Sophie Kinsella, la reine des comédies romantiques, est décédée à l’âge de 55 ans des suites d’une tumeur au cerveau.

Nous avons le cœur brisé » : connue pour sa série L'Accro du shopping, Sophie  Kinsella est morte à l'âge de 55 ans - La Voix du Nord

L’autrice britannique Sophie Kinsella, créatrice de la célèbre série L’accro du shopping, est morte à 55 ans, des suites d’un cancer du cerveau, rapportent le Guardian et le Daily Mail. Figure emblématique de la comédie romantique contemporaine, elle laisse derrière elle une œuvre traduite dans plus de quarante langues et vendue à des dizaines de millions d’exemplaires.

Une romancière à succès, portée par le phénomène “chick lit”

Sophie Kinsella, de son vrai nom Madeleine Sophie Wickham, s’était imposée dès le début des années 2000 avec Confessions d’une accro du shopping, un roman qui racontait avec humour les mésaventures de Becky Bloomwood, une journaliste financière irrésistiblement dépensière. Le succès fut immédiat : le livre s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et a donné lieu à huit suites. En 2009, il est adapté au cinéma avec Isla Fisher dans le rôle principal, attirant près de 460 000 spectateurs en France.

Si ses romans ont souvent été classés parmi les lectures dites “légères”, Kinsella revendiquait une approche réaliste et moderne des personnages féminins, tout en humour et autodérision. “On peut être très intelligente et aimer le rouge à lèvres”, affirmait-elle dans une interview, refusant les clichés qui opposent sérieux et frivolité. Ses autres succès, comme Les Petits Secrets d’Emma ou Samantha, bonne à rien faire, ont continué de séduire un public fidèle et nombreux, en quête de récits chaleureux et positifs.

Un combat discret contre la maladie

Diagnostiquée d’un cancer du cerveau en 2022, l’écrivaine avait choisi de ne pas rendre sa maladie publique immédiatement, souhaitant préserver ses enfants. Elle n’avait évoqué sa situation que bien plus tard, à la veille de la sortie de son dernier roman Comment tu te sens ?, publié en français en juin 2025. Ce texte, teinté d’autobiographie, révélait une facette plus intime de l’autrice, sans pour autant renoncer à son style bienveillant et accessible.

Elle est morte paisiblement, entourée de sa famille et de ses proches, selon un communiqué publié sur son compte Instagram le 10 décembre 2025. “Elle va tellement nous manquer que nous avons le cœur brisé”, y écrivent ses proches. Malgré la maladie, Sophie Kinsella a poursuivi son travail d’écriture avec une détermination saluée par ses lecteurs et ses pairs.

Son œuvre, écoulée à plus de 50 millions d’exemplaires dans plus de 60 pays, a contribué à redéfinir le genre de la comédie romantique en littérature. Considérée comme l’une des pionnières de la “chick lit”, elle laisse une empreinte durable sur la culture populaire et un vide certain dans le monde littéraire.

Une voix féminine qui a marqué toute une génération de lectrices

Au-delà des chiffres impressionnants de ventes, Sophie Kinsella a surtout accompagné des millions de lectrices à travers le monde à différents moments de leur vie. Pour beaucoup, ses romans ont été une porte d’entrée vers la lecture, un refuge dans des périodes de doute, ou simplement une parenthèse de légèreté dans un quotidien parfois pesant. Son écriture, immédiatement reconnaissable, mêlait situations cocasses, dialogues vifs et une profonde empathie pour des héroïnes imparfaites, souvent tiraillées entre leurs aspirations personnelles, leurs relations amoureuses et les injonctions sociales.

Becky Bloomwood, son personnage le plus emblématique, n’était pas seulement une caricature de consommatrice compulsive. Derrière l’humour et l’exagération, Sophie Kinsella dressait le portrait d’une jeune femme en quête de reconnaissance, d’équilibre et de confiance en elle. Cette capacité à faire rire tout en touchant à des problématiques universelles — le rapport à l’argent, au travail, à l’image de soi — a largement contribué à la longévité de la série.

Une écrivaine respectée malgré les préjugés du genre

Longtemps, la “chick lit” a souffert d’un certain mépris critique, souvent reléguée au rang de littérature commerciale. Sophie Kinsella n’a jamais renié cette étiquette, mais elle en a constamment défendu la légitimité. Pour elle, écrire des histoires accessibles et divertissantes n’excluait ni l’intelligence ni la profondeur émotionnelle. Au contraire, elle considérait l’humour comme un outil puissant pour aborder des sujets sérieux sans lourdeur.

Avec le temps, son travail a été réévalué par une partie de la critique, reconnaissant son sens aigu de l’observation sociale et son talent pour capter les préoccupations contemporaines des femmes. Plusieurs autrices ont d’ailleurs cité Sophie Kinsella comme une influence majeure, soulignant son rôle dans la démocratisation de la fiction féminine moderne.

Une fin de vie marquée par la pudeur et la dignité

Sophie Kinsella: l'autrice britannique décède à 55 ans

La disparition de Sophie Kinsella a suscité une vague d’émotion sur les réseaux sociaux, où lecteurs, écrivains et éditeurs ont multiplié les hommages. Beaucoup ont salué sa discrétion face à la maladie, son courage silencieux et sa volonté de continuer à écrire malgré les traitements lourds. Son dernier roman, Comment tu te sens ?, prend aujourd’hui une résonance particulière, lu comme un adieu délicat et sincère à son public.

Mariée depuis plus de trente ans à l’ancien journaliste Henry Wickham, elle était mère de quatre enfants. Sa famille a insisté sur le fait qu’elle souhaitait avant tout être rappelée comme une femme joyeuse, aimant la vie, les histoires et les gens.

Un héritage littéraire durable

Même après sa disparition, l’œuvre de Sophie Kinsella continuera de vivre sur les étagères des librairies et dans les bibliothèques personnelles de ses lecteurs. Ses romans, souvent relus et partagés, gardent cette capacité rare à faire sourire, à réconforter et à rappeler que l’imperfection fait partie intégrante de l’expérience humaine.

Avec Sophie Kinsella s’éteint une voix essentielle de la littérature populaire contemporaine, mais son univers, lui, demeure. Celui d’une écrivaine qui a prouvé qu’on pouvait parler d’amour, de femmes et de quotidien avec humour, tendresse et intelligence — et toucher, ce faisant, le cœur de millions de lecteurs à travers le monde.