attention.

Pas besoin. Le pouvoir a changé de camp. À l’accueil, Sandrine attend. Son téléphone est dans sa main, enregistrant toujours. Ses yeux se fixent sur Stéphane dès qu’il apparaît. Elle ne court pas vers lui, ne pleure pas, ne fait pas de scène. Elle simplement la tête. Il lui rend son signe de tête. 23 ans de mariage. Ils n’ont pas besoin de mots.

Stéphane l’atteint et s’arrête un instant. Juste un instant. Il ferme les yeux. ses épaules, s’affessent. La tension se relâche. Il se frotte les poignées là où les menottes ont mordu sa peau. Les marques sont rouges. Vive ! Elles seront des bleus d’ici demain matin. Sandrine les photographie. Preuve, dit-elle doucement. Il ouvre les yeux. Toujours.

 Elle jette un coup d’œil à son téléphone. 3 minutes puis je passe en direct. Attends. Stéphane lui prend la main. Faisons ça bien. Ensemble, dehors. La presse est déjà là. Je sais. Il lui sert la main. C’est le but. Il se dirige vers la sortie côte à côte. Le brigadier de l’accueil les regarde passer. Les policiers dans le couloir s’écartent.

Personne ne parle. Les portes vitrées s’ouvrent. La lumière de l’après-midi inonde l’espace. Le son des appareils photo, le murmure des journalistes. Stéphane prend une inspiration. C’est le moment. Le moment où tout change. Ils sortent. Le parking est transformé. Cars régie, antenne parabolique.

 Journaliste avec des microphones, caméras pointées comme des armes. Les textos de Sandrine ont fonctionné. Stéphane se dirige vers le centre de la foule. Sandrine reste un pas derrière. Son téléphone levé. Diffusion en direct active. Le nombre de spectateurs grimpe. 10000 50000 200000. Un journaliste crie monsieur pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé ? Stéphane lève la main. La foule se tait.

 Je m’appelle Stéphane Dubois. Sa voix porte surt le parking stable, clair, intact. Je suis juge à la cour de cassation. Il y a 30 minutes, j’ai été arrêté sur ce parking pour avoir volé ma propre voiture. Des allaitements parcourent la foule. Les téléphones se lèvent plus haut. Les caméras zooment. J’attendais ma femme. Elle était à l’intérieur de l’hypermarché.

J’étais assis dans mon véhicule lisant un document juridique. Je ne faisais rien de mal. Il fait une pause, laisse les mots s’installer. L’agent Nicolas Mercier s’est approché de ma voiture. Il n’a pas demandé mes papiers. Il n’a pas expliqué pourquoi il m’interpellait.

 Il m’a dit et je cite, un homme noir dans une voiture de luxe. Vous l’avez volé. La foule murmure. Certains journalistes échangent des regards. Il m’a sorti de mon véhicule. Il m’a plaqué sur le capot. Il m’a menoté sans cause probable. Il m’a appelé les gens comme vous. Il a dit que mes papiers étaient défauts. Il a dit que j’étais un voleur. Stéphane lève ses poignets. Les marques rouges sont visibles même de loin.

 Il a fait tout cela pendant qu’une foule regardait, que des adolescents filmaient et rient. que des adultes hochait la tête en signe d’approbation. Pas une seule personne n’a demandé si j’allais bien. Pas une seule personne n’a remis en question l’agent de police. Il baisse les bras. Je ne partage pas cette histoire par pitié.

 Je la partage parce que j’ai de la chance. Je suis juge à la Cour de cassation. J’ai des ressources. J’ai des relations. J’ai une femme qui est une ancienne commissaire de la DCPJ. Il désigne Sandrine. J’ai des gens qui me croiront. Sandrine s’avance. Le compteur du direct a dépassé le million. Je m’appelle Sandrine Dubois.

J’ai passé 23 ans comme à la DCPJ. Quand je suis sorti de ce magasin et que j’ai vu mon mari me noter, j’ai fait ce pourquoi j’ai été formé. J’ai documenté. Elle lève son téléphone. Cette diffusion en direct dure depuis 28 minutes. 1800000 personnes regardent en ce moment. Les images montrent tout. L’arrestation, la foule, le silence.

Elle abaisse le téléphone, mais j’ai plus que mes propres images. La foule se penche. L’ancienne commissaire de la DCPJ, Sandrine Dubois, demande la publication immédiate de tous les enregistrements de la caméra piéton de l’agent Nicolas Mercier lors de l’arrestation de mon mari. Une voix derrière eux. Ces enregistrements n’existent pas. Tout le monde se retourne.

