Il y a des moments où les mots semblent bien dérisoires face à la douleur. Ce dimanche-là, dans l’église de Ger, l’air était chargé d’émotion, de sanglots étouffés et de silences lourds de sens. Tout le village s’était réuni pour rendre un dernier hommage à Margaux, cette jeune fille rayonnante qui, par sa simple présence, illuminait les jours les plus sombres. Autour d’elle, ses amis, ses professeurs, ses voisins, et surtout ses parents, tenaient à lui dire adieu, mais aussi à lui dire merci — merci pour la lumière, la joie, et la tendresse qu’elle avait semées autour d’elle.

Sur le pupitre, la voix tremblante d’une mère s’est élevée. Elle parlait de sa fille avec des mots d’amour, d’admiration et de nostalgie.
« Il n’y a eu que joie de vivre, » dit-elle, la gorge serrée. « Tu ne lâchais jamais rien, une force de caractère qui nous a toujours rendus si fiers, ton papa et moi. »
Les mots flottaient dans l’air, comme un murmure sacré. Margaux, c’était cette force tranquille, cette énergie contagieuse, ce sourire qui apaisait les cœurs les plus tourmentés. Elle avait cette naïveté si jolie, cette douceur rare qui fait des êtres lumineux ceux dont on se souvient toujours.

La maman évoquait avec tendresse ces petits gestes qui, aujourd’hui, prenaient une dimension infinie : les câlins du soir, les bisous furtifs avant de partir, les fous rires partagés sans raison. « Tu te blottissais toujours contre nous, même quand tu devenais une jeune femme. Tu restais notre petit bébé. »

Margaux et Romain, fauchés lors du Rallye du Condroz, seront inhumés  ensemble samedi | 7sur7.beDans l’église, les larmes coulaient. Chacun retrouvait, dans ces mots simples et vrais, le souvenir d’un être cher, d’un instant de tendresse perdu. Et quand la mère ajouta, d’une voix presque brisée : « Je n’imagine pas une seule seconde que tu ne seras plus », un silence total s’installa. Même le vent semblait s’être arrêté.

Elle se souvenait aussi de ces scènes de la vie quotidienne, de ces phrases anodines qui aujourd’hui résonnaient comme des trésors.
« J’espère encore te voir rentrer et m’entendre dire : “Maman, je peux commander sur Zalando ?” ou “Maman, Romain peut dormir à la maison ?” »
Un léger sourire traversa les visages dans l’assistance. Romain, le petit ami de Margaux, était là, les yeux baissés, le visage ravagé. « Oui, Romain, tu avais une place énorme dans son petit cœur », reprit la mère. Ces mots, simples et sincères, touchaient droit au cœur. Ils disaient l’amour, l’adolescence, la complicité, la vie telle qu’elle était avant que le destin ne vienne la briser.

Puis ce fut au tour du père de Margaux de parler. Plus réservé, il avait du mal à trouver ses mots, mais son émotion parlait pour lui. « Nous t’aimons plus loin que la lune et les étoiles », dit-il simplement. Ces mots, qu’il répétait souvent à sa fille quand elle était petite, prenaient soudain une dimension éternelle. Car Margaux, désormais, devenait justement une étoile — celle qui, dans la nuit, continuerait de briller pour eux.

Les amis de Margaux prirent ensuite la parole. Certains racontèrent des anecdotes, d’autres lurent des lettres écrites dans la nuit, entre deux sanglots. On y retrouvait le portrait d’une jeune fille aimante, drôle, vive, un peu têtue parfois, mais toujours sincère.
« J’entends encore ta maman nous raconter cette histoire où tu avais su amadouer la gendarmerie avec ton sourire, alors que tu n’étais qu’une enfant », raconta l’un d’eux, arrachant quelques sourires dans la salle.
C’était cela, Margaux : un charme naturel, une bienveillance désarmante, une façon de rendre la vie plus belle, simplement en étant elle-même.

Le grand-père de Margaux, « le papy de Margaux » comme tout le monde l’appelait, fut le dernier à prendre la parole. Ses mots tremblaient, mais sa voix portait une sagesse infinie.
« Comment accepter ? Comment réaliser ? » demanda-t-il, les yeux levés vers le ciel.
Dans son regard se lisait l’incompréhension, mais aussi une forme d’apaisement. Il savait que, là où elle était, Margaux ne souffrait plus, et qu’elle continuerait d’exister dans chaque sourire, chaque souvenir, chaque geste d’amour.

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Les amis de Margaux étaient nombreux. Tous disaient la même chose : un vide immense, un silence insupportable, mais aussi une gratitude infinie pour l’avoir connue. « Elle était notre rayon de soleil », disait l’une. « Elle avait ce don de te faire rire même quand tout allait mal », ajoutait une autre.
Et à la fin de la cérémonie, un message collectif fut lu :
« Margaux, tu seras toujours notre plus belle étoile. Ton éclat ne s’éteindra jamais. Nous continuerons à parler de toi, à rire de tes blagues, à te faire vivre dans nos cœurs. »

Après près d’une heure et demie d’émotion, de souvenirs et de larmes, le cortège prit la route du cimetière de Ger. Là, sous un ciel d’automne doucement voilé, Margaux fut inhumée aux côtés de ceux qu’elle aimait. Les fleurs blanches recouvraient le cercueil, symbole de pureté et d’innocence. Certains déposèrent des lettres, d’autres des dessins, d’autres encore un simple baiser soufflé au vent.

Et tandis que le silence retombait, on aurait pu jurer apercevoir, dans le ciel, une étoile plus brillante que les autres. Une étoile nommée Margaux.
Car ceux qui partent vraiment ne sont pas ceux qu’on ne voit plus — ce sont ceux qu’on oublie. Et Margaux, elle, ne sera jamais oubliée.