Par un après-midi d’été, le silence d’un village se brisa à jamais.

Le 8 juillet, sous un ciel azuréen et dans la chaleur dorée du sud de la France, le paisible hameau du Haut-Vernet, perché à 1 200 mètres d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence, s’est soudain retrouvé au cœur d’un drame qui allait bouleverser tout un pays. Ce jour-là, Émile Soleil, un petit garçon de deux ans et demi, disparu sans laisser de trace, juste devant la maison d’été de ses grands-parents maternels. Un instant, il jouait dans le jardin parmi les fleurs sauvages et les chants d’oiseaux. L’instant d’après, il s’était évanoui dans l’air comme un souffle de vent.

Photo : D'ailleurs, si le petit-garçon a disparu alors qu'il était au  domicile de ses grands-parents en juillet 2023, la famille est toujours  aussi soudée malgré l'épreuve terrible qu'ils traversent Marie Soleil,

Émile, petit garçon blond aux yeux pétillants et au sourire aussi lumineux que son prénom, était un enfant curieux, vif, toujours en mouvement. Ce jour-là, ses parents, Marie et Colomb Soleil, n’étaient pas présents au village. Ils avaient confié leur fils à Philippe Vedovini, le grand-père maternel d’Émile, un kinésithérapeute réputé, qui préparait une clôture pour ses chevaux. Pendant quelques minutes, l’attention de Philippe se détourna, le temps de charger des piquets de bois dans sa voiture. C’est dans ce court laps de temps qu’Émile quitta le jardin et s’engagea sur le chemin qui descend vers la route principale du village.

Deux voisins ont été les derniers à voir Émile, vêtu d’un t-shirt jaune et d’un short blanc. Il marchait seul, peut-être en direction de la cabane en bois que ses jeunes oncles construisaient ce matin-là. Mais à 17h15, il s’était volatilisé. Après 45 minutes de recherche infructueuse dans le village, les grands-parents d’Émile appelèrent la gendarmerie à 18h01. Une opération de recherche massive fut alors déclenchée, mobilisant pompiers, militaires, policiers, bénévoles, hélicoptères, drones et chiens renifleurs. Pendant des jours, les environs furent scrutés, les sentiers battus, les bois retournés, les maisons fouillées. Mais rien. Pas une trace. Comme si l’enfant s’était dissous dans les montagnes.

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Très vite, la disparition d’Émile devint un mystère national. Dans ce village de 25 habitants, coupé du monde, les médias affluèrent. La France entière s’émut. Des photos de l’enfant au sourire tendre furent affichées partout : des abribus de Marseille aux murs des églises de Paris. Les réseaux sociaux se mobilisèrent dans un élan collectif de solidarité. Les prières, les espoirs, les hypothèses fusèrent. Était-il tombé dans un ravin ? Avait-il été enlevé ? S’était-il perdu dans la forêt ? Ou pire ? Chaque jour sans réponse alimentait la peur et renforçait le mystère.

L’enquête s’étendit au-delà du Vernet, jusqu’à La Bouilladisse, où résidait la famille Soleil. Les domiciles des parents et des grands-parents furent perquisitionnés. On examina les téléphones, les déplacements, les témoignages. Mais les semaines passèrent, puis les mois. Et toujours, aucune piste solide, aucun indice, aucun vêtement, aucun jouet. Le silence pesait comme un couvercle sur une douleur indicible.

Puis, en mars, un retournement de situation glaça la nation. Un randonneur, marchant entre l’église et la chapelle du Vernet, à moins de deux kilomètres de la maison des grands-parents, fit une macabre découverte : un petit crâne et quelques dents, déposés là, presque à découvert. Des tests ADN confirmèrent rapidement ce que tout le monde redoutait : les restes étaient bien ceux d’Émile.

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Ce fut un choc, un uppercut au cœur de la France. Comment un si petit corps avait-il pu se retrouver là, dans une zone déjà fouillée minutieusement par les forces de l’ordre, les habitants, les hélicoptères thermiques ? Était-il là depuis le début, dissimulé par la nature ou déplacé plus tard ? La découverte, loin d’apporter la paix, relança l’angoisse et les spéculations.

Les enquêteurs découvrirent également des vêtements, un crâne fracturé et des os marqués, possiblement par des animaux. Mais la cause exacte du décès ne pouvait être déterminée. Trois hypothèses furent avancées : accident, homicide involontaire, ou homicide volontaire. La mort d’Émile restait donc non élucidée, et l’enquête changea de dimension : de la disparition d’un enfant, on passait à une potentielle affaire criminelle.

Peu à peu, l’étau médiatique se resserra autour de la famille. Le grand-père, Philippe Vedovini, fut scruté par la presse. Certains journaux révélèrent qu’il avait travaillé dans les années 90 dans un pensionnat catholique du nord de la France, où il aurait été entendu dans une affaire sensible. Des suspicions émergèrent. Mais rien n’était prouvé. Rien ne permettait d’accuser qui que ce soit.

Aujourd’hui encore, malgré la découverte des restes, la tragédie d’Émile reste une plaie ouverte. Un mystère obsédant. Un vide que ni les mots, ni le temps ne sauraient combler. Ses parents, dans un communiqué pudique, ont parlé de “souvenir, de prière et de silence”. Mais au fond d’eux, une seule question demeure : que s’est-il réellement passé ce jour-là, dans ce petit coin perdu des Alpes, où le rire d’un enfant s’est tu pour toujours ?