Olivier Rousseau franchit les portes du commissariat. Il porte un dossier, un dossier épais. La caméra piéton de l’agent Mercier a été désactivée à deux reprises pendant la détention. La voix de Rousseau est calme, professionnelle, accablante. J’ai les journaux d’urodat d’attage 15h42 et 16h1. Chaque désactivation est une violation du règlement du service.

Chacune est un motif de révocation. La publication Instagram de Nicolas traverse l’esprit de Stéphane. Un autre jour, une autre interpellation. Plus maintenant, Rousseau ouvre le dossier. J’enquête sur l’agent Mercier depuis 6 mois. Pendant ce temps, j’ai documenté huit plaintes antérieures contre lui.

 Hit citoyens qui ont signalé un usage excessif de la force, du profilage racial et des violations des droits civils. Il sort une pile de papier. Chaque plainte a été classée sans suite. Chacune a été enterrée par la direction du service. Il jette un regard aux portes du commissariat. Le commissaire Le roi regarde de l’intérieur. Son visage est cendré. Le schéma est clair.

 L’agent Mercier cible les conducteurs noirs dans les zones aisées. Son taux de plainte est trois fois supérieur à la moyenne du service. Ces incidents d’usage de la force sont quatre fois plus élevés que tout autre agent de sa circonscription. Rousseau pose le dossier sur le capot de la voiture la plus proche. Ça s’arrête aujourd’hui.

 Un journaliste se ferait un chemin. Commissaire Rousseau, êtes-vous en train de dire qu’il y a une dissimulation ? Je dis qu’il y a un schéma. Un schéma qui a été ignoré. Un schéma qui a été protégé. Rousseau regarde droit dans la caméra. Hit personnes se sont manifestées. On a dit à huit personnes que leurs expériences n’avaient pas d’importance.

 Aujourd’hui, une 9e personne s’est manifestée, mais cette fois le système n’a pas pu l’ignorer. Il se tourne vers Stéphane. Juge du bois, je suis désolé que cela vous soit arrivé, mais je suis reconnaissant que cela se soit produit devant une caméra, car maintenant le monde entier peut voir ce pourquoi nous nous battons depuis 6 mois.

 Stéphane hoche la tête. Commissaire Rousseau, merci pour votre travail. Merci d’avoir cru les huit premières victimes, même quand personne d’autre ne le faisait. Le compteur du direct dépasse les 2300000. Un journaliste crie : “Juge du bois, n’est-il pas vrai que vous rédigez actuellement un avis sur la responsabilité de la police ?” Stéphane prend une inspiration.

Oui, je rédige une décision qui redéfinira la responsabilité de la police en France. Elle est attendue dans heures. Il fait une pause. J’allais l’écrire en me basant sur la jurisprudence et les statistique. Maintenant, je l’écrirai en me basant sur l’expérience.

 Un autre journaliste, que dit la décision ? Je ne peux pas discuter des décisions en cours, mais je peux vous dire ceci, l’irresponsabilité pénale ne saurait protéger une faute intentionnelle. Lorsque des agents instrumentalisent leur autorité contre des citoyens, la loi doit répondre. Il regarde directement les caméras. J’ai été traité de cette façon parce que je suis noire, parce que je conduisais une belle voiture, parce que j’étais dans un quartier où quelqu’un a décidé que je n’étais pas à ma place.

 Ce n’est pas du maintien de l’ordre, c’est du profilage, c’est du préjugé, c’est de l’injustice. Il fait un geste vers la foule. Mais voici ce que l’agent Mercier ne savait pas. Voici ce qu’aucun d’ux ne savait. Stéphane plonge la main dans sa poche et sortfeuille. Il l’ouvre, brandit sa carte d’identité. Je ne suis pas seulement un homme noir dans une Mercedes. Je suis juge à la Cour de cassation.

Je siège depuis 12 ans. J’ai participé à la rédaction de plus de 300 arrêts. J’ai consacré ma vie à la loi. Il range le portefeuille. Mais peu importe qui je suis, peu importe ce que je fais, la loi devrait protéger tout le monde de la même manière. Si elle ne protège que les juges, les sénateurs et les célébrités, elle ne protège personne.

Sandrine se place à côté de lui. Leurs mains se trouvent. Mon mari aurait pu dire à la Jean Mercier qui il était. Il aurait pu mettre fin à tout ça en 30 secondes. Elle regarde Stéphane. Pourquoi ne l’as-tu pas fait ? fan reste silencieux un moment parce que l’homme derrière moi dans la circulation n’est peut-être pas un juge.

