Depuis l’annonce du décès de la regrettée artiste algérienne Bayouna, que Dieu lui fasse miséricorde, de nombreux témoignages ont afflué pour saluer sa mémoire. Mais l’un des récits qui a le plus bouleversé l’opinion publique est celui de Roza, une proche amie de la défunte, qui a choisi de briser le silence et de révéler ce qu’elle appelle “la vérité amère” sur les derniers jours de Bayouna. Selon elle, une grande partie de ce qui s’est dit après la mort de l’artiste est faux, exagéré ou teinté d’hypocrisie, en particulier de la part de certains artistes qui ont soudainement affiché une affection publique qu’ils n’avaient jamais manifestée de son vivant.

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Roza raconte d’abord que lorsque la maladie a frappé Bayouna de plein fouet, l’affaiblissant au point de la clouer au lit, celle-ci s’est retrouvée pratiquement seule. Elle explique que, contrairement aux déclarations de plusieurs personnalités affirmant qu’on les aurait empêchées de lui rendre visite, personne parmi les artistes n’a réellement cherché à aller la voir ou à s’enquérir de son état. D’après Roza, ces affirmations ne seraient que des tentatives maladroites de se donner bonne conscience après coup. Elle affirme que Bayouna elle-même avait démenti, de son vivant, l’idée qu’on aurait interdit à qui que ce soit de venir la visiter. La vérité, selon Roza, est bien plus simple et plus triste : “Il n’y avait personne pour elle, sauf ses voisins.”

Ce sont en effet les voisins de la défunte qui, d’après le témoignage de Roza, ont porté le plus lourd fardeau : visites, soins, courses, soutien moral. “Les voisins ont fait ce que les artistes n’ont pas fait”, dit-elle, amère. Dans les dernières semaines, Bayouna vivait dans une grande solitude, isolée, presque oubliée du milieu artistique qui l’avait pourtant applaudie des années durant. Roza insiste : “Dans ses derniers jours, pas un artiste ne s’est réellement soucié d’elle. Personne ne venait lui rendre visite, personne ne cherchait même à prendre de ses nouvelles.”

Face à cette réalité douloureuse, Roza s’est dite choquée par l’attitude de certains lors des funérailles. Selon elle, la scène observée lors de la cérémonie était en contradiction totale avec ce que la défunte avait réellement vécu. Des artistes absents pendant la maladie sont soudain apparus au premier rang, pleins d’émotion, publiant des messages lacrymaux et posant comme de proches amis de Bayouna. “Ce que vous avez vu aux funérailles, c’était du pur n’importe quoi”, affirme Roza sans détour. Pour elle, la démonstration collective de chagrin n’était rien d’autre qu’une mascarade motivée par le besoin de préserver une image publique.

Roza critique également le déroulement même de la cérémonie funéraire, qu’elle jugeait totalement inhabituelle et même contraire aux traditions locales. Elle rappelle que jamais dans la culture funéraire algérienne un enterrement ne se déroule dans un théâtre, comme cela a été fait pour Bayouna. Elle souligne aussi la présence massive et mixte d’hommes et de femmes autour du cercueil, un fait qu’elle considère comme extrêmement rare dans les coutumes du pays. Pire encore, dit-elle, des youyous et des lectures du Coran se sont mêlés de façon chaotique, créant une ambiance étrange et confuse, loin de la sobriété habituelle des funérailles musulmanes en Algérie.

Roza ajoute que la présence en masse des caméras, des lives sur les réseaux sociaux, et des reportages instantanés diffusés au moment même de l’enterrement ont achevé de transformer ce moment douloureux en spectacle médiatique. “On n’avait jamais vu cela chez nous”, dit-elle. “C’était comme si la mort de Bayouna était devenue un événement à couvrir plutôt qu’un moment de recueillement.”

Un autre élément qui l’a profondément choquée est la formule utilisée par beaucoup sur les réseaux sociaux : “Repose en paix.” Pour Roza, cette expression appartient à d’autres traditions religieuses et n’a pas sa place dans le vocabulaire funéraire musulman. Elle rappelle que les musulmans disent plutôt : “Allah yerhamha”, “Qu’Allah lui fasse miséricorde”, ou “Inna lillah wa inna ilayhi raji‘oun.” L’utilisation d’une expression importée, mélangeant selon elle des influences chrétiennes et chiites, l’a mise mal à l’aise. “Ils veulent nous imposer des formulations qui ne viennent pas de notre religion. Pourquoi ?”, s’interroge-t-elle.

Pour Roza, toutes ces anomalies – la cérémonie atypique, la médiatisation excessive, le comportement des artistes – ne font que renforcer son impression d’assister à un immense acte collectif d’hypocrisie. “Ils veulent montrer au monde qu’ils tenaient à elle, alors que de son vivant, ils l’ont laissée seule”, dit-elle d’une voix lourde de reproches.

Malgré sa colère, Roza conclut son témoignage avec une prière pour son amie défunte : “Qu’Allah lui accorde Sa miséricorde et lui ouvre les portes de Son vaste paradis.” Et elle espère que l’histoire de Bayouna servira de leçon, non seulement pour les artistes, mais aussi pour toute la société : “L’amour, le respect, la loyauté… tout cela doit se montrer quand la personne est vivante. Après la mort, il est trop tard.”