Exclu Public : la comédienne de talent Biyouna est décédée à l'âge de 73 ans  - Public

À la fin de sa vie, Biyouna n’a plus cherché à masquer ses cicatrices derrière l’ironie, la provocation ou l’exubérance qui ont façonné sa légende. Celle que le public croyait inébranlable, flamboyante, presque invincible, a choisi, dans un dernier aveu, de regarder son passé en face. Sans colère. Sans vengeance. Mais avec une lucidité implacable.

Cinq noms. Cinq figures emblématiques du monde artistique. Cinq déceptions profondes qui l’ont accompagnée jusqu’au bout. Des blessures jamais guéries, jamais pardonnées.

Pourquoi parler maintenant ? Pourquoi après tant d’années de silence ?
Parce que, comme elle l’a murmuré ce jour-là, d’une voix fatiguée mais ferme : « On ne pardonne jamais vraiment. On apprend seulement à vivre avec. »

Une artiste forgée dans le feu et la liberté

Avant d’être une icône des scènes algériennes et françaises, Biyouna fut une enfant de Bab El Oued. Une enfant façonnée par le tumulte des rues, les voix des femmes, la rudesse et la poésie d’un pays en perpétuelle tension. Très tôt, elle comprend que sa voix n’est pas seulement un don, mais une arme. Une force de rupture. Un moyen d’exister sans demander la permission.

Arrivée en France, elle refuse les compromis. Elle ne lisse ni son accent, ni son tempérament, ni sa vérité. Le cinéma la remarque, la télévision la convoite, le public la suit. Mais cette liberté farouche dérange. Elle attire autant qu’elle inquiète. Et derrière les projecteurs, les applaudissements cachent souvent des regards froids, des silences lourds, des promesses brisées.

Numéro 5 – Chantal Lauby : le poison du mépris discret

La rencontre avec Chantal Lauby aurait pu être celle de deux forces comiques complémentaires. Elle fut au contraire marquée par une tension sourde, jamais exprimée, mais profondément ressentie. Un malaise diffus, une impression d’être tenue à distance, reléguée à la marge d’un système déjà verrouillé.

Une phrase, lâchée à voix basse – « Tu es trop » – agit comme une gifle invisible. Pour Biyouna, être “trop” signifiait simplement être elle-même. Entière. Vivante. Le tournage se termine sans scandale, sans dispute. Mais la blessure, elle, reste intacte. Des années plus tard, Biyouna se contentera de dire : « Certaines rencontres vous rappellent que le talent n’empêche pas la déception. »

Numéro 4 – Gad Elmaleh : quand l’humour devient une frontière

Sur un plateau de télévision, la complicité semble évidente. Les rires fusent. L’énergie circule. Mais hors caméra, une réplique de trop franchit une ligne invisible. Une plaisanterie qui joue avec l’identité, avec les origines, avec ce que Biyouna refuse absolument de voir réduit à un ressort comique.

« Je ne suis pas un prétexte pour tes rires », lui dit-elle calmement. Gad minimise. Il parle de show. D’intention légère. Mais le mal est fait. Ce que Biyouna perçoit, ce n’est pas la moquerie, mais ce qu’elle révèle : une absence de regard d’égal à égal. À partir de là, elle dresse un mur. Poli. Respectueux. Mais infranchissable.

Numéro 3 – Faudel : la fracture silencieuse entre deux icônes

Deux figures majeures. Deux tempéraments puissants. Un projet ambitieux qui aurait pu devenir historique. Mais très vite, les visions s’opposent. Là où Faudel cherche la maîtrise, la structure, Biyouna revendique l’instinct, la liberté totale.

La phrase tombe : « Tu es formidable, mais tu n’écoutes que toi. »
Pour lui, une critique professionnelle. Pour elle, une remise en cause de son essence même. « Je n’écoute que la vérité. La mienne vaut autant que la tienne », répond-elle. Le projet s’effondre. Officiellement pour des raisons techniques. Officieusement, parce que certains artistes n’acceptent pas ceux qui ne plient pas.

Numéro 2 – Jamel Bensalah : l’humiliation sous couvert de direction

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Lorsque le réalisateur lui propose un rôle, Biyouna croit à une renaissance artistique. Mais dès les premières scènes, le choc est brutal. Une improvisation spontanée est coupée net devant toute l’équipe : « Ce n’est pas ce que j’ai demandé. »

Puis cette phrase assassine, en privé : « Tu dois entrer dans le cadre. »
Entrer dans le cadre, pour Biyouna, c’est renoncer à ce qu’elle est. Elle exécutera ensuite les scènes sans flamme, sans feu, avant de quitter le projet. Plus tard, elle confiera n’avoir jamais été aussi déçue par un réalisateur. Non pour le conflit, mais pour l’absence totale de reconnaissance.

Numéro 1 – Nassera Leberkan : la trahison la plus intime

C’est la blessure la plus profonde. La plus douloureuse. Deux femmes qui auraient pu être alliées. Deux voix issues d’une même mémoire collective. Mais une phrase, lancée dans les coulisses – « Elle pense toujours qu’elle est unique » – fracture le lien.

S’ensuivent les rumeurs, les projets avortés, la froideur palpable. Jusqu’à cette déclaration, devenue emblématique : « Je ne tends pas la main à ceux qui la retirent avant de me toucher. »
Ce que Biyouna ne pardonne pas ici, ce n’est ni la rivalité ni l’ambition. C’est l’absence de loyauté.

La vérité nue d’une artiste libre

Ces cinq noms ne sont pas des règlements de comptes. Ils sont le miroir d’un parcours vécu avec une intensité rare. Biyouna n’a jamais joué à moitié. Jamais triché avec ses émotions. Et c’est précisément cette sincérité radicale qui l’a rendue vulnérable.

Dans ses derniers mots, il n’y avait ni haine ni regret. Seulement une paix lucide. Celle d’une femme qui savait que la liberté a un prix. Et qu’elle l’a payé jusqu’au bout.