Romy Schneider fut le visage inoubliable du cinéma européen, une icône de grâce et de fragilité. Pourtant, sa mort le 29 mai 1982, à seulement 43 ans, est restée enveloppée d’un silence glaçant et de mystères non résolus. Retrouvée sans vie dans son appartement parisien de la rue Barbet de Jouy (7e arrondissement), l’actrice laissa derrière elle non pas une fortune colossale, mais une interrogation profonde sur le prix de la gloire et de la solitude.

Romy Schneider's abandoned house, where she died, and her net worth. -  YouTube

Le drame de la Rue Barbet de Jouy : silence et mystère

C’est dans son appartement modeste, situé dans un quartier huppé de Paris, que Romy Schneider fut retrouvée morte par son compagnon de l’époque, Laurent Pétin. Ce lieu, loin du faste qu’on imagine pour une star de son envergure, est devenu le symbole de sa solitude finale.

La cause officielle du décès fut déclarée comme une crise cardiaque, un arrêt naturel du cœur. Cependant, cette conclusion fut immédiatement troublante pour plusieurs raisons :

Absence d’autopsie : Contrairement à l’usage, aucun examen médico-légal ne fut exigé, ni aucun rapport d’autopsie rendu public. Cette décision a alimenté les rumeurs persistantes d’une overdose médicamenteuse, accidentelle ou volontaire, l’actrice luttant contre l’alcool, les anxiolytiques et une profonde dépression depuis la mort de son fils, David.
Le cœur brisé : Un journaliste du Paris Match confia à l’époque que « c’était plus simple pour tout le monde de dire que son cœur avait lâché, le cœur d’une mère brisée assurément depuis la perte de David. » Une vérité symbolique qui a servi de voile pudique sur les circonstances réelles.

Le silence assourdissant de la République

Ce qui a le plus marqué les esprits, c’est l’absence totale d’hommages publics ou nationaux. Aucune cérémonie d’adieux télévisée, aucun discours de l’Académie des Césars, aucun message du Président de la République. Le monde du cinéma français est resté étrangement silencieux, comme si l’on voulait effacer une fin jugée trop sombre pour l’histoire nationale.

Romy Schneider fut enterrée dans la discrétion, presque le secret, à Boissy-sans-Avoir (Yvelines), au côté de son fils David, décédé un an plus tôt, à l’âge de 14 ans, dans un accident tragique. Ce retrait du regard public, pour une figure aussi emblématique, interroge sur la mécanique de l’oubli et de l’ingratitude de l’industrie envers ses icônes les plus fragiles.

Une valeur nette surprenante de modestie

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Contrairement aux attentes, Romy Schneider n’a pas laissé une fortune colossale. Sa valeur nette au moment de son décès en 1982 était estimée à environ 2 à 3 millions de francs français, ce qui équivaut, en valeur actuelle, à environ 500 000 à 800 000 €.

La relative modestie de cette somme s’explique par :

Gestion chaotique : L’actrice a connu des périodes d’inactivité, des dépenses liées à ses drames personnels (thérapies, soins), et une gestion financière parfois négligée.
Dettes et reventes : Certains de ses biens immobiliers, y compris des appartements parisiens, avaient été revendus ou hypothéqués pour couvrir des dettes. L’appartement de la rue Barbet de Jouy lui-même fut restitué à son propriétaire dans un état « modeste ».
Droits d’auteur dilués : Malgré son statut, ses droits d’auteur sur ses films étaient souvent dilués entre producteurs, agents et ex-conjoints. Les redevances restantes étaient minimes.

L’héritage fragmentaire et les tensions

Cet héritage matériel fut la source de tensions familiales larvées. Sa fille, Sarah Biasini, alors âgée de quatre ans, devint l’unique héritière officielle. Mais la gestion des biens par le père, Daniel Biasini, fut contestée par certains membres de la famille Schneider en Allemagne.

Plusieurs pièces rares ayant appartenu à l’actrice réapparurent aux enchères à Berlin en 2017, soulevant une vague d’indignation et des interrogations sur la dispersion de ses archives personnelles.

En définitive, Romy Schneider ne laissa pas derrière elle des millions, mais un héritage symbolique, fragmentaire, et un mystère non résolu. Elle est partie seule, sans la clameur d’une foule en deuil, mais son visage, son regard, continuent de vivre. Sa vie est un témoignage poignant sur la solitude du génie et le cruel oubli qui peut frapper les plus grandes étoiles.