Var : vive émotion au lendemain de l’accident de rallye qui a fait 2 morts

Drame au Rallye du Condroz : une émotion toujours vive, des questions sans réponse

Le silence pesant qui régnait dans les rues du Var ce dimanche contrastait avec le vacarme mécanique qui, la veille encore, animait la région. Après l’accident tragique survenu lors du Rallye du Condroz, l’émotion demeure palpable. Margaux de Frouville, envoyée spéciale de BFM TV, décrivait une atmosphère lourde, presque irréelle : très peu de monde dehors, des cafés désertés, des habitants sous le choc, incapables de trouver les mots pour exprimer leur tristesse. « Certains parlent de gâchis, d’autres de terrible drame », confiait-elle. Une voisine, les larmes aux yeux, ajoutait que « le ciel gris reflète bien l’ambiance du village aujourd’hui ».

Parmi les témoins présents au moment du drame, le récit de Pauline bouleverse profondément. Fiancée à l’un des pilotes engagés dans la course, elle se trouvait dans le virage fatal où deux personnes ont perdu la vie. Encore sous le choc, elle raconte comment la voiture est venue s’immobiliser à à peine un mètre d’elle. Son premier réflexe fut de se tourner vers sa mère pour s’assurer qu’elle était encore en vie. Ensuite, elle a voulu porter secours aux victimes, mais la scène était insoutenable. « C’était une boucherie, » murmure-t-elle, encore traumatisée. Elle se souvient des cris, du chaos, de l’impuissance. Depuis, elle revit sans cesse les images dans sa tête.

Margaux et Romain, tragiquement décédés lors du Rallye du Condroz, vont  être enterrés côte à côte | 7sur7.be

L’enquête ouverte par le parquet de Draguignan vise désormais à comprendre comment une telle tragédie a pu se produire dans un événement pourtant très encadré. Plusieurs questions se posent, à commencer par la présence d’un commissaire de piste dans cette zone du virage. Que faisait-il là ? Était-il chargé d’avertir les spectateurs que l’endroit était dangereux ? Ou bien pensait-il, au contraire, que le risque était minime ?

Trois hypothèses principales sont aujourd’hui étudiées par les enquêteurs. La première évoque une erreur de pilotage. Un virage mal négocié, une vitesse trop élevée, un freinage trop tardif… autant d’éléments possibles qui auraient pu mener à la perte de contrôle du véhicule. La deuxième piste, privilégiée par le pilote blessé Yann Buron lui-même, évoque une défaillance mécanique. Toujours hospitalisé, le jeune homme aurait confié que les freins auraient soudainement lâché, rendant toute manœuvre impossible. Enfin, la troisième hypothèse, la plus controversée, concerne un problème d’organisation et le placement des spectateurs.

Selon plusieurs amis du pilote, la responsabilité incomberait à la fois à la gendarmerie et à l’organisation du rallye. « Les gens étaient d’abord à l’intérieur du virage, raconte l’un d’eux. Apparemment, la gendarmerie les aurait déplacés à l’extérieur, mais en plein dans la trajectoire de sortie. » Résultat tragique : la voiture, en perdant le contrôle, a fauché deux personnes qui n’auraient jamais dû se trouver à cet endroit. Ces proches insistent : « Erreur de pilotage, casse mécanique, peu importe : il ne doit jamais y avoir de spectateurs sur la trajectoire en sortie de virage. »

Var : vive émotion au lendemain de l'accident de rallye qui a fait 2 morts

Les enquêteurs, de leur côté, tentent de rassembler un maximum d’éléments concrets. Ils s’appuient sur les photos, les vidéos amateurs et les témoignages recueillis sur place. L’expertise technique du véhicule accidenté s’annonce également déterminante. Mais, selon le substitut du procureur de Draguignan, Julien Figara, le témoignage du pilote Yann Buron pourrait s’avérer capital. Son récit, lorsqu’il sera en état de parler, pourrait enfin apporter une première lueur de vérité dans cette affaire douloureuse.

Au-delà des investigations, c’est tout un village, toute une communauté de passionnés de rallye, qui pleure aujourd’hui la disparition de Margaux et Romain, les deux victimes de cet accident. Les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux, et des centaines de personnes se sont déplacées aux funérailles pour leur rendre un dernier hommage. Des fleurs, des messages d’amour, des drapeaux de course posés sur les cercueils : la scène était bouleversante.

Dans la petite église du village, le silence n’était interrompu que par les sanglots des proches. Le curé, d’une voix tremblante, a rappelé combien la vie pouvait être fragile : « Ils étaient venus vivre leur passion. Ils ne sont pas morts dans la peur, mais dans ce qu’ils aimaient. » À la sortie de la cérémonie, les visages étaient graves. Les amis pilotes se serraient dans les bras, incapables de trouver les mots. Beaucoup évoquent un besoin de vérité, de justice, mais aussi de changement.

2 morts au Rallye du Var : les faits (reportage France 3 Côte d'Azur) -  YouTube

Les associations de sécurité routière réclament désormais une révision complète des protocoles de sécurité autour des rallyes amateurs et semi-professionnels. Trop souvent, disent-elles, la frontière entre spectacle et danger est franchie. « Il suffit d’un mètre, d’un geste, d’une erreur, et tout bascule, » commente un commissaire de course expérimenté.

L’affaire du Rallye du Condroz ne s’effacera pas de sitôt. Elle pose des questions essentielles sur la responsabilité des organisateurs, la formation des bénévoles, et la gestion du public. Tandis que l’enquête se poursuit, la France du sport automobile, endeuillée, se prépare à un débat profond sur la sécurité et la prévention.

En attendant, dans le Var, les habitants continuent de vivre sous un ciel gris, symbole de leur tristesse. Dans les cafés, on parle encore de Margaux et de Romain, de leur sourire, de leur passion pour la vitesse, et de cette journée qui a tout changé. Le bruit des moteurs s’est tu, mais le souvenir de ce drame, lui, restera longtemps gravé dans les mémoires.