Dès que j’ai vu le crâne, j’ai su que c’était celui de l’enfant. On est dans l’immédiateté totale, l’esprit figé : “Où est-il ? Dans quelles mains est-il ? Qu’est-ce qu’on lui fait ?” Ces ossements sont la preuve tragique que le petit a échappé

au dispositif de surveillance pourtant serré, renforcé par des drones et des caméras thermiques. En tout, vingt-cinq personnes présentes dans le hameau ont été entendues, afin de reconstituer la scène du drame.

Disparition d'Emile : "Je sais ce que j'ai vu"... l'un des témoins  réaffirme avoir vu l'enfant dans une rue du village - ladepeche.fr

Le 8 juillet 2023, Émile Soleil, 2 ans et demi, s’est réveillé après une longue sieste dans la résidence secondaire de ses grands-parents, au Haut-Vernet. Vers 17 h 15, deux témoins l’ont aperçu marchant seul, puis plus personne ne l’a revu.

À 18 h 12, les gendarmes étaient alertés. Une centaine de personnes ont fouillé la zone pendant la nuit, jusqu’à 3 h du matin.

L’alerte s’est propagée sur les réseaux sociaux, et les recherches ont mobilisé près de 200 bénévoles dès le dimanche 9 juillet, venus de toute la région pour scruter chaque recoin sur plusieurs kilomètres autour de la disparition, organisés en cercles concentriques.

Ce premier week-end est crucial – malheureusement, les moyens déployés n’ont rien donné. Au terme de 48 h, les recherches ont été redimensionnées : bénévoles repartis, enquêteurs reprennent la main.

L’affaire prend un autre tournant lorsque des ossements sont découverts sur un chemin que la promeneuse avait pourtant parcouru plus d’un mois auparavant. Dès lors, le drame dépasse le cadre familial : c’est toute la mémoire collective qui est ébranlée. Un enfant disparu dans un cadre rural, au sein même de sa famille, devient le symbole d’un mystère irréparable.

La suite de l’enquête inclut l’audition de 25 personnes et la fouille de 12 véhicules. Les rumeurs vont bon train : un agriculteur aurait percuté l’enfant avec son tracteur, mais cette piste est rapidement écartée grâce à des données téléphoniques.

La tension monte au sein du hameau : habitants et famille sont d’autant plus affectés que le mystère perdure. Le drame change le quotidien de chacun : des parents avouent ne plus laisser leurs enfants sortir seuls, par peur du pire.

Le 28 mars 2024, huit mois après la disparition, une reconstitution minutieuse est organisée avec une vingtaine de témoins clés. Seuls les 17 personnes présentes le jour de la disparition peuvent y participer.

La tante du “suspect idéal” dans l'affaire de la disparition d'Émile  s'exprime: “Il n'a rien à voir avec tout cela” | Monde | 7sur7.be

Pressions, interrogatoires serrés : les enquêteurs posent des questions précises, jusqu’au moindre détail. Un témoin raconte l’étrange scène du grand-père réconfortant sa fille dans le brouillard du matin, moment lourd de sens.

Ce microcosme familial, isolé, intriguant, est au cœur de l’énigme. Un hameau ancien, acquis dans les années 1960 par la famille et ses proches, alimente théories de secte ou de cosy communautaire.

L’enquête met en lumière les complexités rurales, la proximité entre habitants, le poids du secret. Le mystère reste entier, la douleur intacte – et personne ne sait vraiment ce qui s’est passé ce 8 juillet.

Bruno, ancien pensionnaire de Riomont, décrit un homme redouté : le grand-père d’Émile, à l’origine d’un comportement violent et systématique. « Soit c’était un coup de pied au cul, soit une claque — gratuitement. Sa spécialité, c’était le coup de pied ». Quand la soutane se levait dans les couloirs, c’était la certitude d’un choc pour un enfant de sept ou quinze ans .

Peu après la disparition d’Émile — baptisé par le père Gilio — Philippe Vedovini entre en conflit avec le prêtre. Il lui reproche d’avoir transmis une photo familiale à Paris Match. Le prêtre lance alors un ultimatum : tant que Gilio officiera, la famille n’ira plus à la chapelle. À l’automne 2023, l’homme d’église est écarté puis, quelques mois plus tard, se suicide sans lien formel avec son éviction .

Vidéo : Ce week-end, les ossements du petit Emile ont été retrouvés. Le  petit garçon avait disparu en juillet dernier dans le village de montagne  du Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Nos confrères

La communauté Vedovini suit un code de silence strict. Le recteur de la confrérie, Bernard Terlé, enjoint les fidèles à ne pas répondre aux journalistes. Un véritable mur de protection se met en place autour de la famille, entravant toute tentative d’interviewer les membres.

Après plusieurs mois d’investigation médico-légale, les obsèques d’Émile ont lieu le 8 février 2025 à Sainte‑Maximin, sous une pluie battante. Cérémonie intime, réservée aux proches, mais observée par un journaliste.

Sur place, les échanges entre les grands-parents Vedovini d’un côté et Marie et Colomb de l’autre sont glacials. L’enfant est porté dans un petit cercueil blanc à la basilique Sainte-Marie-Madeleine. Un instant figé dans l’émotion : grand-père Philippe en larmes, sanglotant en quittant l’édifice .

Mais la cérémonie marque surtout un tournant : un communiqué de l’avocate Isabelle Colombani révèle que les grands-parents exigent désormais la vérité et souhaitent que l’enquête avance rapidement. Ironie du sort, quelques jours plus tard, le 25 mars,

Le gosse ne s'est pas perdu, on le sait tous» : au Vernet, deux mois après,  la disparition d'Émile reste un mystère

Philippe Vedovini et deux de leurs enfants, Marthe (20 ans) et Maximain (18 ans), sont placés en garde à vue pour homicide volontaire et recel de cadavre. Les perquisitions au domicile familial et la saisie du véhicule du grand-père lancent une escalation judiciaire .

Cette garde à vue, prévue pour durer mais finalement levée après 48 heures, ne signe pas l’arrêt de l’enquête. Les propos des membres de la famille ne permettent pas d’écarter la piste familiale, et les enquêteurs poursuivent leur travail sans relâche .

La « cellule Émile » mobilise une quinzaine d’enquêteurs à plein temps, épaulés par des analystes criminels. À ce jour, plus de 3000 signalements, 300 auditions et 60 expertises ont permis de conclure que le corps d’Émile a été déplacé au moins deux fois, et que des anomalies polliniques prouvent ce transfert en dehors de la zone de découverte. Le crâne présente un traumatisme facial violent. Deux hypothèses principales sont étudiées : l’accident ou l’acte criminel délibéré. Jusqu’à aujourd’hui, aucun scénario n’est écarté.