 La femme que Mercier arrêtera la semaine prochaine n’aura peut-être pas de relation. L’adolescent qu’il profilera le mois prochain n’aura peut-être pas d’avocat. Il secoue la tête. Je suis resté silencieux parce que mon silence révèle la vérité. La vérité sur la façon dont les personnes noires sont traitées dans ce pays. La vérité sur ce qui se passe quand personne ne regarde. Il regarde à nouveau les caméras.

 Et bien maintenant vous regardez 2300000 d’entre vous. Et ce que vous ferez de ce moment compte plus que ce qui s’est passé sur ce parking. À l’intérieur du commissariat, Nicolas Mercier regarde par la fenêtre. Son téléphone n’arrête pas de vibrer. Sa publication Instagram a maintenant 50000 commentaires. Aucun n de soutien. La porte s’ouvre derrière lui.

 Le commissaire le roi entre. Nicolas sa voix est creuse. L’insigne et l’arme. Maintenant commissaire, je ne savais pas. C’est ça le problème. Le roi tend la main. Tu ne sais jamais. Les doigts de Nicolas tremblent alors qu’il attrape son insigne. 9 ans. 9 ans de service. 9 ans de félicitation et de médailles. À s’entendre dire qu’il était le meilleur. Partie en un après-midi.

L’insigne quitte sa poitrine. Le poids disparaît. Il se sent plus léger et plus vide. Il le place dans la main de le roi. Puis l’arme. Suspension administrative, dit le roi en attente de l’enquête. Ne quittez pas la ville. Nicolas hoche la tête. Il ne peut pas parler, ne peut pas penser. L’insignorte le bureau avec un bruit sourd. Le son raisonne.

Dehors, la conférence de presse continue. Mais à l’intérieur, dans ce petit couloir, une carrière prend fin. Nicolas Mercier, policier de l’année à deux reprises, est seul. Le couloir est silencieux. Personne ne vient le réconforter. Personne ne dit que ça va aller parce que ça n’ira pas.

 72 heures plus tard, le bâtiment de la Cour de cassation se dresse contre un ciel matinal gris. Des colonnes de marbre, des marches usées par un siècle de pas. Un lieu où les mots deviennent lois. Stéphane Dubois franchit l’entrée principale. Sa robe flotte derrière lui. Ses pas raisonnent dans la rotonde. Il entre dans son bureau. La décision attend sur sa table.

 342 pages, 12 ans de jurisprudence, 6 mois de rédaction et maintenant une nouvelle note de bas de page. Les événements récents ont souligné l’urgence de cette décision. L’auteur a personnellement fait l’expérience de la conduite que cet avis aborde. Quelques mots, ils seront cités dans des centaines de futurs cas. Stéphane signe la dernière page. La décision est complète.

À midi, elle est publiée. Le soir, elle fait la une des journaux nationaux. L’irresponsabilité pénale ne saurait protéger une faute intentionnelle. Lorsque des agents instrumentalisent leur autorité contre des citoyens, la loi doit répondre. Les mots se propagent à travers le pays. En Touren, les ondulations deviennent des vagues. Nicolas Mercier est formellement mis en examen.

 3 jours plus tard, arrestation arbitraire, violation des droits civils, falsification de preuves pour les désactivations de la caméra piéton. Le parquet national financier ajoute ses propres chefs d’accusation. Il risque de trois à h ans de prison. Son avocat lui conseille de plaid coupable. Nicolas refuse. Il veut son procès. Il l’aura mais pas comme il l’imaginait.

Le commissaire Philippe Le roi démissionne de semaines plus tard. Sa lettre invoque des raisons personnelles. La vérité est plus simple. Les huit dossiers de plainte qu’il a enterré sont maintenant sous examen fédéral. Sa retraite est gelée en attendant l’enquête. Il vide son bureau un dimanche matin. Pas de cérémonie, pas d’adieux, juste des boîtes en carton et le silence.

Le commissaire Olivier Rousseau est promu. Son enquête de 6 mois devient un modèle pour les services d’inspection générale du pays. Des forces de police demandent ses supports de formation. Des facultés de droit l’invitent à donner des conférences. Il refuse la plupart d’entre elles. Il a du travail à faire.

