Trois ans après la découverte du corps de Lola, 12 ans, dans une malle en plastique, le procès aux assises de Dahbia Benkired s’ouvre à Paris ce vendredi 17 octobre. L’adolescente aurait été ligotée et asphyxiée par cette inconnue. Une affaire qui avait ému la France entière.

C’est une affaire qui avait profondément choqué et suscité une émotion nationale. Le procès de Dahbia Benkired, accusée du meurtre de Lola, 12 ans, s’ouvre ce vendredi 17 octobre devant la cour d’assises de Paris.

Le 14 octobre 2022, l’adolescente quitte son collège Georges-Brassens, dans le 19e arrondissement de Paris, situé à moins d’une centaine de mètres de son domicile. Mais elle ne rentre jamais chez elle. Inquiet, son père, gardien de l’immeuble, consulte les images de vidéosurveillance. Il voit sa fille entrer dans le hall avec une inconnue à 15h15. Deux heures plus tard, la même femme ressort seule, traînant une malle en plastique.

Lola, 12 ans était une jeune fille polie, souriante, joviale même, selon ceux qui l'ont connue. Elle était en classe 5e. Le Parisien-DA/DR

Le corps découvert dans la valise

Peu avant minuit, le corps de Lola est découvert dans la cour de l’immeuble par un sans domicile fixe. Enveloppée de ruban adhésif, le visage recouvert, elle est morte d’asphyxie. Sous ses pieds, deux chiffres, 0 et 1, ont été peints au vernis.

La femme aperçue sur les images est rapidement identifiée. Il s’agit de Dahbia Benkired, alors âgée de 24 ans, née à Alger et visée par une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis deux mois. La brigade anticriminalité l’intercepte dès le lendemain matin à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine). Lors de sa garde à vue, elle passe rapidement aux aveux, malgré un discours brouillon et confus.

Horreur dans l’appartement

D’après les investigations, elle aurait attiré Lola dans l’appartement de sa sœur, qui l’hébergeait occasionnellement, et l’aurait forcée à se doucher avant de lui imposer des sévices sexuels et de la frapper à plusieurs reprises. Elle aurait ensuite ligoté la fillette et l’asphyxie avec du ruban adhésif.

Dans les heures qui suivent, Dahbia Benkired aurait tenté de transporter le corps dans le quartier, demandant même de l’aide à des passants, avant de se faire conduire par un ami à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Dans la soirée, elle revient en VTC dans l’immeuble du 19e arrondissement, toujours chargée, avant d’abandonner la malle dans la cour, où elle sera retrouvée.

“Je l’ai scotchée, je l’ai tuée, et puis voilà”

Hommage à Lola à Paris, après que le drame est suscité une vive émotion en France.

Plusieurs autres personnes ont été placées en garde à vue, dont la sœur de l’accusée et deux hommes qui l’avaient hébergée, sans savoir ce que contenait la malle, d’après l’instruction. Seule Dahbia Benkired est mise en examen et placée en détention provisoire.

Lors de sa garde à vue, l’accusée, qui a un casier judiciaire vierge, se montre froide et désinvolte. “Je l’ai scotchée, je l’ai tuée, et puis voilà”, déclare-t-elle, avant de justifier son acte par des motifs incohérents. Les expertises psychiatriques concluent qu’elle ne souffrait d’aucun trouble ayant aboli son discernement, mais mettent en évidence une personnalité manipulatrice et froide, avec une dangerosité criminologique élevée. La responsabilité pénale est donc retenue.

“La mauvaise graine de la famille”

Née en 1998 à Alger, arrivée en France en 2016 avec un titre étudiant, elle vivait de façon instable, sans emploi ni domicile fixe, et avait été hébergée de manière intermittente chez sa sœur ou chez des connaissances. Elle est décrite “comme la mauvaise graine de la famille” par des proches.

Le procès, qui doit durer un peu plus d’une semaine, doit permettre de reconstituer la chronologie complète des faits et d’examiner le profil inquiétant de Dahbia Benkired. La mère de Lola sera présente, alors que le grand absent sera le père, décédé en février 2024 d’une crise cardiaque, emporté par le chagrin d’après ses proches.