Le grand retour d’Intervilles : sans vachettes, mais avec convictions

Woke, ce n'est pas une insulte", Nagui règle ses comptes avec les  détracteurs de la nouvelle version d'Intervilles - Public

C’est une page de la télévision française qui s’apprête à se tourner, tout en regardant vers l’avenir. Après des années d’absence, l’émission culte Intervilles, née en 1962, s’apprête à reprendre du service. Entre épreuves sportives loufoques, défis d’adresse et compétition bon enfant entre villes rivales, le programme promet de renouer avec la bonne humeur qui a fait sa légende. Pourtant, une annonce a immédiatement enflammé les réseaux sociaux : les célèbres vachettes, stars indisciplinées du show, ne seront pas de la partie.

Un choix qui, s’il fait sens dans le contexte actuel, n’en reste pas moins un crève-cœur pour les nostalgiques. Car comment imaginer Intervilles sans ces boules de muscles imprévisibles, surgissant à toute allure pour renverser candidats et décors ? Pour beaucoup, les vachettes faisaient partie intégrante de l’ADN de l’émission. Mais les temps ont changé — et Nagui, qui animera cette nouvelle version, entend bien l’assumer.


Une décision en accord avec l’époque

La disparition des vachettes n’est pas le fruit du hasard, ni d’un simple coup de communication. Elle résulte d’un choix délibéré, à la fois éthique et sociétal, que Nagui défend sans détour. Interrogé sur la question, l’animateur, connu pour son franc-parler et son engagement en faveur du progrès, n’a pas mâché ses mots : « Pour moi, woke ou bobo, ce n’est pas une insulte. Woke, ça veut dire être éveillé. »

Woke, ce n'est pas une insulte", Nagui règle ses comptes avec les  détracteurs de la nouvelle version d'Intervilles - Public

Une réponse directe à ceux qui reprochent à l’émission d’avoir « cédé à la mode », voire d’avoir trahi son esprit d’origine. Mais pour Nagui, il ne s’agit pas de renier le passé — simplement de s’aligner avec les valeurs d’aujourd’hui. Il poursuit : « En France, citez-moi une émission avec des animaux sur un plateau pour faire des jeux. Ça n’existe plus ! Ce n’est plus possible. »

Car derrière les rires et les chutes spectaculaires que provoquaient les vachettes, une réalité moins drôle s’imposait : le stress, le bruit, les lumières agressives, tout cela pouvait profondément déstabiliser les animaux, même si cela ne se voyait pas à l’écran. À une époque où le bien-être animal devient une préoccupation majeure dans la société, maintenir une telle pratique aurait été un contre-sens.


Nagui : une télévision responsable plutôt que nostalgique

Cette prise de position n’étonnera personne venant de Nagui, animateur engagé qui a toujours revendiqué une forme de responsabilité dans sa manière de faire de la télévision. S’il assume pleinement ce tournant, il tient toutefois à préciser qu’il ne s’agit pas là d’un acte militant ou d’une croisade personnelle : « Ce n’est pas moi qui ai dit “pas de vachettes”. C’est la chaîne qui m’a dit : évidemment, pas de vachettes. Et j’ai répondu : oui, la question ne se pose même pas. »

Woke, ce n'est pas une insulte", Nagui règle ses comptes avec les  détracteurs de la nouvelle version d'Intervilles - Public

Autrement dit, la décision s’inscrit dans une démarche collective, portée par une conscience nouvelle des enjeux éthiques du divertissement. Pour Nagui, il ne s’agit plus simplement de faire rire ou d’amuser, mais de respecter les sensibilités nouvelles du public. Il va même plus loin, avouant qu’il ne prend aucun plaisir à voir des animaux souffrir pour le spectacle : « J’ai déjà assisté à des corridas, et je n’ai pas eu ce plaisir que certains vivent. »


Une nouvelle version fidèle à l’esprit, mais pas à la lettre

Rassurez-vous : si les vachettes tirent leur révérence, l’esprit d’Intervilles reste intact. L’émission continuera d’opposer villes et villages de France dans des épreuves délirantes, dans une ambiance survoltée, festive et bon enfant. Les producteurs promettent un programme modernisé, dynamique, mais toujours centré sur la joie collective, l’esprit d’équipe et l’autodérision.

L’objectif ? Faire découvrir à une nouvelle génération ce monument du petit écran, tout en respectant les attentes et les valeurs du public de 2025. Plus inclusif, plus respectueux, mais toujours aussi spectaculaire.


Un retour sous haute surveillance… et haute attente

Si le pari est risqué — relancer un programme aussi emblématique est toujours un exercice délicat —, il est aussi révélateur d’une mutation plus large dans le paysage audiovisuel. La télévision de demain ne pourra plus se contenter d’amuser sans se poser de questions. Elle devra divertir avec conscience, ce que Nagui résume avec justesse : « Il s’agit simplement de vivre avec son temps. »

Le public sera-t-il au rendez-vous ? Les fans de la première heure seront-ils séduits par cette version sans cornes ni sabots ? Une chose est sûre : le débat est lancé, et l’émission n’a pas encore commencé que les passions sont déjà vives.

Mais peut-être est-ce là, justement, la preuve qu’Intervilles reste, même 60 ans après sa création, un symbole vivant du lien que les Français entretiennent avec leur télévision — entre tradition et renouveau.