 L’agent Chloé Martin, la policière qui a hésité sur le parking, demande sa mutation. Elle rejoint la police de proximité. Elle lance un programme de mentorat pour les officiers issus de minorité. “J’aurais dû dire quelque chose”, dit-elle à un journaliste. “Je savais que c’était mal. Je suis restée silencieuse malgré tout. Elle marque une pause. Je ne referai pas cette erreur.

 Son programme diplôme 43 officiers sa première année. L’adolescente qui a filmé l’arrestation supprime ses comptes de réseaux sociaux. Les commentaires étaient trop violents. La culpabilité était pire. 3 mois plus tard, elle s’inscrit en fac de droit. L’homme en costume qui est parti, il fait un don anonyme à SOS racisme. Cela n’efface pas sa honte. Rien ne le fera.

 La grand-mère qui est passée en hâte, elle écrit une lettre au rédacteur en chef. J’ai vu une injustice et je suis parti. J’ai eu peur. J’ai eu tort. Si jamais je vois quelque chose comme ça à nouveau, je ne resterai pas silencieuse. La lettre devient virale et la famille du bois. Ils sont assis sur leur terrasse un mardi soir. Le soleil se couche, orange et or.

Le quartier est calme. Sandrine tient un verre de vin. Stéphane lui tient la main. Tu aurais pu le lui dire, dit-elle. Là sur le parking. Je suis juge à la Cour de cassation. Une phrase, tout se serait arrêté. Stéphane reste silencieux un long moment. C’est exactement pour ça que je ne l’ai pas fait. Elle le regarde.

 Si je dois annoncer mon titre pour être traité avec dignité, alors le système est déjà brisé. La loi devrait protéger tout le monde de la même manière. Pas seulement les juges, pas seulement les sénateurs, pas seulement les gens avec des relations. Il lui sert la main. Je suis resté silencieux parce que mon silence était la preuve.

 La preuve qu’un homme noir, ne faisant rien de mal, peut quand même être traité comme un criminel. La preuve que les foules regarderont et rieront. La preuve que les policiers mentiront et que les dirigeants couvriront leurs arrières. Sandrinoche lentement la tête. Et si tu n’étais pas un juge ? Si je n’étais pas de la DCPJ, si nous étions juste des gens ordinaires.

La mâchoire de Stéphane se crispe. Alors personne n’aurait écouté. C’est ça la vérité. C’est ça l’injustice. C’est de ça que parle la décision. Il regarde la rue. J’écris des arrêts parce que les mots peuvent changer les systèmes. Olivier enquête parce que les preuves peuvent exposer la corruption.

 Tu as appuyé sur enregistrer parce que la documentation bat le déni. Il se tourne vers elle. Mais rien de tout cela n’a d’importance si les gens restent silencieux. S’ils regardent et ne font rien. S’ils choisissent le confort plutôt que le courage. Sandrine pose sa tête sur son épaule. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On continue de regarder, on continue d’enregistrer, on continue de se battre. Il prend une inspiration jusqu’à ce que le système change.

Quelqu’un doit veiller. Il reste assis en silence alors que le soleil disparaît. Une voiture passe dans la rue. Un jeune homme noir au volant. Une belle voiture, une expression nerveuse. Un véhicule de police suit trois voitures derrière. Le jeune homme vérifie son rétroviseur. Ses mains se crispent sur le volant. Puis le véhicule de police tourne à gauche, s’éloigne.

Le jeune homme expire. Ses épaules s’affessent. Il continue sa route vers chez lui. À l’intérieur de sa voiture, une caméra de tableau de bord clignote silencieusement. enregistrant juste au cas où parce que c’est le monde dans lequel ils vivent. Un monde où les hommes noirs achètent des caméras de tableau de bord comme des polices d’assurance.

 Un monde où conduire en étant noir est un risque calculé. Un monde où la justice dépend de qui regarde. Mais peut-être que lentement les choses changent. Peut-être que l’arrestation de Nicolas Mercier a de l’importance. Peut-être que la décision de Stéphane a de l’importance. Peut-être qu’une vidéo virale, un commissaire honnête, une femme courageuse avec un téléphone peuvent faire pencher la balance.

Peut-être que la prochaine fois qu’un policier verra un homme noir dans une belle voiture, il y réfléchira à deux fois. Non pas parce que c’est juste, mais parce que c’est enregistré, parce que le monde regarde, parce que le coût de l’injustice est enfin devenu trop élevé. Stéphane Dubois regarde la rue vide.

 “Jus ce que le système change”, dit-il doucement. Quelqu’un doit veiller.